• Le fil blouse de ma vie, épisode 8

    Le fil blouse de ma vie (mars 2020 – mai 2022), un récit qui m'a été envoyé par "I", vous n'en saurez pas plus que son initiale. Avec un grand merci à elle.


    Le fil blouse de ma vie, épisode 7 (suite 5/3 – Collégienne en 4ème et 3ème)

     

    Je devais faire ma première troisième cette année-là, et je me rappelle d’un souvenir en blouse pas très joyeux non plus. Une punition que ma mère m’avait donnée parce que je refusais d’enfiler ma blouse pour recevoir un frère de mon père, ma tante et ma cousine qui avait mon âge, nous avions quatorze ans à l’époque, mais elle en fin d’année. 

    Sachant qu’ils venaient, volontairement je n’avais pas mis une blouse en m’habillant. Quand j’entrais dans la cuisine pour le petit déjeuner, mon père n’était pas là, les remontrances de ma mère au sujet de l’oubli de la blouse commencèrent, surtout qu’elle avait revêtu la sienne.

    Ma mère tenta d’abord de me faire comprendre gentiment l’utilité (c'est-à-dire l’obligation pour moi) d’enfiler ma blouse comme d’habitude. Me disant par exemple, que si j’avais été pensionnaire et si j’étais restée à l’internat ce week-end, j’aurai été en blouse comme les autres filles qui ne rentraient pas chez elles, que cela faisait partie des règles que je devais respecter à la maison. Vaquant à mes occupations, j’ignorais dédaigneusement ses paroles. Le ton monta d’un cran et elle me menaça du retour de mon père parti chercher le pain et ses cigarettes, toujours sans résultat. Comme très souvent elle s’énerva et comme je ne réagissais toujours pas elle crut que je la narguais. Soudain elle se précipita vers moi, me prit fortement par le bras, me traîna jusqu’à une chaise sur laquelle elle s’assit sans douceur. Puis, me courbant de toutes ses forces en travers de ses cuisses, elle releva ma jupe plissée écossaise, je me revois, et elle m’appliqua, ce qui était très rare de la part de mes parents, une fessée comme jamais je n’en avais reçu de ma vie. Elle claquait comme une sauvage et la fessée dura un bon moment. J’ai dû avoir les fesses bien rouges à l’époque car j’avais mal.

    Après m’avoir relevée, elle me demanda en criant si j’étais enfin décidée à lui obéir et à enfiler ma blouse. En pleurs à cause de la douleur mais aussi de honte et de rage, inutile de dire que je me dirigeai vers ma chambre, claquait la porte avant d’aller pleurer sur mon lit mais sans enfiler ma blouse. Mon père arriva et j’entendis de ma chambre, ma mère encore énervée lui relater mon comportement et la punition que je venais de recevoir. Il était aussi intransigeant que ma mère pour la blouse mais ne dit rien sur le moment.

    C’est en fin de matinée, qu’il décida de me donner aussi une sanction. Il entra dans ma chambre où je faisais la tête allongée sur mon lit toujours sans blouse. Il me dit que pour lui comme j’avais eu une attitude de gamine, je devais être punie comme telle. Il me dit d’enfiler immédiatement une blouse puis d’aller me mettre au coin dans le salon, le nez au mur et les mains dans le dos, peut-être cinq ou dix minutes avant l’arrivée de la famille. Ma mère me donna la blouse blanche qu’elle ferma elle-même dans mon dos.

    Comme on s’en doute, ils me trouvèrent ainsi en entrant dans le salon. J’étais punie, et naturellement pas question de lever la punition avant un bon moment. De toute façon, j’avais tellement honte de ma situation, surtout devant ma cousine, qu’il valait mieux que je ne remue pas pour passer inaperçue. Oh ! Comme j’aurais voulu me cacher dans un trou de souris ce jour-là.

    J’entendais, dans mon dos, ma cousine qui se moqua de moi quand ma mère qui avait ôté sa blouse, raconta le motif de ma punition et la fessée que j’avais reçue. Humiliée vis-à-vis de ma cousine, je rougissais jusqu’aux oreilles. Celle-ci me narguait ouvertement malgré les injonctions pour qu’elle arrête, jusqu’au moment où ma tante déclara qu’elle aussi mériterait bien la même punition pour «se moquer de sa pauvre cousine». Ma mère encore contrariée de mon comportement intervint et dit à ma tante de ne surtout pas se gêner pour la punir si elle désirait, car ce n’était pas les gamines que nous étions qui allaient faire la loi. Elle n’avait qu’à faire comme chez elle. Ce à quoi ma tante répondit qu’elle allait l’envoyer aussi sec me rejoindre, «Dommage, je n’ai pas de blouse à lui faire mettre» ajouta-t-elle.

    Ma mère lui rétorqua:  «S’il n’y a que ça, je peux t’en prêter une d’I…!» qu’elle s’empressa d’aller chercher dans ma chambre. Et, malgré les protestations de ma cousine, elle dut, à son tour sous menace d’une fessée, enfiler une de mes blouses, une rouge boutonnée dos aussi et venir me rejoindre au coin. Et à cause d’elle, je fus punie une demi-heure de plus le temps que dura sa punition! Nous avons fini la journée en blouse toutes les deux s’occupant chacune de notre côté, j’étais fâchée contre elle. En fin de journée, au moment de partir, elle enleva la blouse et la jeta par terre, elle prit une claque par sa mère.

     

    C’est drôle plus je repense à cette période scolaire au collège, des souvenirs nets me reviennent que je n’avais pas notés dans mon journal. De grosses disparités prévalaient entre nous. Ainsi, la majorité des filles dont je faisais partie, avait la chance d’être bien habillé. Nous habitions pour la plupart en ville, et nos vêtements étaient neufs, achetés dans les magasins de la ville ou commandés par catalogue. Nous le savions même s’ils étaient recouverts par nos blouses qui avaient une provenance identique. Corinne, une de mes deux meilleures copines, l’égérie de la classe, jolie et toujours coquette, qui trouvait que la blouse réglementaire cachait trop ses jolis vêtements, avait commandé à la Redoute je crois, une blouse courte en nylon beige, sans manche à larges emmanchures bordées de noir, avec un plastron noir aussi, fermée depuis le milieu du dos par une glissière, cela lui allait bien et elle était fière de la porter car sa robe à volant et manches ballon était bien visible. Mais elle ne put la mettre que deux jours et dut remettre une blouse classique avec manches après avoir été convoquée chez la sœur directrice.

     

    Par contre, pour d’autres filles de la classe issues de la campagne généralement, c’était bien différent. Je repense à une pensionnaire pas très jolie, Marie-Pierre si je me souviens bien, qui était fréquemment mise à l’écart car souvent mal habillée, elle terminait d’user les vêtements et les blouses de ses sœurs plus âgées, et cela se voyait beaucoup. En plus, elle n’avait pas une odeur agréable et ne faisait pas très nette avec ses cheveux gras en fin de semaine, il est vrai que les internes n’avaient le droit qu’à une seule douche par semaine et certaines allaient jusqu’à se laver les cheveux à l’eau froide dans les lavabos des toilettes après l’EPS. Elle devait souffrir de la situation, sa blouse en piteux état ne masquant pour son cas que trop peu les différences sociales, ce qu’elle était aussi présumée faire en plus de protéger les vêtements et cacher nos formes naissantes de femme. Il faut noter que les choses n’ont pas beaucoup changé aujourd’hui sur la marginalisation vestimentaire.

     

    Pour moi rien ne changeait dans le rituel de pré-rentrée. Ainsi, pour mon arrivée en troisième après que ma mère m’eut déjà pris sur le marché une blouse marron clair toute simple que je ne trouvais pas très jolie, nous avons acheté ensemble une blouse verte avec double boutonnage, style uniforme ce qui me plaisait bien. Cette année se déroula parfaitement sur le plan scolaire, j’avais une bonne moyenne et envisageais une série scientifique au lycée. Lors de l’orientation de fin d’année, ma prof de maths aussi prof principale qui ne m’appréciait pas particulièrement chamboula mes projets. Mes parents obséquieux, suivant à la lettre l’avis de cette prof principale leur disant que mon 14 de moyenne en maths était trop juste pour la seconde choisie, me firent redoubler!

     

    Pour les vacances chez grand-mère, je négociais âprement le port de la blouse uniquement pour les occupations salissantes quand je devais l’aider. Ma mère y consentit sans enthousiasme contrairement à moi, qui me gardait bien toutefois de le montrer.

     

    Après nos vacances en camping, pour mon année de collège supplémentaire, comme d’habitude ma mère m’achetait mes blouses de rentrée. Lorsque nous sommes arrivées à la hauteur de la mercerie mais aussi boutique de blouses du village de ma grand-mère à qui nous rendions visite, ma mère m’a fait signe de la suivre. Nous entrâmes dans la boutique. La patronne en blouse était occupée à discuter avec probablement un représentant. Nous attendions la vendeuse, une jeune femme qui s’occupait d’une dame, lorsque celle-ci eut fini elle s’approcha de nous et demanda à ma mère ce qu’elle désirait.

    Ma mère demanda à la vendeuse une blouse pour elle et lui dit qu’elle voudrait me trouver deux blouses pour l’école. Ma mère précisa pour elle, qu’elle la voulait toute simple et fermée devant, que quelle que soit la couleur se serait parfait si la blouse lui plaisait. Son choix fut rapide et classique, une verte sans manche boutonnée devant.

    Puis vint mon tour, après m’avoir demandé mon âge, quatorze et demi, la jeune vendeuse crut bon de dire qu’à mon âge il était encore nécessaire de mettre une blouse à l’école, elle en robe n’en avait pas mis. Elle ajouta que pour moi cela tombait bien car elle venait de recevoir la nouvelle collection et que pour ma taille, il lui restait encore beaucoup de modèles. Vous préférez des blouses de quels styles demanda la vendeuse. Ma mère répondit que pour moi elle voulait de jolies blouses classiques, en nylon aux manches longues et j’indiquais de mon côté à la vendeuse que je préférais des blouses assez courtes et boutonnées devant ou côté. Pour la couleur nous verrons.

    La vendeuse partit quelques instants dans sa réserve et revint avec une dizaine de blouses dans les bras qui correspondaient à ma taille. Il y en avait de toutes les couleurs et de toutes les formes. Ma mère en choisit une verte comme pour elle qui ne me plaisait pas. Moi, il y en avait une qui m’attira tout de suite, une blouse jaune. Je le dis à ma mère qui laissa la verte, regarda la jaune et donna son accord.

    La vendeuse me présenta cette blouse en nylon jaune, elle était zippée devant avec un liseré damier noir et rouge sur le col officier et en haut des poches. Ma mère me donna l’ordre de l’essayer pour voir si elle m’allait bien. Elle était courte, fine. Je l’aimais tout de suite beaucoup car très douce. Ma mère me fit tourner sur moi-même et demanda à la vendeuse ce qu’elle en pensait.

    La vendeuse répondit que la coupe de la blouse était originale et que celle-ci m’allait bien. Elle fit remarquer à ma mère que cette blouse était de bonne qualité pour durer toute une année scolaire. Ma mère décida donc de la prendre et d’en choisir une autre. La deuxième, c’est elle qui la choisit plus que moi, était de couleur rouge, courte avec des liserés bleu marine, un faisant le tour du cou et descendant le long de la boutonnière et un autre entourant les poches. Elle avait un col ras du cou et se boutonnait sur le côté gauche. Je dus essayer cette blouse qui m’allait aussi parfaitement. Ma mère dit : « Elle est parfaite pour elle, je la prends également ».

    Avec mes deux nouvelles blouses qui me plaisaient, j’étais équipée pour ma deuxième rentrée en 3ème. Je savais donc que ma rentrée serait en blouse de nylon jaune ou rouge.

     

    ( à suivre… )

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