• Un texte que j'ai reçu de Sabrina, et que je vous livre tel quel, en remerciant Sabrina de sa contribution.


      

    Mon cher ami,

     

    Je délaisse pour un moment les interêts strictement podiaphiles, pour me présenter avec les paroles du spécialiste en sexologie qui m’a sondé:”Une âme de lesbienne emprisonnée dans un corps de mâle”.

     

    Ça m’a créé pas mal de problèmes, pendant mon adolescence. Seulement plus tard, désormais adulte, j’ai réussi à trouver un frêle équilibre entre mon intériorité de féminine débauche et ma réalité physique. Cependant, je n’ai pas trouvé l’apaisement: au contraire, j’ai rapidement réalisé d’être devenue une créature baudelairienne, “aux amours dangereux”…Sur un échantillon de dix femmes, neuf me tenaient pour peu intéressante, voire répulsive: la dixième, la plus proche du côté obscur, tombait prisonnière d’une attraction folle et totale. Je n’ai jamais eu une histoire d’amour dans la norme, j’ai intoxiqué de moi des femmes comme une drogue, c’est bien différent…

     

    Mais revenons à nos moutons. Par suite d’un rêve qui m’a touchée à l’âge de trois ans, deux sont mes secrètes passions: les tabliers, ou, d’une manière plus générale, le linge d’office; et néanmoins, le bondage.

     

    Encore enfant, je dédiais des moments de solitude à jouer avec ficelles et cordes; et j’essayais en cachette, avec une joie immense, les tabliers de maman, de notre bonne, de ma tante, de ma grand-mère…Mais, si certains films et albums de bandes dessinées pouvaient me nourrir de filles ligotées et bâillonnées, une vitrine de magasin ou un banc sur le marché me mettaient au supplice de Tantale! En fait, un enfant n’aurait pu demander, comme une fillette, “Maman, je t’en prie, achète pour moi ce coquin petit tablier!”

     

    Dans ma jeunesse, je n’eus jamais le courage de proposer à aucune des mes belles de mettre des tabliers, ou de se faire ligoter: ce qui me fichait le cafard…Mais arrivent les premières années ’90. À ce moment, je travaillais comme photographe. Viviana, la plus belle des mes mannequins, tombait amoureuse de moi. Nous allâmes vivre ensemble, maritalement.

     Elle aimait être ligotée, baillonnée, menottée, enchaînée. Et, pour faire la cuisine, elle mettait toujours des jolis tabliers vichy ourlés de broderie anglaise. Souvent (elle connaissait bien mes désirs), elle ne portait rien d’autre que le tablier et les escarpins talons aiguilles. On faisait du sexe effréné dans la cuisine. J’ai pris de belles photo de Viviana en poupée cuisinière, ou en Sweet Gwendoline (elle était blonde et délicate) attachée à un poteau de donjon.

     

    Mais, malheureusement, Viviana n’était pas “lesbienne”. J’étais bornée au rôle de mâle commandant, ma copine n’aurait toléré un tablier ou des menottes sur moi. En outre, elle voulait des enfants, et moi, absolument, non. Au bout de trois ans, ce fut la rupture.

     

    Et puis…? D’abord, une danseuse de night-club, Milly. Elle s’était installée chez moi. On préparait nos repas ensemble. Pour les premières fois, sous le prétexte que “je craignais de me salir”, j’ai mis des tabliers de femme en présence d’une femme. Elle, également en tablier, me regardait d’un œil amoureux, me murmurait “Tu es bien joli, tu n’es pas ridicule comme la plupart des hommes avec un tablier de femme: tu le portes avec le naturel et la grâce de nous, les filles. Avec toi, je me sens en compagnie d’une amie: tu es tellement doux…”, et me faisait bisou! Mais c’était tout. Notre activité sexuelle était tout à fait “normale”.

     

    Ensuite, Giulia. Une véritable chatte voluptueuse, une exploratrice de la planète Sexe. Recherche et essais, comme en un système de philosophie du plaisir. Exhibitions effrontées, sodomie, bondage actif et passif pour tous les deux, et enfin…JE JOUE LA SOUBRETTE!! Pour la première fois, “Priscilla”(ainsi Giulia avait baptisé son obéissante bonniche)peut savourer la soumission à Madame, l’humiliation de ses reproches, la fessée, l’être réduite à l’impuissante cible de châtiments et luxures par les liens et les baillons. Et tout cela, parfaitement féminisé, avec le correct make-up, un grand nœud en taffetas rose sur la tête et, bien sûr, un tablier à bavette en tissu vichy et dentelle!

     

    Je tiens à souligner que mon aspect masculin extérieur est agile, je suis sportive (alpiniste) mais sans muscles saillants genre “déménageur”, il y a peu de poils et mon visage n’a rien du macho: je ressemble terriblement à ma mère. Après un scrupuleux rasage, à l’aide de deux seins factices, d’un bon maquillage et d’une perruque, je suis prête a recevoir les vêtements de femme, et surtout mes bien-aimés tabliers!! L’effet est attrayant, on me l’a dit…

     

    C’est ainsi à partir de la fin des années ’90 que j’ai commencé à me travestir, et conjointement à collectionner tabliers, torchons et linge de cuisine, sans oublier une petite garde-robe de jupes, chemisettes, robes, bas, lingerie et tout ce qui fait l’affaire…Ce n’est pas très facile. Pour les torchons, pas de problèmes. Mais pour acheter des tabliers de femme, des cosmétiques ou des vêtements féminins, un homme doit mettre en œuvre des astuces. Ses achats doivent paraître des cadeaux pour son épouse, sa mère, sa fiancée, sa fille…

     

    En l’an 2001, à l’aube du nouvel millénaire, la rencontre de ma vie. Alberta pouvait donner l’impression d’une femme sage et très éloignée de la perversion. En quelques semaines passées à mon côté, elle devint une mordue du bondage, et surtout une vraie podiaphile!!

     Elle vint habiter chez moi. Notre amour fut complet, énorme. Chacune était pour l’autre le fameux demi-pomme de Platon. Elle et moi, un jeu merveilleux où chacune soutenait la part de soubrette ou de patronne à son tour, parfois deux vicieuses bonnes dont l’une finissait toujours pour soumettre l’autre. Une fête dans laquelle tabliers, torchons, tenues de soubrette, liens et baillons étaient le décor pour nous câliner et faire l’amour. Nous avons connu le paradis en tablier.

    Mais non. La joie du paradis est éternelle, et ce n’était pas notre cas.

    En 2006, Alberta m’a abandonnée, anéantie par une tumeur. Elle a emporté dans son tombeau notre grand secret.

     

    Aujourd’hui, ma blessure ne saigne plus. Je vis de souvenirs, comme Bilitis dans l’Elysée. En solitude, je cultive ma passion. J’ai choisi de m’appeler “Sabrina” parce que c’est un prénom Celtique, et, comme j’ai écrit dans le commentaire à la Maid au Chaudron d’Or, j’aime la culture Celtique.

     

    Ma garde-robe est désormais remarquable, dizaines et dizaines de tabliers. Tabliers à bavette, tabliers-taille, tabliers blancs de soubrette. Une quinzaine de chasubles. Les torchons, bons pour baillonner et ligoter, sont légion. Et encore, fichus, coiffes, costumes élégants pour la soubrette et tenues de maison pour la ménagère…Quant aux couleurs, je préconise le vichy et les carreaux de toute sorte. Le tout en parfait état, comme neuf. En effet, je ne porte pas mes tabliers pour faire le ménage ou la cuisine. Je ne veux pas risquer de les souiller. Les couleurs du linge de cuisine actuel, généralement de fabrication indienne, sont d’une piètre stabilité. Deux ou trois lavages, et voilà les beaux carreaux voyants devenir moches, délavés, fades: bref, bons pour la poubelle. Ainsi, je passe de longues heures en essayages, en m’admirant dans un miroir faisant semblant d’essuyer la vaisselle, d’étendre du linge, de laver le carrelage, de repasser ou d’épousseter au plumeau.

     

    Tu me demandes, mon ami, de t’envoyer quelques images de la belle Sabrina en tablier? Oh, je serais ravie de figurer dan ton beau blog, mais pour le moment ce n’est pas possible…Voyons: tout d’abord, obtenir des belles photos de soi-même, ce n’est pas facile. On devrait travailler au déclencheur, avec l’appui d’un miroir. Peu pratique, et les résultats ne sont pas des meilleurs. Impossible de se photographier bondagée.

     

    Mais la vraie, fondamentale raison qui me bloque est simple: je ne possède pas d’appareil photo!! À la suite d’une débacle financière qui m’a entraînée dans l’indigence, en 1998, j’ai vendu tout mon attirail de photographe. Je n’ai pas une seule image de Sabrina, ni d’Alberta. Aujourd’hui, je me trouve désœuvrée, je réussis à survivre avec fatigue et je ne peux absolument dépenser de l’argent pour l’achat d’un appareil.C’est triste à dire, mais c’est vrai.

     

    Ce n’est pas le cas, cependant, de perdre tout espoir. Ma situation financière peut soudainement améliorer. J’ai une “prise” politique dans mon arrondissement, qui peut m’introduire dans le milieu des traductions italo-françaises pour la Communauté Européenne. J’espère…

     Mais, mis à part mes projets de travail, il y a d’autres possibilités de poser pour Sabrina. J’ai obtenu un numéro de téléphone pour contacter un groupe de drag-queens à Turin. Peut-être…

    En tout cas, si je réussis à obtenir de mes images en tablier, tu les auras sans doute. C’est une promesse que je ne manquerai pas de tenir.

     

    Fais confiance à moi, mon ami, question d’attendre quelque temps. J’aime trop ton blog pour ne pas désirer d’y participer vraiment, au delà des simples commentaires. En attendant, je pourrais écrire un court récit, et l’envoyer à toi pour la publication. Les doigts de Sabrina ne réjouissent seulement en serrant le nœud d’un joli tablier à bavette: elles dansent volontiers sur le clavier de l’ordinateur pour exprimer des fantaisies…Je te le dise: ma tête renferme, prêt à sortir comme une chrysalide, un roman sur la podiaphilie et la domination entre lesbiennes, qui se déroule à Turin. Le temps de sa rédaction ne me paraît trop loin…

     

    Alors,d’accord. Sabrina n’oublie pas l’ami qui attend ses poses en soubrette, en cuisinière, en menagère; libre ou bondagée, souriante au milieu de la cuisine ou avec la bouche cachée par un torchon, mais toujours parée de délicieux tabliers!!!

     

    Amitiés

    Sabrina


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