• Ceci est un récit personnel écrit par Marie-Souillon


     

    01 - L’embauche

     

    Valéry Vandelle était sorti d’une excellente école hôtelière privée avec le double diplôme de pâtissier et de traiteur. Aussi, il ne doutait pas, surtout dans une grande ville comme Paris, de trouver un bon emploi. Mais les annonces étaient peu nombreuses, et toutes demandaient du personnel qualifié, avec expérience. Une seule n’insistait pas sur ce dernier critère :

    « Les Goûts Doux, traiteur-pâtisserie, recherche une personne pour le laboratoire, pouvant servir aussi au magasin, s’adresser à Mademoiselle Mariette Watt »

    Suivait un numéro de téléphone qu’il appela tout de suite.

     

    La voix de Mademoiselle Watt, qui se présenta à lui comme l’une des deux propriétaires, était chaude et professionnelle. Il donna son nom et son prénom, son diplôme, et, sur la précision qu’il était libre tout de suite, fût invité à venir le soir même après la fermeture, à la porte à côté du magasin, avec ses références.

     

    A l’heure dite, Valéry se présenta. Il présentait bien, d’ailleurs, avec ses dix-neuf ans et quelques, ses cheveux blonds bouclés, son visage fin. Il était de petite taille, mais avait des muscles fins et allongés, dus à la pratique de la gymnastique et de l’escalade. Son jean et son polo lui donnaient une allure jeune et moderne, tout à fait lui, donc.

     

    La devanture était attrayante, bien décorée, lumineuse, laissant entrevoir le magasin fermé et éteint, qui semblait lui aussi très plaisant, et qui portait l’enseigne « Les Goûts Doux – Pâtisserie – Traiteur – Mariette et Sylviane Watt ». Il sonna à la porte à côté, dit dans l’interphone « C’est Valéry Vandelle, Mademoiselle », et fut invité à monter dans le bureau au premier étage.

     

    Mariette Watt l’attendait dans le bureau, belle femme, la quarantaine, grande, plus grande que lui, d’ailleurs, de belle prestance, les yeux verts, les cheveux roux courts et bouclés, portant une blouse rose, boutonnée devant, sur une jupe noire avec des socques, et une coiffe assortie. C’était, de toute évidence, la tenue des vendeuses du magasin.

     

    Mariette Watt, en le voyant, elle eut du mal à réprimer un mouvement de surprise.

    - « Bonsoir, je suis Mariette Watt, vous êtes bien la personne qui a téléphoné cet après-midi pour le poste ? ».

    - « Oui Mademoiselle, je suis Valéry Vandelle. »

    « Que c’est bête, avec votre prénom, je m’attendais à trouver une jeune fille, il faut dire que votre voix au téléphone est si jeune… »

     

    Valéry avait été plusieurs fois déjà victime de cette méprise, il ne se formalisa donc pas. Même, son physique juvénile, ses cheveux blonds d’enfant du Nord, son rare duvet blond aussi, pouvaient, sans malice, induire en erreur. Il sourit, et se fit, à lui-même, la remarque que, si Mademoiselle Watt s’était trompée sur son sexe, elle trompait aussi son monde en se faisant appeler Mademoiselle alors que sa quarantaine, même parfaitement portée, était évidente.

    - « C’est que, voyez-vous, jeune homme, nous cherchions plutôt, notamment pour la vente, une jeune femme. »

     

    Valéry eut peur, tout d’un coup. A Paris depuis plusieurs jours, logeant chez un vague copain, il était quasiment à bout de ressources, et ne voulait pas retourner chez ses parents. Il avait rompu avec eux quand il avait choisi, contre leur avis, ces études manuelles et pratiques plutôt que les études plus intellectuelles que ses parents auraient voulu lui voir suivre, mais qu’il n’aimait pas. Il avait payé ses études avec des petits boulots, il avait quitté son précédent travail sans avoir fait d’économies, il n’avait pas droit à toucher le chômage, et avait emprunté à des amis des petites sommes qu’il voulait absolument rendre au plus tôt.

    - « S’il vous plait, Mademoiselle, je ferai tous les efforts nécessaires, si vous voulez bien m’essayer. Et, vous savez, je parle anglais, allemand et espagnol, c’est un plus dans un commerce, je crois. »

     

    - « Oui, les langues sont toujours utiles, surtout que la personne sera amenée aussi à donner un coup de main au service et aux livraisons. Quelqu’un qui a tant de qualités, sur le papier au moins, et qui se dit prêt à tant d’efforts pour s’intégrer chez nous mérite peut être qu’on lui donne une chance, Mariette ! »

    Celle qui avait parlé était une belle femme blonde, les cheveux relevés en chignon, un peu plus jeune que Mariette Watt. Le visage, l’allure générale la désignaient, de toute évidence, comme sa sœur cadette. Elle portait une blouse comme que sa sœur, en blanc et en plus long, qui ne permettait pas de voir ce qu’elle portait dessous ; mais ce n’était certes pas un pantalon. Ses cheveux étaient bien rangés sous une charlotte blanche. Valéry pensa qu’une sœur devait s’occuper du magasin et l’autre de la fabrication.

    - « Eh bien, Sylviane, va lui faire faire quelques essais au laboratoire, pendant que je vérifie ses références. »

    Valéry lui tendit une pochette avec son diplôme, ses certificats de travail, que Mariette Watt parcourut rapidement.

    - « Je connais certains personnellement, je vais les appeler, s’il n’est pas trop tard. Descendez au labo avec Sylviane. »

     

    Le laboratoire était aussi net, aussi agréable que la devanture et le magasin, moderne, lumineux, parfaitement propre et rangé. Sylviane Watt lui désigna un tablier blanc pendu au mur et sortit d’un tiroir une résille pour ses cheveux. Il la mit et se lava les mains pendant qu’elle lui indiquait ce qu’elle entendait qu’il fasse pour montrer ses compétences.

    Il se mit au travail ; c’était facile, chaque chose, ustensiles, produits, était là où il s’attendait à les trouver dans un laboratoire bien organisé.

    Il montra ce qu’il savait faire tant dans le salé que dans le sucré, accomplit les préparations qui lui étaient demandées rapidement, avec assurance et un excellent tour de main. Il ne craignait pas d’être jugé sur son travail : il avait été, tout au long de ses études, un excellent élève. Il n’avait jamais eu de mal à trouver des petits boulots, et ses patrons l’avaient toujours apprécié, surtout le dernier, son premier véritable emploi. En trois quarts d’heure, il avait fait à Sylviane Watt la preuve de ses talents professionnels, pendant que, dans le bureau qui surplombait le laboratoire d’une large baie vitrée, il voyait Mariette Watt passer des coups de fil.

     

    Il terminait ses gammes quand cette dernière descendit rejoindre sa sœur.

    - « Valéry, je n’ai eu que des bonnes références. Le directeur de votre école, que je connais bien, m’a dit que vous étiez son meilleur élève, que vos professeurs étaient enchantés de vous, et que beaucoup d’artisans auraient voulu vous embaucher sur Paris. Votre dernier employeur, en province, qui est aussi une référence dans notre métier, était désolé de vous voir partir, bien qu’il vous ait proposé une augmentation. Il m’a dit que vous l’aviez quitté pour des raisons personnelles. Voulez-vous m’en dire plus ? »

    C’était dit avec le sourire, mais le ton était ferme, et il fallait répondre.

    - « Je suis allé chez lui, Mademoiselle Watt, pour suivre une jeune fille qui étudiait avec moi, et dont j’étais amoureux. »

    - « Et pourquoi être parti ? »

    - « C’est très personnel, Mademoiselle, disons que je l’aimais et qu’elle ne m’aimait pas ». Il étouffa presque un sanglot. « Elle s’est moquée de moi, alors je suis parti, Monsieur Brissot a bien voulu me dispenser de faire mon préavis, ç’a été très gentil de sa part. »

     

    Sylviane se rapprocha de sa sœur pour lui dire, à voix basse, quelque chose qu’il entendit mal, mais qui sonnait comme « Il travaille bien, et puis, ça pimenterait un peu notre routine ». Il n’était pas sûr d’avoir bien entendu, surtout la deuxième partie, mais ça pouvait se rapporter à l’originalité de sa pratique, qui l’avait déjà fait remarquer, en bien, par une créativité rare chez un débutant.

    - « Attendez-nous ici, dit Mariette, nous allons discuter toutes les deux dans notre bureau, asseyez vous et goûtez nos produits en attendant. »

     

    Elles montèrent dans le bureau et il les vit, à travers la vitre, discuter longuement, de manière soutenue et même, aurait-il pu dire, de manière agitée. Elles ne se disputaient pas, non, mais de toute évidence elles échangeaient des points de vue qui n’étaient pas identiques, avec force arguments. Elles passèrent, aussi, de nombreux coups de téléphone. Puis la discussion recommença. Voici bien une demi-heure qu’il attendait. Elles semblèrent tomber d’accord, passèrent un troisième coup de fil, plus bref, et Mariette toqua à la vitre et lui fit signe de monter.

     

    - « Voyez-vous, Monsieur Vandelle, notre maison ne compte, tant au laboratoire qu’au magasin, que du personnel féminin, et nous avons nos habitudes, que nous ne voulons pas déranger pour vous. » Le ton de Mariette Watt était ferme.

    Valéry se sentit mal, voyons le poste lui échapper, alors qu’il commençait à aimer cette maison si nette, si bien organisée, et à aimer, aussi, les salés et les sucrés qu’il avait grignotés en attendant, et qui étaient d’une grande qualité, comme il aimait en faire, du bon travail.

    - « Aussi, si nous vous prenons, continua Sylviane Watt d’un ton plus doux, vous devrez vous intégrer de manière parfaite à notre équipe, vous y fondre absolument, vous plier à notre règlement intérieur, qui est complet et strict, pour garantir la qualité de notre maison et la satisfaction de notre clientèle. »

    - « Je ferai tout ce qu’il faudra, Mesdemoiselles, et je me plierai à toutes les habitudes de la maison, même si je n’en ai pas l’expérience, je m’y soumettrai. Vous avez vu, je suis un bon ouvrier, je ne ménage pas ma peine, et je crois, sans vouloir me mettre en avant, que je peux faire de l’aussi bon travail que le reste de votre équipe. »

    - « Oh, ce n’est pas la qualité de votre travail qui est en cause, dit Sylviane, mais il vous faudra faire d’énormes efforts pour vous intégrer. »

    - « Je les ferai, Mesdemoiselles. »

     

    Elles sourirent, lui proposèrent un contrat pour trois mois, avec deux semaines de période d’essai, pour un salaire qui était supérieur à ce qu’il aurait pu espérer, en le prévenant que leurs attentes seraient à la hauteur de sa rémunération. Mariette Watt lui rendit la pochette qui contenait ses certificats. Elle avait mis dans cette pochette le règlement intérieur de la maison et divers documents.

    - « Vous y trouverez notre règlement et l’adresse de notre médecin du travail, je vous ai pris rendez-vous pour demain à 9 heures et, si le Docteur Grassi vous trouve apte après tous les examens, vous embauchez demain à 13h 30’, dit Mariette Watt. »

    - « Alors, à demain, Valéry, dit sa sœur. »

    - « Merci Mesdemoiselles, à demain, sans faute. »

     

    Un grand sourire éclaira son visage encore presque adolescent, il descendit l’escalier en dansant presque de joie, sortit en refermant la porte doucement. Il se retourna sur la devanture du magasin :

    - « Les Goûts Doux, quel drôle de nom pour une si bonne maison ! ».

     

    L’une contre l’autre, à la fenêtre, les sœurs Watt le regardèrent partir, appréciant sa démarche dansante.

    - « Sylviane, je crois que tu as eu une bonne idée. »

    - « Mariette, j’en suis sûre, ça changera les idées des filles, et au moins un tiers de notre clientèle va adorer. »

     


     02 - La visite médicale

     

    Le Docteur Grassi, médecin du travail, était dans le même quartier que le magasin, un quartier chic de la capitale, ou, plutôt, un quartier « bourgeois-bohème » bien argenté.

     

    Il s’y présenta à l’heure et fut reçu par une infirmière en blouse de nylon, blanche, boutonnée sur le côté, avec une ceinture nouée. Elle était prévenue de son arrivée.

    - « Le Docteur Grassi n’est pas encore arrivé, mais je vais commercer les examens, passez à côté pour la prise de sang. »

     

    Dans la salle d’examen, le lit de consultation avait des étriers pour les pieds, comme une chaise gynécologique, mais cela ne l’étonna pas : après tout, dans ce quartier, il devait y avoir une majorité de femmes salariées. Il s’assit et se prêta à la prise de sang.

    - « Nous avons le laboratoire à côté, je vais faire faire les analyses tout de suite, comme ça le Docteur aura les résultats pendant la visite.

    - « Je ne savais pas qu’il y avait une prise de sang pour les examens d’embauche ? »

    - « Vous savez, nous sommes un service très sérieux, et puis, dans l’alimentation, il faut être très, très exigeants sur l’hygiène et la santé, c’est pour les clients, vous savez. D’ailleurs, nous allons continuer avec les urines. »

     

    Elle lui tendit un urinal en verre, qu’il prit et, regardant autour de lui, commença à chercher les toilettes.

    - « Non, n’allez pas aux toilettes, faites-le ici. »

    - «  Euh mais, Mademoiselle, je suis très gêné, rougit-il. »

    - « Allons, je suis une infirmière diplômée, j’en ai vu d’autres et je n’ai jamais eu peur, dit-elle en riant, allez, ôtez même votre pantalon, il va nous gêner pour la suite des examens. »

    Il posa l’urinoir, enleva ses chaussures et son blue-jean, devant le ton ferme de l’infirmière. Il n’était pas, d’ailleurs de caractère rebelle, et il savait que, souvent, il fallait bien faire ce qu’on lui disait.

    - « Enlevez le polo, aussi, nous gagnerons du temps, et il ne fait pas froid ici. »

     

    Il obéit, restant en slip et chaussettes.

    - « Allez, prenez l’urinal et pissez ! »

    Il rougit encore plus devant le dernier mot.

    - « Oui, jeune homme, c’est le terme exact, uriner, c’est quand les reins filtrent le sang pour faire l’urine, et pisser, c’est quand on évacue cette dernière. J’aurais pu dire : « faites votre miction », mais vous auriez peut être compris moins vite. »

    Vexé d’être pris pour un ignorant, alors qu’il savait ce que voulait dire « miction », il pris l’urinal de la main gauche, baissa son slip de la main droite et, de la même main, introduit son sexe dans l’orifice. L’infirmière le regardait attentivement, comme si elle examinait son anatomie, mais d’un air neutre. Heureusement, il ne bandait pas, mais, à peine eut-il pensé ça qu’il se mit à rougir encore.

    Il commença à pisser, remplit le fond du récipient et s’arrêta.

    - « Ne vous retenez pas, c’est mauvais, terminez, je jetterai le reste. De toute façon, plus il y en a, plus c’est facile de mettre les bandelettes de test. »

     

    Il continua et remplit presque le vase, à moitié du col, puis sortit son engin, mais pas complètement, de peur de faire tomber des gouttes. L’infirmière qui avait compris sa retenue prit un rouleau de papier essuie-tout, en tira quelques feuilles et, avant qu’il eut le temps de dire « ouf », sortit complètement son sexe et essuya le bout, puis pris l’urinal et partit le poser sur un meuble, le laissant avec le sexe sorti du slip.

    Elle n’y fit pas attention et commença à tremper les bandelettes de test dans le récipient ce qui, effectivement, était plus simple quand il était bien plein. Il mit ce temps à profit pour remonter son slip puis, pour se donner une contenance, il s’assit sur le divan d’examen.

     

    L’infirmière revint et continua la visite : la toise, la balance, la vision, l’audition, l’électrocardiogramme et, pour finir, l’emmena dans une pièce à côté pour la radio des poumons, tous ces examens donnant, bien sûr, d’excellents résultats.

     

    Quand il revint dans la première salle d’examen, le Docteur Grassi était là.

    - « Valéry Vandelle ? Heureuse de vous voir, vous étiez à l’heure, cela nous a permis de commencer les examens avec Monique (il compris que c’était l’infirmière), nous allons donc continuer. »

    Le Docteur Grassi était une femme d’âge mûr, pas très grande, pas très mince, les cheveux bruns ; elle portait une blouse blanche boutonnée sur le côté, en nylon, comme son infirmière, mais plus courte et sans ceinture, sur une jupe de couleur.

     

    Elle le fit se rasseoir sur le divan d’examen, pendant que l’infirmière sortait, et fit les actes habituels : tension, réflexes, auscultation, respirez, ne respirez plus, toussez, etc. Pendant ces examens, elle lui posait des questions sur sa santé, sa famille, sa formation, questions détaillées auxquelles il répondait de bon cœur.

    - « Et vos rapports sexuels, jeune homme ? »

    - « De mon âge, Madame, répondit-il en souriant, mais son sourire s’effaça en racontant, en quelques mots, sa liaison rompue. »

    - « Uniquement des filles ? »

    - « Oui, Docteur », répondit-il, choqué qu’on eut pu le prendre pour un homosexuel, pas sur le principe, il était moderne et ne faisait pas attention à ça, mais parce qu’il pensait qu’elle lui avait trouvé l’air trop mignon ou trop efféminé.

    - « Bien, nous allons examiner vos parties, enlevez votre slip et écartez les jambes ! »

     

    Valéry était perplexe. Il n’avait jamais entendu parler d’examens aussi poussés et, jusque là, la visite avait été normale, si ce n’est l’épisode de l’urinal, qu’il avait pris, moitié pour un professionnalisme un peu trop rigoureux, moitié pour une plaisanterie, voire même une avance de l’infirmière. Cependant, il baissa son slip, l’enleva complètement, et se laissa mettre, d’un geste autoritaire du docteur, les pieds dans les étriers qu’elle avait relevés pendant qu’il finissait de se déshabiller. Il n’avait plus, d’ailleurs, que ses chaussettes, qui sans doute le protégeaient du métal froid.

     

    - « Ah, vous n’êtes pas rasé… remarqua le Docteur. »

    - «  Euh, non Docteur, pourquoi ? »

    Mais le Docteur ne répondit pas, occupée qu’elle était à enfiler une paire de gants de latex, puis à prendre un tube de produit. Elle enduit de ce produit son index droit puis, mettant le doigt sur son anus, le badigeonna également de ce qu’il reconnut alors comme de la vaseline.

    - « Vous n’avez jamais eu de toucher rectal ? Détendez-vous, ce n’est rien. Il vaut mieux le pratiquer fréquemment, la prostate est un organe fragile, mais, si on est suivi très jeune, on réduit le risque à presque rien. »

     

    Pendant qu’elle le rassurait avec ces arguments, elle insinuait son index dans son anus. Il fut étonné qu’il rentrât si facilement, mais elle n’avait pas de gros doigts, et la vaseline aidait. Il fit semblant de prendre un air détaché et de regarder ailleurs, pendant que le doigt explorait, très professionnellement, son anus, cherchait la glande en question, évaluait sa taille, sa consistance, et tout ce qui va avec.

    « Heureusement, j’ai fait mes besoins en partant », pensa-t-il, et il pensa aussitôt après, tout étonné : « C’est drôle, j’ai envie de bander, je dois me retenir ».

     

    C’est à ce moment précis que, alors qu’il avait le doigt du Docteur dans le cul, il faut bien le dire comme ça, Monique, l’infirmière, revint dans la pièce avec les résultats de la prise de sang. Elle sourit et vint se planter devant Valéry, regardant attentivement le déroulement de l’examen. Il semblait à Valéry que ses seins tendaient sa blouse blanche plus que tout à l’heure.

    - « Nous avons les résultats de la prise de sang et de l’analyse d’urine, Docteur, les voici, mais le laboratoire m’a dit que, sous réserve de votre avis, ils étaient excellents. »

    - « Je vais les regarder, dit-elle, en terminant son exploration intime, pendant ce temps, faites-lui un rasage pubien complet, s’il vous plait. »

    Valéry faillit crier d’étonnement, il eut juste un hoquet qui n’arrêta pas l’infirmière, alors qu’elle sortait d’un tiroir la mousse, le rasoir, et qu’elle remplissait une cuvette d’eau chaude.

     

    - « Me raser, Docteur, mais pourquoi ? »

    - « Tout simplement, mon petit, parce que, à votre âge, on a des aventures, des rapports, qui peuvent vous donner toutes sortes de maladies, qu’il faut que je m’assure que vous êtes en bonne santé, que pour cela j’examine vos organes, et que je verrai beaucoup mieux d’éventuels signes sur la peau si vous êtes rasé. » Elle parlait d’un ton mi-exaspéré, comme à un idiot, mi-maternel, comme à un petit enfant qui ne comprend pas les choses.

    - « Mais, Docteur, si on le voit avant que ça repousse ? »

    - « Il ne tient qu’à vous qu’on ne le voie pas, et, si une jeune fille le voit, vous lui expliquerez votre examen. Je crois même que ça lui plaira bien. Si un homme le voyait, ce serait pareil, mais je ne crois pas, à ce stade de l’examen, que vous fréquentiez des messieurs, et d’ailleurs vous m’avez dit que ce n’est pas le cas. »

    - « Mais c’est ridicule… »

    - « Allons, l’hygiène n’est jamais ridicule. »

     

    Pendant ce temps, l’infirmière avait attendri sa peau avec une serviette mouillée d’eau chaude, l’avait enduit de mousse et le rasait, comme si elle faisant ça tous les jours, sans lui faire mal du tout, et sans qu’il bandât, tellement il était pris par la discussion.

    - « Puisque vous y êtes, Monique, rasez-lui aussi les mollets. »

    - « Les mollets ? Mais, Docteur, il n’y a rien à examiner. »

    - « Non, mais même si votre duvet blond se voit peu, c’est un nid à microbes et, dans l’alimentation, on ne peut pas se le permettre, Mesdemoiselles Watt sont très attentives à ce genre de détail. »

     

    La seule évocation de ses futures patronnes, du travail qu’il voulait tant avoir, le calma, et il se laissa raser sans aucune difficulté, pendant que le Docteur Grassi remplissait des documents.

    Le rasage terminé, elle revint pour la suite de l’examen.

    - « Monique, asseyez-vous près de patient, vous prendrez des notes sous ma dictée. »

    Et l’infirmière s’assit près du divan, un bloc à la main, pendant que le Docteur commençait son examen des parties intimes (enfin, plus si intimes que ça, maintenant qu’elles étaient rasées), de Valéry, parties que sa position, jambes écartées et relevées, rendaient tout aussi accessibles que l’avait été, à l’instant, son anus.

     

    - « Les testicules sont de taille normale, descendues à temps et convenablement positionnées. Les bourses sont normales, leur peau ne souffre d’aucune irritation, altération ou lésion. »

    L’infirmière notait.

    - « La verge est de taille légèrement supérieure à la normale à l’état de flaccidité, le prépuce est circoncis. L’examen attentif de la peau de cette verge ne montre aucune irritation, altération ou lésion. »

    Valéry hésitait entre la honte, devant cet examen si poussé, et le rire, il ne pouvait s’empêcher de penser à une série télévisée, une série policière, où un médecin à nœud papillon dicte des rapports d’autopsie. Sauf que le mort ne pouvait pas avoir honte, alors que la honte commençait à le gagner.

    - « Tant le prépuce que la muqueuse du gland sont parfaitement sains. »

    « Ouf », pensa Valéry, c’est fini.

     

    La main du Docteur, et Valéry remarqua qu’elle n’avait pas mis de gants en latex, se posa sur ses couilles.

    - « Les testicules sont fermes au toucher, et de sensibilité normale. » En effet, une légère pression avait fait grimacer Valéry. La main remonta sur son sexe.

    - « Au toucher, la verge se raidit normalement. » A vrai dire, à peine la main du médecin, moitié palpation, moitié caresse, était-elle remontée à la base de sa quéquette qu’il avait commencé à bander, tout rougissant, mais n’osant plus rien dire. La main enveloppa son sexe, alla et vint sur sa longueur, et commença à le branler, pendant que le Docteur Grassi se penchait sur lui et que le haut de sa blouse s’entrouvrait sur une poitrine abondante, séparée par une délicieuse vallée ombrée.

    - « L’érection fait apparaître un membre de taille toujours légèrement supérieure à la normale, et d’une dureté qui correspond à l’âge du patient. » Au moins, du fond de sa honte, Valéry était content d’apprendre qu’il avait une belle bite, ce que les filles ne lui avaient jamais dit, mais qu’il s’était plu à penser depuis son adolescence. Le Docteur Grassi, tout en dictant, le branlait assidûment, à pleine main, sans trop serrer, en prenant son temps, et l’infirmière regardait attentivement l’opération, entre deux notes.

    - « Le patient rougit pendant la masturbation, assez vivement, sur le visage, jusqu’aux oreilles, et sur le haut du corps. Si le rougissement du visage marque certainement la honte qu’il éprouve durant cet examen, le rougissement du corps marque une excitation sexuelle normale. » D’entendre dire qu’il avait honte et que, en même temps, il était excité, le fit rougir encore plus, pendant que la masturbation continuait.

     

    - « Jeune homme, à quoi pensez-vous pendant que je vous masturbe ? »

    - «  Euh, à rien, Docteur… »

    - « Mais si, voyons, à quoi ou à qui pensez-vous, à votre ancienne petite amie ? »

    - « Oh non Docteur, c’est fini et bien fini. »

    - « Vous pensez à une jeune fille ? A une femme mûre ? A un homme ? A autre chose ? »

    - « Je pense que j’ai honte de tout ça, Docteur, je l’avoue. »

    - « Avouez tout, ici, nous sommes liées au secret médical. »

    - « Je pense aussi, Docteur, à vos seins sous votre blouse. »

    Comme il disait ça, il sentit sa verge se gonfler, ses reins se cambrèrent et il éjacula. Le jet de sperme monta jusqu’à son cou, pendant que le Docteur continuait, plus doucement, à le branler pour finir de le vider, pendant qu’il lâchait un petit gémissement.

     

    - « L’éjaculation est abondante, le sperme de consistance et de couleur parfaitement conformes à l’âge du patient, sous réserve d’analyse ultérieure. Rien à signaler sur le plan sexuel, le sujet est tout à fait sain. Merci, Monique, les notes sont finies, essuyez ce jeune homme s’il vous plait. »

    L’infirmière prit le même rouleau d’essuie-tout qui avait servi pour le recueil de l’urine, absorba avec le sperme répandu sur son corps et le bout de sexe, et finit avec la serviette qui avait servi au rasage. Puis, elle l’aida (il flageolait un peu) à se lever du divan, et lui tendit ses vêtements.

     

    Pendant qu’il se rhabillait, le Docteur Grassi rédigeait sa fiche de visite, qu’elle lui tendit avec le sourire :

    - « Vous êtes un jeune homme plein de santé, un peu émotif sans doute, mais ce n’est pas un défaut. Vous ferez parfaitement l’affaire, je pense, pour Mesdemoiselles Watt. »

    La fiche portait la mention « Apte au travail, tant au laboratoire qu’au magasin, livraisons et service. »

     

    Valéry avait oublié sa honte, il était si content d’avoir franchi cette étape qu’il aurait embrassé le Docteur et son infirmière.

    - « Au-revoir Docteur, au-revoir Mademoiselle, et merci bien. »

     

    Elles rirent gentiment, le « Merci bien » pouvant convenir aussi bien à la visite qu’à la branlette.

    - « Bonne chance dans votre travail, Valéry. »

     

    Une fois qu’il fût sorti, le Docteur Grassi appela Mariette Watt :

    - « Je viens de voir le petit Vandelle. Il est en parfaite santé, il a docilement subi l’examen et tout ce qui allait avec, je crois qu’il s’adaptera très bien au Goûts Doux et que vous en serez toutes très satisfaites, pour peu que vous continuiez à le traiter avec fermeté et douceur. »

     


     

    03 - Pour la satisfaction de la clientèle

     

    Valéry se présenta au magasin à l’heure dite. Avant d’entrer, il regarda à travers la vitrine. Un comptoir « traiteur », un comptoir « pâtissier », la caisse, et deux vendeuses, la trentaine et la quarantaine, toutes les deux en blouse rose pâle, tablier à bavette rose plus foncé, avec volants et bretelles croisées, et coiffe assortie, posée sur les cheveux.

    Il entra.

    - « Bonjour Mesdames, je suis Valéry Vandelle, le nouvel employé. »

    - « Soyez bienvenu, dirent-elles, souriantes, presque à l’unisson.

    - « Passez derrière, j’appelle Mademoiselle Mariette. »

     

    La plus âgée, brune, portait son prénom brodé sur son tablier : « Jacqueline », au-dessus du nom de l’établissement, brodé lui aussi ; la blouse, dessous, portait les mêmes mentions. La plus jeune, il le voyait aussi, se prénommait Carine. Toutes deux étaient maquillées très légèrement, boucles d’oreilles discrètes, pas d’autres bijoux ; leur tenue très « nette » renforçait l’idée positive qu’il avait de la maison, et que devaient en avoir les clients. Il passa dans le couloir qu’il connaissait depuis hier soir, et Mariette Watt descendit l’accueillir. Elle était en blouse rose comme la veille, avec la coiffe et le tablier identique à celui de ses vendeuses, sauf que son prénom brodé était suivi de son nom : cela marquait la propriétaire, la « patronne », sans doute.

    - « Bien, Valéry, le Docteur Grassi m’a téléphoné pour me dire que tout s’était très bien passé. Venez dans le vestiaire. »

     

    Il la suivit dans un vestiaire agréable, grand, éclairé par des jours de verre dépoli au plafond, avec une vingtaine de placards individuels de bonne taille, pas ces minuscules casiers dans une pièce sombre que l’on voyait trop souvent quand les patrons voulaient faire des économies. Au fond, deux portes, marquées « Douches » et « Toilettes ».

    - « Voici le vestiaire, Valéry. Ah, je vous préviens tout de suite, nous n’avons que des toilettes « Dames », puisque le personnel est entièrement féminin. J’imagine que cela ne vous gênera pas ? »

    - « Euh, non Mademoiselle, mais je ne voudrais pas gêner mes collègues. »

    - « Ne vous inquiétez pas pour ça. Une seule chose, les garçons ont souvent l’habitude de laisser des gouttes sur le rebord, et ça, il n’en est pas question. »

    Il fut surpris de cette entrée en matière un peu abrupte, mais c’était dit, de toute évidence, avec gentillesse, une ferme gentillesse cependant.

    - « Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, je ferai attention et, de toute façon, je nettoierai si nécessaire. »

    - « Il y a plus simple encore : vous vous assoirez même pour la petite commission, comme on dit. Aucun risque, et c’est plus confortable, vous verrez. Oh, dit-elle en voyant son air mi-étonné, mi-amusé, je ne le dis pas en plaisantant ! Vous vous assoirez toujours quand vous irez à la toilette, un point c’est tout, compris ? »

    - « Oui Mademoiselle, acquiesça-t-il. » Après tout, il ferait comme il voudrait.

    - « Je vous le dis tout de suite, tout l’établissement est sous vidéo-surveillance, dans toutes ses pièces, et les caméras envoient les images dans mon bureau. » Elle lui montra, effectivement, deux caméras aux angles de la pièce.

    - « Oh, ce n’est pas pour surveiller mes employées, non, mais toutes les pièces, j’y tiens, ont des fenêtres ou tout au moins des petites ouvertures, et nous ne voulons ni être cambriolées, ni être vandalisées, et comme les toilettes aussi ont des fenestrons, elles sont contrôlées. »

     

    Il eut l’impression que, même si la sécurité était normale pour un établissement de ce niveau, les caméras serviraient sans doute aussi à le surveiller. Mais il était fermement décidé à être irréprochable.

     

    Marielle Watt lui montra son vestiaire, déjà marqué à son nom, « Vandelle », d’une étiquette élégamment imprimée. Cette attention lui fit plaisir. Le vestiaire ne fermait pas à clé, la vidéo-surveillance rendait inutile ce genre de complication. Il était divisé en deux compartiments, un pour ses affaires de ville, un pour ses vêtements de travail, le second deux fois plus grand que le premier. « Système pratique et hygiénique », pensa-t-il.

     

    - « La tenue de travail est définie par notre règlement intérieur et, pour des raisons d’hygiène, comme pour des raisons d’esthétique, et pour la satisfaction de la clientèle, la tenue est uniforme, obligatoire, et il ne saurait y être dérogé, en aucun cas, sous aucun prétexte. »

    - « Bien Mademoiselle. »

    - « Pour l’instant, vous n’avez que votre tenue de laboratoire, vous aurez une tenue de magasin plus tard. La tenue se compose d’une blouse blanche, longue, manches longues, ceinture, d’un tablier blanc avec lien autour du cou, et d’une charlotte assortie. Je crois que les tailles vous conviendront. »

     

    La blouse était sur un cintre, le tablier à une patère, la coiffe sur une étagère.

    - « Mais, Mademoiselle, c’est une blouse de femme, boutonnée à gauche. »

    - « Je vous ai dit que la tenue était uniforme, vous vous ferez vite au boutonnage, vous savez, ce n’est qu’une question d’habitude. »

    - « Bien Mademoiselle. » Valéry prenait vite l’habitude d’obéir, tant les instructions, si étonnantes soient-elles, étaient données d’un ton ferme, qui ne supportait aucune contradiction, et, en même temps, tranquille, doux, gentil, un ton contre lequel il était impossible de se révolter.

    - « Je suis contente, Valéry, je vois que vous comprenez vite. Maintenant, ôtez votre pantalon, vos chaussures et vos chaussettes, et mettez la blouse et les socques réglementaires. »

    - « Mon pantalon, Mademoiselle ? » Là, il se révoltait.

    - « Oui, mon petit, vous n’avez pas lu le règlement intérieur que je vous ai donné hier soir ? Il dit bien que le port du pantalon est interdit dans la maison, pour des raisons d’esthétique et pour la satisfaction de la clientèle. Nous devons donner une image agréable, rassurante, et le port du pantalon est donc interdit, trop masculin, complètement inadapté à une jolie blouse et un joli tablier. »

    - « Mais je ne suis pas une fille, Mademoiselle… »

     

    Mariette Watt rit, pas méchamment, non, mais de bon cœur.

    - « Votre prénom m’a trompée, au début, mais le Docteur Grassi a bien constaté que vous n’étiez pas une fille, Valéry. Cependant, nous n’avons ici que du personnel féminin, notre clientèle y est habituée, il s’agit de ne pas la déconcerter. Je ne vous demande pas de mettre une jupe ou une robe, juste de garder les jambes nues sous votre blouse. Vous avez de jolies jambes, d’ailleurs, et bien lisses, maintenant. »

    - « Mais je vais travailler au laboratoire, seulement… »

    - « Ah, Valéry, répondit-elle sur un ton plus ferme et moins doux, je vois que vous n’avez pas lu le règlement que je vous ai donné hier. Il dit bien que le personnel du laboratoire étant amené à alimenter le magasin devant la clientèle, il doit respecter les mêmes contraintes.

     

    Il baissa la tête. Mariette Watt reprit :

    - « Moi-même, ma sœur, qui sommes les patronnes, les propriétaires, nous respectons cette tenue. » Puis, sur un interphone qui était au mur, elle appela « Sylviane, veux-tu venir s’il te plait ? »

    - « Je, je… » Il ne savait plus quoi dire.

    - « Vous, vous… reprit Mariette Watt, souriante. Vous voulez travailler dans une excellente maison, et vous avez toutes les qualités pour le faire. Vous avez travaillé dur pendant votre formation, dans des conditions sans doute bien plus pénibles. Ici, vous pouvez gagner un bon salaire, apprendre des choses au laboratoire et au magasin qui vous serviront plus tard, et vous ne voulez pas faire un effort ? Alors que, dans le bureau, vous attend un contrat de travail à signer et, ce soir, après la fermeture, un petit acompte en liquide sur votre premier salaire, pour vous permettre une petite sortie dès ce soir ? »

     

    Sylviane Watt entra, dans la même tenue que celle qu’il aurait du, déjà, mettre : blouse blanche longue, tablier blanc, avec le prénom et le nom brodés dessus, charlotte blanche tenant tous les cheveux. Aux pieds, elle portait les mêmes socques blanches que sa sœur, celles qui l’attendaient, lui, au bas de son placard. Elles avaient la forme de sabots, en plus confortable, en plus chic, et donnaient à la tenue un aspect champêtre qui participait à l’image de la maison : de bon goût, bien tenue, élégante mais, comment dire, pas « chicos », non, simple et de bon goût.

    - « Allons, que se passe-t-il ? Valéry, vous n’êtes pas encore en tenue ? Vite, je veux vous présenter avant le changement d’équipe. »

    - « Je crois, Sylviane, que Valéry ne veut pas se plier à notre code vestimentaire. »

    - « Une si jolie tenue, qui lui ira si bien ? Allez, Valéry, en tenue, vite, Mariette vous l’a déjà dit, et nous n’aimons pas nous répéter. »

    - « Et consolez-vous, votre prénom n’est pas brodé, encore, mais nous allons le faire faire au plus tôt, sur vos blouses et tabliers de laboratoire comme sur ceux de magasin, compléta Mariette. Vous aurez trois jeux de tenues, un que vous portez, un au nettoyage, et un de secours, on ne sait jamais. »

     

    Devant ces deux femmes, il n’y avait rien à dire. Valéry ôta ses baskets et ses chaussettes, puis son pantalon, et tira son T-shirt, long heureusement, le plus bas possible sur le haut de ses cuisses. Il prit la blouse de femme et l’enfila, aidé par les sœurs Watt qui l’aidèrent à se boutonner, à nouer sa ceinture, et ajustèrent sa coiffe. Puis il mit son tablier, et Sylviane Watt lui noua la ceinture dans le dos, laissant retomber deux jolis brins. Il mit ses socques, et Mariette Watt le tourna vers une glace en pied qui lui permit de se voir en entier.

     

    La tenue était certes très seyante, mais, jeune et fin comme il était, il ressemblait tout à fait à une fille. Il le vit, les sœurs Watt aussi, et en sourirent de satisfaction. Il devient rouge comme une pivoine.

    - « Allez, montez avec moi au bureau signer votre contrat de travail, dit Mariette Watt, et nous allons vous présenter à tout le monde. »

     

    Il fit ses premiers pas dans la maison, un peu gêné par la longue blouse, monta les escaliers sans trop de difficulté dans sa nouvelle tenue. Sa démarche était souple et gracieuse, et les sœurs Watt, qui montaient derrière lui, remarquèrent que son joli fessier, sous la blouse, avec le nœud du tablier qui balançait, n’aurait pas déparé la silhouette d’une jouvencelle.

    - « Allez, mon petit, signez là, vous ne le regretterez pas, vous vous ferez vite à l’ambiance de la maison. »

     

    Il signa son contrat de travail, en deux exemplaires, puis, pendant que Mariette Watt (de toute évidence, c’était elle qui traitait la partie administrative), le signait aussi, il jeta un oeil sur le bureau qu’il n’avait vu que pendant la fermeture. Une baie vitrée donnait sur le laboratoire, où trois femmes en blouses et tabliers blancs travaillaient. Une baie, plus petite, fermée par un rideau rose, donnait, d’après sa disposition, sur le magasin. Sur un écran plat qu’il n’avait pas remarqué auparavant, au mur, les images des caméras de télé-surveillance défilaient : les extérieurs rue et cour, le magasin, ce qui semblait être un salon de thé, avec quelques tables, qu’il n’avait pas remarqué mais qui, comme on voyait le départ d’un escalier, devait être en étage, le laboratoire, les réserves, les couloirs, le vestiaire, un petit réfectoire ou deux blouses roses et trois blouses blanches prenaient le café, et, effectivement, les deux toilettes et les quatre douches.

     

    Mais, tant au magasin qu’au laboratoire, tout le monde souriait, travaillait avec ardeur, certes, mais, de toute évidence, avec plaisir. Peut-être, se dit-il, parce que ce ne sont que des femmes, qu’il n’y a pas d’homme qui puisse les gêner en quoi que ce soit.

     

    « Pourvu que moi, je ne les gêne pas, se dit-il… »

    Comme si elle avait lu dans ses pensées, Mariette Watt dit :

    - « Allez, vous vous intégrerez vite dans notre équipe, maintenant nous allons vous présenter aux filles, ma petite. »

     

    Elle avait bien dit « Ma petite » mais, assez curieusement, non seulement ça ne le choqua pas, mais ça lui fit plaisir, comme s’il était en train d’être adopté.

     


     04 - Première demi-journée

     

    Mariette Watt redescendit avec lui dans le laboratoire, où sa sœur avait rassemblé l’équipe de matin, qui n’était pas encore partie, et l’équipe de l’après-midi, qui était déjà en tenue. Les deux vendeuses qu’il avait vues en arrivant étaient là aussi : le magasin pouvait bien rester vide deux minutes, et un écran au mur du laboratoire permettait de voir les images prises par les caméras du magasin.

     

    Il avait en face de lui une dizaine de femmes, blouses roses et blouses blanches mêlées, qui le regardaient d’un air sympathique. Cela atténua, mais si peu, la gêne qu’il avait à se présenter devant elles dans sa nouvelle tenue, même, et peut être surtout, si elle était identique aux blouses blanches des ouvrières.

     

    - « Les filles, commença Mariette Watt, je vous présente Valéry Vandelle, que nous venons d’embaucher à l’essai pour le laboratoire et, en complément, pour le magasin. Je vous ai fait à toutes, hier soir, un texto pour vous expliquer la situation, et nous venons d’en parler encore à l’instant. »

    « Un texto au personnel pour annoncer une embauche, et le soir, après le travail, c’est bien, bonne ambiance », se dit Valéry, en regardant toujours ses nouvelles collègues, et en essayant de mémoriser les visages et les prénoms brodés sur les blouses et les tabliers.

    - « Valéry à fait une grande école hôtelière, l’école Dussaud, dont certaines d’entre vous sont sorties. Il a appris la pâtisserie, le traiteur, le service, il a un peu travaillé, il a de bonnes références. Il lui manque de l’expérience, mais il apprendra avec nous la pratique qui lui manque, et il nous mettra à jour sur les nouveautés du métier, continua Sylviane Watt. »

    - « Il a accepté de se plier aux habitudes de notre maison, reprit Mariette Watt, enfin, au moins à celles que nous lui avons exposées pour commencer, aussi je vous demande de l’accueillir en bonne camaraderie. »

     

    Valéry se demanda ce que pouvaient être ces habitudes dont il n’avait pas encore été informé mais, bon, il le découvrirait bien. Sans doute un bizutage, il avait connu ça déjà, plutôt « à la bonne franquette ». Là, avec des femmes, ça ne pouvait être que plus amusant, pensa-t-il.

     

    Sylviane Watt lui présenta ses nouvelles collègues :

    - « Jaqueline, magasin, que vous avez déjà vu, qui a fait une excellente école aussi, et qui sait aussi travailler au laboratoire. »

    Ils se serrèrent la main, la poignée de main était agréable, pas molle comme avec certaines femmes, mais franche et nette.

    - « Carine, que vous avez déjà vu au magasin aussi, qui fait aussi le service au salon de thé si nécessaire. »

    - « Josiane, qui supplée Mariette dans la responsabilité du magasin. » C’était une belle femme blonde de 40 ans environ, remplissant généreusement sa blouse rose.

    - « Et Lucie, notre benjamine je crois, magasin et service aussi. » Lucie était châtain, coupe au carré, très jolie, 20 ans sans doute.

    Il serrait les mains aussi, avec la même franchise qu’avec Jacqueline.

     

    - « Allez, Josiane, Lucie, je vous libère, le magasin ne doit pas rester vide, continua Mariette Watt. Voici maintenant l’équipe du laboratoire, en commençant par Julie, qui supplée Sylviane pour diriger la fabrication. Julie a fait la même école que vous. »

    Julie était rousse aussi, ce qui se voyait plus à sa peau qu’à ses cheveux, bien rangés sous la coiffe. Et elle devait avoir fait l’école à ses débuts, puisqu’elle avait 30 ans de plus que lui, l’âge de leur école commune.

    - « Michèle et Georgina, nos jumelles, mais elles ne sont pas siamoises, une est plus souvent du matin, et l’autre de l’après-midi. A ce sujet, d’ailleurs, je vous précise que vous ferez le « bouche-trou » chez nous, je veux dire dans notre planning. » Les jumelles avaient la trentaine et il vrai que, sans leurs prénoms brodés, on pourrait se tromper.

    En serrant les mains, il les regardait de plus près : même sobriété dans le maquillage et les bijoux que les deux vendeuses qu’il avait vues en entrant, pas de bagues, pas de bracelets, boucles d’oreille discrètes pour certaines, simplicité et naturel, ce qui leur donnait beaucoup de charme.

    - « Claudine, notre doyenne, elle n’a jamais fait une école hôtelière, mais elle pourra vous apprendre des choses qu’elle a glanées dans bien d’excellentes maisons. » Claudine était brune, grande et forte, et son âge lui donnait une allure de « mamy moderne ».

    - « Helga, Allemande qui, après avoir servi dans l’armée de son pays, est venue faire ses études de charcutière en France, et qui y est restée. Elle a plusieurs langues, ce qui fait qu’elle est utile aussi au magasin et au service s’il le faut. » Allemande, certes, on l’aurait pensé à son allure générale, ses yeux bleus, sa blondeur. Elle avait la trentaine.

    - « Et pour finir, Rose, qui, comme son prénom l’indique, mets souvent la blouse rose plutôt que la blanche pour aider au magasin. » Rose avait la trentaine, brune et fraîche, et elle était tout aussi sympathique que les autres.

     

    S’il n’avait pas été aussi ému, il aurait remarqué quelques sourires quand avaient été prononcés les mots « bouche-trou », « vous apprendre bien des choses » et « plusieurs langues utiles au service », mais il n’avait pas fait attention.

     

    - « Félicia, Anna et Justine sont en congé aujourd’hui, vous les verrez demain. Béatrice, que vous remplacez, passera peut-être un de ces jours nous montrer son ventre rond de 6 mois, mais sans doute ne travaillera-t-elle plus jamais chez nous, dit Mariette Watt, avec un regret dans la voix.

    - « Au travail, maintenant, au travail tout le monde et vous, Valéry, Julie va vous donner les instructions nécessaires. »

     

    Julie lui fit visiter le laboratoire en détail, en commençant par les mesures de sécurité, extincteurs, désenfumage, etc. et tout ce qui avait trait à l’hygiène. Elle lui montra les réserves, celle du rez-de-chaussée et celle du sous-sol, avec le monte-charge d’accès, et tout l’équipement, qu’il avait apprécié la veille au soir.

    Puis elle le mit au travail, son planning était déjà fait, et il travailla dur tout l’après-midi. Sans être sur son dos, Julie le surveillait attentivement, avait toujours un oeil sur lui, passait fréquemment voir comme il s’en tirait. Elle l’encouragea plusieurs fois, rectifia quelques petits détails sur ce qu’il faisait. Une fois, elle lui montra quelque chose qu’il ne connaissait pas, qui était plus pratique, plus rapide, et qui donnait un meilleur résultat que ce qu’il avait appris. Ça lui fit très plaisir, parce qu’il avait connu des ouvriers jaloux de leur savoir, qui cachaient leurs tours de main aux jeunes. Et là, il avait l’impression que, comme lui avaient dit les sœurs Watt, il allait apprendre des choses, sans aucune restriction.

     

    Bien sûr, il y avait des tâches peu agréables, aussi, quand il fallut faire la plonge, il ne fut pas étonné que ça tombât sur lui. Il avait bien compris, vu l’effectif de la maison, qu’il n’y avait pas un plongeur à plein temps, et il avait vu les machines, modernes et silencieuses, qui faisaient le plus gros du travail.

    Mais les corvées, c’est normal, tombent sur le dernier rentré. Aussi, c’est avec beaucoup de bonne volonté et de bonne humeur qu’il mit, par-dessus son tablier blanc, un gros tablier bleu (c’était prévu par le règlement, le tablier bleu par-dessus le blanc pour la plonge, et interdiction d’aller dans le magasin dans cette tenue) et qu’il commença à laver les plats. Il fut heureusement surpris de voir que deux filles vinrent, ponctuellement, lui donner un coup de main pour cette besogne peu agréable, sans qu’il eût à demander quoi que ce soit. Ou bien Julie leur avait discrètement demandé, ou bien elles l’avaient fait en bonnes camarades.

     

    Les ouvrières parlaient un peu entre elles, du travail en cours, et aussi des banalités, les programmes de télévision, les chiffons, bavardage qui n’interrompait ni ne ralentissait leurs mains agiles. De temps en temps il disait, un mot, pour participer à la conversation sans s’imposer.

    Le reste de la journée se passa comme ça. Julie finissait plus tôt que le reste de l’équipe, parce qu’elle travaillait toute la journée, et Sylviane Watt, qu’il n’avait plus vu depuis le début de l’après-midi, vint la remplacer, après avoir discuté cinq minutes avec elle, pour parler de son travail, certainement.

     

    Elle poursuivit le rôle de Julie, le regardant faire comme la veille, l’encourageant, le reprenant aussi, parfois, mais toujours pour lui apprendre quelque chose, et il se dit qu’il n’avait jamais vu une telle ambiance de travail. Puis vint le moment d’arrêter la production et de nettoyer le laboratoire. Il alla, spontanément, remettre le grand tablier bleu et commença à nettoyer et, comme pour la plonge, les autres vinrent l’aider, toutes ayant mis le tablier bleu par-dessus le blanc, y compris Sylviane Watt. Aussi, tout fut vite rangé, nettoyé, et les filles passèrent au vestiaire. Il hésita à y rentrer avec elles.

     

    - « Allez vous changer et prendre une douche, Valéry, et montez dans le bureau, dit Sylviane Watt. »

    - « Mais, Mademoiselle, je vais les gêner. »

    - « Allons donc, dit Michèle, c’est plutôt toi qui seras gêné, j’en suis sûre. » Elle avait employé le tutoiement, mais le peu de différence d’âge le justifiait. « Tu as bien déjà vu des filles en dessous, non ? »

     

    Valéry rentra donc dans le vestiaire, où, effectivement, les filles enlevaient leurs blouses et leurs tabliers et allaient à la douche en culotte de coton et soutien-gorge bien sages. Il remarqua, avec étonnement, que la plupart n’avaient pas les aisselles rasées, non pas parce qu’il regardait ça précisément, mais parce que, essayant d’éviter de regarder les cuisses, les fesses, les seins, son regard était tombé dessus.

    Il enleva sa blouse, son tablier, sa charlotte, les rangea pour le lendemain (le règlement spécifiait les cadences de change et de lavage, et il y avait, dans un petit débarras à côté du vestiaire, les sacs à linge sale), et alla à la douche. Ouf, les douches étaient séparées, fermées, spacieuses, avec des flacons de savon et une serviette blanche (le règlement prévoyait qu’il fallait, après la douche, la mettre au linge sale). Il se doucha, pour évacuer tous ses souvenirs de l’après-midi, sans même penser à la caméra de surveillance, se sécha, remis son T-shirt. Il dit au-revoir aux filles qui se rhabillaient, se maquillaient, bavardaient un peu, et monta dans le bureau des sœurs Watt.

     

    - « Alors, Valéry, vous voyez, quand on est dans un esprit de bonne camaraderie, on ne fait pas attention ni au partage des vestiaires, ni à la douche, dit Mariette Watt. »

    - « J’ai discuté avec Julie, dit Sylviane, je vous ai encore vu travailler, il y a des progrès à faire, mais c’est un bon début. Demain, vous serez de l’équipe du matin, vous commencez à six heures. Julie arrive plus tard, mais votre planning est affiché, je pense que vous pourrez le suivre en attendant qu’elle arrive. »

    - « Je serais ponctuel, Mesdemoiselles. »

    - « Nous n’en doutons pas, dit Mariette. Tenez, voici une avance de 50 Euros sur votre salaire, vous pourrez vous détendre ce soir et fêter votre nouvel emploi. Je ne vous demande pas de reçu, nous travaillons en confiance ici, ce sera retenu sur votre paie du mois, et vous aurez une autre avance à la fin de la semaine, pour vous aider à tenir. A demain, six heures, ma petite. »

    - « Merci Mesdemoiselles, dit-il en prenant les billets, je vous souhaite une bonne soirée. »

     

    Il descendit l’escalier et sortit dans la rue, la tête vide. Il avait oublié, déjà, l’après-midi passé en blouse et tablier de femme, le règlement strict, les vestiaires communs avec les filles. Il n’avait même plus remarqué que Mariette Watt lui avait dit « ma petite » Il pensa qu’il n’avait même pas eu le temps de faire pipi – assis, quelle drôle d’idée ! Et il partit, gaiement, vers le petit appartement où son copain l’hébergeait en son absence.

     

    Le soir, avant de s’endormir, et bien que le Docteur Grassi, le matin, lui ait évacué une partie de sa semence juvénile, il se masturba en pensant à son ancienne copine, nous ne dirons plus son ancien amour, il s’en était détaché. Il la fantasma non pas nue, mais vêtue d’un tablier de travail, un tablier qui ressemblait beaucoup à ceux des Goûts Doux. Les sensations qu’il avait en se caressant, maintenant qu’il était rasé, étaient plus douces, plus intenses, et il remarqua, inconsciemment sans doute, combien ce rasage était finalement agréable. Il éjacula alors que l’image de son « ex » se superposait à celles des ses nouvelles collègues.

     

    A la même heure, à peu près, dans leur appartement au-dessus du magasin, les sœurs Watt, en se couchant, se manifestaient la satisfaction qu’elles avaient de leur dernier recrutement…

     


    05 - Une intégration réussie

     

    En arrivant le matin, pour sa deuxième journée de travail, Valéry fit connaissance des trois membres du personnel qu’il n’avait pas vu la veille. Il les trouva dans le vestiaire, en train de se mettre en tenue.

     

    Ce qui attira son attention, immédiatement, ce fut le sourire radieux de Félicia, un sourire si chaud, si beau, que, pour la première fois depuis bien des jours, il commença à penser que sa malheureuse histoire d’amour était terminée et qu’il pourrait sans doute en commencer une autre. Ce ne fût qu’après avoir flashé sur ce sourire qu’il réalisa que Félicia était une splendide jeune femme noire de son âge, de ce type d’Afrique de l’Ouest si sensuel, avec des cheveux crépus qu’elle n’essayait pas de rendre lisses, et une peau chargée de soleil qu’elle n’essayait pas de blanchir.

     

    Il salua toutes ses collègues, avec un large sourire lui aussi, et les présentations se firent naturellement. De toute évidence, tout le monde était au courant de son arrivée depuis le soir de son entretien avec les patronnes, et personne n’était gêné de voir un homme dans le vestiaire s’habiller avec elles.

     

    Les deux autres employées qu’il ne connaissait pas étaient du laboratoire comme lui, Annie, une belle brune au type méridional de 50 ans, sans charme particulier, et Justine, une Normande châtain clair dont la beauté mutine et grave à la fois éclairait la cinquantaine.

     

    Le travail commença, dans la même bonne ambiance que la veille. Le planning était affiché dans le laboratoire, et comme tout le monde connaissait son métier, la présence de Julie, la chef d’atelier, n’était pas nécessaire à cette heure-ci.

     

    Valéry remarqua, en plus du planning du laboratoire, affiché dans celui-ci, et du planning du magasin, affiché dans le couloir, un troisième tableau blanc à côté de ce dernier planning.

    Il y avait juste des colonnes, avec des initiales et, en dessous des initiales, des bûchettes, avec parfois des dates des semaines passées. Il y avait 14 colonnes, les deux premières (« JR » et « JB ») très peu remplies, la dernière à droite, qui portait les initiales « VJ », était de toute évidence la sienne, et elle était vide. Ca ne l’intrigua pas, sans doute un outil de gestion comme les autres, mais pour gérer quoi ? Il se dit qu’il le découvrirait bien un jour, et ce fut d’ailleurs le cas, à ses dépens ou pour son bonheur…

     

    Julie, la chef d’atelier, arriva vers les 9 heures, commença par regarder ce qu’il avait fait depuis le matin, repris une ou deux choses, et l’encouragea :

    - « Valéry, vous travaillez bien, maintenant que vous êtes au courant du fonctionnement du laboratoire, je vous considère au même titre que les autres, avec tout ce que ça comporte. »

    - « Merci, Madame, vous ne serez pas déçue. »

     

    De temps en temps, le magasin avait besoin de quelque chose, qu’on alimente les présentations, qu’on porte une commande à une cliente, mais ce n’est jamais lui qui y alla. Il comprenait bien que, pour le moment, il doive faire toutes ses preuves à l’arrière.

     

    Il travailla dur toute la matinée, prit, comme toutes les autres, quelques minutes de pause, pour boire un café dans la petite salle prévue à cet effet. Il y alla avec Michèle, une des deux jumelles, ou plutôt ils s’y croisèrent quelques instants : le travail devait être fait, et on n’avait pas le temps de bavarder, sauf avant le début de la journée, et à la fin. Il profita de la pause pour aller aux toilettes pisser et, soit par oubli, soit pour affirmer sa virilité malgré sa blouse de femme, il pissa debout. Il faut dire, à sa défense, qu’il visa bien, et qu’il essuya ensuite le rebord de la cuvette, laissant les lieux impeccables. Après tout, la caméra dans les toilettes servait à garder les locaux la nuit, bien sûr…

     

    Depuis l’écran qui, au laboratoire, permettait de voir ce qui se passait dans le magasin, il se fit une idée de la clientèle, de loin. Féminine, en très grande majorité, bien mise, montrant, mais sans affectation, un pouvoir d’achat élevé. S’avouait-il que, quand il regardait le magasin, il portait une attention toute particulière à la blouse et au tablier roses qui protégeaient une peau noire, et aux dents blanches qui souriaient aux clientes ? Non, et il n’y pensait même pas.

     

    La journée se passa ainsi, travaillant de manière soutenue mais dans une bonne ambiance, prêtant toujours la main aux corvées nécessaires, dans le sourire. Et à 13 heures il avait fini une longue matinée, dont il était content, malgré quelques loupés dans la fabrication, mais il savait que, dans le métier, c’était inévitable. Le tout était de s’en rendre compte avant et de ne pas les vendre, c’est ce qui distinguait les bonnes maisons des moins bonnes.

     

    Il n’était plus là pour le voir mais, après son départ, Julie, la chef d’atelier, fit deux bûchettes dans la colonne à ses initiales sur le tableau du couloir, et Mariette Watt descendit de son bureau pour en faire deux de plus.

     

     

    Le lendemain il était de travail l’après-midi et, en bon ouvrier, il était là dix minutes avant, pour s’habiller avant de prendre son poste. Sylviane Watt l’attendait dans le vestiaire, où les filles se croisaient et échangeaient, dans les deux sens, les tenues de ville et les tenues de travail.

    - « Valéry, nous avons reçu les blouses et les tabliers que vous utiliserez maintenant, ajustés à votre taille et brodés à votre prénom. »

    - « Merci Mademoiselle. » C’était plutôt bon signe, si on investissait un peu, c’est qu’on comptait le garder.

     

    Il se mit en T-shirt sans gêne aucune, leva son pantalon sans plus de gène, et prit la nouvelle blouse blanche. Elle était brodée « Valérie – Les Goûts Doux ». Sylviane Watt vit son trouble et en sourit. Là encore, on ne savait pas si le sourire était plein de malice, ou simplement de sympathie.

    - « Mais… commença-t-il, et puis il s’arrêta net, ne sachant plus quoi dire. »

    - « Oui, j’ai remarqué aussi, dit Sylviane Watt. Quand j’ai donné les mesures pour les retouches à la couturière, et que je lui aie dit de broder le prénom, j’ai oublié de préciser pour le « Y ». Et, comme il n’y a jamais eu que des femmes ici, elle a mis le prénom féminin. Ca vous gène ? »

    Il eut la très nette impression qu’il fallait qu’il dise que ça ne le gênait pas, mais il n’y arriva pas.

     

    - « Maintenant, c’est fait, continua Sylviane Watt. Et puis, vous savez, sans être le moins du monde efféminé, vous êtes jeune et plutôt joli, personne ne remarquera que vous êtes un garçon, si vous ne le dites pas. »

    Il se demanda si, quand elle avait dit « joli(e) », elle pensait au masculin ou au féminin. Il eut peur, bêtement, d’être la proie de pédérastes, mais, il l’avait bien vu, la clientèle était surtout féminine et, il en était certain, ses collègues étaient toutes de vraies femmes.

    - « Pour le laboratoire ce n’est pas grave, Mademoiselle, mais il y a les tenues roses du magasin… »

    - « Oui, même si votre période d’essai est loin d’être finie, j’ai fait faire les tenues de magasin, je vous y mettrai la semaine prochaine, pour voir ce que vous y valez. Nos clientes ne remarqueront rien, rassurez-vous. Et, quand bien même elles remarqueraient quelque chose, rit-elle, elles ne nous enlèveront pas leur clientèle, soyez-en certaine. »

    Il comprit que ni le prénom féminin brodé, ni l’emploi du féminin quand elle lui parlait n’étaient gratuits. Mais il avait été prévenu que la maison n’employait que des femmes, et que c’était, comment dire, un effort que les sœurs Watt faisaient en l’embauchant. Il resta donc là, en T-shirt, sa blouse blanche à la main, sans savoir que dire.

    - « Et, s’il vous plait, Valérie, ne gardez-pas votre T-shirt sous la blouse, ça va faire des plis, et vous auriez trop chaud. »

     

    Il était gêné, il se sentit rougir et Sylviane Watt, le voyant, fit baisser la tension :

    - « Les filles, est-ce que vous êtes contentes de travailler avec Valérie ? »

    - « Oui Mademoiselle » fut la réponse unanime (on se serait cru dans un pensionnat), avec des commentaires comme « C’est quelqu’un de très gentil », « Toujours là pour donner un coup de main à tout », « On voit vraiment ce que c’est que de sortir dans les premiers rangs d’une bonne école ».

    On sentait bien que tout cela était sincère, et celles qui ne disaient rien, comme Félicia, souriaient de bon cœur.

     

    Valéry mis donc, sur son torse nue, sa blouse blanche, son tablier par-dessus, avec son nouveau prénom brodé sur les deux et, en balbutiant quelques remerciements, il fila vite se mettre au travail dans le laboratoire.

     

    Le reste de la semaine se passa sans difficultés et, quand Mariette Watt l’appela dans son bureau pour lui remettre sa dernière avance en espèces, avant le bulletin de paie, elle était assez contente :

    - « Alors, Valérie, vous êtes bien parmi nous ? »

    - « Oui, Mademoiselle, je commence bien à m’y faire. »

    - « Tant mieux. Nous avons noté bien des choses qui doivent être corrigées mais, rassurez-vous, nous les corrigerons ; de toute façon, ici, il arrive à tout le monde de commettre des erreurs, et nous avons une méthode pour les gérer. »

    - « Je me plierai à la méthode, Mademoiselle. »

    - « Ma sœur et moi, dit-elle en prenant à témoin Sylviane à côté d’elle, nous y veillerons. Nous ne sommes pas au bout de votre période d’essai, mais nous croyons qu’elle sera concluante. »

     

    Il repartit, tout guilleret, avec quelques billets en poche.

     

    La semaine suivante, il continua sa découverte des habitudes de la maison.

    Il vit, à côté de la caisse, un écran de surveillance du salon de thé à l’étage, et apprit que le salon n’était ouvert que l’après-midi, et uniquement aux dames, sans doute pour qu’elles ne soient pas importunées par de vieux dragueurs. Chaque après-midi, une fille du magasin faisait le service du salon, qui n’était pas très fréquenté. Sur l’écran de contrôle, il voyait le plus souvent soit deux femmes qui prenaient des sucreries côte à côte, soit des femmes seules qui tapaient sur leur ordinateur portable (le salon était équipé en Wi-Fi pour les businesswomen) en prenant un thé.

     

    Il comprit, incidemment, que le tableau aux colonnes et aux bûchettes s’appelait, dans le jargon de la maison « l’ardoise ». Une fois ou deux, une de ses collègues le regardait, pensive, et disait à une autre :

    - « Je commence à bien en avoir, je crois que la prochaine fois il va falloir que je demande à effacer mon ardoise. »

    Effectivement, il constata, en prenant son service après la fermeture hebdomadaire, que deux ou trois colonnes avaient été effacées. La sienne se remplissait, peut être un peu plus que les autres, mais il n’osait pas demander pourquoi.

     

    Petit à petit, il sympathisait avec tout le monde, et il était passé naturellement au tutoiement avec les employées, sauf les responsables Josiane et Julie, qui tutoyaient tout le monde, mais qui n’étaient tutoyées que par les plus anciennes. Quant aux sœurs Watt, il ne serait venu à personne l’idée de les tutoyer, et elles vouvoyaient tout le monde, sauf les deux responsables, ce qui se comprenait, puisqu’elles avaient toute leur confiance.

    Mais, il ne savait pas pourquoi, il avait l’impression que ce vouvoiement était non pas artificiel, mais « convenu », et qu’il ne traduisait pas exactement les relations que toutes ces femmes pouvaient avoir entre elles.

     

     

    On commença à le faire rentrer dans le magasin pour alimenter les banques. La première fois, il eut un trac fou, de rentrer ainsi, vêtu en femme, devant les clientes. Ses joues étaient aussi roses que sa blouse, mais il le fit vaillamment et, sans doute les clientes ne firent pas attention à lui. L’impression qu’il avait eue sur la clientèle se confirma : sans doute financièrement aisées, bien mises, soit très coquettes, soit plutôt garçonnes, semblant faire partie du même milieu social. Des clients de sexe masculin aussi, dont une partie visiblement homosexuels, ce qui était normal vu le quartier où était le magasin, qui arborait l’autocollant arc-en-ciel « Commerce gay friendly », très courant dans le quartier. Heureusement, aucun ne le remarqua, ces clients là ne regardaient pas les filles. Il y avait aussi des étrangers, qui n’étaient pas venus à Paris pour la maison, certes, mais qui y avaient leurs habitudes pendant leurs séjours.

    Certaines clientes le dévisageaient un instant, notant, sans doute, qu’il n’était pas maquillé, même si le maquillage des commises était très, très discret. Quand elles échangeaient quelques mots à voix basse, c’était sans doute pour remarquer « Tiens, une nouvelle ». Quand c’est Mariette Watt qui tenait le magasin, certaines lui disaient quelques mots, et la patronne leur donnait, à voix basse, quelques explications qui devaient les satisfaire.

     

    Une après-midi, il fut mis complètement au magasin, et il dut donc revêtir la blouse et le tablier roses, et porter la jolie coiffe qui allait avec. C’était une chose de passer cinq minutes dans le magasin, sans relations avec les clientes, cela en était une autre que de le tenir tout l’après-midi, de parler de soi au féminin, de garder une voix douce. Oui, Mariette Watt lui avait donné la consigne, impérative, d’utiliser à son égard le féminin quand il serait au magasin, et de parler d’une voix douce, le moins possible, en compensant par des sourires.

     

    Tout ceci était dérangeant et, quelque part, inquiétant. Peut-être aurait-il renoncé s’il n’avait pas été de service avec Félicia. Dès le vestiaire, elle l’aida à arranger sa tenue, fixa comme il fallait sa coiffe, et lui dit :

    - « Ne t’en fais pas, tu seras très bien, et puis je serai là si quelque chose ne va pas. Mais vas dans la douche te raser les mollets, le duvet est un peu visible. »

    Comme si l’ordre lui était venu d’une des sœurs Watt, il alla, en quelques minutes, rectifier sa pilosité ; la douceur de Félicia était aussi forte que la fermeté des patronnes.

     

    Félicia l’avait encouragé et elle avait eu raison. Effectivement, passé les trois premières clientes, il était très à son aise. Il connaissait bien tous les produits, maintenant, savait les décrire, les expliquer en peu de mots, les vendre avec le sourire, et les clientes étaient, pour la plupart, agréables, pas des emmerdeuses comme il avait pu en voir dans des stages pendant ses études.

    Félicia monta une fois ou deux au salon de thé, le laissant avec Helga, avec qui il travaillait au labo, et qui, très polyvalente, était de magasin cet après-midi. Cela aussi l’aida à passer cette première demi-journée de service.

     

    Il fut quand même content qu’elle soit finie et, en se changeant le soir au vestiaire, il remercia Helga et surtout Félicia qui, il faut le dire, était, depuis son arrivée, très attentionnée avec lui.

    - « Félicia, tu m’as beaucoup aidé, merci pour cet après-midi. »

    - «  Tu sais, Valérie, moi aussi il m’a été difficile de commencer ici, toi parce que tu es un garçon, moi à cause de la couleur de ma peau. J’ai été acceptée dans la maison tout de suite, mais j’avais peur des clientes, tu sais. »

    Cette franchise le rassura et il s’enhardit :

    - « Félicia, ça te dirait de venir au ciné avec moi, en sortant ? Et après, on pourrait aller manger un petit quelque chose, entre copains. »

    - « Entre copines, rit-elle, mais oui, c’est bien volontiers, je crois que ma coloc tient à regarder un truc à la télé, ce soir, que j’ai pas envie de voir. »

     

     

    Ils allèrent au cinéma, en bons camarades, sans se frôler aucunement, et ils rirent de bon cœur devant l’écran, puisque c’était un film gai. En sortant du cinéma, ils allèrent manger dans un petit restaurant sympathique, où la cuisine était faite maison (et ils étaient, lui surtout, des connaisseurs). Il dînèrent, là aussi, sans aucune ambiguïté, en se racontant leurs vies, courtes pour l’une et pour l’autre, mais pas forcément faciles, chacune dans son genre. Ils parlèrent à peine du travail, et se partagèrent l’addition comme ils s’étaient partagé le cinéma.

     

    A la fin du repas, on aurait dit qu’ils se connaissaient depuis toujours. Valéry raccompagna Félicia chez elle, se demanda ce qu’il fallait faire, mais elle l’embrassa sur les joues, comme du bon pain, en lui disant « A demain ».

     

    Il rentra dans l’appartement que son copain lui laissait pour le moment et il se branla. Il ne pensait plus à ses amours malheureuses, non, en se caressant le sexe, mais à ses patronnes et à ses collègues, vêtues de leurs tabliers qui étaient devenus si excitants pour lui depuis qu’il portait les mêmes. Après avoir joui, il se rasa à nouveau le sexe, pour entretenir la douceur de sa peau, qui lui apportait tant de sensations.

     

     

    La fin de ses deux semaines d’essai arriva, avec son premier bulletin de paie, et à la satisfaction des sœurs Watt, qui lui laissèrent entendre que, peut être, s’il s’intégrait parfaitement à la maison (et il y avait encore du travail), il pourrait rester :

    - « Béa, que vous remplacez pendant sa grossesse, ne reviendra sans doute jamais parmi nous, elle se mariera après l’accouchement avec le père du bébé. »

     

     

    Il remarqua, à cette occasion, que les sœurs Watt étaient célibataires, et que personne, parmi le personnel, ne parlait de son mari, de son compagnon, de son fiancé, ni n’était jamais attendu à la sortie par un homme.

     


    06 - Livraison à domicile

     

    Les livraisons à domicile faisaient partie, traditionnellement, des tâches que l’on confiait aux nouveaux, aussi Valéry ne s’étonna pas qu’on lui en confia une :

    - « Valérie, s’il vous plait, vous irez à 16 heures livrer une commande à Madame Dellaire, le magasin vous préparera les deux cartons et vous mettra l’adresse dessus. »

    - « Bien Mademoiselle. »

    - «  C’est une excellente cliente, elle est en compte avec la maison, donc rien à encaisser, il n’y a qu’à livrer, être gentille et serviable, et prendre sans faire de façons le pourboire qu’elle vous laissera si elle est contente de vous. »

     

    A l’heure dite, les cartons étaient prêts et Valéry les prit au magasin, puis se dirigea vers le vestiaire pour se changer.

    - « Non Valérie, restez comme vous êtes, ici, on livre en tenue de travail. »

    - « Mais, Mademoiselle, je ne peux pas sortir en tenue de femme… »

    - « Mais si, personne ne le remarquera, vous mettrez sur votre blouse un grand imperméable qui est dans le vestiaire et qui sert aux livraisons, justement. En plus, les clientes aiment bien nous voir en tenue. » Le ton était impératif, il n’y avait rien à dire. « Et n’oubliez pas, vous passez par l’entrée de service. »

     

    Valéry enfila le grand imperméable qu’il avait déjà remarqué, heureusement il bruinait et il eut un prétexte pour mettre la capuche par-dessus sa charlotte de laboratoire. Il y avait une housse pour ne pas que les cartons se mouillent, l’adresse était bien indiquée, à quelques centaines de mètres à pied.

     

    Il fit ces quelques centaines de mètres en ayant l’impression que tout le monde le dévisageait. Impression fausse, la ville est grande et personne ne regarde personne. Seule sa rougeur aurait pu attirer l’attention, et encore.

    Il arriva à l’adresse, sonna à l’entrée de service, prit un ascenseur qui avait plutôt l’air d’un monte-charge et arriva sur le palier de service où il sonna.

     

    Une élégante soubrette, jeune, petite et blonde, robe noire, tablier à bavette de dentelle blanc épinglé sur la ronde poitrine, coiffe de dentelle assortie, lui ouvrit la porte.

    - « Vous êtes la livreuse des Goûts Doux ? Entrez à la cuisine, Madame va vous recevoir. »

    Il n’eut pas le temps de dire qu’il était le livreur et non pas la livreuse, et puis, à quoi bon. La soubrette le précéda, en tortillant ses délicieuses fesses qui faisaient balancer les flots de sa ceinture de tablier. La coiffe se nouait derrière avec des flots de dentelle aussi, qui descendaient au milieu du dos. Il suivit les flots dans la cuisine.

     

    - « Otez votre imperméable, vous n’allez pas vous présenter à Madame comme ça. Madame sera prête à vous recevoir dans cinq minutes, vous voulez un café pour vous réchauffer ? Marguerite, il reste du café s’il te plait ? »

    - « Oui Rose, il est tout frais. »

     

    Marguerite était, de toute évidence, la cuisinière, blouse blanche, grand tablier à bavette à bretelles croisées dans le dos, long et enveloppant, blanc aussi, et une coiffe stricte. Elle était près de la soixantaine, brune et forte, une cuisinière bien nourrie, quoi. Elle lui servit une tasse de café pendant que Rose prenait le paquet et l’aidait à enlever son imperméable.

    Les deux femmes le regardèrent en souriant, pendant qu’il sortait les deux cartons de leur étui protecteur.

    - « Vous êtes donc Valérie, la nouvelle… Madame aime les nouvelles têtes. Arrangez-vous un peu, dit Rose ».

    Et, joignant le geste à la parole, elle ajusta sa blouse, tira son tablier, rajusta sa charlotte.

    ­- « Buvez votre café. Vous êtes bien jolie, dans votre genre, je vais vous annoncer à Madame. »

     

    Le temps pour Valéry de finir sa tasse et Rose l’amenait, les bras chargés, dans le couloir et frappait à la porte du salon :

    - « Si Madame veut bien, c’est la livreuse des Goûts Doux. »

    Et Valéry entra dans le salon en disant, comme il se doit « Bonjour Madame. »

     

    Madame Dellaire était à demi allongée sur un canapé, près d’une table basse. C’était une femme d’une bonne soixantaine d’années, blonde décolorée, le visage poupin, grasse, très grasse même, maquillée avec soin bien qu’elle soit chez elle, vêtue d’un peignoir de soie, des babouches aux pieds. Elle faisait bien son âge, son embonpoint la préservait des rides, et elle avait les mains replètes et l’air gourmand.

    - « Approchez ma petite, et montrez moi ce que Mesdemoiselles Watt m’ont réservé de bon et de beau. »

     

    Il déposa les deux cartons de pâtisserie sur la table basse, les ouvrit adroitement, en présenta le contenu :

    - « Voici, Madame, les choux à la crème, ainsi que des religieuses. Ici un Paris-Brest, deux opéras… »

    - « Rose, le service à gâteaux, nous allons voir si Valérie sait faire le service aussi bien que vous. »

     

    Rose porta assiettes, couverts et couverts de service, sur un plateau, et Valéry comprit qu’il fallait qu’il serve sa marchandise.

    - « Que vous proposerai-je, Madame, un chou à la crème, un opéra ? »

     

    Madame Dellaire était gourmande, et elle choisit trois pâtisseries que Valérie servit dans une assiette à gâteaux dont la taille, un peu plus grande que la normale, était adaptée à l’appétit de la maîtresse de maison. Pour servir, elle dut se pencher en avant, faisant ainsi remonter sa blouse sur l’arrière de ses mollets, rasés heureusement, et faisant saillir son cul qui était bombé comme celui d’une vraie fille.

    Pendant ce temps, Rose s’était agenouillée pour servir le thé, tant la table était basse.

     

    Valéry sentit la main de Madame Dellaire sur ses mollets, une main comme ainsi dire accidentelle, puis frôleuse, puis caressante. Il trembla un peu, puis se reprit et continua à tendre l’assiette, pendant que la main l’attirait un peu vers le divan et remontait sur sa cuisse. Rose, qui avait servi le thé, restait agenouillée et regardait la scène sans étonnement.

     

    Valéry sentit qu’il bandait sous sa blouse, et la main remonta sur ses fesses, tâtant le slip d’homme qu’il portait. De l’autre main, Madame Dellaire prit un gâteau et porta à la bouche.

    - « Délicieux, comme d’habitude, délicieux. Et vous, ma petite, vous avez une ravissante tenue, vous êtes à l’atelier, bien sûr ? »

    - « Oui Madame, je travaille au laboratoire le plus souvent, mais il m’arrive de servir au magasin. »

    - « Je vois que vous avez beaucoup de style, même s’il est particulier. »

     

    Elle engloutit le gâteau entre ses lèvres gourmandes, se lécha les doigts et, sans lâcher la fesse de Valéry, lui prit la main et la passa dans son peignoir pour la poser sur sa poitrine. Il sentit une masse de chair molle, mais douce et chaude, sur laquelle il dut poser la main à plat.

    - « Je t’ai caressée, tu as bien le droit de me caresser aussi, dit-elle en lui lâchant les fesses en en ouvrant son peignoir. »

     

    Ses seins étaient imposants, lourds, tombants sur son ventre, blancs, avec des aréoles larges et grenues.

    - « Caresse-moi, ma petite, vas-y, caresse mes nichons. Et toi, Rose, pendant que le thé infuse, masse-moi les pieds. »

    La soubrette lui ôta ses babouches pour exécuter l’ordre qui lui était donné et Madame Dellaire attira Valéry sur le canapé, pour mieux se faire palper, tripoter, triturer sa poitrine opulente mais dont la gloire était bien passée. Pendant qu’il lui pelotait les seins, elle lui caressait les cuisses et les fesses et, sous le slip, elle avait découvert, sans étonnement, son sexe qui était déjà dur.

     

    - « Tête-moi, Valérie, tête, suce-moi les seins. »

    Valéry dut s’exécuter, tétant un mamelon puis l’autre, sans jamais cesser de malaxer les deux. Tout ce qu’il craignait, c’était d’éjaculer dans son slip, étonné, lui qui avait eu quelques conquêtes de sa génération jolies comme des cœurs, de bander pour une grosse dame de presque trois fois son âge.

    - « Descends, descends, dit-elle en poussant sa tête vers le bas. »

    Il dut embrasser et lécher un ventre rond, aussi doux et chaud que les seins, aussi flasque aussi, qui sentait bon le savon de qualité, odeur à laquelle se mêlait celle, plus piquante, des effluves qui remontaient de l’entrecuisse.

     

    Il dut descendre encore vers la moule rasée, aux lèvres grasses, à l’odeur forte de crème hydratante, de cyprine encore fraîche (sans doute sa soubrette était-elle passée par là quelques temps avant) et aussi, nota-t-il, de pipi ancien. Cette dernière idée lui fit lever la tête, et il aperçut Madame Dellaire qui mangeait un autre des ses gâteaux, et Rose, la soubrette, qui massait le pied droit de sa maîtresse. Celui-ci, comme la cheville, était dodu, enflé même, et elle avait sans doute besoin de massages réguliers pour faire dégonfler ses membres inférieurs.

    - « Rose, le thé s’il te plait. »

    - « Oui Madame. »

    - « Et toi, petite livreuse, livre ta langue à ma chatte glabre, mange-la comme je mange tes gâteaux, et suce-moi bien le bouton. »

     

    Et, pendant que la cliente buvait, ou plutôt sirotait son thé, il la fit jouir plusieurs fois sans qu’elle ne renverse sa tasse, ce qui prouve qu’elle avait une bonne éducation. Mais il ne vit pas si elle buvait avec le petit doigt en l’air.

     

    Son gros doigt à lui, par contre, se dressait sous sa blouse, excité par le léchage, l’odeur de femme un peu trop mûre, le goût de ses secrétions. Heureusement, Madame Dellaire lui dit :

    - « A mon tour de te gougnotter, ma petite Valérie, vient donc me montrer ton entrecuisse. »

    Il se leva, s’approcha de son visage, troussa sa blouse, remonta son tablier et baissa son slip, lui tendant son membre tendu.

    - « Oh, mais ce n’est pas une petite fille, ça, on dirait un petit garçon pour l’absence de poils, et un grand garçon pour la taille. »

    Elle l’attira vers lui, lui lécha un peu les couilles et le vit, et le prit rapidement dans sa bouche, en lui serrant la base avec la main pour l’aider à se retenir. Elle le suça avec la même gourmandise qu’elle mettait à manger les gâteaux qu’il lui avait livrés. Sa langue allait et venait, ses lèvres tétaient, sa bouche était chaude et humide et, bien vite, il éjacula une longue giclée qu’elle pompa avidement et avalant, suçant encore ensuite pour en redemander.

     

    Puis, abandonnant son membre qui bandait encore, elle lui dit :

    - « Et ne débande pas, Valérie, j’ai encore besoin de toi, en attendant, viens m’embrasser. »

    Elle attira son visage contre le sien et ils échangèrent un long baiser mouillé, ou plutôt gluant, mélangeant dans leurs bouches leurs secrétions intimes. C’était un peu dégoûtant, quand même, et il sentit qu’il débandait, bien que Madame Dellaire lui caressa le membre pour le maintenir en état.

     

    - « Je t’ai dit de ne pas débander, vilaine. »

    - « Pardon, Madame. » Il avait toujours son réflexe de politesse et de soumission, il lui était revenu naturellement.

    - « Si tu débandes, je demande à Marguerite de te coucher dans son grand tablier, en travers des ses genoux, et de te donner une bonne fessée, tu verras, ça te remettras en état. »

     

    Du coin de l’œil, il vit que la cuisinière, depuis sans doute un bon moment, était dans la pièce et que, les mains croisées devant sur son tablier, elle ne perdait rien de la scène, pendant que la soubrette, agenouillée aux pieds de la patronne, lui massait les pieds et les chevilles.

    Pendant ce temps, se calant bien dans son canapé, Madame Dellaire ouvrait largement les cuisses, offrant sa chatte rasée et trempée de mouille. Etait-ce la crainte de la fessée ? Etait-ce la honte d’avoir été le jouet de cette femme devant ses deux domestiques ? Etait-ce le désir de sa jeunesse ? Il banda encore plus fort, mettant fin à toute velléité de flaccidité inopportune.

     

    Il entra dans la chatte chaude comme dans un chausson aux pommes, il fût aspiré par ce ventre ouvert, et il commença ses allées et venues, à grands coups de reins, pendant que sa partenaire, attirant sa tête vers elle, l’obligeait à ces baisers humides dont le caractère un peu sale l’excitait encore plus.

    Comme il avait éjaculé déjà, il lui fallut un certain temps avant de conclure son affaire, à la grande satisfaction de sa cliente, qui jouit encore sous ses coups de bite comme elle avait joui sous ses coups de langue. Puis il perdit la tête, un léger voile sur les yeux, un mal de tête soudain mais fugace lui firent savoir qu’il avait joui, avant qu’il eut conscience de son plaisir d’en bas, tant son membre ne faisait plus qu’un avec le vagin qui l’aspirait.

     

    Madame Dellaire ne lui lâcha les lèvres, cependant, qu’après avoir tiré de lui tout ce qu’il pouvait donner.

    - « C’est bien, ma petite Valérie, vous êtes à la hauteur du service de la maison, merci pour cette livraison. Allez, vous pouvez vous rhabiller, Marguerite, aidez là donc à remettre de l’ordre dans sa tenue. »

     

    Sous le regard de la maîtresse, la cuisinière lui remonta le slip, remit sa blouse en place, ajusta son tablier et sa Charlotte. Rose revint avec une petite enveloppe, qu’elle lui glissa dans la poche de sa blouse.

    - « C’est pour vous, Valérie, dit Madame Dellaire, et rentrez vite travailler, maintenant. Vous transmettrez mes amitiés à Mesdemoiselles Watt. »

    - «  Je n’y manquerai pas, Madame Dellaire, et je vous remercie. Je vous souhaite une bonne journée. »

     

    Il reprit les étuis de transport et se dirigea vers la porte, accompagné par les deux domestiques. Se tournant vers la cliente pour la saluer, il faillit incliner la tête, eut le réflexe, idiot pour un garçon, de tenter une révérence, fit un simple salut du buste et sortit.

     

    Dans le couloir, il dit au-revoir aux deux domestiques, en remettant son imperméable. Elles le regardaient d’une drôle de façon. Etait-ce de la moquerie ? De la jalousie parce qu’il avait fait jouir leur patronne qui, de toute évidence, devait parfois faire appel à elles ?

    - « Si tu veux une fessée, dit Marguerite, tu sais où venir la demander, si on ne t’en donne pas ailleurs. »

    - « Et même si Madame ne l’a pas précisé, je sais punir aussi bien qu’obéir, continua Rose. »

    Mais c’était sur un ton mi-badin, mi sérieux, il sortit donc en leur souriant.


    Dans l’ascenseur de service, il ouvrit l’enveloppe qui contenait cent Euros, joli pourboire pour un moment qui, malgré l’âge avancé de Madame Dellaire, lui avait été agréable, malgré ou à cause de la honte de la situation. Il rentra au magasin, où personne ne l’interrogea sur la durée de la livraison, et reprit son travail.

     

     

    Plus tard dans la journée, Madame Dellaire appela ses patronnes :

    - « Mariette, j’ai été très satisfaite de votre livraison, je crois que vous avez eu une bonne idée d’étendre ainsi la gamme des bonnes choses que vous nous proposez. »

    - « Merci Madame Dellaire, je suis contente que ça vous ait plu, nous espérons augmenter encore ses compétences dans ce domaine. Au revoir et bonne journée, Madame Dellaire. »

     


     

     07 - Valéry s’interroge, et tout s’explique pour Valérie

     

    Les autres jours passèrent comme les premiers, il était sur un petit nuage, ne faisait plus attention à ses tabliers de femme ni à son prénom orthographié au féminin. Tout le monde s’adressait à lui comme à une fille et, pris par l’habitude, il répondait de même, y compris au laboratoire. C’est en dehors du travail qu’il lui fallait, presque, être attentif sur ce point, être un homme, mais, sitôt remis son blue-jean, et décoiffé un peu ses cheveux, il redevenait un garçon tout à fait normal.

     

    Il faillit tomber de son petit nuage quand Mariette Watt lui demanda, un jour qu’il mettait la blouse rose pour le magasin, de remplacer son slip par quelque chose de moins voyant :

    - « Regardez, Valérie, la vilaine marque que cela fait si la blouse se tend un peu, on voit le sous-vêtement, c’est indécent… »

    Effectivement, il pouvait le constater dans la glace, on pouvait voir, selon la position, la marque du slip.

    - « Mettez, comme tout le monde ici, une culotte de coton, avec une coupe montante, ça ne se remarque pas sous les vêtements, et c’est si confortable. Regardez, dit-elle en se montrant de dos et en se penchant, on ne voit rien ; ce n’est pas sexy, mais ce n’est pas fait pour ça, non ?… »

    Effectivement, le beau cul de Mademoiselle Watt, sous sa blouse rose, était vierge de toute marque de sous-vêtement. Mais il le trouva sexy quand même, plus sexy, sous la blouse, que dans un string de soie.

    - « Bon, c’est entendu, je vais en mettre deux ou trois dans votre vestiaire et, pour la suite, Félicia, avec qui vous vous entendez bien, je crois, vous dira où en acheter. »

    Il se dit que « C’est entendu » était venu sans qu’il s’entende avec elle sur quoi que ce soit, mais, à l’usage, il trouva que la suggestion était pertinente, question confort. Et puis, en partant, après la douche, il remettait son viril boxer de garçon.

     

    Même depuis son petit nuage, il notait, quand même, que les employées avaient un comportement particulier entre elles, des bises sur les joues un peu appuyées, qui dérapaient souvent vers la commissure des lèvres, une manière de se frôler sans aucune gêne, choses qu’il mit sur le compte de leur habitude de travailler ensemble depuis longtemps. Il remarqua, aussi, qu’elles ne le considéraient pas comme un garçon, enfin qu’aucune d’entre elle ne tentait de l’aguicher, ou de faire sa coquette, ou d’engager un bout de flirt…

    Mais elles le traitaient en bonnes camarades et, au-delà de la sympathie du début, elles le considéraient aussi pour sa valeur professionnelle, pour sa bonne humeur, sa réserve dans les conversations, attentif à ne jamais dire du mal de quiconque et à ne jamais choquer, mais toujours prêt à plaisanter sans jamais ralentir son travail.

     

    Il mettait, plus souvent que tout le monde, le grand tablier bleu de la vaisselle et du nettoyage, estimant que, « puisqu’il était l’homme » (il le pensait, mais n’aurait jamais osé le dire), c’était à lui, tout naturellement, de faire ces gros travaux. Vanité masculine, puisque certaines des ouvrières étaient plus grandes et plus fortes que lui. Faire la plonge, nettoyer les plans de travail, brique les ustensiles, lessiver le carrelage n’était jamais une corvée pour lui. Peut-être, dans ces moments là, la blouse féminine, le tablier marqué « Valérie » caché par le grand tablier bleu par-dessus, se sentait-il plus mâle que le reste du temps. Mais, quand il s’y mettait le premier, les autres filles passaient aussi un tablier bleu et venaient l’aider, pour finir rapidement la besogne, et elles avaient l’air tout simple de filles de cuisine, ce qui devait être son allure à lui aussi. Certes, son tablier était souvent mouillé en nettoyant, mais ça le changeait un peu de l’aspect impeccable de sa tenue de toute la journée.

     

     

    Le copain qui l’hébergeait devant se remettre avec sa copine, Valéry allait se trouver à la rue, ce qui, même avec un salaire, maintenant, lui posait un problème financier et d’organisation.

    Comme il en discutait pendant la pause, Félicia lui proposa de devenir le troisième coloc de son appartement :

    - « Ma coloc est sympa, mais des fois, à deux, depuis que notre ancienne roomate est partie, on se prend la tête, à trois, c’est bien plus facile. »

    - « Si ça ne te gène pas, et si elle est d’accord, ça me dépannerait, et après on pourrait toujours voir si ça va pas. »

    - « D’accord, conclut Félicia, j’en parle à ma coloc ce soir, si Mesdemoiselles Watt sont d’accord, bien sûr. »

     

    Il ne comprit pas pourquoi les patronnes devaient être d’accord, mais il avait remarqué qu’elles suivaient attentivement la vie privée des employées, ce qui était compréhensible. De toute façon, personne dans la maison n’aurait fait quelque chose, même en dehors du travail, si elles y étaient opposées, il l’avait bien compris. Quand Mariette Watt, que Félicia était allée voir tout de suite, redescendit en souriant, il compris qu’ils avaient le feu vert.

     

    Deux jours après, il s’installait avec Félicia et son amie Fatia, noire comme elle, serveuse dans un restaurant chic, et aussi sympathique que sa coloc. Sa proximité avec Félicia lui fit penser que les deux filles devaient, de temps en temps, chercher dans les bras l’une de l’autre une consolation à la froideur de Paris et à la bêtise des garçons de leur âge. L’appartement avait trois chambres, une salle de bains pour les filles, une salle d’eau pour lui, et, il le comprit en souriant, plein de petits travaux de bricolage à faire, auquel il se mit volontiers.

     

     

    Vint un jour où, Valéry étant d’après-midi, avant la fermeture hebdomadaire, il remarqua, en se changeant et en se préparant pour partir, que ses collègues s’attardaient au lieu, comme d’habitude, de s’égayer dans la ville. Il vit arriver trois ou quatre filles du matin, qu’il avait croisées lors du changement d’équipe. Comme il avait du tact, il compris qu’il allait se passer quelque chose, peut-être une sortie en commun, où une fête à laquelle, de toute évidence, il n’était pas invité. Cela faillit le peiner, mais il comprit que sa situation n’était pas encore tout à fait identique à celle des autres. Il dit « Bonsoir à toutes », et alla faire un tour en ville, sur les quais, tout triste.

     

    En rentrant à l’appartement, il constata, il s’en doutait, que Félicia n’y était pas. Il croisa Fatia qui sortait prendre son service jusqu’à tard dans la soirée, et il resta donc seul dans l’appartement.

    Rien à la télévision, pas envie de sortir, que faire après avoir pris la douche ? Il errait nu dans l’appartement. Habitué à travailler pour chasser les soucis, et voyant que le ménage n’était pas le péché mignon de ses colocataires, il décida de briquer la maison. Il trouva, dans le placard de l’aspirateur et des produits d’entretien, une blouse bleue et une chasuble blanche. Soit par réflexe professionnel, soit pour retrouver un peu de la présence de Félicia, présence qui, il faut l’avouer, lui manquait, il eut envie de mettre un vêtement à elle. Ne sachant si c’était la blouse où la chasuble qu’elle portait, il mit la blouse d’abord, et la chasuble par-dessus. C’était la première fois qu’il mettait une blouse sans son slip dessous, la sensation était nouvelle, et agréable. De plus, la blouse, bien que propre, sentait l’odeur de la femme noire, et ça l’excitait beaucoup. Il enfila des tongs, trouva un madras qu’il noua sur ses cheveux, et se regarda dans la glace : il avait une allure différente de celle du laboratoire ou du magasin, l’allure d’une femme de ménage. Une paire de gants de caoutchouc compléta la tenue.

     

    Il se mit au travail, aspirateur, poussière, carrelages, salle de bains, salle d’eau, cuisine, en trois heures il avait fait un ménage complet, il était fatigué. Allait-il reprendre une douche ? il était si bien dans ces vêtements… Il eut envie de se branler. Se rappelant la douceur de sa caresse onaniste sur son sexe rasé, il alla dans la salle d’eau et, retroussant blouse et chasuble, il se rasa le sexe où le poil commençait à repousser. Avec beaucoup d’attention, et d’habileté professionnelle (après tout, un traiteur doit savoir manier les instruments tranchants), il mit à nouveau son entrecuisse entièrement à nu.

    Puis, sans enlever les vêtements de travail, il se masturba, après avoir pris, dans la machine à laver, un torchon pour éviter de salir la blouse de son sperme. Le contact du coton était aussi doux que celui de sa main, le tissu, qui était humide, le frottait délicieusement. Il éjacula dans le torchon comme dans une femme. Il ne lui restait plus qu’à tout remettre en place et à se coucher…

     

     

    Le lendemain, jour de congé, il ne demanda rien à Félicia, qui le félicita d’avoir fait le ménage. Fatia, elle, n’était pas encore rentrée, elle avait du aller en boîte après le travail...

    Avec Félicia, ils allèrent se promener en copains, faire du vélo, flâner en ville. S’il en avait voulu à Félicia de faire partie de celles qui l’avaient exclu, cette rancune se dissipa devant le sourire et la gentillesse de celle-ci. Ils retrouvèrent la camaraderie de leur première sortie au cinéma, sans arrière-pensée, juste deux jeunes gens un peu perdus dans la grande ville, et qui avaient besoin d’amitié.

     

     

    Il passa la fin de ses deux jours de congé avec quelques copains, à descendre des bières et à siffler les filles, comme quand il était gosse. Il ne s’étendit pas sur son travail, ça le gênait un eu, ni sur ses colocataires, pour ne pas s’entendre dire « Putain, deux négresses pour toi tout seul, tu dois te régaler ! »

    C’était sympa de retrouver des copains de l’école, mais il n’était pas très à l’aise dès qu’il s’agissait de parler de choses trop personnelles.

     

     

    Le lendemain, il reprit le travail comme si de rien n’était, tout avait l’air normal, les employées ne parlaient pas de leur petite soirée. Il remarqua juste que, sur le tableau qu’elles appelaient « l’ardoise », quelques colonnes avaient été effacées. La sienne était, maintenant, la plus fournie en bûchettes, et il n’osait toujours pas demander pourquoi.

     

    Personne ne lui dit rien au sujet de la soirée, il n’osait pas demander à Félicia, qui était pourtant la plus proche de lui. De toute façon, au travail, l’une et l’autre, comme tout le monde d’ailleurs, étaient trop occupées pour aborder des questions personnelles. Les marques de proximité qu’il avait remarquées entre les employées étaient toujours brèves, et ne compromettaient jamais le travail. A peine, une fois, remarqua-t-il entre deux filles ce qui aurait pu être un début de dispute, mais l’arrivée de Mariette Watt, mise au courant on ne sait comment, dans les minutes qui suivaient, avait suffi, en prenant les deux à part dans son bureau, à remettre les choses en ordre. Petits conflits dans une collectivité de travail comme il y en a toujours, et qui se règlent par une bonne discussion. Et, mais il ne le remarqua pas, par des bûchettes sur l’ardoise.

     

     

    Un jour, alors qu’il passait dans le couloir devant le fameux tableau aux bûchettes, Julie, la chef d’atelier, lui dit :

    - « Tu regardes l’ardoise ? Si tu restes chez nous, il faudra penser à effacer la tienne. »

    Et Sylviane Watt, qui était là, continua :

    - « Comme vous nous donnez satisfaction, Valérie, nous réfléchissons à vous garder, mais il y a encore bien des efforts à faire pour vraiment appartenir aux Goûts Doux. »

    - « Merci Mademoiselle, je suis prête à tous les efforts qu’il faudra. »

     

    Comme il avait fini sa journée en même temps que Félicia, il aborda la question avec elle dans le vestiaire, alors qu’ils se changeaient avec les autres filles. Elles rirent toutes quand il posa la question, même Félicia.

    - « Félicia, puisque vous êtes devenues de bonnes camarades, avec ta coloc, je te le dis à toi plus qu’aux autres, mais c’est valable pour tout le monde, intervint Josiane, la responsable du magasin, ne vas pas lui donner tous les secrets de fabrication de la maison. »

    - « Oh Josiane, vous savez bien que je ne ferai rien sans demander à Mesdemoiselles. »

     

    Valéry et Félicia allèrent ensemble au cinéma ce soir, avant de rentrer à leur appartement, mais sans parler de quoi que ce soit sur la maison.

     

    Ce soir là, en buvant le thé du soir devant la télé, Félicia se rapprocha un peu plus de lui, ils échangèrent un baiser sous le regard discret de Fatia, et, entraînés par leur jeunesse, ils passèrent la nuit ensemble, en mettant cette fois toute camaraderie de côté.

    Félicia vit avec satisfaction qu’il avait le sexe tout rasé, elle trouva que c’était si doux, si tentant, et elle le prouva en le léchant et le suçant jusqu’à ce qu’il en perde la tête. De son côté, il remarqua qu’elle adorait les longs, longs préliminaires, à la main et à la bouche, et il la fit jouir de cette manière alors qu’il bandait si fort qu’il en avait mal. Son sexe était très poilu, frisé comme ses cheveux, il avait des odeurs de fruits exotiques bien mûrs, des odeurs enivrantes. Il pensa, en la léchant, au roman de Vialatte « Les fruits du Congo ».

    Elle pressait sa tête entre ses cuisses, ne le lâchant pas avant qu’il l’ait fait jouir de la bouche et des doigts, un dans la moule, puis un autre, puis celui mouillé de cyprine dans le trou du cul, puis un deuxième dans la moule, pendant qu’elle lui caressait les épaules et les cheveux. Puis elle il la pénétra et ils firent l’amour longuement, ardemment et tendrement. Il pensa à l’épisode avec Madame Dellaire, il pensa à sa masturbation dans la blouse et le torchon, sans savoir si c’était différent ou si c’était la même chose.

     

    Le matin, ni Félicia ni lui ne travaillaient, et ils déjeunaient ensemble, rejoints par Fatia dont le restaurant ouvrait à onze heures.

    - « Félicia, dit Fatia en riant, je vois que tu n’as pas ramené Valéry que pour le tiers du loyer, un peu de cuisine et tout le bricolage. »

    - « Ne te plains pas, Fatia, tu pourras te servir de deux godemichés au lieu d’un seul, certains soirs. »

    - « Je le savais, Félicia, que tu n’étais pas 100% gouine, pas plus que moi d’ailleurs. »

    - « Je suis comme toi, je fais les deux aussi volontiers, s’il y a du sentiment. »

    Valéry, qui suivant la conversation l’air médusé, fut heureux que Félicia parla de sentiments à son égard parce que, de son côté aussi, il sentait bien qu’il y avait autre chose qu’une histoire de cul.

    - « Du sentiment, se moqua Fatia, je veux bien que tu en aies avec Valéry, mais ne me dit pas que tu fais du sentiment avec la quinzaine de gouines des Goûts Doux, quand tu vas les rejoindre certains soirs. »

     

    C’est là que Valéry comprit que, depuis un peu plus de plusieurs semaines, il travaillait chez des lesbiennes.

     

    Le fait que ses collègues n’aient pour lui que camaraderie, leurs contacts un peu appuyés, leurs baisers aux coins des lèvres, sa féminisation qu’il avait si volontiers accepté, le célibat de tout le monde, l’autocollant « Commerce gay friendly », les allures curieuses de la plupart des clientes ! Il était tombé dans un antre de gouines. Il rougit tellement qu’il faillit s’évanouir.

     

    Félicia gronda Fatia pour sa bêtise, mais, finalement, cet aveu l’arrangeait.

    - « Fatia, tu es une mauvaise langue et une jalouse, et tu as fait rougir notre coloc, idiote. »

    - « Oui, mais il ne rougit que des joues, alors que j’ai compris que vous vous faites aussi rougir les fesses. »

    - « Jalouse, pourtant tu aimais bien les fessées entre nous deux. »

    Elle fit semblant de donner une bourrade à Fatia puis, se tournant gentiment vers Valéry :

    - « Ca ne change rien au fait que je t’aime bien, qu’on ait fait l’amour et qu’on le fera encore. Nous sommes peut-être des gouines, mais tu es un garçon adorable et tout le monde t’aime bien. Je partirai un peu avant toi pour en parler aux demoiselles Watt avant que tu ne prennes ton service. »

     

    Quand, plus tard, Félicia raconta aux sœurs Watt la tête qu’il avait faite à ce moment là, et imita son expression décontenancée, toutes les trois durent, ensuite, changer de culotte : elles s’étaient pissées dessus de rire.

     


     08 - Le couvent des goudous

     

    Valéry, après la révélation qui l’avait frappé, pris son service comme d’habitude, mais il ne regardait plus les choses comme avant, et il avait l’impression que les autres le regardaient différemment aussi. C’était une impression fausse, d’ailleurs, sans doute parce que tout le monde pensait qu’il avait compris bien plus tôt. Il trouva une contenance en travaillant dur, comme d’habitude. Félicia, au magasin, lui sourit gentiment chaque fois qu’il la croisa, mais il attendait la fin de la journée avec inquiétude.

     

    Le soir, alors que les filles allaient au vestiaire et partaient, Mariette et Sylviane Watt l’entraînèrent au fond du laboratoire pour une conversation à trois.

     

    - « Valérie, commença Mariette, nous voyons que vous avez, non pas percé un secret, mais compris la particularité de la maison. »

    - « Oui Mademoiselle, mais je n’ai pas cherché quoi que ce soit… »

    - « Félicia nous l’a dit, que vous étiez discrète, que vous aviez été surprise, elle nous a dit aussi, ce que nous savions déjà, la bonne impression que vous aviez faite sur tout le personnel. »

    - « Merci, Mesdemoiselles, j’ai toujours essayé de m’intégrer. »

    - « Et vous avez réussi une première étape, reprit Sylviane Watt, reste à savoir si vous voulez passer à la suivante, je veux dire par là faire vraiment partie, à titre permanent, de la maison. »

    - « Oui Mademoiselle, bien sûr. »

    - « Vous avez compris que ça ne s’arrête pas au travail seulement, et que nous partageons d’autres choses, entre femmes. »

    - « Oui Mesdemoiselles, j’ai bien compris que vous faisiez des soirées entre vous, mais je ne suis pas une femme, et je ne vois pas pourquoi vous m’y feriez participer. »

    - « Disons, dit Mariette Watt en riant, que nous ne sommes pas sectaires, et que nous sommes prêtes à vous adopter. Mais l’expérience peut être à la fois plaisante et douloureuse. Si vous voulez, vous pouvez faire partie définitivement de la maison, avec ses joies et ses peines… »

     

    Il ne savait pas quoi penser, sauf que toutes ces femmes en blouse et tablier l’excitaient, que l’expérience de la livraison avec été quelque peu humiliante, mais délicieuse :

    - « Prenez-moi avec vous, Mesdemoiselles, s’il vous plait, c’est tellement bien de faire partie d’un groupe où on est accepté comme ici. »

    - « Bien, alors, après-demain, où vous êtes de matin, vous reviendrez à sept heures et quart du soir, et vous suivrez les instructions qui seront dans votre vestiaire, pour qu’on vous intègre et qu’on efface votre ardoise. Allez, filez vite maintenant… »

     

    Elles ne lui laissèrent pas le temps de demander des explications et remontèrent dans le bureau, pendant qu’il se douchait, se changeait et sortait.

     

    Félicia l’attendait dehors :

    - « Tu as dit oui ? Tu ne le regretteras pas, tu verras, je suis sûre que ça te plaira, et puis, à moi, ça me fait tant plaisir que tu restes, tu sais… Allez, ne me demande plus rien, on va au cinéma. »

     

    Le lendemain et le surlendemain se passèrent comme d’habitude, sans rien de particulier. Il n’aborda pas la question le soir à la colocation, et Fatia ne revint jamais sur le sujet du lesbianisme de sa coloc. Le soir prévu, à l’heure dite, il rentra dans le vestiaire désert.

     

    Il ouvrit son casier, où il trouva une feuille de papier qui portait une consigne simple : « Déshabillez-vous entièrement, enlevez votre petite chaîne du cou, mettez-vous face au mur du fond, le front appuyé contre le mur, les yeux fermés. Laissez vous faire sans jamais bouger ni dire quoi que ce soit. »

    Il obéit, se mit nu, enleva son seul bijou, et alla se coller, nu, contre le mur, en fermant les yeux.

     

    Il était dans cette position depuis à peine deux minutes quand il entendit la porte s’ouvrir et, bien sûr, il ne se retourna pas, il n’ouvrit pas les yeux. Des mains lui enfilèrent sur la tête une sorte de cagoule de tissu, en décollant son front du mur, pendant que d’autres mains lui liaient les poignets dans le dos avec ce qui devait être un bout de tissu. Puis, pendant qu’il ne voyait rien, ce qu’il pensait être une cagoule fut déroulée vers le bas, jusqu’à ses pieds. C’était un grand sac, comme il en avait déjà vu pour le linge sale, et ça en avait l’odeur. Plusieurs mains le soulevèrent, le couchèrent au sol et sans doute fermèrent le sac.

     

    - « Valérie, tu es sûre que tu veux faire partie de la maison ? demanda Mariette Watt. »

    - « Oui Mademoiselle. »

    - « Alors, descendons-la. »

     

    Il sentit qu’on le tirait sur le sol, par l’extrémité du sac où il avait la tête, heureusement, comme un vulgaire paquet, il entendit le monte-charge s’ouvrir, se refermer, il comprit qu’il descendait au sous-sol, où il n’était jamais allé, et qui ne faisait pas partie de l’activité commerciale de la maison. Il entendit une porte s’ouvrir, fut tiré à l’intérieur d’il ne savait quelle pièce, et laissé là, sur le sol.

     

    - « Mes filles, nous allons commencer la bacchanale du couvent des goudous. Que chacune aide l’autre à mettre sa tenue de pénitence. » C’était Mariette Watt qui parlait, dans une grande pièce, de toute évidence.

    Il entendit des bruits de tissu, quelques gloussements, chuchotements, comme des filles qui s’habillent en commun.

    - « Faisons la ronde et mettons-nous les mains aux fesses. » C’était la voix de Sylviane Watt.

    - « Voulez-vous toutes que nous partagions nos corps et que nous nous soumettions chacune à nos plaisirs, jusque dans les châtiments ? » demanda Mariette.

    Et il entendit de nombreuses voix, qu’il reconnaissait pour celles du personnel, répondre « Oui ma Mère ! », et Sylviane conclure « Les filles, l’orgie commence. »

     

    Valérie se demandait dans quelle secte il était tombé, mais tout ceci n’avait pas l’air méchant du tout, à part les châtiments. Une idée lui vint, panique soudaine, et il se demanda, en tremblant, si son admission parmi les goudous n’allait pas commencer par sa castration, voire même s’il n’allait pas être cuit, découpé et mangé par des gouines cannibales.

     

    - « Nous partagerons le gigot à l’ail plus tard, quand nous aurons ouvert le paquet qui traîne au milieu de nous. »

    Le paquet, c’était lui, bien sûr. Mais il trembla en se demandant s’il n’était pas, par hasard, aussi le gigot.

    - « Palpons-le pour savoir ce qu’il y a dedans. »

    Et il sentit, à travers le tissu, la pression de mains qui le tripotaient, de pieds qui le heurtaient fermement, il fut écrasé par des femmes qui lui montaient dessus, à des endroits solides, heureusement, et, par moments, certaines s’asseyaient carrément sur son corps, couché à plat ventre sur le sol. Heureusement, on lui avait lié les poignets de manière à ce qu’il puisse les bouger, et il put plaquer ses mains sur les fesses ou sur les hanches pour être plus à l’aise. Pendant cinq à dix minutes, il fut ainsi écrasé par trois ou quatre personnes à la fois, piétiné aussi, en étant tourné et retourné. De toute évidence, celles qui le maltraitaient ainsi savaient s’y prendre puisque, à aucun moment, il ne fut ni étouffé ni brisé en deux.

    Des rires, des gloussements accompagnaient tout cela, jusqu’aux conclusions :

    - « C’est de la chair fraîche, il faudrait la déballer. »

    - « Est-ce que la petite pièce de viande veut qu’on la déballe, demanda Mariette Watt, avec une pression du pied pour qu’il comprenne qu’il devait répondre. »

    - « Oui Mademoiselle, déballez-moi je vous en prie. »

    - « Redressons-la et déballons-la, alors. »

     

    Il fut mis sur pieds, après que le bas du sac ait été ouvert, puis il sentit que le sac était retroussé, ne couvrant plus que sa tête. Il était nu devant ses camarades qui elles, de toute évidence, étaient habillées, mais il ne savait comment. Il sentit la chaleur de son rougissement, du visage au torse et au bras. Des dizaines de mains se posèrent sur lui, le palpèrent, le tripotèrent, le malaxèrent, le caressèrent, explorèrent même son anus, lui claquèrent les fesses gentiment, aussi, et, sous cette avalanche de sensations, finalement agréables, il banda sauvagement. Cette séance de tripotage dura aussi cinq ou dix minutes, mais qui furent plus agréables que celles qu’il avait passé au sol.

     

    - « Est-ce une goudou ? » demanda Mariette ?

    - « Non, ce n’est ni une gouinette ni une gouinasse ».

    - « Est-ce une fille au moins ? » demanda Sylviane.

    - « C’est une fille, mais avec une saucisse qui se dresse devant. » Il reconnut la voie de Julie.

    - « Est-ce qu’on la prend quand même ? » demanda Mariette ?

    - « Prenons-la, ce n’est pas la saucisse qui fait le cochon », « Prenons-la, elle est toute douce », « Même si elle n’a pas de fente, prenons-la », « Nous l’avons vu porter la blouse comme nous, prenons-la », « Elle connaît le salé et le sucré, prenons-la », « Elle a un cul qui attire la fessée, prenons-là », etc.… Il entendit toutes les filles répondre dans un brouhaha, où il fut heureux de reconnaître, parmi les premières et les plus fortes, la voix de Félicia.

    - « Alors, pour la prendre, habillons-là en goudou », dit Mariette.

     

    Il sentit qu’on lui mettait des tongs aux pieds, et qu’on lui enfilait, après avoir libéré ses mains, une blouse à manches longues qu’on lui boutonnait dans le dos, qu’on lui nouait la ceinture de la blouse, et qu’on lui passait un tablier à bavette, en lui renouant la ceinture devant. On souleva l’arrière du sac qui lui recouvrait encore la tête, en prenant soin de continuer à lui cacher le visage et les yeux, pour lui mettre une coiffe. Puis, quand il fut ainsi attifé, une pression sur les épaules le fit mettre à genoux, et ses mains furent à nouveau liées dans le dos, sans doute avec la ceinture de sa blouse.

     

    - « Valérie, veux-tu être une goudou ? » demanda Mariette ?

    - « Oui. »

    - « On dit « Oui ma Mère », dit Sylviane, avec une tape sur la tête.

    - « Oui ma Mère. »

    - « Acceptes-tu de faire vœu, comme nous toutes, de sororité, de cochonceté et d’obéissance ? Tu seras comme une sœur parmi nous, tu te prêteras à tous les plaisirs qui sont les nôtres, et tu obéiras à Sylviane et à moi ? Tu le promets ? »

    - « Oui ma Mère, je le promets. »

    - « Le vœu de sororité, c’est que tu seras une fille comme nous, que tu nous traiterais comme de grandes sœurs, et que tu accepteras d’être traitée comme une petite sœur, tu le promets ? »

    - « Oui ma Mère, je le promets. »

    - « Le vœu de cochonceté, c’est que rien ne te répugneras dans ce que nous ferons, et que tu seras perverse et vicieuse comme nous, tu le promets ? »

    - « Oui ma Mère, je le promets. »

    - « Le vœu d’obéissance, c’est que tu obéiras aveuglément à Mère Mariette et à Mère Sylviane, sans jamais protester ni rechigner, tu le promets ? »

    - « Oui ma Mère, je le promets. »

    - « Alors, nous t’acceptons dans le couvent des goudous, Valérie. »

     

    Il sentit qu’on lui enlevait sa cagoule. Il allait enfin voir où il était, il avait compris qu’il devait être dans la grande cave du bâtiment, entouré de femmes en blouses comme là-haut, en blouse lui aussi, finalement, ça ne changeait rien, sauf qu’on allait sûrement faire l’amour, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

    Pendant qu’on retenait, pour ne pas qu’elle se défasse, sa coiffe, on lui enleva sa cagoule.

     

    Et il se prit une tarte à la crème en pleine figure.

     

    Il avait de la crème dans le nez, et il du souffler fort pour dégager ses narines, il en avait sur les yeux, qu’il ouvrit, pourtant, sans pouvoir se les nettoyer. Il lui fallut donc quelques instants pour bien voir le tableau qui se présentait à lui.

     

    Il était bien dans une salle du sous-sol, très grande, carrelée, peinte en blanc, bien éclairée par des globes au plafond. Devant lui, les patronnes et le personnel des Goûts Doux, toutes habillées pareil ou presque : une sorte de coiffe d’infirmière ou de bonne sœur, bleue, couvrant tous les cheveux et tombant aux épaules, une blouse bleue, boutonnée derrière, descendant sous les genoux, parfois aux chevilles, avec des manches longues, et un tablier bleu, comme celui qu’on utilisait pour la plonge, par-dessus, et un torchon pendant à la ceinture. Seules Mariette et Sylviane avaient, au lieu d’un tablier bleu, un tablier blanc. Leurs pieds étaient nus dans des tongs, elles ne portaient aucun bijou et elles étaient toutes soigneusement démaquillées. Elles se tenaient en arc de cercle, certaines les poings sur les hanches, d’autres se tenant par la main, et elles riaient de bon cœur.

     

    - « Bienvenue parmi les goudous, Valérie, dit Mère Mariette, tu fais maintenant partie de notre couvent de gouines. »

    - « C’est un couvent où on prend du plaisir, où l’on en donne, et où on fait pénitence, dit Sylviane, un couvent dont ma sœur et moi sommes les Mères supérieures, et où tu es maintenant la plus humble des filles. »

    - « Mais nous nous aimons toutes et, puisque nous t’avons salie, nous allons te nettoyer, termina Mariette. »

     

    Elle s’approcha de lui, qui était toujours à genoux, se pencha, et lécha sur son visage une partie de la crème qu’on lui avait écrasée dessus, terminant par un baiser sur la bouche. Puis Mère Sylviane fit pareil, remplaçant, par sa salive, une autre partie de la crème. Puis Julie, puis Josiane, puis toutes les ouvrières, Helga, les jumelles, Justine, toutes, chacune le léchant soigneusement pour le nettoyer, le laissant, en échange couvert de bave depuis le front jusqu’au cou. En dernier, Félicia se pencha pour enlever le dernier soupçon de crème et lui donner le dernier baiser.

     

    On lui délia les mains et on le fit relever :

    - « Essuie-toi avec le torchon de ta ceinture, petite baveuse, dit Mère Mariette, tu as un avant-goût de nos châtiments et de nos plaisirs. »

    Il se dit que si tous les châtiments consistaient en des batailles de tartes à la crème, il connaissait déjà depuis les premières bêtises de la cantine, voire des jeux stupides pendant sa première année d’études. Quant aux plaisirs, il se voyait déjà jouet sexuel de quinze lesbiennes, ce qui n’était pas pour lui déplaire…

     

    - « Maintenant que nous avons une nouvelle goudou, nous pouvons manger comme d’habitude le gigot à l’ail, dit Mère Sylviane. Julie, prépare le plateau. »

     

     

    Ce qu’elle fit, préparant sur un plateau des tranches de pain rôties, chacune garnie d’une petite tranche de gigot de mouton dans lequel était piquet une gousse d’ail. Elle tendit le plateau à Mère Mariette qui distribua une rôtie à chaque fille qui venait s’agenouiller devant elle et le prendre en bouche pour le mâcher et l’avaler.

    Pendant la distribution du gigot à l’ail, Valérie avait pu regarder un peu mieux la pièce dans laquelle il se trouvait.

    D’un côté, on y voyait une grande table et des tables de service, de toute évidence du mobilier d’un ancien laboratoire ou d’un ancien magasin, qu’on avait nettoyées, avec des bancs et quelques chaises de bois. Il y avait aussi frigos et armoires de rangement. Au centre de la pièce, plus curieux, cinq ou six canapés en cercle, quelques fauteuils et poufs, recouverts de housses de plastique, ainsi que deux lits de fer dont le matelas était lui aussi recouvert de plastique. Enfin, d’un autre côté, un grand cadre de bois, allant du sol au plafond, fait de poutres vernies, avec d’autres pièces de bois dont il ne comprenait pas l’usage. Sur les murs, des patères avec encore des tabliers et diverses choses qu’il ne fit qu’entrevoir : il était bien trop excité par les filles qui, agenouillées, recevaient leur gigot à l’ail dévotement et le mangeaient avec gourmandise.

     

    Le tour de Valérie vint en dernier, et il prit des mains de Mère Mariette, comme il fallait l’appeler maintenant, après s’être agenouillé devant elle, la rôtie au gigot à l’ail, qui empestait et emportait la bouche.

    S’il avait rêvé de lesbiennes parfumées et sentant bon la menthe fraîche, il aurait du déchanter, mais il avait compris que les plaisirs de la bouche n’étaient pas forcément des plaisirs raffinés.

     

    - « Après la communion, la pénitence, dit Mère Mariette. Relève-toi, Valérie, il est temps d’effacer ta première ardoise. »


     09 - Effacer l’ardoise

     

    Toutes les filles se relevèrent et se dirigèrent vers ce qui était le « coin salon » du sous-sol. Seules deux d’entre elles, Claudine, qui était grande et forte, et Helga, qui était bien charpentée elle aussi, restèrent avec Valérie, le retenant par les bras.

     

    Mère Mariette et Mère Sylviane s’assirent côte à côte sur un canapé, les autres goudous prenant place au gré de leur fantaisie sur les autres pièces d’ameublement.

    - « Amenez-nous la pénitente, dit Mariette. »

     

     

    Claudine et Helga firent avancer Valérie, lui chuchotant à l’oreille :

    - « Tu te mets à plat ventre, tu leur embrasses les pieds, tu dis « Ma Mère », tu les tutoies, pas de vouvoiement surtout, et surtout tu es très, très humble. »

     

    Elles firent agenouiller Valérie devant les sœurs Watt, ou plutôt les Mères goudous, et Valérie, immédiatement, se coucha par terre et embrassa dévotement les pieds de Mère Mariette et de Mère Sylviane, leurs pieds qui étaient nus dans les tongs.

    - « Valérie, dit Mère Mariette, tu as accepté de te soumettre à la loi des goudous du sous-sol, mais tu as manqué au règlement du rez-de-chaussée. »

    - « Oui Mère Mariette. »

    - « Nous allons te rappeler tous ces manquements que nous avons marqués par des bûchettes, dit Mère Sylviane ».

     

    Julie rappela les loupés de fabrication et tout ce qu’il avait pu faire comme erreurs au laboratoire. Josiane rappela ses erreurs au magasin, le manque de grâce avec la clientèle. Toutes les deux évoquèrent les fois où elles durent rectifier sa tenue, rose ou blanche. Mère Mariette termina sur son comportement général, qui appelait peu de remarques, et sur les quatre fois où, aux toilettes, il avait fait pipi debout, sans s’asseoir sur la cuvette. Eh, oui, les caméras servaient aussi à ça…

    - « Est-ce que tu nous demandes pardon, vilaine goudou ? »

    - « Oui, Mère Mariette, je te demande pardon. » Et il baisa humblement les pieds de Mère Mariette.

    - « Est-ce que tu veux que nous effacions les bûchettes de ton ardoise ? »

    - « Oui, Mère Sylviane, je te demande humblement d’effacer mon ardoise. » Et, toujours à plat ventre, il baisa humblement les pieds de Mère Sylviane.

    - « Alors, nous allons te permettre d’effacer cette ardoise, avec tes larmes, dit Mère Sylviane ». Il entendit les deux sœurs chuchoter chacune à l’oreille l’une de l’autre. « Relevez-là et conduisez-là au pilori pour qu’elle reçoive cent coups de martinet, dit Mère Mariette. »

     

    Claudine et Helga le relevèrent par les bras mais en le laissant à genoux, et le firent avancer ainsi jusqu’au cadre de bois qu’il avait vu quelques instants auparavant. Sur la large planche horizontale, légèrement au-dessus du sol, elles le firent s’agenouiller. Pendant qu’une le tenait, l’autre descendit, grâce à un mécanisme prévu pour ça, une autre barre horizontale qui s’ouvrait en deux, permettant de passer la tête et les mains dans des trous, comme un carcan moyenâgeux. De la mousse ferme garnissait les trous, permettant de bien caler le cou et les poignets sans se blesser au contact du bois. Le carcan réglé à la bonne hauteur, la position était quand même pénible pour les pauvres genoux de Valérie posés sur le bois dur, légèrement écartés, les mollets maintenus par des attaches pour qu’il ne puisse ni écarter ni rapprocher ses cuisses.

     

    Pendant qu’elle le mettait au carcan, Claudine lui dit à l’oreille :

    - « N’essaie pas de supporter en silence, au contraire, crie, gémis, pleure, supplie, demande pardon, tu verras, la honte te donnera un grand plaisir, Valérie. »

     

    Helga passa derrière lui et déboutonna sa blouse, du bas jusqu’à la taille. Puis elle la retroussa, exposant son cul nu à tous les regards, comme il serait exposé aux coups. Certes, tout le monde l’avait vu nu avant qu’on lui enlève la cagoule, mais là il était exposé pour le supplice. Par un ingénieux boutonnage qu’il devait constater par la suite, Helga attacha les pans relevés sous le col, puis défit la ceinture, écarta bien les pans à la taille et renoua la ceinture pour les tenir bien écartés.

     

    Pendant ce temps, les autres filles s’étaient levées, tranquillement, et se plaçaient soit devant, soit derrière elle, pour jouir du spectacle. Parmi celles qui étaient devant elle, Valérie vit Félicia, dont les yeux brillaient, Félicia qui s’était collée contre une des deux jumelles, chacune enlaçant la taille de l’autre par-dessus la blouse, et glissant sa main libre sous son propre tablier. Les autres filles étaient dans le même genre de position, comme au spectacle, et sans doute celles qui étaient derrière faisaient pareil.

     

    Mère Mariette vint se placer devant lui et dit :

    - « Comme c’est ta première fois, Valérie, tu as l’honneur que ce soit moi qui te fouette. »

    - « Merci, Mère Mariette, dit-il tout naturellement. »

    Mère Mariette se dirigea vers le mur où Valérie vit, pendus à des crochets, toute une série d’instruments de fessée. Il y avait des martinets de ménage, au manche de bois vernis et aux lanières de cuir, des palettes de bois léger, rondes, ovales, en forme de cœur, en forme de huit, pour frapper les deux fesses en même temps, des palettes fendues, des palettes de cuir, longues et souples, des verges de bois léger assemblées par un lien. Il y avait aussi, pour fesser, des objets qui n’étaient pas faits pour ça mais qu’il connaissait bien : des petites planches à découper, des cuillères et de touillettes de bois de différentes formes, des rouleaux à pâtisserie dont le choc devait être redoutable, et même des tape-tapis de jonc tressé.

     

    Mère Mariette prit un martinet, le secoua et le fit siffler, puis le passa à sa ceinture. Elle retroussa sa manche droite jusqu’au-dessus du coude, repris le martinet et fit passer à son poignet le lien de cuir qui lui permettrait de ne pas avoir à le ramasser s’il lui échappait de la main. Puis elle s’approcha de Valérie :

    - « Embrasse le martinet qui va te punir, dit-elle en l’approchant de ses lèvres. » Et il embrasse le manche, puis les lanières qu’elle lui présentait.

    - « Embrasse la main qui va te frapper. » Et il embrassa, il lécha, même, la main qui tenait le martinet. »

    Puis, en se penchant, puisqu’il était agenouillé plus bas qu’elle, elle l’embrassa sur les lèvres et passa derrière lui.

     

    Mère Sylviane s’était approché de lui, avec un tabouret sur lequel elle s’assit à sa droite, son visage à la hauteur du sien, près, très près, il sentait son haleine aillée. Elle ne l’embrassa pas, mais elle passa sa main gauche derrière sa nuque, et sa main droite sous son tablier. Valérie sentit alors cette main nue se poser sur sa saucisse, à travers une fente, sans doute verticale, pratiquée dans le devant de la blouse, et qu’il n’avait pas encore remarqué. Son sexe de garçon était dur, et c’est tout ce qu’il sentait de masculin en lui, dans cette situation humiliante.

     

    Mère Sylviane jeta un coup d’œil derrière lui, sur sa sœur certainement, le visage des filles qui le regardait se fit plus attentif, et le premier coup de martiner vint brûler son cul offert.

     

    Valérie n’avait jamais été battu, jamais fessé autrement qu’une petite tape, aussi la morsure des lanières était nouvelle pour lui. Il tressaillit de surprise plus que de douleur et, à peine eut-il le temps de se rendre compte de ce qu’il lui arrivait qu’un deuxième coup, puis un troisième, vinrent le frapper. Ca faisait vraiment mal, ce n’était pas une punition pour rire.

     

    Mère Sylviane avait guetté sa réaction, et son regard s’amusait de ce qu’elle lisait sur son visage.

    Les coups suivants tombèrent, il ne les comptait pas, il n’essayait pas de les éviter, il ne disait rien, seul le dixième coup lui arracha un « Aïe », il sut que c’était le dixième parce que Mère Mariette disait « Et de dix. »

     

    Quelques secondes de pause, et le martinet s’abattit à nouveau sur ses fesses. Là, Valérie commença à les remuer, par réaction, sans trop savoir pourquoi, sans espoir d’y échapper, puisqu’il était maintenu au cou et aux genoux. Mais il avait assez de latitude, à la taille, pour tenter, vainement, d’échapper aux lanières, et il entama pour la première fois la danse du cul qui réjouit les flagellatrices autant que la couleur pourpre des fesses meurtries. Il commença à gémir, se souvenant qu’il ne devait pas essayer de faire le dur, au contraire. Il gémit et couina jusqu’au vingtième coup, qui précéda encore une courte pause.

     

    Le regard de Félicia brillait et, de toute évidence, elle avait dans sa blouse la même fente que Valérie, et elle se branlait le bouton en jouissant de sa douleur, comme d’ailleurs toutes les autres goudous qui s’enlaçaient, se caressaient et même s’embrassaient devant lui.

    Sylviane continuait à tenir son sexe, sans plus, et sa nuque, tournant sa tête vers lui pour mieux lire la douleur sur son visage.

     

    Avec les coups suivants, il commença carrément à dire « Aïe », à dire « Ouille », à gémir plus fort, à lâcher des onomatopées de douleur, encouragé par la sourire de Mère Sylviane qui, de toute évidence, prenait plaisir à le voir crier et gémir comme Mère Mariette prenait plaisir à le frapper.

    Les goudous autour de lui changeaient de place, celles qui étaient derrière lui vinrent voir sa tête, celles qui étaient devant allèrent voir son cul, prenant le spectacle recto et verso et riant de bon cœur devant ses malheurs. De ne plus voir Félicia lui fit quelque chose, moins de honte, et moins de soulagement aussi.

     

    Valérie arriva vers la cinquantaine de coups uniquement avec ses cris et ses gémissements, mais la douleur était plus forte, sans que les coups soient plus appuyés, non, mais parce que le martinet frappait là où il avait déjà frappé, parce que Mère Mariette faisait glisser plus longuement les lanières sur sa peau, parce que, aussi, délaissant les fesses, elle frappait aussi, de temps à autre, les cuisses, plus sensibles. Alors il craqua.

     

    - « Aïe, pitié, arrêtez. »

    - «  Tu sais que, au sous-sol, tout le monde se tutoie, vilaine goudou, dit Sylviane à son oreille. »

    - « Pitié, Mère Mariette, arrête, je t’en prie, arrête ! »

    Mais Mariette continuait, sans mot dire, à cingler les miches de la pauvre petite de son martinet correcteur.

    - « Pitié, pardon, je t’en supplie, pitié, j’ai mal… »

    - « Oui, crie bien, demande pardon, supplie, lui glissa Mère Sylviane à l’oreille, dis-nous ce que tu es, une vilaine salope, une désobéissante petite… »

     

    - « Pitié, je suis une salope, je suis Valérie la vilaine, Valérie la méchante, Valérie la désobéissante, je mérite d’être punie mais arrête, Mère Mariette, j’ai trop mal. »

    Mère Sylviane souriait de plaisir.

    ­- « Mère Sylviane, dit lui d’arrêter, regarde comme j’ai mal, dis-lui que je demande pardon ! »

    Mais Mère Sylviane restait silencieuse…

    - « Julie, Josiane, dites-lui d’arrêter, j’ai mal, aïe, je souffre, pitié. » Et il invoquait toutes les goudous par leur prénom, même Félicia qui venait de refaire son apparition dans son champ de vision, mais qui n’était pas plus émue que les autres par ses souffrances.

     

    Il avait perdu le compte des coups, que Mère Mariette scandait pourtant, aux dizaines, à voix basse. Il criait, il bavait, mais il avait trop mal pour pleurer.

     

    Une main secourable tendit à Mère Sylviane un torchon plié, qu’elle approcha de son visage en se relevant, dégageant et sa nuque et son sexe. Le torchon contenait un oignon à moitié pelé et coupé, et ce fut pour Valérie une grâce et une bénédiction. Les larmes qui auraient du le soulager, et qu’il n’avait pas su faire venir à son secours, lui vinrent aux yeux sous la piqûre du merveilleux légume, et elles coulèrent sur ses joues abondamment, pendant que Mère Mariette disait « Quatre-vingt dix. »

     

    Elle donna, lentement, amoureusement, les dix derniers coups de martinet pendant que la pénitente pleurait et gémissait en disant « Pitié, pitié, pardon, merci, merci, je ne le ferai plus, je serai gentille, arrête, ne me fais plus mal, ne me bats plus, arrête je n’en supplie arrête ».

    Le centième coup tomba, Mère Sylviane se retira et Mère Mariette revint devant la flagellée toujours la manche droite retroussée, en sueur de l’effort qu’elle avait fait, mais souriante, pour lui donner le baiser qui marquait la fin de la punition :

    - « C’est bien, sœur Valérie, tes larmes ont effacé ton ardoise, tu es en règle avec le couvent des goudous. »

     

    On le détacha, pendant qu’il fermait les yeux, et il sentit qu’on le faisait avancer, à travers ses larmes, la blouse toujours retroussée ses fesses nues. On le coucha sur un des lits de fer, sur le matelas recouvert d’une alèse de caoutchouc. Il sentit, sur ses fesses brûlantes, un linge mouillé dont la fraîcheur fut presque une nouvelle torture, puis une jouissance, quand le torchon mouillé fut renouvelé, remplacé par un autre, moins frais mais tout aussi calmant.

    Des mains légères l’enduirent d’huile d’olive pour assouplir et hydrater sa peau mais, si délicates étaient-elles, elles lui firent mal et seul un autre torchon frais le calma encore un peu.

     

    Puis on le releva, le cul toujours nu, et tout le monde vint l’embrasser sur la bouche, en lui disant qu’elle avait été très bien, qu’elle les avait bien fait amuser, qu’elle avait un joli cul bien rouge maintenant, qu’elles passaient toutes souvent par cette punition et qu’elles n’en étaient pas mortes, et toutes sortes de choses comme ça qui lui donnaient vraiment l’impression, cette fois, d’appartenir à la communauté.

     

    Puis Félicia vint redescendre les pans de sa blouse, la lui reboutonna, le faisant frémir au contact du tissu rêche sur son cul meurtri. Elle lui mit dans la bouche un de ses jolis doigts noirs, trempé de sa mouille, lui disant :

    - « Tu as vu l’effet que tu m’as fait… Merci de m’avoir fait jouir rien que du plaisir de te voir humiliée et punie. »

    Et Valérie fut heureuse non seulement d’avoir donné ce plaisir trouble aux filles, mais aussi de l’avoir ressenti lui-même, ce plaisir qui vient un peu de la souffrance et beaucoup de la honte, ce plaisir que, lui sembla-t-il, il avait toujours aimé.


     10 - Punition et orgie

     

    Valérie fut invité à se relever et à prendre place, avec les autres, sur un des canapés du coin salon. Il voulut s’asseoir à côté de Félicia, mais celle-ci lui dit :

    - « Non ma chérie, ici pas de préférences, chacune d’entre nous est à toutes les autres, va te mettre ailleurs. » Et elle continua à se frotter contre la jumelle qui était à côté d’elle.

    Mais Julie était seule sur son canapé et lui fit signe de venir près d’elle, et il se colla tendrement contre sa blouse. Ceci lui fit oublier un instant la brûlure de ses fesses, qui lui cuirent dès qu’il les posa sur le canapé. Mais celui-ci était moelleux, la douleur n’était rien par rapport à celle de tout à l’heure, et le contact du corps chaud contre le sien, à travers les blouses, compensait cette douleur résiduelle.

    Valérie se dit que ce serait difficile, après, de reprendre des rapports normaux de travail, mais il avait bien vu que, hormis quelques gestes de tendresse, le travail ne souffrait pas des affections des filles, sans doute parce que leurs séances du sous-sol leur permettaient de purger leurs passions.

     

    Mère Mariette reprit le cours de la séance :

    - « Nous avons une autre ardoise à effacer, amenez-nous la deuxième pénitente. »

     

    Claudine et Helga, qui devaient être, pour ce soir ou tout le temps, les bras armés de la séance, se levèrent et allèrent chercher sur son canapé Justine, cette belle Normande de cinquante ans qui travaillait au labo, la prirent par les bras et la forcèrent à s’agenouiller devant les Mères.

    A peine lâchée, Justine se jeta par terre, saisit les chevilles de Mère Mariette et commença à lécher furieusement les pieds de celle-ci, ne l’abandonnant que pour faire pareil à Mère Sylviane Elle léchait, embrassait, suçotait les orteils en tortillant sa croupe sur le sol comme un ver de terre. Valérie se dit qu’il avait manqué d’enthousiasme tout à l’heure, et prit note pour la fois suivante où il devrait faire ça à nouveau. Curieusement, il ne le redoutait pas, il l’espérait, même.

     

    - « Arrête tes jeux de petit salé, connasse, dit Mère Mariette, tu ne nous attendriras pas. »

    Valérie se tourna vers Julie, interrogative, et celle-ci lui répondit à l’oreille « Sucer ou lécher des pieds, ça s’appelle « faite petit salé », et tu verras, c’est délicieux. »

     

    Mère Sylviane sortit le pied de sa tong pour repousser Justine, qui se releva un peu et embrassa ses mollets, ses genoux, son tablier blanc.

    - « Justine, tu veux effacer ton ardoise ce soir, demanda Mère Mariette ? »

    - « Oui Mère Mariette, je te demande humblement de me permettre d’effacer mon ardoise de méchante femme. »

     

    Mère Mariette demanda à chaque goudou d’accuser Justine de ses manquements et, comme pour Valérie, Julie et Josiane donnèrent le détail des bûchettes. Il était difficile d’accuser Justine, excellente ouvrière, aussi Mère Mariette et Mère Sylviane durent s’y mettre aussi, et même quelques goudous ouvrières ou serveuses trouvèrent des choses à lui reprocher. De toute évidence, ces reproches détaillés faisaient partie du jeu, et il n’était pas besoin qu’ils correspondissent à la réalité. Valérie devait constater, plus tard, que Justine qui, comme d’autres goudous, jouissait d’être punie, se mettait des bûchettes elle-même.

     

    Une fois la litanie des accusations épuisées, les deux sœurs, ou plutôt les deux Mères, échangèrent quelques mots à l’oreille, et Sylviane reprit :

    - « Alors, nous te tirerons des larmes avec soixante coups de paddle sur le banc de fessée. »

    - « Merci, merci beaucoup, je les subirai avec délectation, répondit Justine. »

     

    Claudine et Helga, toujours aides-bourelles, la relevèrent et l’amenèrent au banc de fessée.

     

    Valérie n’avait pas encore remarqué ce meuble. Il ressemblait à un cheval d’arçon, mais il y avait une partie basse pour les genoux et les jambes, en forme de V, et une partie haute pour coucher le torse de la punie. Le bois était recouvert de vinyle blanc, sur un rembourrage, et de nombreuses sangles de plastique ou de caoutchouc étaient prévues pour maintenir la pénitente.

    Claudine et Helga firent agenouiller Justine sur la partie basse, attachant ses genoux et ses chevilles légèrement écartées et immobilisées. Puis elle la couchèrent, les seins écrasés, sur la partie supérieure, bouclèrent une sangle sur ses reins pour la maintenir, une autre sur ses épaules pour bien plaquer la partie supérieure de son corps, et enfin attachèrent ses poignets au bas des pieds avant de l’engin.

     

    La position était plus confortable que le pilori qu’avait subi Valérie, mais la pénitente était complètement immobilisée, ce qui lui enlevait la maigre consolation de faire danser son cul pour émouvoir la flagellatrice. Helga retroussa la blouse sur le cul nu, avec le même dispositif de boutonnage au col, qui de toute évidence était posé sur toutes les blouses.

     

    Mère Mariette distribua les rôles :

    - « Lucie, c’est toi qui fesseras Justine, et toi, Rose, tu seras la deuxième tourmenteuse. Faites à votre guise, et ne l’épargnez pas. »

     

    Lucie alla chercher un paddle, une de ces palettes de bois pendues au mur, et le choisit de bonne taille. Comme avait fait Mère Mariette, elle retroussa sa manche sur son beau bras nu, et passa la dragonne à son poignet, et fit embrasser à Justine et le paddle et sa main.

    Pendant ce temps, Rose était aller chercher dans un placard un objet bizarre. C’était un œuf en plastique blanc, un œuf gros, disons, entre un œuf de poule et un œuf d’oie, dont sortait un cordon tressé, d’une trentaine de centimètres, et un fil électrique, en partie spiralé comme un fil de téléphone, l’autre bout fixé à un boîtier.

     

    Rose passa derrière Justine, lui glissa la main dans la chatte et s’assura ainsi qu’elle était déjà bien mouillée. Elle avait porté, aussi, un petit saladier qu’elle glissa sur la partie basse du banc, entre les genoux de Justine, juste sous son sexe. Puis, elle rentra l’œuf dans la chatte qui ne demandait que ça et, prenant le boîtier, vint s’asseoir par terre, sous le visage de Justine.

     

    Valérie demanda à sa voisine de quoi il s’agissait, et Julie lui dit :

    - « C’est un vibreur, pour faire du bien pendant la punition. »

     

    Lucie, après avoir baisé Justine sur la bouche, était passé derrière, avait levé le paddle et commençait à l’abattre sur les fesses de Justine, pendant que Rose, assise sous le visage de la punie, commandait, avec le boîtier du vibreur, son plaisir comme Lucie commandait sa douleur.

    Lucie donnait quelques coups et s’arrêtait, et alors Rose faisait vibrer l’œuf intime, et la combinaison des deux arrachait à Justine des râles très excitants. Valérie comprit à quoi servait le saladier : Justine mouillait si abondamment qu’il était là pour recueillir sa cyprine.

    Justine râlait, gémissait, elle ne pouvait pas se tortiller tant elle était solidement ligotée au banc de fessée. A la fin des soixante coups, sa croupe était rouge, et le saladier avait recueilli la rosée de son plaisir.

     

    - « C’est bien, sœur Justine, tes larmes et ta mouille ont effacé ton ardoise, tu es en règle avec le couvent des goudous, dit Mère Mariette. »

    Claudine et Helga la détachèrent, en commençant par le torse, pour que Lucie, puis Rose, puis toutes les autres puissent l’embrasser pour marquer la fin de la punition, pendant que, comme on l’avait fait pour Valérie, des torchons mouillés étaient posés sur ses fesses pour calmer l’ardente caresse du paddle de bois. On rabattit sa blouse, on la referma et, le regard brillant de plaisir, elle vint prendre le saladier rempli de sa mouille et le tendre, tour à tour, à toutes les goudous qui y trempèrent leurs lèvres. Quand ce fut le tour de Valérie, l’odeur enivrante de la femme mûre faillit lui faire perdre la tête, et il but, lui aussi, la mouille de Justine comme il avait goûté, après sa punition, la mouille de Félicia.

     

     

    - « La mouille de Justine nous a servi d’apéritif, dit Mère Mariette, il est temps de passer à table, goudous mes sœurs. »

    Au bout de la pièce, une table rectangulaire était recouverte d’une toile cirée. La table n’était pas très grande, et sur chacun de ses quatre côtés il y avait un banc de bois. Des filles allèrent chercher des plats cuisinés qui, de toute évidence, venaient du rez-de-chaussée. Valérie reconnut la production de la journée et de la veille, qui ne serait pas vendue puisque le magasin fermait..

     

    Des filles posèrent les plats sur la table, ainsi que quelques bols de verre blanc, des pichets de vin rouge et quelques cuillères de bois. Ni assiettes, ni couverts, ni serviettes, rien que les plats de service. Tout le monde s’assit sur les bancs, qui étaient bien trop petits pour l’effectif complet des 16 goudous. Aussi, tout le monde se serra, hanche contre hanche, fesse contre fesse, Valérie se retrouvant coincé entre Mère Mariette et Carine.

     

    Une grande partie ce que la maison avait pu produire de bon, dans le salé, était là, froid pour les salades et la charcuterie, ou chaud, choucroute, beignets, plats cuisinés en sauce, sortant de deux fours à micro-ondes qui avaient dû chauffer les plats pendant qu’on chauffait les fesses de Justine. Les cinq ou six bols de verre blanc furent remplis de vin rouge et pris par celles qui étaient devant. Mère Mariette leva le sien :

    - « A notre santé, à celle de notre petite nouvelle, Valérie, dont nous avons chauffé les fesses, et à celle de Justine dont les fesses ont chauffé aussi, maintenant, chauffons-nous le gosier et le ventre. »

    Elle but et passa son bol à Valérie, qui but aussi et le passa à sa voisine. Le vin était bon, et se laissait descendre volontiers. Après avoir bu, toutes les filles mirent les mains dans les plats et mangèrent ainsi. Valérie compris pourquoi les blouses et les tabliers bleus, ou blancs pour les Mères, étaient tachés. Il était difficile, serrées comme elles étaient toutes, de manger avec les doigts proprement, sans se heurter ou se salir. Valérie fit comme les autres et mangea dans les plats communs.

     

    Après les premières bouchées, prises chacune pour soi, les filles s’offrirent mutuellement le contenu des plats, de la main de l’une à la bouche de l’autre. Il n’était pas question de refuser ce que vous tendait la voisine, et Valérie mangea de la main de Mariette comme de celle de Carine, et leur donna à manger aussi. Si un morceau tombait dans le plat, sur la toile cirée de la table ou sur le tablier, on le ramassait et on le redonnait à manger. C’était une pure orgie, qui aurait été dégoûtante si la cuisine n’avait pas été si bonne.

     

    Tout le monde mangeait lentement, mâchant bien, savourant chaque bouchée, et buvant aux bols communs le vin qui, heureusement, n’était pas très alcoolisé, mais les joues s’empourpraient et les yeux brillaient. Heureusement, quelques carafes d’eau furent apportées en même temps qu’on renouvelait le vin, et le mouvement des filles qui se levaient, puis reprenaient leur place, faisait tanguer tout le monde sur les bancs.

    Puis l’orgie alla plus loin, certaines goudous se faisant passer la nourriture de la bouche à la bouche, parfois après l’avoir mâchouillée, et Valérie prit aussi, des lèvres de Carine et de Mariette, la becquée, et la leur donna. De temps en temps, une goudou lançait un morceau de nourriture au visage d’une autre, qui riait de se voir ainsi salie. On se serait cru dans une cantine de gamines, une cantine mal tenue où toutes les rationnaires auraient été vêtues comme les filles de table.

     

    Les filles riaient en mangeant, plaisantaient, revenaient sur les punitions de tout à l’heure, disait des obscénités, se caressaient, aussi, de leurs mains grasses, soit sur les blouses, soit en passant les mains en dessous. Pour cela, elles les glissaient sous le boutonnage du dos, dans les fentes qui étaient pratiquées devant à la hauteur du sexe et, Valérie le découvrit aussi, par d’autres fentes verticales qui donnaient accès aux nichons sous la blouse et la bavette du tablier. Ainsi, les blouses étaient tachées et dessus, et dessous.

    Après le salé vint le fromage, qu’on étala sur le pain avec les cuillères de bois, et qui donna lieu à quelques tartinages sur les visages et à d’autres taches sur les blouses et les tabliers.

    Valérie était égaillé par le vin, excité par ces bacchantes qui, pourtant, ne laissaient rien apercevoir de leurs appâts bien cachés sous les blouses. Il mangeait, il pelotait ses deux voisines, était peloté par elles entre deux bouchées, et il oubliait ainsi que ses fesses lui faisaient encore un peu mal au contact du banc de bois.

     

     

    Quand tous les plats furent finis, que tous les ventres furent pleins, que tous les pichets de vin furent vides, sans attendre le dessert, dont pourtant la maison devait être abondamment pourvue, toutes les goudous se levèrent, essuyèrent leurs lèvres grasses et leurs visages tachés avec leurs torchons, frottèrent leurs mains contre leurs tabliers, et repassèrent au salon.

     


     

    11 - Le partage des gousses

     

    Toutes prirent place sur les canapés et les poufs, Valérie, cette fois, à côté de Claudine, contre laquelle il se serra avec plaisir, et s’enhardit à lui passer le bras autour de la taille, ce qu’elle trouva tout à fait normal

    - « Les filles, pour le dessert, nous aurons sucreries et gougnottage, dit Mère Mariette, et pour assortir les partenaires, nous allons tirer les sujets. Félicia, porte-nous les brioches. »

     

    Félicia se leva et alla chercher un plateau garni de seize mini-brioches, chacune pouvant faire, à peine, une bonne bouchée. Elle s’agenouilla devant Mère Mariette et Mère Sylviane, assises côte à côte, leur présenta le plateau, et chacune en prit une. Sans se lever, soit parce que telle était la règle, soit pour le plaisir de la difficulté et de l’humiliation, elle fit, à genoux, quelques mètres pour présenter le plateau à tout le monde. Quand ce fut le tour de Valérie, il prit une brioche en souriant à Félicia, qui, depuis le début de l’opération, souriait à toutes. Son tour fini, Félicia se leva, prit la dernière brioche et s’assit à sa place en posant le plateau au sol.

     

    Sur un signe de Mère Mariette, tout le monde engloutit la brioche, et Valérie sentit sous sa dent, comme il s’en doutait un peu, qu’il y avait un sujet à l’intérieur, comme dans une galette des rois. Il se dit qu’il avait gagné, ou qu’il avait perdu, mais, alors qu’il nettoyait le sujet de sa langue, à l’intérieur de sa bouche, il vit que toutes les autres avaient, aussi, un sujet, que chacune nettoya consciencieusement de sa salive et montra aux autres en se levant.

    Il y avait huit sujets différents, chacun étant en un exemplaire doré et un argenté. Valérie devait apprendre ensuite qu’ils étaient vraiment dorés à l’or fin et argentés de même. Le sien était un trèfle doré. Il vit que tout le monde s’appariait selon le motif du sujet, et il chercha donc le trèfle d’argent, qui était échu justement à Claudine, assise à côté de lui.

     

    Mère Mariette, qui avait le même sujet que Félicia, et Mère Sylviane, qui avait le même sujet qu’une jumelle, laissèrent un instant leurs partenaires pour vérifier les couples qui s’étaient formés. Quand Claudine et Valérie présentèrent leurs sujets, elle donna, tranquillement, une paire de gifles à Valérie :

    - « A genoux, Valérie. »

    Les gifles n’étaient pas fortes et ses joues à peine roses, et Valérie s’agenouilla docilement devant le tablier de Mère Mariette. Celle-ci lui donna une nouvelle paire de gifles :

    - « Comment, tu as osé tirer un sujet doré ?

    - « Mais, Mère Mariette, je n’ai pas choisi. »

    - « Je ne veux pas le savoir, demande pardon à Claudine et échange ton sujet avec le sien. »

     

    Il étant évident que, puisqu’il s’agissait de se gougnotter en couple, le sujet argenté devait gougnotter le sujet doré, et que, si Valérie pouvait sucer et lécher une connasse, l’inverse n’était pas admis. Il se tourna, restant à genoux, vers Claudine qui était tout près, lui tendit son sujet :

    - « Je te demande pardon, Claudine, voici ton sujet doré, veux-tu bien me donner le mien à la place ? »

    - « Lève toi et viens le prendre, répondit Claudine en mettant son sujet dans la bouche. »

     

    Valérie avait compris, il se leva, mis son sujet doré dans sa bouche, et, embrassant goulûment Claudine, ils échangèrent, d’une bouche à l’autre, leurs sujets, qu’ils ressortirent chacun, brillant de salive, dans la distribution qui convenait aux Mères.

     

    Félicia, qui avait distribué les brioches, aidée de la jumelle qui s’était appariée à Mère Sylviane, alla chercher les plateaux de desserts et distribua une assiette de gâteaux à chaque gagnante (si tant est qu’il y ait eu des perdantes), en profitant pour ramasser l’ensemble des sujets.

     

    Chaque gougnotteuse, et Valérie fit comme les sept autres, s’agenouilla devant sa partenaire. Mariette était agenouillée devant Félicia, et il envia pour la première fois de la soirée une des goudous.

    Chaque goudou agenouillée déboutonna la blouse de l’autre, la retroussa jusqu’à la ceinture, ainsi que le tablier, pour libérer la foufoune, glabre ou touffue, selon la personnalité de chacune. Ainsi dénudée, les gougnottées s’assirent sur le bord du siège, cuisses largement écartées, choisirent un gâteau dans l’assiette, et se l’écrasèrent avec application entre les cuisses, en prenant bien soin de l’étaler pour le faire pénétrer entre les lèvres, sur le trou du cul, dans les poils. Les gougnotteuses prirent des coussins pour mettre sous leurs genoux et être plus à l’aise ; Valérie fit de même avec un coussin que lui passa sa partenaire.

    Claudine, dénudé dévotement par Valérie, étala ainsi sur sa chatte garnie d’une énorme touffe de poils noirs un Paris-Brest qui sentait délicieusement la praline. Elle essuya ses doigts sur l’intérieur de ses cuisses et sur le visage de Valérie puis, prenant un éclair au chocolat pour le plaisir de sa bouche, offrit à celle de Valérie son entrecuisse souillé.

     

    Valérie regarda autour de lui pour voir ce qu’il convenait de faire. Chaque gougnotteuse était agenouillée devant sa compagne, la tête entre les cuisses, et léchait, suçait, mangeait un gâteau écrasé, pendant que la gougnottée se régalait d’un autre gâteau. Même Mère Mariette et Mère Sylviane étaient humblement agenouillées devant Félicia et la jumelle, comme si elles étaient les dernières et les plus humbles de goudous, au lieu d’être les abbesses de ce couvent de gouines. Alors il approcha sa tête, entoura de ses bras les cuisses de Claudine, et se mit, comme toutes les autres, au travail.

     

    Il commença par lécher ce qu’il y avait sur les cuisses, puis s’attaqua aux lèvres, au clitoris, et les nettoya consciencieusement. Claudine lui rabattit le tablier, jusqu’alors retroussé, sur la tête, l’emprisonnant ainsi dans l’obscurité et dans l’odeur forte de la praline, de la mouille et de la sueur. Elle guidait sa langue en faisant pression sur sa tête, et, de temps en temps, donnait des indications pour le guider, de sa toison, en haut, jusqu’à son anus, en bas, qu’il dut nettoyer aussi, quoiqu’il en pensât. Il entendait les autres goudous faire de même avec leurs lécheuses, comme il entendait aussi des râles de plaisir et des gloussements de satisfaction. Il léchait bien la chair, en gardant le nez dans les poils englués de gâteau. Mais Claudine faisait, de la main, redescendre du Paris-Brest sur ses parties sensibles, pour qu’il ait toujours du sucré à lécher. Il s’activait, avec certes moins d’habileté que les autres goudous, mais il finit par faire jouir Claudine qui faillit, à cette occasion, lui écraser la tête entre les cuisses. Elle râla comme les autres et cria un peu, ce qui lui fit très plaisir.

     

    - « Merci ma goudou, suce-moi les poils maintenant, nettoie-moi bien. »

    Valérie dut se remettre au travail, sur les poils, pour les nettoyer, il fallait bien lécher, baver abondamment pour décoller le gâteau, et il eut de temps en temps un poil sur la langue, dont il ne sut que faire, et qu’il dut, à grand peine, avaler, ce qu’il n’aimait pas du tout.

    Quand elle se sentit toute propre, Claudine releva le tablier, permettant ainsi à Valérie de jeter un oeil autour de lui : le tableau n’avait pas changé. Il regarda l’entrecuisses de Claudine : il était tout propre, tout luisant de salive, tous les poils bien nettoyés, plus une trace de gâteau. Il était fier de son œuvre, et se demandait, après tout ce temps passé à lécher, quand il pourrait se relever.

    Claudine, un gâteau à la main, lui sourit gentiment, puis elle écrasa le mille-feuilles qu’elle tenait à la main entre ses cuisses, et lui fit signe de recommencer…

     

    Et il fallut donc recommencer, agenouillé sur le coussin, heureusement, à gougnotter Claudine qui, après avoir rabattu son tablier sur la tête de Valérie, se tortillait de plaisir en se faisant manger dessus. Le mille-feuille était très bon, Claudine était déjà bien excitée et bien mouillée, mais Valérie commençait à avoir la langue fatiguée. Claudine avait insisté, en écrasant le gâteau, sur son anus, aussi Valérie s’y attacha particulièrement, suçotant, rentrant la langue, décontractant bien le muscle circulaire qui fermait l’orifice culier. Il décontracta tant et si bien l’orifice que ce qui devait arriver arriva, et que Claudine lâcha un pet sonore et odorant, qu’il se prit en pleines narines.

     

    Valérie eut le réflexe de retirer sa tête, mais Claudine lui appuya fermement la main sur la nuque et resserra ses cuisses. Il lui fallut donc continuer à lécher le trou péteux, dans l’atmosphère confinée qui régnait sous le tablier bleu. Deux ou trois autres petits pets finirent de faire baisser la pression du ventre de Claudine, qui ramena la bouche de Valérie vers son sexe. Sous la pression du pet, un peu plus que quelques gouttes, même, que Valérie dut, là aussi, essuyer de sa langue et nettoyer consciencieusement.

     

    Heureusement, Claudine jouit encore rapidement et, le faisant se relever, elle l’embrassa pour qu’il partage avec elle, de bouche à bouche, ses liqueurs, et qu’ils échangent aussi les goûts doux de leurs gâteaux.

    - « Déboutonne ma blouse, Valérie. »

    Valérie regarda autour de lui et déjà quelques couples s’étaient dénués pour se caresser plus tendrement, et pour la première fois il vit les seins des sœurs goudous, que leurs blouses avaient, jusqu’à présent, soigneusement cachés.

    Il déboutonna et ôta la blouse de Claudine, qui lui rendit la pareille et, couchés sur le canapé recouvert de plastique, ils purent s’embrasser et se caresser tout à leur aise, Valérie s’attardant sur les gros seins mous de Claudine, et celle-ci caressant le corps masculin de Valérie comme une rare gourmandise. Elle fut particulièrement délicate avec les fesses encore en feu, et elle finit ses caresses sur son sexe, qu’elle branla dans le tablier que Valérie avait ôté et qu’elle fit décharger afin d’y laisser une tache de plus.

     

    Toutes les autres goudous avaient fini le gougnottage et en étaient aux caresses, et Valérie bandait encore, après sa jouissance manuelle, de voir ces corps nus, à l’exception de la coiffe de bonne sœur ou d’infirmière que toute le monde avait conservé, ces corps parfois maculés de nourriture, luisants de sueur, de salive et de mouille.

     

    Mère Mariette, qui caressait la peau noire de Félicia, donna le signal de fin de ces plaisirs

    - « Les goudous, rhabillez-vous, les plaisirs sont finis, il faut revenir aux souffrances. »

     

    Chacune rhabilla sa partenaire, lui remit la blouse, la lui boutonna dans le dos, renoua son tablier et resta debout.

    Mère Mariette et Mère Sylviane, rhabillées elles aussi avec leur tablier blanc, firent le tour des filles et, les prenant par la main, formèrent, non pas au hasard, mais par un choix raisonné, de nouvelles paires. Valérie vit que Félicia échoyait à Helga, Claudine à Lucie, et ainsi de suite. Restaient seules les deux Mères, Justine et lui.

    - « Valérie et Justine, puisque vous avez déjà été corrigées, vous êtes dispensées de fessées ». Vous irez débarrasser la table et commencer le plus gros de la vaisselle, venez que j’ajuste vos blouses, dit Mère Mariette. »

     

    Justine, qui savait de quoi il s’agissait, était allée chercher des tiges de plastique blanc et des gants de ménage, en tendit deux à Mère Mariette et deux à Mère Sylviane. Chacune des Mères pris les tiges et, faisant tendre les bras aux deux filles, les enfilèrent dans des passants prévus à cet effet dans les manches de la blouse. Ceci avait pour effet de les empêcher de plier les bras au coude, et il fallut donc que Mère Mariette et Mère Sylviane leur enfilassent les gants de ménage. Puis, chacune se baissant au sol, elles virent, par un lien qui courait dans l’ourlet du bas, serrer la blouse aux chevilles pour entraver leur marche, ne leur permettant que de petits pas.

    - « Vous voilà bien contraintes et bien godiches maintenant, au travail, dit Sylviane »

     

    Valérie suivit, à tout petits pas, au risque de tomber, Justine qui était plus habile à cet exercice. Et toutes les deux, entravées et les bras raides, firent la corvée de débarrasser la table, ramasser les assiettes de gâteaux, et commencer à tout laver dans un vaste bac de plonge. Toutes ces corvées étaient rendues difficiles par le système de contention de leur blouse, mais elles les firent de bon cœur, s’entraidant, et regardant de temps en temps les autres goudous.

     

    Celles-ci, appariées par les Mères, ces deux dernières formant une paire aussi, se donnaient la fessée.

    Une fille était couchée en travers des genoux de l’autre, sur son tablier, blouse retroussée, les mains au sol d’un côté, les pieds au sol de l’autre, et recevait une bonne fessée manuelle, appliquée avec soin et lenteur. On n’entendait que le bruit des claques qui tombaient, les remarques salaces que faisaient les fesseuses et les petits gémissements des punies.

    - « Changez ! dit Mère Sylviane au bout de cinq minutes, en s’arrêtant de fesser Mère Mariette et en l’aidant à se relever. »

     

    Et ce fut au tour de Mère Mariette de s’asseoir à la place de Mère Sylviane, de prendre cette dernière en travers de son tablier, de retrousser sa blouse et de la fesser.

    Valérie regarda Helga, qui fessait Félicia, et souffrait pour cette dernière, tant Helga était robuste et aussi bonne fesseuse que ce qu’elle était bonne charcutière. Mais il était trop occupé avec Justine à faire ses corvées ménagères, et d’autant plus occupé que Justine l’embrassait de temps en temps à pleine bouche, baisers qu’il n’avait pas l’idée de refuser et qu’il recherchait même de son côté.

     

    Les fesseuses et les fessées changèrent encore de place au bout de cinq minutes, les fesses devenant de plus en plus rouges, comme les joues empourprées par le plaisir. Les mains des fesseuses souffraient aussi, parce que fesser à la main est un plaisir qui se paye, comme le plaisir d’applaudir, par la chaleur des paumes.

    Quand plaisir et douleurs furent également réparties entre fesseuses et fessées et que Justine et Valérie, ayant fini leurs corvées, étaient revenus au milieu des fesseuses pour les regarder en s’embrassant toujours, Mariette sonna la fin de la partie.

     

    - « Goudous mes sœurs, je crois que nous avons assez joui et souffert pour aujourd’hui. »

    On enleva les entraves de Valérie et de Justine, et toutes les goudous se mirent en rond, chacune posant ses mains sur les culs de ses deux voisines.

    Valérie s’était trouvé entre Mère Mariette et Helga, et il sentait sous ses mains la fesse gauche de Mariette, ronde et ferme, et la fesse droite d’Helga, plus molle mais bien plus grosse, comme il sentait leurs mains sur son cul encore chaud.

    La ronde fessière se défit après quelques dizaines de secondes, et une fille apporta une grosse tête d’ail épluchée, qu’elle donna à Mère Sylviane Celle-ci la mit à la bouche, garda une gousse et, embrassant sa voisine, lui fit passer le reste de la tête d’ail entre les lèvres. Elle fit de même, et l’ail fit, de bouche en bouche, le tour, jusqu’à Helga, qui la mit dans la bouche de Valérie. Valérie suçota les gousses d’ail qui avait encore du goût, après être passé par une quinzaine de bouches, et embrassa Mère Mariette pour lui donner ce qu’il n’avait pas mangé.

    Mère Mariette, faisant sortir à moitié entre ses lèvres les dernières gousses, les partagea avec Sylviane qui les coupa en deux d’un coup de dents, et elles en avalèrent la moitié chacune.

     

    - « Mes goudous, nous avons partagé les gousses d’ail comme nous avons partagé nos corps, nos plaisirs et nos douleurs. L’orgie est finie, bonne nuit les filles. »

     

    Tout le monde se déshabilla, chacune aidant sa copine, on accrocha coiffes, blouses et tabliers à des patères, on enleva les tongs, et tout le monde passa dans le couloir où, dans une pièce du fond, les vêtements étaient sur des portemanteaux. Certaines allèrent aux douches qui étaient au fond du couloir du sous-sol (Valérie compris que ce devait être, ce sous-sol, l’ancien laboratoire et les anciens vestiaires avant qu’on fasse l’équipement bien plus moderne du dessus), d’autres se rhabillèrent directement.

     

    Mariette et Sylviane vinrent demander à Valérie comment elle allait, avec de grands sourires, et il ne sut quoi dire… Félicia vint le tirer de cet embarras :

    - « Ne prenons pas la douche ici, rentrons à pied à l’appartement, Valérie. »

     

    Les deux jeunes gens s’habillèrent, jean et T-shirt sur leurs corps encore tendres de plaisir et, main dans la main, en flânant dans les rues de la capitale, la tête pleine de confusion pour Valérie, pleine de gaîté pour Félicia, ils allèrent se coucher séparément sans faire aucune allusion à la soirée.


     12 - Le service au salon

     

    Le lendemain, jour de fermeture, Félicia se glissa dans le lit de Valéry qui dormait encore et le réveilla par une fellation. Le travail de bouche sur son sexe tira Valéry de son sommeil avant qu’il ait éjaculé et, en se réveillant, il vit les cheveux frisés de sa copine entre ses cuisses.

    Il lui enleva gentiment la tête de son sexe, la fit coucher sur le dos, lui écarta les cuisses le plus largement possible, posant les chevilles de Félicia sur ses épaules, et il la pénétra virilement, sans brutalité, mais sans ménagements, sans préliminaires, comme un mâle qui fait valoir ses droits, en terrain conquis.

     

    Félicia avait bien compris son état d’esprit, et elle se laissa besogner ainsi, à grands coups de reins, la taille serrée, les seins malaxés, sans rien dire, sans même sourire, juste en se mordant les lèvres et en se débattant doucement, comme s’il la violait. Elle savait qu’il avait besoin de prouver sa virilité de cette manière fruste, et elle se laissa donc prendre comme un maître aurait pris une esclave, sur un sac de coton, dans une plantation du Sud Confédéré.

    Elle fit même semblant, non pas de jouir, mais d’avoir mal, et quand il éjacula en elle et se redressa, vainqueur, sur ses bras, elle ferma les yeux et mis ses mains sur son visage, comme si elle avait honte.

     

    Mais il comprit le jeu, il écarta ses mains et l’embrassa doucement, et, quand il se retira de lui, elle reprit la fellation qu’elle avait entamée, pour être doublement soumise à l’homme qui doutait de lui. Puis ils allèrent se promener et passèrent une excellente journée.

     

     

    A l’ouverture du magasin, Valéry ne savait pas trop comment se comporter, mais toutes les filles furent exactement comme d’habitude. Il s’habilla donc pour le laboratoire, selon le planning, et commença sa matinée ordinaire. Sur le tableau, dans le couloir, les bûchettes de la colonne « VJ » avaient été effacées. Et la journée se passa comme les précédentes, sans rien de particulier, à se demander si la soirée qu’il avait vécue avant la fermeture hebdomadaire n’était pas un rêve.


    Quelques jours plus tard, Mariette Watt lui annonça que, le lendemain après-midi, puisqu’il serait « de magasin », il aurait à faire le service du salon de thé :

    - « Josiane vous montrera le fonctionnement de la machine à l’étage, mais vous savez certainement vous en servir. Nos recettes de chocolat, de cappuccino, sont classiques, tout est dans la qualité des produits et dans le dosage, que vous maîtriserez. Ah, le café irlandais n’est pas à la carte, mais les bonnes clientes le connaissent, et nous avons de l’excellent whisky pour le faire. »

    - « Bien Mademoiselle, je trouverai un moment avec Josiane pour me faire montrer tout ça. »

     

    Le principe du salon de thé était simple : les clientes, toujours des habituées, commandaient leurs gâteaux avant de monter, ainsi que leur boisson, on montait les gâteaux, on faisait les boissons là-haut, on servait, on montait la note qu’on encaissait en bas, on rendait la monnaie, on avait droit à garder le pourboire. En plus, Josiane expliqua que, pour les excellentes clientes, il y avait, de l’autre côté du couloir de l’étage, deux cabinets particuliers, en principe retenus par téléphone.

     

    Vêtu de Rose, Valérie prit donc son service au magasin, avec Félicia, ce qui le rassura. C’était une après-midi pluvieuse, aussi une cliente vint vite, vers les trois heures de l’après-midi, commander deux pâtisseries et un chocolat.

    Valérie monta préparer le chocolat, redescendit prendre les pâtisseries, remonta avec celles-ci sur un plateau (ah, les escaliers, c’est toujours un problème dans le métier) et servit, sur un plateau d’argent, dans de la jolie porcelaine, gâteaux et chocolats à sa cliente, une femme rousse entre deux âges.

    Comme il servait, il sentit la main de celle-ci qui se posait sur ses fesses, exactement comme un homme, dans un bar pas très bien fréquenté, aurait mis la main au cul de la serveuse. Il lui fallut tout son sang-froid pour ne rien renverser, mais il connaissait le métier. Il connaissait aussi la maison et la clientèle. Au lieu de se dérober, il bomba les fesses sous la caresse, pour faire beau cul, et dit à la cliente un joli sourire :

    - « Oh, Madame, tout ce qui est dans la maison n’est pas à la carte des douceurs. »

     

    La cliente rit, descendit la main pour caresser les cuisses, et abandonna sa proie de chair pour les sucreries.

     

    Une deuxième cliente arriva, plus sérieuse, qui alluma son ordinateur portable et se mit à travailler avec une tartelette et une tasse de thé. Celle-ci n’essayât pas de le toucher ni de le frôler, ce qui le rassura. Quand il alla débarrasser la première cliente, qui lui avait demandé l’addition, elle eut le même jeu de mains, et il se laissa faire volontiers, tant pour le plaisir de la caresse que pour le pourboire. Bien sûr, celui-ci ne fût pas à la hauteur de ce qu’il avait eu pour la livraison chez Madame Dellaire, mais il était généreux.

     

    Il n’avait pas vu que la deuxième cliente, celle à l’ordinateur, avait vu le manège, aussi, quand il monta servir une troisième cliente, il se fit pincer la fesse au passage. Là aussi, il ne se formalisa pas, le pinçon ne faisait pas mal vraiment, mais c’était, comment dire, plus grossier que la caresse de la première.

     

    Il s’ouvrit tout de suite de ces incidents à Félicia, qui lui dit que toutes les habituées prenaient des libertés avec le personnel, et que « Ca faisait partie du service de la maison ». Elle ajouta que, de toute façon, il avait maintenant un peu d’expérience, et ce fut la seule fois que, depuis la fin de l’orgie nocturne, elle fit allusion à cette séance. Valérie déclina l’offre qui lui fut faite de le remplacer au service : il avait reçu son planning, il devait l’exécuter.

     

    L’après-midi se passa avec une vingtaine de clientes qui occupèrent, seules ou par deux, plus rarement trois, les quelques tables de l’étage. Il fit une petite statistique : toutes celles qui venaient seules, à part une, l’avaient frôlé, pincé ou caressé de manière plus ou moins appuyée. Idem pour celles qui venaient à plusieurs, avec, dans ce cas, parfois deux mains différentes sur lui. Et quand, à un moment, Lucie, qui était de magasin aussi, était venue lui donner un coup de main pour servir trois tables en même temps, il constata qu’elle subissait les mêmes privautés de la part des clientes.

     

    Comme il n’était pas tout le temps à l’étage, et qu’il devait servir au magasin aussi, il vit que les écrans placés à côté de la caisse montraient tout ce qui se passait dans le salon de thé à l’étage, et il se dit que Félicia et Lucie avaient donc, sans doute, assisté aux caresses qu’il avait subies. Vanité masculine : elles avaient l’habitude de ne contrôler le salon que pour mieux servir les clientes, et ne pas les faire attendre quand elles avaient fini leur goûter.

     

     

    Un des cabinets particuliers fut ouvert pour deux clientes, et il dût dresser une nappe et mettre le couvert pour un petit en-cas salé et sucré. Le cabinet particulier pouvait accueillir quatre personnes, avec une banquette, longue et profonde, et deux chaises. Alors que le salon de thé donnait sur la rue, avec des rideaux légers, les cabinets particuliers donnaient sur l’arrière, avec des rideaux opaques et un éclairage tamisé.

    Il y conduisit deux clientes, les servit et, sur leur demande, les laissa converser tranquillement : elles l’appelleraient, par le bouton prévu à cet effet, en tant que de besoin. Elles ne l’appelèrent que pour le thé, à la fin de la collation, qui dura certainement plus que nécessaire. Leur conversation avait du être animée, parce qu’elles étaient rouges et, quand il revint, une d’entre elle retouchait son maquillage et, il sans qu’il en soit tout à fait sûr, il lui semblait que les deux avait rajusté leurs tenues. Il lui revint à l’esprit que, dans les restaurants de la « Belle époque », les cabinets particuliers, comme les fiacres, d’ailleurs, servaient aux rendez-vous galants. Tout s’expliquait, sauf le fait que, à notre époque moderne, elles n’allassent pas chez l’une, chez l’autre, ou tout simplement à l’hôtel. Mais les lesbiennes sont infiniment romantiques autant que gourmandes, et le cadre douillet du cabinet particulier, joint aux produits de la maison, venait compléter le plaisir de la rencontre discrète amoureuse.

     

     

    Josiane dût faire un rapport satisfaisant sur son service au salon, car Mariette Watt lui dit qu’il s’en était bien tiré et que, donc, il prendrait régulièrement son tour à ce poste.

     

     

    La deuxième après-midi qu’il passa au service du salon était plus calme, sur le plan de la charge de travail : beau temps, et donc moins de clientes. Il avait pris l’habitude de l’escalier, et il savait passer entre les tables en tortillant délicieusement des fesses sous la blouse rose, faisant balancer de manière très excitante les flots de son tablier. Il avait tout d’une fille, et tortiller du popotin l’amusait beaucoup.

     

    Il revit la pinceuse qui travaillait sur son ordinateur. Il fut à nouveau pincé, avec plus de familiarité. Il vit ce qu’elle faisait sur son ordinateur : du traitement de texte et, visiblement, elle écrivait ou relisait, ou corrigeait un texte érotique dont il vit quelques phrases sans aucune ambiguïté.

     

    Quand les clientes venaient à deux, elles se mettaient aussi volontiers côte à côte que face à face, et Valérie remarqua que, dans le premier cas, elles se collaient cuisse contre cuisse et que, dans le second cas, elles se faisaient du pied sous la table, le pied déchaussé montant même parfois assez haut. Mais il ne regardait pas sous les tables…

     

    A un moment où il n’avait qu’une seule cliente, qui était d’ailleurs déjà venue la première fois qu’il avait servi, celle-ci lui mit la main autour de la taille, le fit s’asseoir contre lui sur la banquette et l’embrassa. Elle était trop maquillée, son rouge à lèvres était trop appliqué pour qu’il prit plaisir à ce baiser, qu’il dut pourtant rendre : c’était une bonne cliente qu’il avait vu plusieurs fois au magasin. Il en fût quitte pour s’essuyer les lèvres avec une serviette avant de redescendre au magasin.

     

    Mais le service au salon de thé n’était pas désagréable, même quand il était appelé dans un cabinet particulier.

     

    Il avait bien compris ce qu’y faisaient les clientes en privé. Quelquefois, il était appelé par un coup de sonnette et, rentrant dans le cabinet particulier, il y trouvait les clientes en train de s’embrasser, de se gougnotter, ou, face à face, les cuisses ouvertes et entremêlées, de se frotter les sexes l’un contre l’autre. Ce pouvait être pour monter d’autres gâteaux ou d’autres boissons, afin de redonner de l’énergie aux gougnottes ou aux tribades. Mais ce pouvait être, aussi, pour participer plus ou moins activement.

     

    Il lui fut demandé, par exemple, de regarder seulement, dans la position de la serveuse debout, mains jointes devant sur son tablier, attendant les ordres des clients. Il lui fut demandé de masser le dos et les épaules contractées d’une cliente pendant qu’elle s’activait sur l’autre, ou de masser les pieds comme il l’avait vu faire à la soubrette de Madame Dellaire. Il dut aussi, une fois, lécher les pieds, ce qui lui valut un pourboire conséquent, même s’il était encore maladroit aux exercices de petit salé.

    Mais la plupart de temps les clientes qui se gouinaient se contentaient de lui caresser les fesses, ou de lui faire retrousser sa blouse et son tablier, baisser sa culotte de femme en coton et montrer son sexe de garçon sous ses vêtements de serveuse. Cela les faisait beaucoup rire et leur donnait une ardeur nouvelle dans les jeux saphiques.

     

    Cependant, à aucun moment, il n’eut à toucher ni à lécher les sexes féminins. Si le personnel des Goûts Doux avait accepté une gouine à quéquette, les clientes du salon de thé étaient toutes des lesbiennes de stricte observance.

     

     

    Malgré tout, il préférait le travail au laboratoire. Être vu en tablier de femme au magasin ne l’excitait pas et le gênait toujours un peu, non pas pour les habituées, qu’il connaissait, maintenant, mais pour les clientes et les clients de passage qui venaient non pas par habitude, mais attirés par la devanture et la bonne allure de la maison. Le service au salon était amusant, et il y avait les pourboires, mais monter et descendre des escaliers en blouse de femme était bien plus difficile que de marcher à plat, surtout quand il fallait croiser, à la montée ou à la descente, chargé du plateau, une cliente devant laquelle il devait s’effacer.

     

    Et puis, le labo, la fabrication, c’était plus créatif, c’était, dans son esprit, un vrai métier, alors que la vente et le service avaient toujours, dans son esprit, un aspect secondaire.

     

     

    En tout cas, les sœurs Watt étaient très contentes de lui dans ce nouveau poste de travail et, quand on réservait un salon de thé en demandant si Valérie était de service, elles se rappelaient leur pari du soir de l’embauche, quand Sylviane avait dit à sa sœur «  Au moins un tiers de notre clientèle va adorer… »

     

    Le pari était gagné.

     


     

    13 - L’employée du mois

     

    Les jours passaient tranquillement pour Valéry, entre le travail au laboratoire et au magasin, l’appartement en colocation et son amoureuse avec Félicia.

     

    Leur relation n’avait pas évolué : ils étaient de bons copains, ils aimaient à être ensemble, mais ils n’étaient que des colocataires, chacun avec sa chambre, et, si Félicia le rejoignait parfois pour un câlin, elle consacrait aussi des moments de tendresse à Fatia, comme par le passé. Ceci ne choquait pas Valéry et, d’ailleurs, il n’y avait pas de quoi.

     

    Professionnellement, il apprenait beaucoup de choses, venait travailler avec plaisir et, chaque matin ou chaque après-midi, enfilait sa blouse blanche ou sa blouse rose comme il aurait mis n’importe quelle tenue de travail. Même la culotte de femme de coton lui était devenue familière ; cependant, il ne l’aurait jamais mise en dehors de son travail.

     

    Bien sûr, il avait encore fait quelques livraisons, dont une chez Madame Dellaire. Pendant que celle-ci dégustait les premiers gâteaux qu’il lui avait livrés, elle lui demanda de lui masser la nuque et les épaules pendant que, devant elle, Marguerite, la cuisinière, assise sur une chaise, fessait en travers de ses genoux, couchée dans son tablier blanc, la petite soubrette. Il se rappela la proposition de fessée qui lui avait été faite la fois précédente, et il massa consciencieusement Madame Dellaire qui jouissait du spectacle des fesses rougies de Rose.

     

    Vint le soir, précédant le jour de fermeture, où les goudous devaient se réunir au sous-sol. Les sœurs Watt communiquaient la date à chacune, sans formalité, et en profitaient pour décider qui effacerait son ardoise et d’autres choses de ce genre. C’est Sylviane Watt qui dit à Valéry :

    - « Valérie, nous avons une séance au sous-sol dans trois jours, nous comptons toutes sur toi, bien sûr. »

    Il n’y avait rien à dire à cette demande, qui était un ordre, et, de toute façon, faut-il le nier, il attendait cela avec impatience.

     

    Ce jour-là, il était d’après-midi avec Félicia, ce qui lui facilita la chose : il n’avait qu’à faire comme elle.

    Toutes les filles, après avoir fini le travail, se rhabillèrent dans le vestiaire, sans prendre de douche, cette fois, rangèrent soigneusement leurs tenues de travail, et descendirent au sous-sol. Elles furent ponctuellement rejointes par le reste du personnel dans l’ancien vestiaire, où tout le monde se déshabilla et mit ses vêtements sur les portants. Ca faisait drôle de voir toutes ces filles nues, y compris Mesdemoiselles Watt, mais ce n’était pas excitant, c’était plutôt une ambiance de collégiennes.

     

    Il ne fallut que cinq minutes pour que tout le monde soit prêt, en tenue d’Eve, et rentre dans la salle de travail – Valérie sut que c’est comme ça qu’on appelait cette grande pièce.

    A l’entrée, chacune mit des tongs (ils étaient communs à toutes) et ajusta, sur sa tête, ce voile bleu, mi-infirmière, mi-religieuse, qui donnait à leur réunion l’allure d’un couvent. Félicia l’aida à ajuster son voile, et lui donna une blouse et un tablier parmi ceux qui étaient pendus aux patères. Il remarqua que les blouses et les tabliers étaient communs à toutes, sans souci de taille. Voilà pourquoi, selon le hasard, certaines étaient plus ou moins « à l’aise » dedans : personne n’était serré, il n’y avait que des tailles suffisantes pour aller à toutes.

     

    Il remarqua aussi que les blouses et les tabliers étaient sales, pour la plupart. Il apprit, par la suite, qu’on ne les lavait qu’en dernière extrémité mais que, entre deux orgies, les vêtements étaient emballés sous vide, pour ne pas se détériorer, et qu’on les sortait quelques dizaines de minutes avant la séance. Ils étaient donc gras, odorant de nourriture et de sueur, et Valérie prit, au hasard, une blouse et un tablier bleu que, comme les autres, il garda sur le bras. Il prit aussi, comme les autres, un torchon, qui était dans le même état que les vêtements.

     

    Toutes les filles, nues entre le voile et les tongs, la blouse et le tablier avec elles, se mirent en rond au centre de la pièce, et Mère Mariette dit :

    - « Mes filles, nous allons commencer la bacchanale du couvent des goudous. Que chacune aide l’autre à mettre sa tenue de pénitence. »

    Elles s’habillèrent, enfilant la blouse d’abord, et demandant à une compagne de lui ajuster et, surtout, de lui boutonner dans le dos : sinon, il aurait fallu des contorsions pour fermer la dizaine de gros boutons. La blouse qu’il avait sentait la sueur sous les bras. Puis elles mirent leur tablier, ajustant le lien au cou, faisant faire un double tour à la ceinture pour la nouer devant. Son tablier sentait le fromage et la pistache, curieuse association. Enfin, chacune passa un torchon dans la ceinture du tablier, le laissant pendre à son côté. Valérie n’osa pas se demander de quoi son torchon avait été sali. Mère Sylviane dit :

    - « Faisons la ronde et mettons-nous les mains aux fesses. »

    Les filles se rapprochèrent les unes des autres, et Valérie se trouva entre Rose et Anna. Chacune lui mit la main au cul, et il en fit de même, palpant bien la chair élastique sous le tissu de coton. Elles étaient collées hanche contre hanche, seize filles en cercle, ou plutôt quinze filles et lui, quand Mère Mariette demanda :

    - « Voulez-vous toutes que nous partagions nos corps et que nous nous soumettions chacune à nos plaisirs, jusque dans les châtiments ? ».

    Comme toutes les autres, il dit, de tout son cœur :

    - « Oui ma Mère ! »

    Mère Sylviane conclut :

    - « Les goudous, l’orgie commence. »

     

    Comme il l’avait vu la fois précédente, on prépara et on partagea le gigot à l’ail sur les rôties de pain grillé et aillé, distribué par les Mères et dévotement pris à genoux devant elles. Puis, comme la dernière fois, on passa aux ardoises.

     

    La première ardoise à effacer était celle de Claudine, la doyenne, celle qui, la dernière fois, avait joué le rôle, avec Helga, d’aide-tourmenteuse. C’est Josiane et Jacqueline qui la prirent par les bras et l’amenèrent aux pieds des Mères, où elle se coucha pour baiser le bas de leurs blouses et de leurs tabliers et leur sucer les orteils.

     

    Mère Mariette et Mère Sylviane, aidées des autres goudous, lui firent les reproches habituels, et la condamnation tomba :

    - « Claudine, tu recevras les verges pendant vingt minutes, dit Mère Mariette, allez l’attacher au cadre de supplice. Georgina te punira, et Félicia sera son aide-bourrelle. »

     

    Les deux aides-tourmenteuses relevèrent la pauvre Claudine et l’amenèrent au grand cadre de bois qui avait supporté le pilori de Valérie. Elles lui lièrent les mains solidement, un torchon à chaque poignet, les deux torchons noués entre eux, puis attachés à une sangle de tissu qui passait dans une poulie en haut du cadre. Elles tirèrent sur la sangle pour lever les bras de Claudine qui avait à peine les pieds au sol. Puis, comme à l’habitude, elles déboutonnèrent sa blouse, écartèrent les pans et les attachèrent au col par des boutons prévus à cet effet.

     

    Georgina alla prendre, parmi les fessoirs pendus au mur, les verges, une vingtaine de baguettes souples attachées ensemble. Elle les fit siffler, retroussa sa manche, vint embrasser Claudine sur la bouche et se mit derrière elle. Félicia avait pris, à côté des fessoirs, un minuteur de cuisine et s’assit devant Claudine, perché sur un haut tabouret muni d’un petit dossier, afin d’être à sa hauteur. Elle l’embrassa et, avec un sourire vicieux, remonta le minuteur pour vingt minutes :

    - « Vas-y, frappe, Georgina. »

     

    Georgina leva le bras et se mit à frapper le cul de Claudine, pendant que Félicia glissait, par la fente prévue dans la blouse, sa main sur l’abondante poitrine de Claudine pour lui pincer les tétons, supplice supplémentaire. Le bras de Georgina s’abattait tranquillement sur les fesses de Claudine, sans se presser : elle avait le temps, en vingt minutes, de bien martyriser le cul imposant, sans se mettre en sueur.

    Comme Valérie, comme Justine la dernière fois, Claudine se mit à gémir, à râler, à pleurnicher, à demander pardon, pendant que Félicia, son visage noir à la hauteur de son visage blanc, lui souriait et lui faisait des petits bisous en la traitant, à l’oreille, de toutes sortes d’injures :

    - « Tu aimes ça, les verges, hein, connasse, tu vas voir, Georgina est une bonne fouetteuse, tu vas le sentir passer, salope… »

     

    Valérie, qui s’était mis à côté de Félicia, entendait toutes ces ordures qui l’excitaient follement, et il voyait, dans les yeux de Claudine, non pas la douleur, mais la honte et le plaisir.

    Les vingt minutes passèrent avec deux ou trois coups de verges à la minute seulement, Georgina aimant venir, entre les coups, caresser les fesses et, d’un doigt, ramasser la sueur qui coulait dans la raie culière pour la goûter.

    Quand le minuteur sonna, elle posa les verges, remonta une dernière fois son doigt dans la raie pour ramasser la sueur qu’elle fit sucer, sur son doigt, à Claudine, qu’elle embrasse, et à Félicia, qui embrasse Claudine aussi. Les aides-tourmenteuses la détachèrent et, comme c’était l’habitude, quelques filles allèrent, avec des torchons frais, calmer le feu qui embrasait sa croupe de jument.

     

     

    La deuxième goudou à effacer son ardoise fut Jacqueline, que les Mères, après sa confession agenouillée et son humiliation rampante, firent fesser par Anne, sur le banc de fessée qui avait servi à punir Justine la dernière fois. Elle reçut une cinquantaine de coups de tape-tapis pendant que Michèle, son visage collé contre le sien, surveillait sa douleur et ses larmes. Jacqueline aussi fut, après sa punition, embrassée, consolée et rafraîchie par ses punisseuses.

     

     

    Une fois la deuxième ardoise effacée, avant de passer à table, Mère Mariette annonça :

    - « Les goudous, les Mères ont décidé que ce soir nous fêterons une Employée du mois, et ce sera Carine. »

    Tout le monde se tourna vers Carine, cette jolie brune potelée qui atteignait la trentaine, pour la féliciter en souriant, alors qu’elle rosissait de plaisir et de confusion. Il est vrai qu’elle était la plus aimable avec les clientes, et excellente vendeuse qui, quand vous rentriez pour un seul gâteau sec, vous faisait ressortir avec une douzaine de pièces.

    - « Pour commencer, Carine, tu vas présider notre tablée. »

     

    Tout le monde alla se mettre à table, mais on fit une place au centre de celle-ci pour y asseoir Carine, les jambes étendues. Il y avait moins de place pour les plats, tout le monde s’assit autour et commença à manger, comme la dernière fois, directement dans les plats, avec les mains. Carine, trônant au milieu, n’avait pas à se servir. Les goudous prenaient les meilleurs morceaux entre les lèvres et, dans un baiser, lui donnaient la becquée. Elle fut ainsi nourrie par toutes, et Valérie, plusieurs fois, eut le plaisir de lui donner de bouche à bouche un blanc de poulet, un morceau de légume, et de frotter son visage contre le sien.

    Contrairement à la fois précédente, les desserts furent servis à table et mangés aussi salement que le reste. Carine trônait toujours au centre, comme une reine des abeilles nourrie de miel par ses ouvrières affairées autour d’elle.

     

    Le repas fini, Mère Mariette annonça qu’il était temps de récompenser l’Employée de mois par les plaisirs du bas-ventre, puisqu’elle avait déjà été récompensée par les plaisirs du ventre.

     

    On aida Carine à se relever, on l’accompagna dans le coin salon, devant un canapé à deux places et là, sur un signe des Mères, on lui enleva son tablier et sa blouse, ainsi que ses tongs, ne lui laissant que sa coiffe. Puis elle s’assit, ou plutôt se coucha à demi sur le canapé, les fesses à moitié en dehors, la tête reposant sur le dossier, les bras écartés en arrière. Deux goudous s’agenouillèrent au sol pour lui soulever les cuisses et l’aider à se maintenir dans cette position. Deux autres s’agenouillèrent à quelques dizaines de centimètres pour lui maintenir les chevilles. Deux autres prirent place de chaque côté du canapé, à proximité de ses seins. Deux autres, dont Valérie, vinrent se mettre, par derrière le canapé, près de ses épaules. Les Mères indiquaient à chacune sa place et sa position, et Carine fut ainsi entourée de quatre filles de chaque côté. Une, couchée sur le dos sur un pouf, prit place entre ses cuisses sous ses fesses et une autre, couchée sur cette dernière, près de sa moule. Une goudou vint se placer près de chacune de ses oreilles, et une treizième et dernière près de son front.

    Carine était donc aussi entourée qu’à table, mais de manière différente, par ses treize compagnes, les deux Mères surveillant l’ensemble du dispositif.

     

    Et Mère Mariette donne l’ordre de commencer.

     

    Chaque goudou s’activa sur la partie du corps de Carine qu’elle avait à sa disposition.

    Celles des pieds commencèrent, à la bouche, à lui faire petit-salé, léchant et suçotant ses orteils, passant bien la langue entre, léchant aussi la plante des pieds et le dessus. En même temps, elles lui caressaient les pieds, les chevilles et les mollets de leurs mains, y remontant parfois la bouche. Et certaines de ces caresses étaient des chatouilles qui faisaient se trémousser Carine, heureusement maintenue par ses compagnes dans une position qui, sans leur soutien, aurait été inconfortable, mais qui la retenaient dans une douce étreinte.

    Celles des cuisses lui embrassaient et lui caressaient les genoux, les cuisses, les hanches, les côtés et le bas du ventre, tout en la soutenant pour l’empêcher de glisser et, là aussi, certaines de ces caresses étaient des chatouilles délicieuses.

    Celles qui étaient près de ses seins prirent chacune un téton en bouche et se mirent à le mordiller, le lécher et le téter, tout en caressant les nichons de leurs doigts habiles. Leurs mains allaient aussi sur les flancs et sur le haut du ventre, rencontrant de temps à autre celles des caresseuses de cuisses et de hanches, au hasard des délicieux frottis et chatouillis des unes et des autres.

    Valérie et son homologue de l’autre côté léchaient soigneusement sous les aisselles. Valérie s’enivrait de l’odeur de sueur qui émanait de la touffe de poils axillaires que toutes les goudous conservaient. Au début, cela l’avait étonné, mais il se rendait bien compte, maintenant, de l’intérêt de ce piège à odeurs de femme qu’il adorait aussi chez Félicia. En plus de lécher les aisselles, la tâche des deux goudous des bras était aussi de caresser les épaules, les bras, les avants bras, les poignets, qui regorgent, surtout vers l’intérieur des membres, de zones sensibles.

     

    La goudou couchée sur le dos entre les cuisses se consacrait entièrement à la raie culière et au trou du cul de Carine, qu’elle excitait à grands coups de langue, ce qu’elles appelaient non pas « faire une feuille de rose », mais « manger l’oignon ». De temps à autre, elle mettait le doigt dans le trou du cul, un doigt bien mouillé de salive, qui allait chercher à l’intérieur une petite crotte dure dont le mouvement excitait follement Carine. Puis le doigt sortait, la langue revenait, puis le doigt encore, et parfois même un deuxième, pour mieux pénétrer le moule à chocolat.

    Celle qui était couchée sur la première avait sans doute la meilleure part, puisqu’elle commandait les centres principaux de la jouissance de Carine : ses grandes et petites lèvres, l’intérieur de sa moule, son clitoris et son trou qui pisse. Toutes ces parties intimes avaient droit à la langue agile et aux doigts experts, et il fallait que la gougnotteuse se retienne. Si elle était trop active, les soubresauts de jouissance auraient fait s’effondrer tout l’équilibre du dispositif.

     

    A la tête, deux filles se consacraient aux délicieux coquillages de chair qu’étaient les oreilles de Carine, chacune investie par une langue mouillée et un souffle chaud qui la faisaient frissonner. Les mains caressaient doucement le cou et la nuque.

    Enfin, la dernière goudou, dans une position peu confortable il est vrai, couvrait de baiser le front, les yeux, les joues, le nez, la bouche de Carine, des petits baisers humides, des léchouilles délicates qui couvraient de salive le joli visage de Carine, visage qui, sous le plaisir, rougissait et se couvrait de sueur.

     

    Les Mères Mariette et Sylviane surveillaient l’opération, donnaient des indications pour que le plaisir de Carine soit toujours à la limite du supportable, n’atteigne jamais le paroxysme qui lui aurait rendu la suite moins agréable. Si nécessaire, elles remplaçaient une goudou qui avait des crampes des membres ou de la langue, pour lui permettre de se détendre un peu, puis la faire reprendre à un autre poste de travail.

     

    Carine se trémoussait, se tortillait, râlait, gémissait, haletait, criait parfois, devenant complètement inconsciente de son corps tant il était assailli de tous côtés. Pendant trois longs quarts d’heure, elle ne fut plus une femme, elle ne fut plus un corps de chair, elle ne fut qu’une vague de plaisir, plaisir qui suintait de tout son être, sa sueur, sa bave qui coulait entre ses râles, sa mouille bue par la gougnotteuse et la mangeuse d’oignon. A la fin, elle lâcha même quelques jets de pisse qui coulèrent sur leurs tabliers et leurs blouses, et furent très vite épongés par des torchons qui, à tout hasard, avaient été prévus.

    Cette pression sur la vessie marquait l’apogée du plaisir et, sous la direction des Mères, les goudous lécheuses et caresseuses ralentirent leur action et se retirèrent peu à peu, laissant Carine assise sur le canapé, le regard vague, secouée encore de quelques soubresauts de plaisir.

     

    On la rhabilla sur le canapé, et elle remercia toutes ses compagnes d’un baiser sur la bouche à chacune, sans se lever, toute molle encore de la récompense exceptionnelle qui lui avait été attribuée.

     

     

    - « Après le plaisir, les fessées. » dit Mère Mariette.

    Comme la dernière fois, sa sœur et elle apparièrent les filles, sauf Claudine et Jacqueline qui avaient déjà reçu leur ration et qui allèrent aux corvées. Valérie se trouva avec Anna, et c’était à elle de commencer à fesser.

     

    Elle lui fit relever son tablier en le prenant entre ses dents et le coucha donc en travers de ses genoux, la tête vers sa gauche et les pieds vers sa droite. Ses pieds touchaient le sol, et il dut d’appuyer sur ses bras pour ne pas glisser. Anna retroussa sa blouse sur ses fesses, pour découvrir son cul nu. Elle le fit se soulever un peu, et retroussa également le devant de sa blouse. Sa quéquette était directement au contact du tablier gras, et il se dit tout de suite qu’il allait avoir une érection. Anna mit fermement son bras gauche autour de sa taille, pour bien le maintenir, écarta un peu les genoux pour plus de stabilité, lui écarta légèrement les cuisses, en profita pour lui caresser la peau rasée de ses bourses et pour remonter le doigt dans sa raie culière. Elle toucha les fesses pour en évaluer la fermeté, cracha dans sa main, et commença à l’abattre sur la fesse gauche, puis sur la fesse droite.

    Elle alternait les coups sur les deux fesses, à la cadence d’une dizaine de coups par minute, sans frapper très fort, en répartissant bien les claques sur toute la surface.

     

    En fessant, elle lui faisait des remarques du genre « Tiens, prends celle-là », ou « Tu aimes ça, hein, salope », ou « Tu l’as bien méritée, celle-là ». Il acquiesçait, gémissait et pleurnichait un peu pour la forme, et sentait qu’il bandait dans le tablier de sa fesseuse. Il prenait soit de remuer un peu les fesses, de faire danser son cul pour le plaisir, et, quand Sylviane Watt donna l’ordre de changer de position, il fut un peu déçu et se releva avec dépit, rabattant sa blouse et son tablier sur sa saucisse dure.

     

    A son tour de fesser Anna, et il fut bien gêné. Mais celle-ci s’était levée, lui laissant la place, l’avait embrassé sur la bouche et l’avait fait asseoir sur le canapé, où il se cala bien au fond. Anna releva le bas de son tablier en le prenant entre ses dents, releva le devant de sa blouse jusqu’à la taille et se coucha en travers des genoux de Valérie, dans la même position que lui tout à l’heure. Valérie retroussa maladroitement l’arrière de la blouse pour découvrir le cul plantureux d’Anna, qui écarta un peu les cuisses pour monter son abricot fendu.

    Valérie, qui bandait toujours, se dit que Anna devait sentir son érection, comme elle l’avait sentie tout à l’heure, sauf que c’est elle qui était couchée sur le vit durci. Il caressa les fesses, effleura les lèvres, et commença à donner la première fessée de sa vie. Ce n’était pas évident, d’avoir le bon rythme, la bonne puissance, et il se rendit compte que fesser à main nue fait mal à la main, si on ne maîtrise pas la technique. Il s’y mit volontiers, cependant – il aurait encore le temps de s’y faire. Et, comme Anna l’avait fait, il lui dit des cochonneries qui les excitaient tous les deux.

    Quand il reçut l’ordre de changer, il fut tout aussi dépité que tout à l’heure, et il se disait qu’il avait plus mal maintenant à la main qu’aux fesses.

     

    L’échange de fessées continua, avec quelques alternances, jusqu’à ce que les Mères donnent le signal de la fin. Valérie se rendit compte qu’il ne s’était pas préoccupé de Félicia, qui avait été avec Helga, et qui en semblait très contente.

     

    Tout le monde fit la ronde les mains au cul, les Mères firent circuler la gousse d’ail de bouche en bouche comme la première fois, le cérémonial était bien établi, se dit Valérie. Puis on se déshabilla, on se dit au-revoir, et il rentra avec Félicia.


    Cette fois ils discutèrent de ce qu’il venait de vivre, du plaisir qu’il avait pris. Félicia lui dit que, depuis deux ans qu’elle était là, il y avait un peu de routine, mais très souvent des choses différentes qui pimentaient les séances et que, pour elle, c’était devenu une douce habitude dont elle aurait du mal à se passer.

    - « Mais ça ne m’enlève pas l’envie de faire normalement l’amour avec des filles et des garçons, dit-elle avec le grand sourire qui l’avait séduit au premier regard. Comme tu ne dois pas avoir craché ta crème ce soir ici, tu le feras dans mon lit. »

     

    Et Valéry se dit que la vie était belle.

     


     

    14 - Sissys, soubrettes et « parlour maids »

     

    Oui, la vie était belle pour Valéry. Son travail lui plaisait, l’ambiance particulière des Goûts Doux, avec ce qu’il qualifiait de « séances de motivation de groupe » lui plaisait aussi, il s’était habitué à sa féminisation vestimentaire et grammaticale, et il avait une coloc-copine jolie comme tout pour sa vie affective. Aussi, quand Mariette Watt lui annonça que sa sœur et elle avaient décidé de le garder définitivement, il se confondit en remerciements sincères :

    - « Merci Mademoiselle, croyez-bien que vous n’aurez jamais à vous plaindre de moi, jamais. »

    - « Nous le croyons bien, Valérie, nous vous avons testé sur tous les plans, et nous sommes contentes, il vous suffit toujours continuer comme ça. »

    - « Vous pouvez en être assurée, Mademoiselle. »

    - « Alors c’est bien. Dites-moi, Valérie, seriez-vous prête après-demain à faire des heures supplémentaires pour une prestation de notre service traiteur ? Ce serait une dure journée, préparation l’après-midi et service le soir jusqu’à assez tard, vous seriez avec trois collègues pour le service. »

    - « Je le ferai volontiers, Mademoiselle, bien sûr. »

    - « C’est une clientèle généreuse qui vous laissera sans doute un pourboire, mais une clientèle particulière, il faudra ne vous choquer de rien, je compte sur vous. »

     

    Des heures supplémentaires, ce serait toujours ça pour se remettre à flot, parce qu’il avait pas mal galéré avant les Goûts Doux, quant à se choquer, il avait déjà vu bien des choses… Il fit donc partie de l’équipe de service, avec Félicia, Jacqueline et Lucie, de ce qui, sur la commande, portait le nom de « Soirée concours de Miss ».

     

    Il prépara donc, avec ses collègues de labo, un buffet de grande qualité pour environ 120 personnes et, le soir, parti le livrer dans le camion réfrigéré, avec tout le matériel pour terminer la préparation sur place. Pour cela, il avait gardé sa tenue de labo et pris en plus sa tenue de magasin, alors que ses collègues étaient toutes en rose.

    L’endroit de la soirée était un show-room de mode, une grande salle avec un podium de défilé, du côté du podium une loge collective où il déposa des bouteilles d’eau minérale, et, de l’autre côté, un local prévu à cet effet pour préparer le service. Il déballa matériel et marchandise et termina les préparations pendant que ses collègues dressaient le buffet.

     

    La soirée commença à 20 heures, mais, occupé à l’office, il ne vit pas arriver les invités. Il passa la tête par la porte alors que quasiment tout le monde était là, avait le verre à la main, et que Jacqueline et Lucie servaient les boissons pendant que Félicia proposait dans la salle des plateaux d’amuse-gueules.

     

    Il y avait une centaine de personnes habillées en femme, toutes, mais, il commençait à avoir l’oeil, une très grande majorité d’hommes travestis et peu de vraies femmes. Il devait se rendre compte, par la suite, qu’il n’y avait que des couples, et seulement un tiers ou un quart de couples vraiment mixtes, le reste étant des couples de deux travestis.

    Les tenues étaient pour la plupart très soignées, tailleurs-jupe, tailleurs-pantalon, robes de soirée, bijoux discrets, maquillage de bon goût, jamais vulgaire, perruques de vrais cheveux sans doute. Mais, à la taille, à la carrure de certains, il apparaissait de toute évidence que, même épilés, perruqués et maquillés, c’était des hommes. D’autres, plus petits et plus minces, pouvaient passer sans problème pour des femmes, comme lui.

     

    C’est là que Valérie eut un coup au cœur : pour la première fois, il se rendit compte qu’il était, lui aussi, un travesti. Par un homosexuel du tout, non, mais un travesti de laboratoire et de magasin, mais il ne s’en était jamais rendu compte dans son contexte professionnel, tant cela lui avait été présenté et imposé avec douceur et naturel. Il devait se rendre compte, plus tard dans la soirée que tous les travestis ne sont pas homosexuels, et que les couples mixtes étaient, le plus souvent, des couples hétérosexuels mariés, chargés de famille par ailleurs, couples dont Monsieur adorait se vêtir en Madame, sans que Madame y trouve à redire, s’en amusant même avec une gentille complicité.

     

    Il retournait tout ça dans sa tête, achevant la préparation des entrées et préparant ce qui devait être servi chaud. Il avait le planning sous les yeux : apéritif avec amuse-gueules, show, premier service salé, encore un show, deuxième service salé, derniers show, service sucré avec thé et café. La salle bruissait des conversations qui se calmèrent quand commença une musique. Comme il avait terminé sa préparation, il regarda discrètement dans la salle.

     

    Tout le monde avait pris place sur des chaises rangées autour du podium, et une femme, ou un travesti, en robe longue, faisait, le micro à la main, une annonce :

    - « Chères amies, nous allons commencer notre premier concours de Miss avec Miss Sissy. Je vous rappelle que nous avons 14 candidates et que notre jury, constitué de nos six amies assises ici au premier rang, noteront chacune, de 1 à 10, d’une part sur le costume, d’autre part sur la gestuelle. Et maintenant, place au défilé des sissys ! ».

     

    Applaudissements, musique, les six membres du jury avec un calepin et un crayon à la main, le reste de l’assistance très attentif. Valérie constata qu’il y avait moins de monde que tout à l’heure, sans doute les candidates et leurs costumières étaient dans la loge collective qu’il avait vu tout à l’heure.

     

    La première candidate apparut. C’était un travesti assez costaud, vêtu d’une robe vichy jaune, avec des plissés, des smocks, des frous-frous, des dentelles, le tout en quantité excessive. Sur la robe, elle portait un tablier-taille blanc, volanté lui aussi, très mignon, avec une broderie. La robe découvrait ses mollets rasés mais bien musclés. Elle portait des socquettes blanches dans des chaussures basses à brides, et un nœud assorti à la robe dans ses cheveux, ou plutôt sur sa perruque blonde frisée.

    Elle s’avançait à petit pas, marchant comme une femme, une sucette de grande taille à la main et, arrivée au bout du podium devant le jury, elle lécha érotiquement sa sucette. Elle pivota, fit quelques pas dans l’autre sens en tortillant des fesses, puis se retourna sous les applaudissements, pendant que l’animatrice annonçait « Numéro 1, Priscilla ».

     

    Priscilla, puisqu’il faut l’appeler ainsi, sourit et retroussa sa jolie robe jaune pour montrer, dessous, une culotte mauve, une grande culotte avec, elle aussi, dentelles et volants. Nouveaux applaudissements, quelques pas dans un sens et dans l’autre, tortillements accentués.

    Valérie était fasciné par ce spectacle, le travesti était très féminin, on aurait dit une femme forte, plus forte que Helga ou Claudine du labo, mais une vraie femme.

     

    Le jury prenait des notes sur la culotte, après avoir noté la robe et le tablier. Priscilla, tournant le dos au jury, baissa sa culotte et montra ses fesses nues, impeccablement épilées, rondes mais quand même masculines. Elle remonta sa culotte et se mit de face, puis retroussa sa robe et son tablier. Elle allait le faire ?

     

    Oui, elle le fit. Priscilla, face au jury et à l’assistance, la robe troussée, baissa sa culotte mauve et montra un sexe de bonne taille, surmontant deux boules assorties dans leur bourse de peau épilée. Elle jouit quelques secondes de la salve d’applaudissements, de gloussements qui monta de la salle avec quelques remarques salaces, pendant que l’animatrice disait :

    - « Et je rappelle que, selon les instructions de la société protectrice des sissys, les équipements de contention et de chasteté sont interdits pendant nos concours. Ce qui est porté avant ou après ne nous regarde pas. Merci Priscilla, on applaudit encore Priscilla, Mesdames. »

     

    Et Priscilla, sous les applaudissements, remonta sa culotte, baissa sa robe et partit en trottinant tout en tortillant du cul.

     

    Valérie rougit en se rappelant que, lui aussi, il avait le sexe rasé et que, lui aussi, avait été ridicule dans le sous-sol des goudous. Il se rappela le plaisir trouble que ça lui avait donné, et admira Priscilla de venir chercher le même plaisir devant une assistance plus nombreuse.

     

     

    Une deuxième sissy, puis une troisième, etc. vinrent défiler et, comme la première, montrer leur culotte et la baisser devant tout le monde. Valérie trouva que les costumes se ressemblaient beaucoup : couleurs criardes, motifs de carreaux vichy ou de fleurs, toujours beaucoup de fanfreluches, toujours le nœud assorti dans les cheveux, parfois remplacé par un petit bonnet. Beaucoup de satin, de soie, un peu de velours aussi. Le tablier, blanc le plus souvent, était toujours présent, mais on voyait bien que ces tabliers n’étaient là que pour la décoration, et certains, peut être, étaient même cousus avec la robe. Et chaque sissy avait, soit une sucette, soit une poupée ou un nounours pour donner plus de ridicule à sa tenue.

     

    Valérie se lassa du caractère répétitif du spectacle. Il jeta un oeil sur ses collègues qui regardaient distraitement le podium, assises sur des caisses de plastique empilées ; normalement, elles auraient du rester debout, mais personne ne les voyait. Valérie retourna donc à sa préparation, la termina, et enleva sa blouse et ton tablier blanc pour mettre la tenue de service rose, coiffe comprise. Comme les sissys du podium, soupira-t-il…

     

    Justement, le jury avait délibéra, l’animatrice annonçait les résultats, Miss Sissy et ses deux dauphines étaient applaudies, une en jaune, une en rose, une en bleu. Embrassades, bouquets, applaudissements encore. Puis toute l’assistance se leva et, comme il se doit dans ces circonstances, alla au buffet. Les sissys avaient gardé leur tenue, et la miss ainsi que ses dauphines arboraient fièrement leurs écharpes et récoltaient individuellement les compliments.

     

    Valérie servit, personne ne faisait attention à lui. Il put ainsi voir un peu mieux à qui il avait affaire dans cette soirée : plutôt au-dessus de quarante ans, bon niveau de revenu. Les toilettes de femme coûtent cher, se dit Valérie, et certains doivent avoir une garde-robe d’homme en plus de celle de femme, et il avait raison. Ca parlait du concours, ça parlait chiffon, de temps en temps de sexe, sans se gêner, si on faisait appel aux Goûts Doux comme traiteur, c’était un gage de qualité, bien sûr, mais aussi de discrétion.

     

     

    Le concours de Miss Soubrette allait commencer, et deux des serveuses apportèrent dans la loge quelques plateaux de service avec des verres, qui avaient été prévus à cet effet.

     

    Quand tout le monde eut pris place à nouveau, que l’animatrice eut refait son boniment, la première soubrette arriva sous les applaudissements, présentée comme « Samantha ». Le principe était le même que pour la sissy, seul le costume changeait, et comme Valérie avait fini son travail à l’office, il put regarder tout le concours.

    La soubrette avait obligatoirement une jupe noire, plutôt courte, un chemiser blanc ou de couleur pâle, un tablier blanc, qu’il soit de taille ou à bavette, en dentelle ou ajouré, une coiffe de forme « diadème » le plus souvent. La tenue était complétée par des bas de soie et des chaussures à talons hauts, très hauts même, souvent vertigineux. La soubrette arrivait avec son plateau, virevoltait, posait son plateau sur une table basse qu’on avait mis à cet effet sur le podium, en se penchant bien le cul en l’air, pour montrer ses bas et ses porte-jarretelles. Mais toutes les soubrettes étaient, comme pour les sissys, des travestis, le plus souvent entre deux âges.

     

    Une fois le plateau posé, chaque soubrette relevait sa jupe pour monter ses dessous, qui étaient, obligatoirement, porte-jarretelles et culotte de dentelle, très affriolante, noire le plus souvent. Puis elle faisait glisser sa culotte pour montrer à tout le monde ses fesses et son appareil génital, tout aussi masculin et rasé que pour les sissys. Ensuite, sous les applaudissements et les lazzis, elle récupérait son plateau et regagnait la loge des artistes. Valérie se dit qu’elles devaient faire ça souvent, le porté du plateau était irréprochable, et aucun des verres à pied aimablement prêté par « Les Goûts Doux – Pâtissier – Traiteur » ne fut brisé pendant le concours.

     

    Le jury délibéra, donna les notes « costume » et « gestuelle », et on récompensa ensuite Miss Soubrette et ses dauphines. Valérie remarqua que les partenaires des lauréates montaient sur le podium partager leur succès, comme les mamans de ces abominables concours de mini-miss. La partenaire d’une des dauphines était une vraie femme, vêtue strictement, qui, de toute évidence, avait bien dressé sa soubrette qui avait eu la meilleure note de gestuelle, mais dont le costume avait sans doute été jugé, par le jury, trop réaliste.

     

     

    Nouvelle ruée sur le buffet après le deuxième concours, les candidates en tenue de soubrette, certains sissys avaient repris leur tenue de ville. « Décidément, se dit Valérie, s’il y a bien quelque chose qui ne change pas, quel que soit le motif du rassemblement, c’est la pression sur le buffet. » Il faut dire aussi que ce qui était servi était cher et excellent.

    Valérie n’avait pas de montre, mais se dit que la soirée devait être bien avancée. Il y avait eu l’apéritif d’une demi-heure, trois quarts d’heure de concours de sissys, vingt minutes de buffet, le concours des soubrettes, il devait être dix heures et demie, et la journée n’était pas finie. Félicia et Jacqueline étaient en forme parce qu’elles n’avaient pas travaillé l’après midi, mais lui, comme Lucie, accusait non pas la fatigue, mais la lassitude.

     

     

    Il vit arriver avec plaisir le concours de Miss Parlour Maid. D’abord parce que c’était l’avant-dernier épisode de la soirée, puis parce que les tenues du défilé étaient moins ridicules à ses yeux.

    Annoncée par l’animatrice, sous les applaudissements qui ne faiblissaient pas, la première candidate arriva. La parlour maid, la femme de chambre anglaise, portait robe noire du cou aux chevilles, grand tablier à bavette blanc et bonnet blanc sur les cheveux. La robe noire était stricte, et cachait un peu les bottines basses de cuir vernis. « Angela », avait annoncé l’animatrice, était la première concurrente. Elle avait des épaules de lutteur et un tablier à bavette long et étroit, des bretelles croisées, avec une ceinture dont les flots retombaient sur ses fesses.

     

    Comme la sissy avait un objet enfantin, comme la soubrette avait un plateau, la parlour maid avait un objet en main, en l’occurrence un paddle de fessée, qu’elle présentait de ses deux mains, la tête baissée et que, après avoir fait son entrée, son demi-tour, son retour, elle donnait à l’animatrice. Puis la concurrente, comme les autres, retroussa sa robe et son tablier, ce qui était difficile vu la longueur des vêtements. Mais une longue pratique de ce genre de concours lui permis, malgré ce, de baisser sa stricte culotte de coton blanc et de montrer, ou plutôt de tendre ses fesses vers l’animatrice, qui lui donna un coup de paddle symbolique. Demi-tour, on montre son zizi d’homme sous la tenue de femme, on remonte, on se rajuste, un récupère le paddle et on file vite en tortillant du cul, sous les applaudissements.

     

    Une douzaine de parlour maids se succédèrent, les robes quasiment identiques, mais avec une grande variété de tabliers à bavette, tous très stricts et très jolis à la fois. Valérie se dit que les tenues du couvent des goudous étaient bien ternes par rapport à ça. Les bonnets étaient variés aussi, depuis la charlotte jusqu’à la coiffe quasiment folklorique. Quant aux fessoirs, il y avait entre les mains des candidates la même variété qu’au mur du sous-sol des Goûts Doux, paddles, martinets, verges, tape-tapis, plus quelques autres instruments plus méchants comme cravaches et cannes de rotin.

    Et, comme la première, toutes les candidates remettaient leur fessoir à l’animatrice et, après leur déambulation, baissaient la culotte et tendaient le cul pour recevoir un coup qui faisait rire, glousser, hurler et applaudir toute l’assistance.

     

    Ce fut le défilé qui intéressa le plus Valérie, et il eut envie, même, de porter certains de ces costumes, ou de les voir porter à Félicia, dont la peau d’ébène leur aurait donné un éclat et un charme particuliers. Il joua à donner à chacune une note de costume et une note de gestuelle, et attendit avec impatience les résultats du jury.

    Il n’était pas « dans le coup », parce que ses choix ne se seraient pas portés ni sur la miss, ni sur ses dauphines. Mais après tout, se dit-il, les candidates sont des hommes jugés par des hommes (mais il y avait quand même une femme dans le jury), avec une connotation sexuelle que je n’ai pas…

     

    On applaudit donc les trois dernières lauréates qui vinrent ensuite goûter les desserts, avec d’autant plus de plaisir que, s’étant préparées pendant le service précédent, elle n’avaient pas eu le temps de trop manger. Une ou deux candidates avaient même fait les trois concours, et donc avaient passé tout leur temps en préparatifs au détriment du buffet, mais Valérie sut ensuite qu’on leur avait porté, dans la loge des artistes, quelques en-cas.

    L’animatrice de la soirée remercia les candidates, leurs préparatrices costumières, l’ensemble des participantes, eut un mot gentil pour le service des Goûts Doux, rappela les sponsors de la soirée (quelques boutiques spécialisées) et souhaita une bonne fin de soirée à toute l’assistance, sous une dernière salve d’applaudissements.

     

    Plateau de desserts, thés et café, la soirée restait toujours animée et, comme les quantités livrées étaient importantes, personne n’avait envie de quitter la soirée faute de ressources alimentaires. Aussi, ce ne fut que vers les minuit et demie, une heure moins un quart que la salle commença à se vider, et vers une heure et demie que, les organisatrices ayant raccompagné tout le monde, vinrent donner à chacune des employées un bon pourboire, avec des compliments tant sur la nourriture que sur le service et l’amabilité des employées, et prière de les transmettre à Mesdemoiselles Watt.

     

    Le temps de remballer, de charger le camion, de nettoyer et de tout remettre en ordre, il était trois heures du matin.

    Valérie, qui conduisait le camion (corvée non pas du dernier entré, mais de l’homme) déposa Jacqueline et Lucie, gara le camion aux Goûts Doux, déchargea, avec Félicia, mis de côté ce qui était à nettoyer, le linge dans le sac pour le blanchissage, et rentra à pied avec Félicia.

     

    - « Ca t’as plu ? lui demanda-t-elle ».

    - «  C’est étonnant, quand même, on dirait des femmes et c’est des hommes, c’est des adultes et ils jouent comme des enfants. »

    - « Tu sais, c’est la deuxième soirée où je sers. Cette soirée-là était soft, plutôt, comme dress-code, il y a eu des soirées cuir, latex, sado-maso, gothic punk, médical, enfin, des trucs de oufs, soit dit sans manquer de respect à la clientèle. Tu as préféré quoi ? » 

    - « Les sissys et les soubrettes c’est nul à chier, mais j’ai bien aimé les parlour maids. »

    - « Oui, c’est adorable comme uniforme. Dans ces soirées, tu sais, il y a de vrais couples mariés, tout à fait normaux, qui jouent comme ça, je trouve ça super, ils sont mariés depuis vingt ou trente ans et au lieu de se lasser, de se faire la gueule, la femme satisfait les fantasmes du mari, parce que, bien sûr, c’est toujours l’homme qui a des idées tordues. »

    - « Et toi, rit gentiment Valéry, tu n’es pas un petit peu une petite gouine tordue, ma Félicia ? »

     

    Elle le fit taire d’un baiser, mais ils n’iraient pas plus loin : demain, il fallait retourner travailler aux Goûts Doux.


     15 - L’histoire des sœurs Watt

     

    Valérie était maintenant bien intégré dans la maison, et dans toutes ses activités, y compris le service traiteur à l’extérieur. Tout en restant discret, il bavardait avec tout le monde, les filles aimaient à discuter avec lui, pour parler d’autre chose que de leurs affaires habituelles. Et, en discutant, sans demander quoi que ce soit pour ne pas être indiscret, il apprit l’histoire des sœurs Watt. Celles-ci, d’ailleurs, n’en faisaient pas mystère, le personnel des Goûts Doux était une grande famille, ou plutôt une équipe bien soudée où l’on se connaissait et où l’on se soutenait. Il apprit donc, par petits morceaux, par les sœurs Watt mais aussi par les plus anciennes employées, leur histoire et celle de la maison.

     

    Mariette et Sylviane Watt étaient les lointaines descendantes de l’ingénieur écossais qui avait perfectionné la machine à vapeur de Denis Papin. Leur père, ingénieur et industriel, avait des entreprises dans de nombreux domaines et, sans être milliardaire, était très riche. Il avait épousé une Française, dont il avait eu deux garçons, puis deux filles. Mais les affaires, son caractère, la désunion dans son ménage avaient fait que le couple avait négligé l’éducation des enfants. Les deux garçons, les aînés, avaient fait de grandes « Public schools » et l’armée de Sa Majesté. Pour les filles, ce n’avait pas été aussi prestigieux.

     

    Très jeunes, Mariette, l’aînée et Sylviane, la cadette, avaient été mises en pension dans une institution religieuse dont nous tairons le nom et même la confession et l’emplacement. Un pensionnat de bonne tenue, de trop bonne tenue, même, vu de l’extérieur, mais rigide et contraignant, pour élever et dresser plus que pour éduquer. Internat toute l’année, vacances l’été, à Noël et à Pâques seulement et, si les familles pouvaient venir le samedi après-midi et le dimanche, rares étaient les visites de leur père et de leur mère.

     

    Les pensionnaires devaient porter l’uniforme, et l’uniforme c’était la robe longue en grosse toile, les chaussures basses et, sur la robe, la blouse en toutes circonstances. Pour les sorties, toujours en groupe, en file, même, manteau noir et béret de fille assorti. En dehors des cours du programme, il y avait enseignement de la musique et de la danse, un peu, mais aussi cours d’économie ménagère, cuisine, couture, lavage et repassage, et tout ce qui va avec. Les pensionnaires devaient contribuer ainsi à la vie de l’établissement.

     

    Les cours étaient donnés par d’excellents professeurs, tous de sexe féminin, bien sûr, dont seulement une petite partie vivait dans l’institution, les autres habitant dehors et partageant leur enseignement avec d’autres établissements. Ces cours étaient, pour les pensionnaires, les meilleurs moments de la journée et de la semaine. Les offices religieux n’étaient pas contraignants, et pas obligatoires, mais les pensionnaires y allaient pour ne pas rester désoeuvrées.

     

    Ce qui était dur, c’était la discipline. Il y avait, par groupe de pensionnaires, c’est à dire par dortoir, une surveillante de jour et une surveillante de nuit. Il y avait aussi une surveillante générale, régulatrice de la discipline, et une sœur fouetteuse, chargée d’infliger les châtiments corporels. La surveillante de jour ne laissait les pensionnaires hors de sa surveillance que pendant les cours, où elles étaient sages comme des images, et apprenaient bien : ces cours étaient tellement plus agréables que la discipline de l’établissement. Mais la surveillante de jour était là pendant les récréations, pendant le petit-déjeuner, le repas de midi, le thé, le repas du soir, et pendant les études durant lesquelles elles faisaient leurs devoirs et apprenaient leurs leçons. C’était une sœur forte et revêche, vêtue de la robe et du voile bleu de son ordre, et qui pensait sincèrement que la Terre était une vallée de larmes.

     

    Aussi, la moindre incartade, la moindre désobéissance, le moindre oubli, la moindre distraction étaient sévèrement punis. Les punitions étaient décidées par la surveillante de jour ou celle de nuit, sans appel, ou plutôt, oui, il était possible de faire appel devant la directrice mais, de mémoire de pensionnaire, tous les appels s’étaient toujours soldés par une aggravation de la peine. Il fallait donc un solide esprit de justice, de résistance, ou bien une tendance masochiste prononcée, pour faire appel. Pourtant, ça arrivait…

     

    En punition, pas de devoirs supplémentaires ni de travail scolaire : ce n’est pas une punition, c’est le but même de l’institution, les études. Pas d’heures de retenue, à quoi bon dans un internat ? Les punitions étaient donc soit des corvées utiles, soit des châtiments corporels.

     

    Les premières punitions étaient donc des corvées que la punie devait accomplir sur son temps de loisir (il y en avait peu) ou de sortie. Ces corvées étaient toutes des tâches ménagères, pas question d’occuper des filles au jardin potager, par exemple. La punie devait donc, par dessus sa blouse ordinaire, mettre une blouse de travail, et un grand tablier bleu encore en plus. Et, dans cette tenue, sous la surveillance d’une sœur, voire d’une autre élève plus âgée, faire des activités rebutantes.

    Les premières corvées concernaient le ménage, et donc les gros nettoyages : les carrelages à frotter, les parquets à cirer, les vitres à nettoyer et, bien sûr, les sanitaires et les toilettes, traditionnelle corvée de chiottes. Le travail devait être rapide, impeccablement fait, en utilisant obligatoirement les méthodes imposées. Ces méthodes étaient, pour les sols, de frotter à quatre pattes et, pour les nettoyages des parties basses, de travailler agenouillée. Ainsi, un petit châtiment corporel s’ajoutait à la corvée.

    Les autres corvées se faisaient à la cuisine. Les cuisinières avaient constamment besoin de filles de cuisine, pour éplucher les légumes et les fruits, qui venaient tous du potager du pensionnat, et qui, il faut bien le dire, étaient savoureux, et parfaitement aux normes, inexistantes encore, de la culture biologique : l’engrais provenait des pensionnaires elles-mêmes. Et le deuxième type de corvées en cuisine étaient la vaisselle, bien sûr, et l’astiquage des casseroles et des bassines de cuivre. Bien évidemment, pas question de manger une part supplémentaire, mais ces corvées étaient moins dures que celles du ménage, parce qu’elle se faisaient debout ou assises.

     

    Il fallait également, à tour de rôle, servir à table, et là le tablier blanc remplaçait le tablier bleu, mais ces corvées n’étaient pas des punitions, elles étaient réparties sur toutes les élèves, bien que les plus mal notées y aillent plus souvent qu’à leur tour.

     

    Mais les plus dures punitions étaient les châtiments corporels, traditionnels dans une éducation sur les îles britanniques.

    Le moment des punitions était l’étude du soir, celle après le repas, entre 8 heures et demie et 9 heures et demie, avant les trois quarts d’heure de détente, lecture, bavardage qui précédaient la toilette du soir et le coucher (coucher à dix heures trente, lever à sept heures, pour mémoire, ce qui était un horaire convenable, un horaire de pensionnat et non pas de bagne).

     

    La surveillante de jour était responsable de l’étude et, pendant celle-ci, faisait s’accomplir les punitions qui avaient été décidées pendant la journée ou pendant la nuit précédente.

    Il y avait, tout d’abord, les piquets. Soit debout, soit à genoux, et, à genoux, parfois, par raffinement, sur une canne de jonc, ou sur une règle carrée ; selon la gravité de la faute, la punie était agenouillée sur sa blouse ou directement sur ses genoux nus. Les mains étaient soit dans le dos, soit bras croisés, soit en prière, soit sur la tête, ou, parfois, les bras tendus. Disons que le piquet debout mains dans le dos était presque une faveur et celui les genoux nus sur une règle, bras tendus, la pire punition de position qui soit. Quant à l’endroit, la punie pouvait être face au mur, mais souvent la surveillante la faisait mettre face au groupe, sur l’estrade ou au milieu de l’allée centrale.

    Le piquet pouvait être remplacé, ou bien complété, avant ou après, par la fessée. Et c’est là qu’intervenait la sœur fouetteuse, qui passait d’étude en étude pour remplir son office, avec ses instruments. Des instruments, bien sûr, parce qu’il était hors de question d’avoir un contact physique, chair contre chair. La fouetteuse avait donc martinet, paddle, badine, verges, canne, et même bouquet d’orties si nécessaire. La surveillante avait décidé du nombre de coups et de la position, agenouillée, penchée sur un bureau ou couchée sur un banc. Comme il n’était pas question de contact, c’est la punie elle-même qui devait, devant ses camarades, trousser sa blouse, baisser sa culotte et offrir ses fesses à la correction. Celle-ci était donnée avec vigueur, mais sans méchanceté, par la sœur fouetteuse qui se voyait comme une thérapeute plutôt que comme une bourelle : elle en avait reçu, étant jeune, et ça ne lui avait pas fait de mal, au contraire, puisque ça en avait fait une « bonne » sœur…

     

    Il arrivait, parfois, pour une faute grave, que la punition soit avancée au repas du soir et donc donnée, dans le réfectoire, devant l’ensemble des pensionnaires. C’était toujours le cas des punitions infligées en appel.

     

     

    Ainsi se passaient les journées, et la discipline du soir était semblable. Chaque groupe avait son dortoir et, par tradition, les familles n’étaient pas séparées. Mariette et Sylviane avaient donc, dans le même dortoir, des lits côte à côte.

     

    La surveillante de nuit était plus jeune et plus douce que la surveillante de jour. Elle prenait son service à la fin de l’étude du soir, à neuf heures et demie, donc, et le quittait à huit heures moins le quart du matin, toilette et prières faites. Les trois quarts d’heure de détente, lecture et bavardage se faisaient dans le dortoir, et la toilette du soir suivait.

     

    Pendant la détente, on pouvait rire, chanter en chœur, lire des livres autorisés, jouer à des jeux tranquilles, et la surveillante de nuit n’intervenait que si trop d’agitation venait troubler ce moment. Dans ce cas, elle infligeait, sans concession, des punitions qui seraient exécutées le lendemain. Il en était de même pour tout bruit ou tout déplacement pendant la nuit.

     

    Les lumières éteintes, la surveillante de nuit tirait le rideau qui séparait son lit du dortoir, et les pensionnaires restaient seules dans le noir. Certaines, très discrètement, passaient dans le lit d’une camarade, pour se tenir chaud. C’était le cas, tout naturellement, de Mariette et de Sylviane. Et, un soir que Sylviane avait reçu la fessée, et qu’elle pleurnichait doucement sur l’épaule de Mariette, celle-ci, pour la consoler, l’embrassa et lui caressa les fesses.

    Les sœurs Watt se rendirent vite compte que souvent leurs camarades, à deux dans le même lit, se réchauffaient par des baisers et des caresses, et c’est ainsi que, tout naturellement, elles passèrent de l’affection sororale au tendre gouinage de la jeunesse.

     

    Si la surveillante de nuit avait l’idée de passer dans le dortoir, et surprenait un couple dans un lit, elle sortait l’intruse par l’oreille, la ramenait à sa place, et programmait en principe, selon le règlement, une punition pour le lendemain. Mais elle le faisait rarement. Par contre, il lui arrivait, souvent, d’appeler telle ou telle des pensionnaires pour une conversation particulière, derrière le rideau, conversation qui se faisait sans paroles, mais avec quelques soupirs, râles et gémissements, et qui ne s’achevait que quand toutes les autres filles étaient endormies. Ni Mariette ni Sylviane ne furent jamais appelées à de telles conversations : la surveillante respectait les liens de la famille, ou ne voulait pas de témoignages concordants sur les tendresses nocturnes qu’elle accordait à ses pensionnaires, tendresses qui, disons-le à sa décharge, étaient réciproques et acceptées de bon cœur, voire même recherchées.

     

     

    C’est ainsi que les sœurs Watt firent l’apprentissage, entre elles, du lesbianisme et des punitions. Elles virent des couples de filles se former et se séparer, elles eurent, parfois, des tendresses pour des copines, mais se réservaient entre elles l’essentiel de leurs caresses et de leurs baisers. Elles furent souvent punies, et y prirent plaisir, surtout parce que l’une consolait l’autre ensuite. Elles prirent beaucoup de plaisir, aussi, à voir les punitions des autres, et mouillaient des fois rien qu’à regarder une fille qu’elles n’aimaient pas, ou que, au contraire, elles trouvaient bien jolie, se faire fouetter.

    Les punitions devant tout le monde, au réfectoire, étaient surtout jouissives, et Mariette se rappela longtemps du jour ou, servant le repas en tablier blanc, elle put voir de près une longue fessée aux orties. Mais elles n’eurent jamais le vice, comme certaines, de faire appel d’une punition légère pour le plaisir d’en avoir une plus lourde, et plus humiliante, devant l’ensemble du pensionnat.

     

    Elles prirent plaisir, aussi, aux corvées, qui se faisaient souvent à plusieurs, et à la douce honte d’être, elles, des petites filles riches, traitées comme des souillons. Et, en plus, elles eurent d’excellents résultats scolaires…

     

     

    Après le pensionnat religieux, elles firent la suite de leurs études en Suisse, dans un pensionnat plus huppé et beaucoup moins rigoriste. Elles partageaient la même chambre, ce qui leur offrait plus d’intimité, mais les filles allaient souvent de chambre en chambre pour bavarder ou pour se gouiner. Elles découvrirent là ce qu’elles n’avaient pas appris au pensionnat, d’autres jeux comme le tribadisme, les parties à trois ou à quatre filles, et l’utilité certaine, même si quelques gouines de stricte obédience la contestent, du godemichet. La première fois qu’elles l’utilisèrent ne les déflora pas : leurs doigts étaient passés par là depuis longtemps.

    Les pensionnaires, de toutes nationalités, de toutes couleurs aussi, prenaient du plaisir ensemble et, chacune ayant son accessoire et le prêtant aux autres, on s’échangeait un vibromasseur contre un gode-ceinture, ou un plug anal contre des boules de geisha, dans la bonne humeur.

     

    Contrepartie de l’ambiance moins stricte qu’au pensionnat religieux, on faisait parfois rentrer des garçons, et Mariette et Sylviane les expérimentèrent sans aucun déplaisir. Il y avait aussi de l’alcool, du tabac, et quelques drogues légères, enfin plus ou moins.

    Les sœurs Watt eurent l’intelligence de voir que les drogues ne servaient qu’à donner une fausse impression de liberté en échange d’un esclavage de tous les instants, et que jamais un produit chimique, naturel ou de synthèse, ne leur donnerait autant de plaisir que leur imagination ou un bon roman. Elles avaient lu, et le croyaient volontiers, que le tabac donnait mauvaise haleine, abîmait le teint, et était mauvais pour le sport. Or, elles étaient de bonnes joueuses de tennis, en double bien sûr, et de golf, aussi elles arrêtèrent la cigarette avant d’en être prisonnières.

    Leur double ascendance, écossaise et française, leur fit n’accepter dans ce domaine que les whiskies et les bons vins. Leur père, même lointain et se souciant peu de leur éducation, leur avait appris qu’un gentleman ne boit jamais seul, et jamais avant onze heures du matin. Aussi, elles ne burent que pour faire un bon repas ou une fête entre copines, habitudes qu’elle gardèrent par la suite.

     

    Cette ambiance helvète était bien différente de la britannique, et les punitions, il faut le dire, leur manquaient. C’est donc là qu’elles prirent l’habitude de se fesser réciproquement, et de mêler, dans leurs jeux sororaux, les caresses et les châtiments.

     

     

    Mariette fit une école de commerce et Sylviane, qui avait pris goût, avec les corvées du pensionnat, à la cuisine, une école hôtelière de luxe. Ces deux diplômes les préparaient à une carrière au sein du groupe familial, qui avait des intérêts dans l’alimentaire.

     

    Lors de leurs études, qu’elles terminèrent dans des villes différentes, Mariette aux Etats-Unis et Sylviane à Paris, elles eurent des liaisons masculines, et furent même quasiment fiancée pour l’une, et officiellement pour l’autre. A côté de leurs fiancés, elles avaient aussi des tendresses féminines. Cependant, tout cela ne les satisfaisaient pas, et elles faisaient traîner en longueur leurs décisions de se marier.

     

    Mais les difficultés de la vie privée de leurs parents s’étendirent à leurs affaires. Leurs frères aînés, qui ne s’entendaient pas aussi bien entre eux que les deux sœurs (ils avaient été élevés séparément et ils n’étaient pas homosexuels) ne surent pas, quand leur père disparut, gérer ensemble ce qui restait de leurs affaires. Tout fut liquidé, et chacun des quatre enfants se trouva avec une fortune certes confortable pour vivre sans travailler, mais dans une honnête aisance et non pas comme des milliardaires.

     

    Mariette et Sylviane se retrouvèrent donc un jour à Paris, loin de leurs fiancés, et la nuit suivant le jour, dans le même lit, retrouvèrent avec autant de passion et plus de maturité les jeux de leur jeunesse entre elles. Elles virent alors qu’elles s’aimaient non seulement comme deux sœurs, mais aussi comme deux femmes, et décidèrent de passer leur vie ensemble.

     

    Parmi leur héritage, il y avait un bel immeuble à Paris, aménagé en loft dans sa partie haute, qu’elles décorèrent pour y vivre. Elles auraient pu ne rien faire, mais elles étaient actives, et leur éducation, même un peu particulière et assez ratée, leur avait appris qu’une vie sans travail n’est pas une vie digne. Elles décidèrent donc d’avoir leur propre entreprise.

     

    Le rez-de-chaussée et le sous-sol de l’immeuble étaient vides et en mauvais état ; il avait abrité, en son temps, une activité de charcuterie-traiteur. L’étage de bureaux se libérait. Mariette fit une étude de marché : un commerce de bouche de qualité et un peu original, dans ce quartier bourgeois-bohème, devait forcément marcher. Sylviane avait appris les métiers de la restauration et avait retrouvé, à Paris, une ancienne élève de son école, et une des ses professeurs, qui voulait quitter l’enseignement pour revenir dans la production et le commerce. Et, par hasard, elle avait eu les faveurs extra-scolaires de l’une et de l’autre.

     

    Tout naturellement, Mariette et Sylviane montèrent leur société, embauchèrent les deux lesbiennes et il apparut tout naturellement qu’une pâtisserie-traiteur-salon de thé saphique était indispensable dans le quartier. Quand elles constatèrent que leurs deux employées étaient, comme elles, adeptes des jeux de domination et de soumission, elles décidèrent d’aménager le sous-sol à cet effet, non pas comme un donjon, mais, se rappelant leurs années au pensionnat, et constatant que Julie et Josiane avaient des souvenirs similaires, elles en firent un lieu entre le dortoir des gougnottes et le réfectoire des punitions publiques.

     

    Les Goûts Doux étaient nés, et elles n’eurent plus qu’à recruter des gouines qui partageaient leurs idées, ce qui fut si facile qu’elles en furent surprises, et qu’elles durent sélectionner strictement les candidates. Mais elles arrivèrent, ainsi, à constituer l’équipe merveilleuse tant sur le plan professionnel que sur le plan sexuel qui était devenue le fleuron du commerce parisien.

     


     16 - Béatrice est relevée de ses vœux

     

    Béatrice, celle que Valéry remplaçait, passait de temps à autres aux Goûts Doux pendant son arrêt maternité, pour faire constater les progrès de sa grossesse, et elle y était, chaque fois, chaleureusement accueillie par ses anciennes collègues. Ainsi, Valérie avait fait sa connaissance et avait suivi la progression de sa rotondité durant les dernières semaines.

     

    Le jour vint où elle annonça aux sœurs Watt son départ définitif, avec son mariage, pour l’étranger : ce serait dans les jours suivant son accouchement. Mariette et Sylviane décidèrent alors que la prochaine soirée spéciale serait entièrement consacrée à ses adieux, et elles l’annoncèrent à tout le monde.

     

    Comme les fois précédentes, le soir venu, les filles, rhabillées, descendirent dans l’ancien vestiaire où elle se déshabillèrent entièrement. Valérie remarqua juste que les sœurs Watt y étaient sans doute déjà et, ne voyant pas Béatrice, en déduisit qu’elle y était avec elles ou qu’elle viendrait après. Avant d’entrer dans la salle de travail, chacune mit des tongs et ajusta son voile, puis pénétra dans la grande pièce et prit aux patères une blouse et un un tablier bleus, ainsi qu’un torchon.

     

    Les Mères y étaient déjà, effectivement, sans leurs blouses ni leurs tabliers et, au centre de la pièce, on voyait une forme indistincte recouverte d’une immense nappe qui la cachait complètement.

     

    Mère Mariette dit :

    - « Mes filles, nous allons commencer la bacchanale du couvent des goudous. Que chacune aide l’autre à mettre sa tenue de pénitence. »

    Elles s’habillèrent la blouse d’abord, puis le tablier, et enfin le torchon. Mère Sylviane dit :

    - « Faisons la ronde et mettons-nous les mains aux fesses. »

     

    Les filles se rapprochèrent les unes des autres, et Mère Mariette demanda :

    - « Il manque l’une d’entre nous, qui se cache parce qu’elle doit nous quitter. Mère Sylviane, alolns la chercher. »

     

    Mère Sylviane et Mère Mariette, quittant la ronde, allèrent soulever la nappe qui cachait Béatrice assise par terre, vêtue comme les autres, à l’exception du fait que sa blouse ne fermait pas derrière à cause de sa grossesse. Son ventre saillait de façon charmante et indécente, son tablier bleu, remonté par ce gros ventre, ne lui arrivait même pas aux genoux, et on voyait ses fesses par la blouse ouverte, qui ne tenait que par les deux boutons du haut. Au-dessus de son ventre, sa poitrine, prête à allaiter, tendait également le tissu. Les Mères prirent Béa par la main et la mirent entre elles, ce qui devait être la place d’honneur.

    - « Puisque Béatrice est maintenant avec nous, voulez-vous toutes que nous partagions nos corps et que nous nous soumettions chacune à nos plaisirs, jusque dans les châtiments ? ».

    - « Oui ma Mère ! »

    - « Les goudous, l’orgie commence. »

     

    On prépara et on partagea le gigot à l’ail sur les rôties de pain grillé et aillé, distribué par les Mères et dévotement pris à genoux devant elles. Les filles aidèrent tendrement Béatrice à s’agenouiller et à se relever, avec des gestes d’une douceur infine.

     

     

    Puis Mère Mariette annonça :

    - « Béatrice, puisque tu veux nous quitter, il est temps d’effacer définitivement ton ardoise. »

     

    Valérie se demanda, effrayé, si on allait fesser avec la vigueur ordinaire une femme enceinte, mais il se rassura quand il vit Julie et Josiane prendre doucement Béatrice par les bras et l’accompagner au grand cadre de bois qui servait à attacher les punies. Un coussin avait été posé sur le montant inférieur, la partie qui servait de carcan pour le cou avait été avancée et garnie d’un autre coussin, et on y agenouilla Béatrice de façon confortable, les genoux sur le coussin du bas, la tête reposant sur ses bras pliés sur le coussin du haut. Elle ne fut pas attachée non plus, mais sa blouse fut bien troussée sur ses fesses grasses, qui, de toute évidence, accumulaient des réserves pour l’allaitement à venir.

     

    Mère Sylviane dit :

    - « Béatrice, pour demander ta punition et supplier d’avoir ton châtiment, tu nous baiseras la bouche, puis tu goûteras, par nous toutes, de tous les fessoirs du couvent ».

     

    Toutes les filles, et Valérie parmi elles, vinrent embrasser Béatrice sur les lèvres, mélanger leurs langues et échanger leurs salives. Puis, après avoir embrassé la punie, chacune pris un fessoir : martinets, cuillères et touillettes, palettes et paddles, tape-tapis, lourds torchons prévus à cet effet, et toutes restèrent devant Béatrice, en souriant.

     

    Mère Mariette, qui avait un martinet, passa derrière la punie. Elle releva le martinet mais, au lieu de l’abattre avec sa vigueur habituelle, elle le laissa retomber mollement, plus comme une caresse que comme un coup. A peine entendit-on le bruit des lanières. Une autre fesseuse la suivit, avec un autre instrument, et, de même, frappa les fesses de Béatrice avec une grande douceur. Toutes les filles passaient ainsi derrière, donnaient un coup très, très retenu, et repassaient devant pour tendre leur instrument à une autre. Valérie, qui avait une planche à découper, fit bien attention, l’instrument étant lourd, de bien retenir sa main, et repassa devant pour le donner à une autre goudou, pendant que la suivante lui remettait un nouveau fessoir.

     

    Ainsi, Béatrice, confortablement agenouillée, ses gros nichons tendant le haut de sa blouse, son gros ventre tendant le bas de celle-ci, reçut environ 250 coups divers de la part de ses bourelles, des coups qui étaient autant de caresses et de marques d’amour. Ses fesses rougissaient certes un peu et, à la fin, ressemblèrent à deux grosses framboises, mais c’était plus de chaleur que de douleur. La rougeur montait à son visage, et c’était de l’excitation. Et, si quelques larmes coulèrent, c’était de joie et d’émotion d’être ainsi, une dernière fois, punie par la communauté et humiliée devant elle.

     

    Pendant que toutes l’embrassaient à nouveau, on lui rafraîchissait les fesses avec un torchon mouillé, plus pour respecter le rite de douceur que pour calmer une douleur qui n’avait jamais été réelle.

    Puis on aida Béatrice à se relever et, pour ne pas que son gros ventre soit mis à mal par la cohue qu’il y aurait eu si toutes les filles s’étaient serrées autour de la table, on mangea au salon, Béatrice assise entre les Mères.

     

    Comme on l’avait fait pour l’employée du mois, tout le monde vint lui donner la becquée, mais on prit bien soin, en mangeant et en la nourrissant, de salir abondamment sa blouse et son tablier, qui se couvrirent de toutes sortes de taches :

    - « Tiens, ma cochonne, tu t’es encore tachée, tu les emporteras en souvenir. » Et Valérie compris que, en quittant le couvent, Béatrice garderait ses vêtements de servilité, sans doute après les avoir lavés de manière à ce qu’ils conservent cependant les traces de l’orgie de ce soir.

    Il faut dire, aussi, que le tablier était tellement tendu par la poitrine et par le ventre qu’il offrait une large surface à salir. Le menu avait été adaptée pour la circonstance, et constituait une collection complète des envies de la femme enceinte : jambon blanc et mayonnaise en entrée, lasagnes comme plat principal, et au dessert fraises et chocolat, cette envie de sucré faisant dire à toutes les commères que le bébé serait une fille… Béatrice ne le savait pas, préférant ignorer, malgré l’échographie, le sexe du bébé à venir. Bien évidemment, même si le vin circulait dans les pichets et les bols communs, Béatrice ne buvait que de l’eau gazeuse, qu’on transvasait, pour rire, dans un biberon. Deux bouteilles lui furent nécessaires pendant le repas, et amenèrent plusieurs rots qui furent accueillis par des éclats de rire.

     

    Pendant le repas, Valérie était fasciné par ce gros ventre, qu’il voyait tendre la blouse et le tablier. Il n’avait jamais vu une femme enceinte nue, l’idée, il y a quelques mois, l’aurait même dégoûté, mais il y avait tant de joie et de beauté dans Béatrice que, maintenant, il aurait donné n’importe quoi pour contempler sa nudité.

     

     

    Le repas fini, Mère Mariette annonça que, après les plaisirs de la bouche, le temps était venu des plaisirs du ventre et du bas-ventre. Béatrice trônait toujours sur le canapé central, qui était en principe celui des Mères, les joues et le front rouge, la bouche grasse, la blouse et le tablier maculés de toutes sortes de taches salées et sucrées.

    - « Valérie, puisque tu es la dernière rentrée parmi nous, et que tu succèdes à Béatrice, déshabille-là, dit Mère Sylviane, enlève-lui son tablier et sa blouse. »

     

    Valérie se sentit défaillir, lui qui avait rêvé de voir Béatrice nue allait devoir la dénuder. Il obéit donc, et s’approcha.

    La ceinture du tablier de Béa n’avait pas pu être renouée devant comme de coutume, tant le ventre était gros. Elle était donc nouée derrière, et, bien sûr, pas serrée du tout. Il passa donc les mains entre les reins de Béatrice et le dossier du canapé, dénoua le lien pour libérer le tablier. Puis, délicatement, il souleva le lien autour du cou, en prenant bien garde de ne pas déranger le voile bleu, et le passa par-dessus la tête. Béatrice était juste en blouse bleue, dont on voyait bien, en bas, la fente destinée à se caresser la moule et, en haut, la partie qui pouvait s’ouvrir pour les nichons.

     

    - « Avant de rendre son tablier à Béatrice, nous allons toutes l’embrasser et le lécher, dit Mère Mariette. Commence, Valérie ! »

    Valérie baisa le tablier aux endroits que Mère Mariette lui désignait, qui étaient les plus tachés, bien sûr, et il lécha les taches, salivant bien dessus. Puis il le passa à Rose qui était à côté de lui et qui fit de même. Le tablier fit le tour, jusqu’à Mère Sylviane et Mère Mariette et, quand elles le déposèrent à côté de Béatrice, il était presque propre.

     

    - « La blouse, maintenant, dit Mère Sylviane. »

    Valérie aida Béatrice à s’avancer un peu, et déboutonna les deux boutons qui fermaient la blouse en haut du dos. Les autres n’avaient pas pu être boutonnés à cause du ventre. Il aida Béa à l’enlever en tirant doucement sur les manches.

     

    Il fut subjugué par ce qu’il vit. D’abord, deux seins lourds, déjà gorgés de lait, sans doute, avec de délicates veinules bleues, des aréoles sombres, plus larges que la normale, et des tétons grenus, sombres aussi, dressés d’excitation. Ces seins reposaient sur le ventre énorme, de huit mois et demi de grossesse, proéminent, marbré de chaque côté de deux vergetures blanches, et orné d’un nombril qui semblait prêt à éclater. Toutes les filles eurent un cri d’admiration, et toutes s’approchèrent brusquement pour poser la main sur ce nid douillet, sur cette chair palpitante. La plupart des filles n’avaient pas eu d’enfant, étant lesbiennes depuis toujours, et savaient qu’elles n’en auraient pas, ou alors avec des complications physiques et administratives. Seules deux ou trois avaient connu l’expérience d’une maternité. Mais toutes étaient fascinées par le spectacle, plus, peut-être, que Valérie, parce qu’elles étaient femmes.

     

    - « Allez, les filles, dit Mère Mariette, embrassez et léchez la blouse d’abord, et faites attention à Béatrice, ce n’est pas une pièce de viande, quand même. »

    La blouse fut embrassée, léchée et sucée comme le tablier, et rendue à Béatrice qui la posa à côté du tablier, pendant que toutes les filles, une après l’autre maintenant, posaient la main sur son ventre en souriant.

     

     

    Puis Béatrice écarta les cuisses, et commença, entre elles, la procession des gougnottes agenouillées, procession dans laquelle toutes prenaient place plusieurs fois. Chacune, Valérie comprise, vint, avec d’infinies précautions, lui téter le clitoris, lui pincer les lèvres du bas entre les lèvres de la bouche, lui darder la langue dans tous les recoins de sa fente, lui faire des bisous à l’intérieur des cuisses, là où la peau est si tendre.

    Ce n’étaient pas des jeux de bouche goulus, ce n’étaient pas des pénétrations linguales, ce n’étaient pas des prises de bec insistantes, mais les plus douces caresses buccales qui puissent se faire. Valérie, qui savait n’être pas si adroit que de vraies gouines, y participa de tout son cœur, notant que l’odeur de Béatrice était différente des odeurs ordinaires de femme, comme si elle sentait, déjà, le lait et l’accouchement.

     

    Tout ce gougnottage se fit avec délicatesse, sans jamais entraîner la bénéficiaire dans un orgasme violent qui aurait abîmé l’équilibre délicat de sa grossesse. Ce ne furent que frissons, frémissements, chair de poule, petits soupirs, accentués par les caresses que quelques unes faisaient, en même temps, sur les somptueux nichons de future nourrice qui couronnaient le ventre rond comme deux tresses enroulées couronneraient un visage resplendissant.

     

    - « J’ai trop bu, ma vessie ne tient plus, dis Béatrice. »

    Aussitôt, des mains s’empressèrent pour mettre, sous les fesses de Béatrice, des torchons, et pour en plaquer d’autres sur sa moule, avant que le jet de pipi qu’elle ne pouvait retenir ne vienne gicler sur la gougnotte du moment. Celle-ci, Lucie en l’occurrence, enleva sa bouche à regret pour laisser mettre le torchon qui devait contenir le jet, et plaqua à nouveau ses lèvres sur le tissu.

    La pisse de Béatrice venait inonder le torchon qui jaunissait pendant que l’odeur prenait tout le monde aux narines. Lucie lécha avidement la pisse qui suintait à travers le torchon, et laissa la place à Helga, qui fit de même, puis à toutes les autres filles, et même les Mères vinrent boire, à travers le tissu du coton, le pipi de Béatrice. Valérie le fit aussi, sans nul dégoût. Il avait déjà, à l’occasion de des jeux, léchouillé un peu de pipi, mais là c’était bien plus abondant, bien plus fort et, il faut le dire, bien plus excitant venant de cette source puissante à l’ombre de ce monticule de chair.

     

    Le léchage de la dernière goutte de pipi marqua la fin du gougnottage, et seules Mère Mariette et Mère Sylviane eurent le privilège de donner les derniers coups de langue sur le con pisseux de la future maman.

     

    - « Après les léchouilles, dit Mère Mariette, fessée d’adieux générale. Béatrice, reste assise, nous allons t’apporter les fessoirs. »

     

    Une fille alla chercher tous les instruments de fessée pendant qu’une autre aidait Béatrice à remettre son tablier. Restant confortablement assise sur le canapé, on lui posa à côté martinets, cuillères et touillettes, palettes et verges, tout ce qui servait à rougir les miches. Puis tout le monde s’assit sur les autres sièges.

     

    - « Valérie, dit Sylviane, tu es la dernière rentrée, c’est à toi de commencer, va demander ta fessée à Béatrice. Tu lui embrasseras le pied, le genou et la main, et tu lui tendras tes fesses nues. »

     

    Valérie alla donc s’agenouiller devant Béa et, se courbant à terre, embrassa son pied droit puis, pour faire bonne mesure, son pied gauche. Il baisa ensuite les genoux, ou plutôt le tablier à l’emplacement des genoux, et enfin ses mains. Puis il se releva, tourna le dos et retroussa sa blouse pour offrir son cul.

    Il sentit d’abord trois coups vifs de martinet, puis une dizaine de coups de touillette ou de cuillère de bois, et enfin, bien assénés, une demi-douzaine de coups de tape-tapis. Pendant ce temps, toutes les filles le regardaient attentivement, en riant et en encourageant Béatrice avec des phrases comme « Vas-y Béa », « Tu n’as pas perdu la main » ou « Je me souviens que tu m’en a données des plus sévères ». Béatrice testa les autres fessoirs et finit la correction par quelques claques à la main qui devinrent, pour les dernières, des caresses. Valérie se retourna alors, baissa sa blouse, et fit une jolie révérence en disant « Merci Béatrice ».

     

    Et on passa à la suivante. Toutes les goudous, chacune à leur tour, Lucie, puis Félicia, puis Georgina, par ordre décroissant d’ancienneté, vinrent demander leur fessée avec la triple humiliation du baiser des pieds, des genoux et des mains, et, cul nu, reçurent de Béatrice une trentaine ou une quarantaine de coups avec des fessoirs divers. Chaque correction s’achevait, à la main, par une caresse sur les miches à peine rougissantes.

     

    Enfin, à la grande surprise de Valérie, ce fut Mère Sylviane qui vint dévotement s’agenouiller devant Béatrice.

    - « Béatrice chérie, nous t’avons aimée et punie pendant des années, punis-moi à mon tour, les Mères de ce couvent de gouines doivent montrer l’exemple de l’humilité comme celui de la sévérité. »

    Et, avec encore plus d’humilité, de bassesse et de servilité que toutes les autres, elle baisa et lécha les pieds, les genoux et les mains de Béatrice et lui tendit son cul, pour recevoir, comme les autres, sa correction. Il faut le dire, Béatrice s’attarda plus longtemps et sans doutes plus fermement sur elle que sur les autres, mais, disons-le aussi, la caresse finale alla plus loin entre les cuisses que pour les précédentes.

     

    Enfin, ce fut le tour, avec les mêmes mots, pour Mère Mariette, qui fut corrigée et traitée comme sa sœur.

    Toutes les goudous avaient les larmes aux yeux pendant les adieux fessatoires de Béatrice, et Valérie, qui la connaissait à peine, était tout aussi ému.

     

    - « Goudous mes sœurs, je crois que nous avons assez joui et souffert pour aujourd’hui, dit Mère Mariette. »

    Toutes les goudous se mirent en rond, chacune posant ses mains sur les culs de ses deux voisines, Béatrice étant, bien sûr, placée entre les Mères, et Valérie juste en face.

    Justine apporta deux grosses têtes d’ail épluchéees, qu’elle donna à Mère Sylviane et à Mère Mariette, avant de reprendre sa place dans la ronde. Toutes les gousses circulèrent de bouche en bouche, moitié d’un côté, moitié de l’autre, jusqu’à Valérie qui, placé au milieu, en eu deux dans la bouche, et du prendre soin de faire passer celles qui venaient de gauche dans la bouche à sa droite, et vice-versa.

     

    Les gousses machouillées revinrent à Mère Mariette et Mère Sylviane, qui embrassèrent Béatrice pour lui donner, de lèvres à lèvres, les deux purées odorantes.

    - « Béatrice et vous toutes mes goudous, nous avons partagé les gousses d’ail comme nous avons partagé nos corps, nos plaisirs et nos douleurs. L’orgie est finie. Béatrice, tu es relevée des vœux qui te liaient à notre couvent. Tu es libre de partir, faire ton bébé et fonder ta famille, mais tu resteras toujours dans nos mémoires, dans nos cœurs et dans nos bas-ventres. Et, si tu veux revenir, nous sommes tes sœurs et cette maison est la tienne. »

     

    Toutes les goudous pleuraient, et ce n’était pas seulement sous l’effet de l’importante dose d’ail qu’elles avaient machouillée. On se déshabilla, on embrassa Béatrice non plus vicieusement, mais en toute amitié, et la soirée se termina comme d’habitude, sauf pour les sœurs Watt, Béatrice et ses amies les plus proches qui allèrent en boîte pour « enterrer la vie de jeune fille » de Béa ce qui, pour une femme enceinte de huit mois et demi, ne manquait pas d’humour.

     

    Les sœurs Watt, tristes de voir partir une employée qui était une amie, remarquèrent à cette occasion que, même malgré sa particularité anatomique, les filles s’accordaient toutes pour dire que Valérie remplaçait très bien Béatrice.

     


    17 - La soirée des blouses de nylon

     

    Bien que son embauche définitive ait déjà été faite, le départ de Béatrice avait marqué pour Valéry son intégration définitive dans l’équipe. Il en était heureux, et ne ressentait jamais aucun ennui, le travail au labo étant toujours intéressant (il y avait tant à apprendre), et le travail au magasin, voir même au salon de thé, toujours distrayant. Les livraisons lui permettaient de s’aérer un peu, mais elles étaient, pour la plupart, « sans supplément ».

     

    Mariette Watt lui offrit une occasion supplémentaire de s’aérer en lui proposant un extra de traiteur pour un soir :

    - « Mais attention, Valérie, le « Club DSK » est un truc d’amateurs, sans beaucoup de moyens, nous leur ferons quelque chose de bon mais de simple, pour un prix raisonnable, et il ne faut pas t’attendre, pour la soirée, à un pourboire royal. »

    - « Cela n’a pas d’importance, Mademoiselle, je le ferai volontiers quand même si vous avez besoin de moi. »

    - « Oui, parce que tu parles allemand, et Helga aura travaillé la veille sur une autre soirée. Pour te consoler, je mettrai Félicia avec toi, mais, je te le répète, vous ne serez que deux, ce sera une petite soirée. »

     

    L’idée de travailler seul avec Félicia lui plaisait, évidemment, et il travailla donc à préparer un buffet pour une cinquantaine de personnes, celui qu’il aurait à servir le soir. Il aimait bien préparer ce qu’il allait servir, même si ça faisait une dure journée. Il embarqua dans la camionnette le matériel nécessaire, et partit au volant, en tenue de service rose, avec Félicia à côté de lui.

     

    C’était, en lointaine banlieue, une villa, disons plutôt un très grand pavillon de plain-pied, sur un beau morceau de terrain, avec, au portail, pour les invités qui se seraient posé des questions, une pancarte « Ici, soirée DSK. » Il se dit qu’il allait s’ennuyer dans une soirée politique, mais, bof, il ne serait pas seul.

    Il gara le véhicule dans le très vaste parking gazonné du pavillon. Félicia et lui furent accueillis par le maître des lieux, un homme d’une cinquantaine d’années, accompagné de son épouse, qu’ils reconnurent pour une cliente du magasin. On leur indiqua la cuisine et on leur donna les consignes : ne pas monopoliser la cuisine entière mais seulement une partie, dresser un petit buffet dans la grande pièce, et, surtout, constamment circuler avec des plateaux. Ils furent étonnés par la quantité de vaisselle sale amoncelée dans la cuisine, ce qui les choqua, et qui n’allait pas du tout avait le reste de la maison, fort bien tenue. Mais ils n’osèrent rien dire. Le maître de maison, en finissant les consignes, il leur fit une gentille remarque sur leur tenue de service, et les laissa commencer leur mise en place. Pendant qu’ils travaillaient, Valérie et Félicia remarquèrent que leur hôte, de son côté, s’activait aussi, transportant des tables, du matériel et, notamment, installant des portants munis de cintres dans les pièces de réception.

     

    A peine cette mise en place était-elle finie que les invités commençaient à arriver, accueillis par la maîtresse de maison. Une moitié de couples, une moitié d’hommes seuls, dont quelques uns étaient des travestis, mais ce n’était pas pour les surprendre. Valérie et Félicia comprirent vite à quoi servaient les portants dans les pièces de réception.

     

    Si les invités laissaient, dans l’entrée, leurs vestes, ils entraient tous dans le séjour et le salon avec des valises, dont ils sortaient des blouses de nylon, de toutes formes et de toutes couleurs, et des tabliers de la même matière. Ils rangeaient le tout, soigneusement, sur les portants, avec des étiquettes sur les cintres pour repérer chaque vêtement et son propriétaire.

     

    On commença à servir l’apéritif pendant que les invités finissaient d’arriver et rangeaient leurs blouses et leurs tabliers de nylon, tout en restant habillés normalement. De toute évidence, ils se connaissaient, se donnaient du « Bonjour Paul » (un homme), bonjour Catherine (un travesti), bonjour Micheline (un travesti venu avec son épouse). Une grande partie étaient étrangers, dont de nombreux Allemands, qui furent heureux de voir que Valérie maîtrisait parfaitement leur langue. Un mouvement se fit à l’entrée d’une des dernières invitées :

    - « Ah, voici Sandrine ! dans un grand cri de bienvenue. Sans toi, la fête ne serait pas complète. »

     

    Sandrine était une femme, petite, un peu ronde, qui, enlevant son imperméable, apparu dessous en blouse de nylon bleu et bottes, et, de toute évidence, nue sous sa blouse que tendaient ses rondeurs. Elle était accompagnée de son mari, qui portait une imposante valise, extrait de la formidable collection de blouses de sa femme.

     

    L’arrivée de Sandrine donna le départ de la soirée. Le maître de maison, Philippe, fit un petit discours de bienvenue, invita ceux qui n’avaient pas le verre en main à le prendre, et à se servir au buffet ou dans les plateaux qui circuleraient, avec un mot gentil pour les serveuses des Goûts Doux auxquelles, dit-il, il ne manque que le nylon, la qualité de mets et du service étant garantis.

    Il expliqua aussi que, en plus des essayages et des échanges ou ventes de blouses, il y avait des « ateliers », dont les animateurs avaient étés convenus avec lui, et qu’il invitait à circuler de l’un à l’autre pendant les essayages. Il parla également de quelques jeux qui varieraient les plaisirs et déclara ouverte la soirée « Dederon Shhrürze und Kittel », ce qui expliquait les initiales « DSK ». Valérie se souvint alors que « Dederon » était le nom qu’on utilisait, en République Démocratique Allemande, pour le Nylon, afin de ne pas user de cet abominable nom capitaliste, la fibre synthétique étant censée avoir été inventée par un chimiste allemand.

     

    Tout le monde se mit alors en blouse, soit par-dessus ses vêtements de ville, soit en gardant juste ses sous-vêtements, soit, pour certains et certaines, suivant l’exemple de Sandrine, sans rien dessous.

    Parmi les sous-vêtements, Valérie nota qu’il y avait pas mal de gaines et de combinés à l’ancienne, mais aussi des jupons et des fonds de robe, et que ces sous-vêtements étaient plutôt portés par les travestis, les hommes et les femmes restant plus volontiers soit nus, soit habillés. Pendant plusieurs minutes, on n’entendit que le crissement du nylon, bruit qui de toute évidence excitait tout le monde.

    Valérie se rappela que le nylon était interdit pour le travail, parce qu’il s’enflammait vite et qu’il collait à la peau. Il s’inquiéta un peu, mais se rassura vite : il n’y avait dans la maison aucune flamme apparente, ni même aucune ampoule électrique ou quoi que ce soit qui chauffe trop. De plus, il repéra, en quelques points de la maison, des couvertures de sécurité et des extincteurs. De toute évidence, la soirée était très, très bien organisée, sous sa simplicité apparente.

    Bientôt, tout le monde fut en blouse de nylon, la plupart étant, même pour les hommes, des blouses de femme, certaines assez anciennes, unies, à pois, à rayures, à carreaux, à motifs, boutonnées devant, sur le côté, ou dans le dos, avec des cols droits, des cols Claudine, des cols officier, bref, toutes les sortes de blouse que l’on pouvait imaginer. On voyait, à la coupe de la blouse, le caractère de qui la portait. Les blouses à col officier, boutonnées sur le côté, plutôt unies, pour les hommes ou les travestis dominateurs, les blouses à col rond, boutonnées devant ou dans le dos, plutôt à carreaux ou à motifs, pour les soumises et soumis, avec biensûr de nombreuses variations.

     

    Certains mettaient deux blouses l’une sur l’autre, d’autres un tablier ou une chasuble, en nylon toujours, sur la blouse, et tous prenaient plaisir à s’habiller, se changer, essayer une autre blouse, échanger les tenues les uns avec les autres. Il y avait en effet une bourse d’échange, voire même de vente et d’achat, le tout à la bonne franquette, entre collectionneurs, chacun cherchant à se débarrasser de ses doubles au profit de pièces plus intéressantes.

     

    Valérie et Félicia circulaient entre les invités, avec des plateaux de nourriture et de boisson, ce qui leur donna l’occasion de visiter le vaste pavillon et de faire le tour de ce que le maître de maison avait appelé des « ateliers ».

     

    Le premier d’entre eux, installé dans un coin du petit salon, était l’atelier de couture. Là, une dame assez âgée, en blouse à fleurs, avait installé sa machine à coudre, et faisait, pour ceux qui le voulaient, des retouches, reprenait des ourlets, consolidait des coutures, réparait des boutonnières, rajoutait des boutons, en puisant dans une vaste collection de boutons à l’ancienne, rangés sur des bouts de carton. Chacun lui donnait quelques pièces ou un petit billet pour son travail, mais on voyait bien que ce n’était pas le principal. Bien que n’étant pas, comme les autres invités, fétichiste des blouses, elle connaissait ce milieu et prenait plaisir à travailler les vêtements de sa jeunesse. Elle prenait également les commandes pour des blouses sur mesures, qu’elle confectionnerait ensuite.

     

    Dans la cuisine, dont les Goûts Doux ne pouvaient utiliser qu’une partie, était l’atelier « ménage et vaisselle ». En blouse et tablier, de nylon ou parfois de caoutchouc, ou en blouse et chasuble, des amateurs, hommes et travestis uniquement, faisaient la vaisselle en gants de ménage, et y prenaient grand plaisir. Ainsi s’expliquait la quantité de vaisselle sale accumulée que Félicia et Valérie avaient remarqué en arrivant : elle avait, de toute évidence, été gardée en prévision de la soirée. Et ils furent invités à rapporter verres et plats salis, pour qu’ils soient nettoyés gracieusement par les laveuses bénévoles.

    L’atelier ménage se faisait aussi dans la cuisine que d’autres récuraient à fond, du sol au plafond, carrelage, plans de travail, vitres, y compris un grand ménage du réfrigérateur qui avait été vidé à cet effet. L’atelier ménage se poursuivait dans toute la maison, chiffons à la main, et l’on se disputait presque l’usage de l’unique aspirateur que l’on passait, bien courbé dans sa blouse, au milieu des autres invités moqueurs. Bien sûr, il y avait aussi des wassingues passées à quatre pattes et essorées dans des seaux d’eau fumante, par des travestis en blouses qui commençaient à être trempées de sueur.

     

    En continuant à circuler, et en portant les plateaux dans le bureau, ils y virent l’atelier « école ». Une maîtresse d’école, une vraie femme, en blouse grise, boutonnée dans le dos, faisait la classe à quatre autres personnes, trois écoliers et une écolière, celle-ci en blouse vichy rose, ainsi que deux garçons, seul le dernier ayant une blouse vichy bleu. La maîtresse avait une règle à la main, disposait d’un tableau noir monté sur roulettes et d’une craie, et faisait la classe. Elle assurant la discipline avec une règle plate, en bois, dont elle se servait pour taper sur les doigts des élèves. Elle leur tirait aussi les oreilles, les cheveux, les pinçait, pour leur plus grand plaisir, à chaque mauvaise réponse, sur des questions classiques comme la liste des sous-préfectures que personne, bien sûr, ne connaissait.

    De toute évidence, fessées et piquets allaient arriver, vu le peu de connaissances des élèves emblousés. Puis certains seraient renvoyés, après la punition, pour laisser la place à d’autres blouses avides de connaissance.

     

    La première salle de bains abritait l’atelier « coiffure ». Il y avait, fixé sur le lavabo, un bac en plastique noir, et une jolie shampouineuse en blouse et tablier de caoutchouc, accompagnée d’une coiffeuse qui ne portait que la blouse. A tout de rôle, tous les messieurs, et même les travestis, sous leur perruque, voire même les femmes qui portaient les cheveux très courts, venaient se les faire laver et se faire masser le cuir chevelu. Il suffisait pour cela de s’asseoir sur la chaise et de se faire recouvrir, par-dessus sa blouse, d’une grande cape de coiffeur en nylon elle aussi. Valérie remarqua une fois, en rentrant dans la pièce avec son plateau au moment ou le shampouiné prenait place, qu’il était attaché sur la chaise, chevilles sur les pieds de celle-ci, bras au dossier, avant d’être recouvert de la grande cape qui, tombant jusqu’au sol, masquait le tout. La shampouineuse ou la coiffeuse, pouvait, ensuite, après le shampoing, détacher la personne pour l’attacher à nouveau sous un casque de séchage, ou sur une autre chaise pour lui faire un brushing, toujours avec cette grande cape de nylon qui masquait les liens. Autant la shampouineuse, qui était un homme, était de toute évidence une amatrice, autant la coiffeuse connaissait son métier, et on repartait donc bien coiffé.

     

    La seconde salle de bains comportait des toilettes et il était indiqué sur la porte « atelier dame-pipi ». Derrière une petite table, un travesti en blouse recouverte d’une chasuble, madras noué sur les cheveux, pantoufles aux pieds, faisait la dame pipi. Celui ou celle qui voulait aller aux toilettes la voyait alors, agenouillée, devant la cuvette, nettoyer soigneusement celle-ci. Il était possible, et même recommandé, pendant l’opération, de lui palper les fesses. Après le nettoyage, la dame pipi faisait prendre place le pisseur ou le déféquateur, lui faisait la conversation pendant l’opération ou le fournissait en revues à lire, et lui tendait ensuite le papier hygiénique, voire même le torchait sur demande. S’il s’agissait d’une pisseuse ou d’une déféquateuse, le service rendu était le même, mais il y avait plus d’hommes que de femmes parmi les volontaires. Surtout que, si l’homme le voulait, la dame pipi pouvait tenir son engin pendant l’opération et même, après, lui sucer la queue, agenouillée devant lui assis sur le couvercle des toilettes.

    Le service n’était pas gratuit, bien sûr, et il convenait de mettre, quelle que soit la prestation, une petite pièce dans la soucoupe prévue à cet effet. Et, pour ceux qui avaient besoin d’intimité pour les besoins, il y avait quand même, un peu plus loin dans le couloir, des toilettes ordinaires.

     

    Valérie et Félicia faisaient donc la tournée de la grande maison, plateaux à la main, Valérie parlant allemand avec certains invités qui en étaient contents, et qui étaient des « ostalgiques » de l’époque de l’Allemagne de l’Est ; ils avaient gardé, d’ailleurs, des blouses de cette époque.

     

    A un moment, après le service des entrées, le maître de maison demanda à tout le monde d’interrompre les ateliers et de se réunir dans la grande pièce, où on projeta sur un écran géant quelques films, dont un documentaire sur une cuisine collective en Allemagne de l’Est, ainsi que des extraits où l’on voyait, bien sûr, des femmes en blouses de nylon. Félicia et Valérie interrompirent le service pendant la projection, ce qui leur permis de se reposer un peu, sans s’asseoir, bien sûr, mais en s’adossant sur un meuble en regardant les films.

     

    Puis les ateliers reprirent, ainsi que le service suivant, qui consistait surtout en petits sandwiches et en vin rouge et blanc. Les ateliers tournèrent de nouveau à plein, mais les tenues s’allégeaient, de plus en plus de blousophiles étaient nus sous la blouse, on entendait le crissement des nylons qui se frottaient, puisqu’on avait mis, dans la grande pièce, de la musique, très bas, pour danser des slows. Dans l’atelier « dame pipi », les fellations se faisaient plus nombreuses, dans l’atelier « coiffure », le ligotage plus courant et, dans l’atelier « école », les fessées commençaient à rougir les fesses. Seuls, la vaisselle, le ménage, la couture restaient sages.

     

    Avant le dessert eurent lieu les jeux, qui permirent, encore, de faire une pause dans le service.

     

    Il y eut un concours d’emblousage, avec deux épreuves.

    La première était de superposition : il fallait mettre le maximum de blouses les unes sur les autres, soigneusement boutonnées, ce qui supposait de bien choisir les tailles et les coupes. C’était un concours sans autre enjeu que les applaudissements pour celles et ceux qui avaient mis le plus de blouses (on arrivait à la dizaine), avec parfois quelques tabliers dessus.

    La deuxième épreuve était l’emblousage en couple, qui consistait, pour un couple de mettre chacun une blouse et de la boutonner avec la blouse de l’autre. On eut donc des boutonnages face à face de blouses boutonnées devant, permettant ainsi aux partenaires qui le désiraient de danser des slows dans les blouses. Il y eut des boutonnages dos contre face, la blouse boutonnée dos et celle boutonnée devant, permettant de mimer la levrette ou la sodomie, et qui fut tenté par des travestis, pour leur plus grand plaisir. Le boutonnage de deux blouses boutonnées dos fut tenté également, mais sans intérêt aucun, avec, en plus, le risque que les mouvements mal coordonnées ne fissent craquer les coutures.

     

    Le deuxième jeu était un concours de boutonnage et de déboutonnage. Il consistait, partant en sous-vêtements ou nu, à boutonner le plus vite possible une blouse boutonnée dos, a mettre sa ceinture, nouer ses poignets, enfiler convenablement un tablier par-dessus. On arrêtait le chronomètre, le jury qualifiait l’habillage, et on faisait repartir le chronométrage pour le déshabillage. Le jeu fut fait avec différentes tenues, mais cette fois avec gages et récompenses. Le perdant recevait une légère fessée, et le gagnant était sucé si c’était un homme, gougnotté si c’était une femme, par un ou une volontaire. Et le fait est que les volontaires pour donner les récompenses ne manquaient pas le moins du monde, et que les perdantes et les perdants, à quelques exceptions près, tiraient un grand plaisir de la fessée reçue.

     

    Enfin, et il y eut un concours de blouses mouillées, qui consistait, nu sous la blouse collante, à l’arroser d’eau fraîche, sur tout le corps, pour en dévoiler les formes. Il n’y avait rien à gagner, sinon à exhiber ses fesses rondes, son sexe bandant ou ses nichons aux tétons tendus par l’eau froide, sous les applaudissements de tout le monde. Celles et ceux qui avaient joué ne se séchaient pas, mais mettaient, par dessus la blouse mouillée, une blouse ou deux de plus, se réchauffaient ensuite en se faisant frotter par les autres à travers la superposition du nylon.

     

    Après les jeux, et pendant le dessert, les ateliers repartirent mollement, tout le monde ayant déjà goûté à ce qui l’intéressait. On essaya encore quelques blouses, on fit quelques échanges et quelques transactions, puis, dans toute la maison, quelques couples en blouse, homme et femme, ou hommes entre eux, se rapprochèrent sur les canapés, les lits des chambres, ou sur les tapis. Les couples mixtes faisaient l’amour en blouse, le sexe passé à travers le boutonnage ou la blouse relevée, les couples masculins, le plus souvent, se suçaient réciproquement, le sexe toujours entre les boutons.

     

    Valérie et Félicia n’avaient plus rien à servir avant le café.

    - « Et vous, dit le maître de maison, sur un ton dont on ne savait pas s’il était sérieux ou de plaisanterie, vous ne faites rien ? Vous pouvez bien arrêter le service le temps d’un gougnottage… »

    Ils faut dire que, autant les ateliers et les jeux les avaient amusés, sans plus, autant ces quelques couples qui faisaient l’amour les émoustillaient, les excitaient tout autant que les séances orgiaques du sous-sol. Ils se dirent, pour s’enlever tout scrupule, que les sœurs Watt devaient connaître le client, le genre de la soirée, et que leur autorisation était sous-entendue.

    Ils troussèrent donc leur tenue de service, enlevèrent leurs culottes, ce qui permis au maître de maison, sans faire la moindre remarque ni être choqué aucunement, de constater que Valérie était un garçon. Lui et Félicia firent l’amour sur la table de la cuisine, comme les autres, sans que cela ne les gêne le moins du monde, parce que l’ambiance était sympathique et que, de toute façon, ils étaient seuls dans cette pièce avec un couple d’hommes dont l’un, agenouillé, suçait l’autre appuyé contre l’évier..

     

    Puis ils servirent le café pendant que les invités rangeaient leurs blouses et leurs tabliers dans les valises et dans les sacs, remettaient leurs tenues de ville, prenaient un café et partaient, par petits groupes, en embrassant tout le monde et en remerciant le maître et la maîtresse de maison pour cette agréable soirée. En partant, ils glissaient quelques billets dans une boite, afin de couvrir les frais de la soirée, frais qui consistaient uniquement en la prestation des Goûts Doux. Le contenu de la soucoupe de la dame-pipi alimenta aussi, mais en petite monnaie, la cagnotte commune.

     

    Quand tout le monde fut parti, quand le matériel de traiteur fut rangé (le gros de la vaisselle avait été fait par les blousophiles au fur et à mesure du service et encore, ils en auraient voulu plus à faire), l’organisateur remit à Félicia le chèque en règlement de la prestation et leur donna un petit pourboire à chacun. Il était modeste, mais donné de bon cœur.

    Leur demandant s’ils aimaient le nylon, le maître de maison leur offrit en plus, à chacun, une vieille blouse de fille en nylon, qu’il prit dans sa vaste collection, et qui étaient d’un modèle si répandu qu’elles ne le privaient en rien, les assura-t-il.

     

    Ils le remercièrent chaleureusement, et ils quittèrent les lieux, assez tôt finalement, pour ramener la camionnette et tout ranger aux Goûts Doux avant d’aller se coucher.

     

    - « C’était sympa, non ? dit Valéry, c’est plus naturel que la soirée des Miss travesties. »

    - « Oui, dit Félicia, et si tu veux, on mettra les blouses pour faire l’amour à la maison dans le crissement du nylon. »

     

    Ils se le promirent, même s’ils n’avaient pas besoin de ça pour avoir envie l’un de l’autre. Heureuse jeunesse !

     


     

     18 – Tante Rose chez les goudous

     

    Ce n’est pas la blouse de nylon que remit Valérie le lendemain, mais la blouse de coton et le tablier de travail réglementaires, comme chaque jour, alternant la tenue blanche du labo et la tenue rose du magasin.

     

    Le soir, il faisait l’amour avec Félicia, en bons copains, un peu plus maintenant, disons qu’il s’agissait d’une amitié amoureuse, parce qu’il était quand même gêné de voir Félicia prendre, de temps à autre, du plaisir saphique avec Fatia, ce qu’elle faisait de temps à autre, dans la chambre de cette dernière. Valéry fit l’amour quelques fois avec Félicia en mettant tous deux les blouses de nylon blanc qui leur avaient été donnés, et le crissement du nylon, sa chaleur, venait pimenter leur saine et franche relation. Et c’est à cette occasion que Valéry se rendit compte qu’il attendait avec impatience la prochaine orgie du couvent des goudous. Il l’avoua à Félicia : c’était pareil pour elle, ces moments de débauche, de vice, de tendresse et de honte leur étaient nécessaires à tous les deux.

     

    Aussi, Valérie était très excité quand il descendit au sous-sol pour l’orgie suivante, bien qu’il commença à être un habitué.

    Quand les filles se déshabillèrent, avant d’entrer dans la grande pièce, il sentit une odeur de femme plus forte, plus prenante que d’habitude. En se déshabillant aussi, il remarqua qu’une bonne partie d’entre elles, se mettant nues, conservait entre les cuisses un drôle de sous-vêtement. Cela l’étonna, c’était contraire à tous les usages. C’était une ceinture blanche, qui soutenait une bande qui passait, de l’avant à l’arrière, entre les cuisses, et qui portait une garniture de coton blanc.

    - « Tu t’étonnes, Valérie sans tétons ? demanda Julie, qui aimait les jeux de mots laids. »

    - « Ce sont des serviettes hygiéniques, nigaude, compléta Josiane, ce soir, nous sommes quelques unes à recevoir Tante Rose… »

    - « Quoi ? demanda Valérie, faisant rire tout le monde. »

    - «  Oui, à avoir nos ragnagnas. »

     

    Valérie savait que les ragnagnas, c’était les règles, les menstrues. On lui avait dit que, quand un grand nombre de femmes vivaient ensemble, leurs cycles menstruels s’accordaient les unes sur les autres, et qu’elles avaient leurs règles en même temps. C’est vrai, ces derniers jours, Félicia avait mis son tampon, ce qui ne l’empêchait pas de faire l’amour, après s’être bien lavée. Il reconnut l’odeur des règles féminines, qui, chez Félicia, était masquée par sa forte odeur de négresse saine et bien portante. Il compris que, ce soir, beaucoup de goudous en âge de l’être étaient réglées et, de toute évidence, pour la soirée, les tampons étaient interdits, les moules devaient être libres, d’où les serviettes et leurs suspensions.

     

    Les filles mirent le voile et les tongs, rentrèrent en prenant blouse, tablier et torchon. Au moment ou Valérie allait prendre, au hasard, un des torchons sales, qui se trouvait être rouge, Félicia, son ange gardien, l’arrêta :

    - « Ce soir, les torchons rouges sont réservés aux filles réglées, prend une autre couleur. »

    Il fit ainsi et alla se mettre avec les autres en rond au centre de la pièce, et, comme d’habitude, Mère Mariette dit :

    - « Mes filles, nous allons commencer la bacchanale du couvent des goudous. Que chacune aide l’autre à mettre sa tenue de pénitence. »

    Elles s’habillèrent, faisant disparaître les accessoires menstruels. Mère Sylviane dit :

    - « Faisons la ronde et mettons-nous les mains aux fesses. »

    On fit la ronde en se tâtant réciproquement les culs, et Mariette demanda :

    - « Voulez-vous toutes que nous partagions nos corps et que nous nous soumettions chacune à nos plaisirs, jusque dans les châtiments ? »

    - « Oui ma Mère ! »

    - « Les goudous, l’orgie commence, et puisque tante Rose est avec nous, ça va être une orgie bien sale. »

     

    Michèle prépara le gigot à l’ail et tendit le plateau à Mère Mariette qui distribua une rôtie à chaque fille qui venait s’agenouiller devant elle et le prendre en bouche pour le mâcher et l’avaler.

     

    Puis, cette communion païenne et saphique achevée, tout le monde s’étant assis, Mère Sylviane annonça la première ardoise :

    - « Michèle, c’est à toi d’être punie ce soir, vient demander pardon à nos genoux, salope. »

     

    Michèle s’avança, fit la révérence en relevant légèrement sa blouse et son tablier bleu, où pendait un torchon rouge. « Elle va donc être fessée pendant ses règles », se dit Valérie. Elle vint ensuite s’agenouiller devant les Mères, baisa et lécha leurs pieds, leurs mains et leurs tabliers, pendant que Julie, sa responsable, rappelait toutes les fautes qu’elle avait commises. On lui imputa même, et c’était normal, quelques fautes de sa jumelle, qu’elle accepta et reconnut comme les siennes, avant de demander, bien humblement, à être punie pour effacer son ardoise des ses larmes.

     

    - « Oui, dit Mère Sylviane, tu vas être punie, et ta punition sera de passer entre les rangs, dix fois. Helga te guidera et te surveillera pendant la punition. Les filles, que chacune aille chercher trois fessoirs : une touillette, une cuillère, et une planche à découper. »

     

    Toutes les filles allèrent vers le mur où étaient pendus les fessoirs. Sous les martinets, les paddles et autres, il y avait, sur une petite console recouverte d’une nappe des piles d’ustensiles de bois. Chaque goudou, Valérie comme les autres, pris les trois fessoirs et suivit le mouvement, prenant les instruments puis allant embrasser Michèle sur la bouche avant de prendre place.

     

    Les filles s’étaient mises au milieu de la pièce, sur deux rangs, se faisant face mais légèrement décalées, séparées d’un peu moins d’un mètre. Sur un rang, Mère Mariette et Mère Sylviane avait pris place à chaque extrémité, avec Julie et Josiane en face. Helga conduisit Michèle à une extrémité de la file et la prépara pour la punition. Comme d’habitude, elle retroussa sa blouse derrière, boutonnant près du col le bas des deux pans. Elle se baissa et entrava ses chevilles avec une ceinture de blouse, ne lui laissant qu’une trentaine de centimètres de longueur de pas. Puis, se relevant, elle lui lia les mains avec une autre ceinture de blouse et lui fit prendre place un mètre avant le début de la rangée, se mettant face à elle. De toute évidence, Helga allait marcher à reculons pour guider Michèle et surveiller ses expressions et ses larmes, ce qui faisait partie de la fonction de l’aide-tourmenteuse.

     

    - « Premier passage, debout, commanda Mère Mariette. Bourelles, troussez vos manches, levez la cuillère de bois et tenez-vous prêtes. »

    Chaque goudou, devenue ainsi punisseuse collective, garda la cuillère de bois en main droite, bras levé, faisant passer les deux autres fessoirs dans la ceinture de sa blouse.

    - « Helga, commanda Mère Mariette, en avant, marche ! »

     

    Marchant à reculons, Helga pris les mains de Michèle et la fit avancer, en tenant compte de son entrave. Passée devant Mère Mariette, celle-ci abattit la cuillère de bois sur la fesse qui était de son côté, y laissant une marque rose. Puis la bourelle d’en face fit de même, et ainsi de suite. Entre les fesses, on voyait le support de la serviette hygiénique, qui écartait légèrement les cuisses de la punie. Michèle, guidée par Helga, faisait un ou deux pas entre chaque coup. Elle souriait à Helga, qui lui souriait aussi, mais, à la fin du rang, son sourire était devenu bien crispé. Valérie était presque en fin de rang. Il eut donc le temps de voir à quelle hauteur on levait la main, à quelle vitesse on abattait le fessoir, afin de s’ajuster sur les pratiques des autres bourelles. Elles ne tapaient pas bien fort, l’essentiel de la punition consistant dans le parcours, bien sûr. Quand Michèle fut sortie des rangs, Mère Sylviane commanda la suite de la manœuvre :

    - « Demi-tour droite, droite ! Tourmenteuses, rangez la cuillère et levez la touillette. Helga, en avant, marche ! »

     

    « Décidément, la manœuvre était toute militaire », se dit Valérie. Il se rappela que, quand on lui avait présenté Helga, on lui avait dit qu’elle avait été dans l’armée allemande. De toute évidence, elle avait du proposer cette punition collective, à la prussienne, aux Mères, qui l’avaient adoptée. Helga tira à nouveau la victime entre les rangs, qui reçut donc 14 coups de touillette de bois. La touillette était plus plate et plus large que la cuillère, et laissait des marques différentes qui, grâce à l’habileté des fesseuses, venaient rosir toute la surface du cul de Michèle.

     

    Le troisième passage se fit à la planche à découper. Cet instrument, lourd et de grande surface, était manié avec précaution, sinon il aurait pu causer des hématomes. On frappait donc bien moins fort qu’avec les autres, et on faisait glisser un peu la planche après le coup, dont le bruit était, finalement, plus impressionnant que la douleur.

     

    - « Demi-tour droite, droite ! Tourmenteuses, rangez la planche et levez la cuillère. Helga, fait agenouiller cette salope. »

    Helga, obéissant à Mère Mariette, aida Michèle à s’agenouiller, en la prenant sous les bras et en la serrant contre elle, puisqu’elle avait les chevilles entravées ; elle avait relevé sa blouse et son tablier par devant, pour ne pas gêner la marche à genoux. On voyait bien le plaisir qu’avait Helga à se serrer contre Michèle et même, au passage, elle passa un coup de langue sur les premières larmes qui avaient coulé.

    - «  En avant, marche ! »

    Agenouillée, les bras levés comme pour une supplique, les mains dans celles d’Helga, Michèle fit, plus lentement, le trajet entre les quatorze fesseuses, qui se baissèrent légèrement pour abattre la cuillère sur les fesses de Michèle. Son visage commençait à rougir, et les larmes coulaient sur ses joues, discrètes mais réelles.

     

    Demi-tour, changement d’instrument, passage à genoux à la touillette, nouveau demi-tour, passage à genoux à la planche à découper, on se serait cru non plus dans un couvent de gouines, mais dans une caserne ou plutôt dans une prison de femmes, les tenues pouvant faire penser à celles de certains pénitenciers d’antan.

    - « Demi-tour droite, droite ! dit Mère Mariette. Helga, mets la cochonne à quatre pattes. Bourelles, levez la cuillère. »

     

    Helga donna du mou à la ceinture qui liait les mains de Michèle et la fit mettre à quatre pattes. Ne pouvant plus lui tenir les mains pour la guider, Helga noua le bas de son tablier autour du cou de la punie. Elle recula, tout doucement, pour faire avancer Michèle qui se traînait misérablement entre les rangs des punisseuses. Elle fit ainsi, tant bien que mal, ses trois passages à la cuillère, à la touillette et à la planche. Son cul était maintenant vermillon, et elle pleurait à chaudes larmes, mouillant le tablier d’Helga qui l’obligeait à avancer.

     

    - « Pour le dernier passage, debout, Michèle, et tu seras fessée à la main, dit Mère Sylviane. »

    Tendrement, Helga dénoua son tablier du cou de Michèle et l’aida à se relever. Elle dénoua aussi la ceinture qui liait ses mains et, se collant contre Michèle, elles s’enlacèrent.

    Le dernier passage se fit ainsi, Helga, l’aide-tourmenteuse, et Michèle, la punie, tendrement enlacée, la première marchant à reculons, guidant la seconde qui avançait à petits pas. Chaque punisseuse lui donnait, du plat de la main, plusieurs claques sur les fesses, et Valérie fut surpris de la chaleur qui se dégageait de ce cul éprouvé et meurtri.

     

    - « Rompez les rangs, commanda Mère Mariette. »

    Et tout le monde vint embrasser tendrement Michèle, pendant qu’on rafraîchissait ses miches écarlates avec des torchons mouillés, selon la douce habitude des goudous, quand l’ardoise a été effacée par les larmes.

     

     

    La deuxième ardoise à effacer était celle de Lucie, du magasin, qui vint aussi s’humilier aux pieds des Mères. Valérie remarqua qu’elle était réglée aussi : elle avait un torchon rouge. Helga et Jacqueline l’empoignèrent et la conduisirent sur le banc de fessée, où elle devait recevoir le martinet. Carine, qui devait la punir, et Justine, qui devait l’assister, attachèrent Lucie, agenouillée, sur le banc de fessée, blouse retroussée, serviette entre les cuisses, poitrine écrasée contre le rembourrage du banc. Carine vint l’embrasser, puis Justine s’assit devant le visage de Lucie, passa un doigt entre ses cuisses, le ressortit mouillé de glaire sombre, et le fit renifler à Lucie.

    Pendant ce temps, Carine retroussait sa manche, après avoir assuré le martinet à son poignet, et le levait. Sur un regard de Justine, elle abattit les lanières sur le cul de Lucie, qui se tendit, mais ne put guère bouger parce qu’elle était solidement maintenue sur le banc. Les coups suivants la firent rougir et, malgré les liens, elle entama la danse du cul qui, même limitée à quelques centimètres, ajoute tant de charme à la punition. Plusieurs fois pendant celle-ci, Justine repassa son doigt entre ses cuisses impures pour le donner à sentir, à lécher et à sucer à la punie, qui devait trouver un certain réconfort dans le partage de cette odeur de femme.

     

    Après une soixantaine de coups vigoureusement assénés, un examen des fesses par Mère Mariette, et un supplément de dix coups pour bien terminer la coloration fessière, on détacha Carine qui, pendant qu’on lui rafraîchissait les fesses, fut embrassée par toutes les goudous. On fit commencer les baisers et les léchouilles de pardon par Valérie, qui eut donc la primeur des sécrétions mensuelles de Justine. Celle-ci, qui était restée à côté de la punie, dit à Valérie :

    - « Profites en bien, j’arrive à la ménopause, il y a plus de mouille que de sang. »

     

    Les punitions finies, comme d’habitude, tout le monde se serra autour de la grande table. Les Mères avaient fixé la règle, pour ce soir, de manger sans les mains. Tout le monde mit donc les mains autour de la taille de ses voisines, et se pencha sur les plats pour manger directement dedans. On aurait dit une portée de petits cochons venant à l’auge maternelle.

    En entrée, il y avait des betteraves cuites, en petits dés, fortement huilées et aillées. Chacune alla les manger en fourrant son museau dans les plats et, bientôt, toutes les faces furent rouges du jus de betterave.

    Valérie compris que c’était la couleur de la soirée quand il dut aller chercher le plat suivant : c’était des spaghettis en sauce bolognaise, avec de toutes petites boulettes de viande, le tout baignant dans une sauce abondante. Les filles plongèrent dans les spaghettis qu’elles aspirèrent et sucèrent, tachant abondamment de sauce leurs blouses et leurs tabliers. Mère Mariette et Mère Sylviane faisaient comme les autres, et les taches qu’elles se faisaient ressortaient bien sur leurs tabliers blancs, alors que, sur les tabliers bleus, ça se voyait moins.

    Les fromages furent de Hollande, à pâte rouge orangée, râpés, mais il y avait aussi des apéricubes de cocktails, que quelqu’un avait soigneusement déballés de leurs emballages individuels (qui avait été de corvée ? il y en avait deux ou trois cents), et qui étaient rouges aussi. Certaines en eurent de collés sur le nez et sur les joues, mais ils furent vite mangés par leurs voisines.

    Après le dessert, constitué de mousse de fraise à la chantilly, tout le monde avait le visage sali de rouge et un peu collant.

     

    - « Et pour la bonne bouche, les filles, léchage de ragnagnas, dit Mère Mariette. Que chacune nous montre sur son torchon l’état de sa moule. »

    Les neufs filles qui avaient un torchon rouge, à commencer par elle et sa sœur, troussèrent tablier et blouse, enlevèrent leurs serviettes et leurs suspensions, et s’essuyèrent la moule avec le torchon. Comme elles étaient neuf réglées sur seize, il fallait bien en éliminer une, et ce fut Georgina, dont les règles étaient peu abondantes, qui fit les frais de l’examen.

    Les huit autres se calèrent confortablement sur les canapés et les fauteuils, les cuisses largement écartée sur la béance gluante rouge sombre. Celles qui étaient rasées montraient bien leurs sécrétions étalées partout, celles qui étaient poilues en avait imbibé leur toison.

     

    Valérie fut affecté au gougnottage de Julie, qui avait la chatte rousse comme ses cheveux, et abondamment poilue. Sa toison était engluée dans du sang noir mêlé de glaires et de mouille. Le tout, ajouté à l’odeur d’un peu de pipi, à celle de sa sueur et à sa fragrance de rousse, rendit Valérie complètement fou. Alors qu’il s’attendait à être dégoûté, et que ce gougnottage soit une épreuve pour lui, alors qu’il s’attendait à devoir retenir une envie de vomir, il fut excité au point de bander douloureusement. Il enserra les cuisses entre ses bras, plongea son visage maculé de betterave, de sauce tomate et de fraise, dans les poils roux, lécha et avala tout ce que le corps féminin et plein de santé de Julie avait produit conformément à la nature.

     

    Pendant les règles, le sexe de la femme est particulièrement sensible, comme il l’est aussi, mais moins, après avoir fait pipi. Toutes les gougnottées, donc, soupiraient et râlaient de plaisir plus vite et plus fort que d’habitude. Elles avaient gardé à la main leur torchon rouge, et, pendant qu’elles se faisaient faire minette, elles reniflaient leur propre odeur et léchaient leurs secrétions. Comme toutes les gougnotteuses étaient, à l’instar de Valérie, excitées par ce moment fort du cycle de leur sœur, elles prirent un grand plaisir à donner plaisir aux autres. Le gougnottage dura longtemps, et s’acheva par des caresses et des baisers, chacune nettoyant soigneusement le visage de l’autre. Ce qui fait que, à la fin de la séance de gouinage, les visages étaient aussi propres qu’avant le repas, et les moules aussi propres qu’avant le début des menstrues.

    Puis, chacune remit en place sa serviette sale, et l’on passa à la fessée finale :

    - « Fini pour les bouches et les moules du plaisir, place aux mains et aux miches de la douleur, dit Mère Mariette. »

     

    Les Mères apparièrent les goudous pour la fessée. Michèle et Lucie furent dispensées, ayant déjà été punies. On enfila les raidisseurs dans les manches de leurs blouses, on serra bien le bas de celle-ci pour ne leur permettre que des petits pas, on leur enfila des gants de ménage rose.

    - « Maintenant, au travail, les punies, dit Mère Sylviane, il y a la table à débarrasser et la vaisselle à faire, à moins que vous ne préfériez une autre raclée ? »

     

    Elles ne demandèrent pas leur reste, et se mirent de bon cœur aux corvées ménagères, pendant que les Mères appariaient les goudous pour la fessée réciproque. Valérie fut confié à Helga ou plutôt, comme c’était à lui de commencer, on lui confia la belle Allemande.

    Il s’assit, la fit mettre devant lui, et lui demanda de trousser sa blouse et son tablier par devant. Elle lui montra donc sa garniture périodique qu’elle avait remise, comme les autres, puis il la fit se tourner, se trousser derrière, et la coucha sur ses genoux. L’idée que, dans son tablier, il y avait une serviette souillée de menstrues le fit bander plus fort. Il saisit la taille d’Helga et, la maintenant solidement, fessa systématiquement ses deux globes blancs et dodus pour les rendre roses, puis rouges.

    Et, sur l’ordre « Changez », il lâcha Helga, l’embrassa gentiment et s’offrit à ses claques comme elle s’était offerte aux siennes, s’abandonnant entièrement à sa fesseuse, et jouissant de cet abandon.

     

     

    - « Goudous mes sœurs, pures et impures, nous avons assez joui et souffert pour aujourd’hui, dit Mère Mariette. »

    La ronde fessière se fit et se défit, puis on partagea la tête d’ail, et les gousses circulèrent de gousse en gousse.

    - « Mes goudous, nous avons partagé les gousses d’ail comme nous avons partagé nos corps, nos plaisirs et nos douleurs. L’orgie est finie, bonne nuit, dit Mère Sylviane. »

     

    On se déshabilla, on se rhabilla en riant, en bonnes copines. Valérie n’avait qu’une envie, c’était de faire l’amour à Félicia.

    - « Ne nous douchons pas, dit-il, rentrons vite. »

    Félicia comprit sa hâte, et ils rentrèrent presque en courant dans l’appartement ou Fatia dormait déjà, ayant fait la fête la veille et devant commencer plus tôt que d’habitude le lendemain.

     

    Dans la chambre de Félicia, ils se déshabillèrent ; elle avait gardé sa protection. En bonne ménagère, elle eut le réflexe de mettre sur le lit une serviette éponge, et se coucha dessus. Elle demanda à Valéry de la lui enlever avec la bouche, ce qu’il fit volontiers, pendant qu’elle lui caressait la tête.

    Puis elle le fit s’allonger sur le dos, lui présenta son corps parfait en lui faisant renifler sa toison crépue. Elle s’assit sur son sexe et, récupérant sa serviette usagée, la lui colla sur le nez. Après juste quelques coups de reins, il éjacula très vite. Félicia ne se vexa pas pour autant et, sans lui laisser le temps de débander, lui demanda de lécher les glaires de la serviette hygiénique. Puis, lentement, elle serra et desserra son vagin, fit monter et descendre ses reins, et l’amena au plaisir en même temps qu’elle.

     

    Quand il sortit son sexe humide de mouille et d’un peu de sang, elle se mit en 69 et ils se sucèrent longuement, avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre, comme des innocents.

     


     

     19 – Les servantes maîtresses

     

    Félicia, bien que tendrement liée à Valéry, n’en restait pas moins une lesbienne régulière, et de temps en autres, elle sortait avec Fatia.

    - « Demain soir, Valéry, nous sortons entre filles, Fatia et moi. »

    - « J’imagine que je ne peux pas vous accompagner ? »

    - « Ce serait difficile, c’est une soirée « Reines de Saba », réservée aux lesbiennes noires. Tu vois, même bien habillée, tu ne pourrais pas faire illusion longtemps, rit Félicia. »

    Valéry sourit, et se proposa même de doubler sa journée, le lendemain de la soirée, pour permettre à Félicia, qui était du matin, de récupérer ses forces.

     

    Le lendemain était veille d’un week-end de trois jours, mais le magasin ouvrait, bien sûr, le samedi et le dimanche matin. Valéry ne savait pas quoi faire de sa soirée quand Mariette Watt lui demanda :

    - « Valérie, s’il vous plait, vous irez à 19 heures livrer une grosse commande à un client, ce sont des repas tous prêts pour plusieurs jours, vous prendrez la camionnette. »

    - « Bien Mademoiselle. »

    - « C’est un excellent client prenez votre temps, vous avez les clés de la maison pour garer et ranger. Il est en compte, rien à encaisser, si ce n’est votre pourboire. Prenez votre temps, je sais que ce soir vous êtes seul. Mais rentrez tôt, puisque demain vous remplacez Félicia. »

     

    Valérie partit donc livrer, en tenue de laboratoire. Il gara la camionnette au sous-sol d’un immeuble cossu de la banlieue chic, sur l’emplacement réservé aux livraisons, près de l’ascenseur de service, et chargea le petit chariot de manutention. L’ascenseur arrivait directement dans l’appartement, il donnait dans une sorte d’office où il fut accueilli par une ravissante orientale.

    - « Bonsoir, vous êtes la livreuse des Goûts Doux ? Rentrez votre petit chariot ici. »

    La femme était jeune, disons 25 ans, brune, sans maquillage ni bijoux, très belle, avec des cheveux noirs relevés en chignon et rangés sous un fichu à carreaux qui lui tenait lieu de coiffe. Elle portait une blouse bleue, boutonnée devant, à manches longues, et un tablier-taille blanc, droit et assez long, dont la ceinture fine était renouée devant. Les boutons du haut de la blouse n’étaient pas fermés, et Valérie pouvait entrevoir une splendide poitrine nue sous la blouse. Des socques complétaient la tenue qui ressemblait à celle d’une cuisinière, ce qui l’étonna puisqu’il livrait des repas tout prêts.

     

    - « Je m’appelle Lamaï, ça veut dire « douce », en thaïlandais ; vous, vous êtes Valérie, c’est brodé sur votre tablier. »

    Valérie sourit à la jolie fille, en se disant que, pour une fois, il avait affaire à un client hérérosexuel…

    - « Venez dans la cuisine, il va falloir ranger tout ça, suivez-moi. »

     

    La cuisine était contiguë à l’office, et Valérie, laissant le chariot, se chargea d’une partie de la commande et suivit Lamaï dans une très vaste cuisine aménagée à l’ancienne, cossue et de bon goût.

    Dans la pièce, sur la grande table recouverte d’une alèse de caoutchouc, se tenait allongé un homme nu, d’une soixantaine d’années, plutôt dodu, ne portant qu’un bonnet de bain sur les cheveux. Une femme était en train de terminer de lui raser le corps.

    - « Bonjour, je suis Monsieur Guyomard, dit l’homme, tout à fait à l’aise malgré sa position pour le moins bizarre. »

    - « Je suis Valérie, Monsieur, pour vous servir, répondit-il poliment. »

    - « Pour me servir, dit-il en riant, j’ai déjà Lamaï, qui vous a ouvert, et Chandara, ici présente ; Chandara veut dire « affection », comme Lamaï veut dire « douce », et elles accordent toutes les deux une grande importance à justifier leur prénom. »

     

    Chandara était une Thaïlandaise, comme Lamaï, du même âge, et tout aussi jolie. Elle portait une tenue qui tenait le milieu entre l’infirmière et la bonne d’enfant : blouse à rayures roses et blanches verticales, boutonnée devant sur une poitrine aussi belle que celle de Lamaï, mais cachée par un grand tablier bavette blanc aux bretelles croisées dans le dos. Les mêmes socques que Lamaï complétaient sa tenue, ainsi que, sur les cheveux relevés en chignon aussi, une coiffe d’infirmière anglaise.

    Valérie se souvint, faisant abstraction de leurs costumes, d’avoir vu passer les deux jolies Thaïlandaises plusieurs fois au magasin. Mais l’homme lui était inconnu. En tout cas, se dit-il, il avait bien de la chance.

     

    - « Terminez de ranger, Valérie, vous ne nous gênez pas. Vous me feriez même plaisir en nous tenant compagnie un petit moment, votre magasin doit être en train de fermer, de toute façon. »

    Il n’y avait rien à dire, Valérie savait qu’il fallait passer aux clients leurs petites manies, et qu’on y trouvait toujours avantage. Il rangea donc, sur le plan de travail et au réfrigérateur, tout ce qu’il avait apporté, pendant que Chandara, avec la bombe de mousse et le rasoir jetable, finissait de raser les jambes et les mollets de son patron.

     

    - « Asseyez-vous sur un tabouret haut, Valérie, dit Monsieur Guyomard, vous verrez mieux. Chandara et Lamaï me préparent pour la soirée et le week-end, où je vais accueillir des amis qui arriveront tard. Elles sont dévouées, mais il leur manque de l’expérience et de l’initiative. Elles sont ici en tant que jeunes filles au pair, elles apprennent les lettres classiques à l’Université ; vous verrez, leur français est excellent. »

    - « Merci Monsieur, répondirent-elles à l’unisson, avec une légère pointe d’accent qui ajoutait à leur charme. »

    - « Vous savez que pour le week-end je ne suis plus « Monsieur », mais votre lopette soumise. »

    Valérie sourit, il allait découvrir des choses qui, tout en restant dans le même registre que les soirées du couvent des goudous, le changeraient un peu, sans doute.

     

    - « Maintenant que je suis bien rasé, maîtresses, vous pouvez me langer pour le week-end. Vous vous êtes entraînées à mettre les couches, il faut d’abord la passer sous moi. »

    Lamaï pris une grande couche de coton éponge, elles soulevèrent le soumis et la glissèrent sous ses fesses, préparant aussi des épingles à nourrice.

    - « Maintenant, le plug spécial et les glaçons. »

    Chandara alla au réfrigérateur et revint avec un sachet de glaçons jaunâtres et, dans sur une assiette, un objet qui ressemblait effectivement à un plug anal, mais assez court et de forme irrégulière.

    - « Ce plug, Valérie, expliqua le soumis, est fait maison. C’est un mélange à base de Végétaline et de quelques autres ingrédients, que nous avons moulé et mis au congélateur. Maintenant, il est dur, mais avec la chaleur du corps il va fondre progressivement. Rentrez-moi le, maîtresse, enculez-moi. »

     

    Chandara, avec un thermomètre, vérifia la température de l’objet. Trop froid, il aurait pu faire mal, pas assez froid, fondre trop vite. Mais elle était satisfaite de la température : Monsieur Guyomard avait calculé et le temps de congélation, et le temps intermédiaire au réfrigérateur. Elle suça son index, le rentra dans le cul de l’homme, le fit aller et venir un peu, en tournant, pour le préparer, pendant que Lamaï lui relevait les cuisses en les écartant. Voir ces deux Orientales s’activer, en blouses et tabliers, sur leur victime, était un spectacle charmant pour Valérie, qui découvrait de nouveaux jeux.

    Finalement, Chandara pris le plug et le rentra dans l’anus, la partie rétrécie dilatant bien le sphincter. Sous le froid de l’engin, la victime frissonna, heureusement, la cuisine était bien chauffée, surchauffée même, ce qui devait convenir aux deux fleurs exotiques qui s’y activaient.

    Une fois le plug bien mis, les deux nurses remontèrent la partie arrière de la lange de coton, mirent la quiquette de l’homme droite sur son ventre, pointée vers le haut, rabattirent la partie avant et la fixèrent provisoirement avec des épingles à nourrice. Puis elles mirent debout leur esclave. Valérie put ainsi voir qu’il n’était pas très grand, plus petit que les deux filles, en tout cas.

    Lamaï vida le sac de glaçons dans l’assiette qui avait contenu le plug.

    - « Maintenant, mes chéries, mettez-moi les glaçons de pisse dans la couche, devant et derrière. Vous voyez Valérie, continua-t-il en s’adressant au spectateur, ces glaçons ont été faits avec le pipi de mes nurses. En les glissant dans ma couche, ils vont fondre et je vais donc être trempé de pisse sans faire moi-même. Puis la fonte du plug viendra compléter la chose, sans compter le reste. »

     

    Les nurses prirent les glaçons à pleines mains, et les glissèrent dans la couche du soumis qui frissonnait toujours, le froid du plug le gagnant de plus en plus.

    - « Maintenant, serrez bien bien la couche et mettez-moi la culotte. »

    Elles serrèrent la couche progressivement, en avançant les épingles à nourrice, compressant bien le bas-ventre du soumis. Puis Chandara alla chercher une grande culotte de caoutchouc, avec des élastiques aux cuisses et à la taille, et elles l’enfilèrent à leur soumis, la remontant bien et vérifiant l’étanchéité. Le caoutchouc marquait un peu la peau, signe que ça tiendrait bien. On aurait dit, effectivement, un énorme bébé avec un gros cul, parfaitement ridicule entre ces deux belles filles.

     

    - « Maintenant, lopette soumise, c’est l’heure de ta purge, dit Chandara, qui, d’après son costume et ses initiatives, était la nurse major alors que Lamaï était son aide. A genoux, lopette ! »

    L’esclave s’agenouilla, et Lamaï revint avec une cuillère à soupe et un flacon d’huile.

    - « Huile de ricin, deux cuillerées à soupe, dit-elle. »

    Elle tendit la cuillère à Chandara, qui la mit à la hauteur de la bouche du soumis agenouillé, puis la remplit à ras.

    - « Une cuillerée pour Chandara, dit-elle avec le sourire. » Chandara pinça le nez de l’homme et lui enfourna la cuillerée de purge. Lamaï la remplit à nouveau.

    - « Et une cuillerée pour Lamaï, dit encore Chandara. » Et elle lui fit boire la seconde cuillerée comme la première.

    Valérie regardait la scène, il bandait dans sa culotte de fille.

    - « Et puisque nous avons une invitée, encore une petite cuillerée pour Valérie, dit Chandara. »

    Lamaï versa une demi-dose, que Chandara fit boire à son esclave agenouillé, avant de l’autoriser à se relever.

     

    - « Vous voyez, Valérie, dit l’homme, cette purge fera effet dans quelques heures, avec peut-être quelques douleurs abdominales, et puis une grosse diarrhée. Le tout est de savoir si le plug se sera ramolli et dissout avant ou après. »

    - « Tais-toi, petite lope, dit Chandara, tu parles trop, ne nous oblige pas à te baillonner. »

    - « Et puis, continua Lamaï, nous savons ce que nous avons à faire…. Toute ta tenue est prête. »

    Lamaï ramassa un torchon qui traînait et le fourra en boule dans la bouche du soumis, laissant pendre sur son menton une partie du tissu.

     

    Pendant ce temps, Chandara était allée chercher la tenue dont il était question.

     

    Elle commença par mettre au soumis un combiné-gaine de femme, vieillot, en tissu couleur chair, renforcé par des baleines. Elle l’ajusta bien, sans trop le serrer cependant : il allait devoir le porter longtemps. Le combiné venait un peu recouvrir la culotte de caoutchouc garnie de l’épaisse lange. Elle prit une paire de bas de latex couleur chair, les enfila au soumis en s’agenouillant devant lui, et les attacha aux jarretières qui pendaient au bas du combiné. « Au moins, se dit Valérie, ça va le réchauffer un peu. » En effet, tant le plug congelé que les glaçons de pisse faisaient frissonner la victime consentante.

    Lamaï arriva avec une paire de bottines de caoutchouc blanc, comme en portent souvent les poissonnières, ou les ouvrières qui travaillent dans des usines alimentaires réfrigérées. Elle s’agenouilla pour les lui mettre.

    Valérie remarqua, à cette occasion, que leurs gestes n’étaient pas violents, mais doux, et que beaucoup de tendresse se dégageait de la manière dont les deux servantes traitaient celui qui, pour un moment, n’était plus leur maître.

     

    Chandara prit un appareil curieux, constitué de deux petites pinces, reliées par des fils à deux boîtiers placés chacun dans ce qui apparut à Valérie comme étant de faux seins. Elle ouvrit le devant du combiné, le rabattit, y plaça les faux seins, et fixa une pince sur chaque téton du soumis. La pince serrait la chair, mais pas beaucoup, aussi grimaça-t-il à peine lors de l’opération. Puis Chandara ajusta le tout, referma le combiné, donnant au soumis l’allure d’une grosse dondon à la poitrine abondante. C’est quand elle prit un boîtier de commande que Valérie comprit la destination de ce système : elle pouvait radio-commander l’envoi d’impulsions électriques sur les tétons. Elle le fit, faisant tressaillir son soumis.

    - « Vois-tu, Valérie (elle tutoyait naturellement la spectatrice complice), avec ce bouton, on règle l’intensité, pour faire plus ou moins mal, et avec celui-là, on peut envoyer des impulsions régulières si on veut. C’est pratique, ça sert de sonnette pour appeler l’esclave, il sent le courant lui faire mal et il arrive. C’est bien pour punir, aussi… »

     

    Pendant que Chandara faisait la démonstration de la radio-commande, Lamaï ajustait sur la tête du soumis, par-dessus son bonnet de bain, un harnais pour baillon, avec des sangles de caoutchouc blanc qui passaient derrière la nuque pour former, autour de la bouche et du nez, un triangle dont, du sommet, partait une autre sangle qui, par le sommet du crâne, revenait sur la nuque. A l’intérieur du triangle qui encadrait la bouche et le nez, des fixations permettaient d’attacher différents types de baillons que Lamaï avait posés sur un meuble : une boule, un anneau, un godemichet à sucer, un godemichet externe, un écarteur de mâchoires, un entonnoir et une poire gonflable. Valérie trouvait que ça ressemblait beaucoup à des instruments de torture, et ça le gêna.

    Pour finir, Lamaï ajusta sur la tête de l’esclave une ridicule charlotte de caoutchouc rose, qui tenait le milieu entre celle de femme de ménage et celle de bébé.

     

    Elle en profita pour enlever le torchon qui baillonnait provisoirement son esclave. Il était baveux, et elle s’en servit pour essuyer le menton du soumis, sur lequel un peu de salive avait coulé. Il profita de sa liberté pour donner des explications, ce qui, de toute évidence, lui plaisait beaucoup.

    - « Vous savez, Valérie, beaucoup de baillons font baver, notamment la boule et l’anneau, ce qui est très humiliant. Mais il suffit de faire boire beaucoup pour compenser tout cela. Mais boire à aussi des inconvénients…. »

    - « Tais-toi, putain, dit Chandara, sinon je te re-baillonne. Tu boiras une bonne tisane chaude quand tu seras habillée. »

    Valérie remarqua que leurs études de lettres classiques n’omettaient pas l’argot contemporain. Il avait cru que cette histoire d’études était une plaisanterie, mais il faut dire que leur français était excellent, et qu’elles avaient aussi d’excellentes manières, servitude et domination mise à part. De plus, il y avait bien une faculté dans le quartier du magasin, où il les voyait de temps à autre avec d’autres étudiantes.

     

    Les deux nurses, puisque nurses elles étaient en ce moment, tendirent à leur soumis une blouse de nylon rose unie, longue et boutonnée dans le dos.

    - « Enfile ça, connasse, tu n’enfileras pas grand chose de si tôt, dit Chandara. »

    Il enfila donc la blouse et, sans aucune aide, la boutonna avec difficulté, dans le dos, du haut en bas. Valérie, qui connaissait la difficulté du boutonnage, mais qui ne l’avait jamais éprouvée, puisque les gouines se boutonnaient réciproquement, compatit à la difficulté de la tâche, qui se fit dans de grandes contorsions. Cela lui rappela le concours de boutonnage de la soirée DSK, mais le contexte était, aujourd’hui, nettement plus punitif. On ne rigolait plus, il s’agissait de contraindre et d’humilier.

    - « La deuxième blouse, maintenant, dit Lamaï, et dépêche-toi. »

    Le deuxième blouse était de coupe identique à la première, mais à carreaux vichy rose, en polyester, et un peu plus courte. Le soumis la boutonna avec autant de difficultés, et noua une ceinture dont la blouse de dessous était dépourvue.

     

    Il dut mettre ensuite une chasuble de nylon blanc et, par-dessus la chasuble, un grand et long tablier à bavette, semblable à celui de Chandara, puis un tablier-taille comme celui que portait Lamaï. L’esclave ressemblait maintenant à une grosse dondon ménagère, mis à part la ridicule charlotte et le baillon-harnais.

    Pendant qu’il s’habillait, Lamaï faisait chauffer une casserole d’eau et y mettait à infuser diverses choses.

     

    - « Maintenant que tu es habillé, connasse, tu vas pouvoir boire ton bon bouillon tisane, dit Chandara. Entre ça et toutes tes blouses, tu ne frissonneras plus maintenant. »

    Valérie, qui prenait ses aises, se hasarda à demander la composition du breuvage.

    - « C’est une recette à moi, dis le soumis, moitié bouillon gras de viande, moitié tisane diurétique et laxative. »

    Une paire de gifles de Chandara le fit taire. C’est la première fois qu’il était frappé depuis le début de la séance.

    Il s’agenouilla et demanda humblement pardon.

     

    Chandara le fit coucher sur la table, toujours recouverte de l’alèse, et fixa sur le harnais le baillon en forme d’entonnoir. Pendant ce temps, Lamaï goûtait, avec une grimace le breuvage, pour en vérifier la température, et y versait, pour le pimenter, un peu d’harissa qu’elle mélangeait soigneusement.

    Chandara monta sur la table et vint s’asseoir sur la poitrine de son esclave. Elle se pencha sur l’entonnoir et cracha abondamment dedans. Lamaï, qui approchait avec la casserole, fit de même. Puis, sous le regard de sa collègue, qui surveillait attentivement l’état du soumis, elle versa, doucement, le liquide dans l’entonnoir.

    L’opération était délicate, il fallait à la fois gaver le soumis, le contraindre, le faire un peu souffrir et, en même temps, surveiller qu’il n’y avait pas de fausse route et qu’il ne s’étouffait pas. Mais les deux servantes maîtresses menaient l’opération avec professionnalisme et avec amour, et les deux litres de bouillon tisane vinrent rejoindre, dans l’estomac, l’huile de ricin. Ou plutôt, vinrent la remplacer, celle-ci ayant eu le temps de passer dans les intestins pour commencer à faire son effet.

     

    Elles aidèrent le soumis à se relever. Il n’avait plus froid, maintenant, il transpirait même un peu. Chandara enleva l’entonnoir, mis à la place un classique baillon-boule, et envoya l’esclave au travail :

    - « Va préparer la table pour le dîner, salope, que ce soit bien fait. Et ne bave pas, prend un torchon pour essuyer ta bave de vicieuse ! »

     

    L’esclave passa à côté, dans la salle à manger, pour dresser la table, mettre le couvert, en bonne maîtresse de maison. Il allait et venait entre les deux pièces, et Valérie vit que la table était mise pour quatre personnes.

    - « Nous avons des invités qui vont le dominer, ce soir, dit Chandara, mais nous sommes autorisées à dîner avec eux, pour leur tenir compagnie, et puisque nous aiderons à la séance de domination. Veux-tu boire quelque chose, Valérie ? Un apéritif ? Nous allons nous faire des vodka-orange légères, en attendant nos invités. »

     

    Valérie but avec elles une vodka-orange, avec du vrais jus fraîchement pressé, et juste ce qu’il faut d’alcool pour donner du goût. Il bavarda avec les deux Thaïlandaises qui, tout en buvant l’apéritif, mettaient dans un coin de la cuisine un matelas au sol, le recouvraient d’une housse de plastique, et y fixaient l’alèse qui avait protégé la table. Un drap de caoutchouc et des chaînes, avec des cadenas, montraient que, visiblement, le soumis allait passer la nuit là, attaché. Les Thaïlandaises portèrent aussi 3 sacs de voyage, visiblement remplis de matériel pour la suite des opérations, mais elles ne les ouvrirent pas.

    Pendant ce temps, Valérie avait déballé le repas du soir et tout était prêt pour le service. Il se dit que rester plus longtemps allait être indiscret, et demanda aux deux filles la permission de se retirer.

     

    Chandara enleva le baillon de l’esclave, qui reprit un instant son rôle d’homme.

    - « Valérie, vous direz à Mesdemoiselles Watt que tout est parfait, comme d’habitude. Vous trouverez sur votre chariot une petite enveloppe pour vous. J’ai beaucoup apprécié que vous assistiez à nos préparatifs. »

    - « Il nous reste encore un peu de temps, pouffiasse, avant l’arrivée de notre invité, assez pour que tu nous fasses une bonne grosse saloperie de bouche, dit Chandara. »

    - « Mais nous sommes deux, peut-être Valérie voudra bien s’occuper de l’une d’entre nous, non ? »

     

    Valérie mourait d’envie, effectivement, de faire l’amour à l’une de ces beautés orientales, voire aux deux, mais il compris qu’il faudrait se limiter à des jeux buccaux. Avaient-elles remarqué qu’il n’était pas une vraie fille ?

    - « Je veux bien, dit-il, mettre la tête entre les cuisses d’une d’entre vous. »

    - «  Au hasard, alors, ferme les yeux. » Elles le firent tourner sur lui-même et, les mains en avant, il tomba sur le tablier à bavette de Chandara.

    - « Tu t’occuperas donc de moi, dit-elle, et notre salope sucera Lamaï. »

     

    Chandara se coucha sur la table, détacha la bavette de son tablier et ouvrit sa blouse rose pour sortir ses splendides nichons, pendant que le soumis s’agenouillait devant Lamaï et commençai à retrousser le tablier et la blouse de celle-ci.

    Valérie caressa et suçotta les nichons de Chandara puis, rapidement, troussa son tablier et remonta sa blouse. Elle n’avait pas de culotte, bien sûr.

    Mais, entre les cuisses roses et tendres de la jolie Chandara, il y avait un sexe d’homme, rasé comme celui de Valérie, avec les testicules, le tout de bonne taille.

     

    Valérie eut un mouvement de recul, et regarda l’esclave agenouillé devant Lamaï. Il suçait la queue de celle-ci, qui était en tout point montée comme celle de Chandara, sans que le harnais baillon ne le gêne le moins du monde.

    - « Tu es étonnée, Valérie, dit Chandara en éclatant de rire ? »

    - « Tu ne t’attendais pas à ça, hein, dit Lamaï ? Nous sommes des Khatoey, comme on dit chez nous en Thaïlande, nous avons les attributs des deux sexes, et même le meilleur des deux. »

    - « Mais tu dois avoir l’habitude de sucer, quand même, Valérie, et sucer une Khatoey ou un homme, c’est pareil. »

    Ou bien elles n’avaient pas deviné qui il était, ou bien elles s’amusaient de lui. Dans le regard de Monsieur Guyomard, qui suçait Lamaï en lui caressant les couilles, une petite lueur montrait que lui au moins était au courant.

     

    Que faire ? Après tout, travailler déguisé en fille, faire partie d’une sororité de lesbiennes, recevoir à ce titre la fessée, manger comme une truie, lécher des cons réglés, Valérie en avait tant fait depuis quelques temps qu’il n’en était plus à une pipe près.

    Il se pencha sur la table, mis la tête entre les cuisses de Chandara, embrassa la queue tendue, qui sentait bon la sueur d’homme. Il lécha la queue et les couilles, remonta vers le gland. Après tout, il suffisait de faire ce que Félicia lui faisait si volontiers. Il enfourna la bite dans sa bouche, et suça maladroitement, mais avec ardeur, le sexe de l’étrange être qui était femme partout, sauf entre les cuisses. Pendant qu’il suçait, il lui pelotait les fesses et les seins, celle-ci le caressait tendrement les cheveux et, il trouvait excitant, finalement, d’avoir dans la bouche une queue comme la sienne.

     

    Les fellations durèrent un moment, par technique et habileté sur Lamaï, par maladresse sur Chandara. Il sentit le membre se tendre encore plus, le gland se gonfler, et le sperme envahir sa bouche. Comme Félicia le lui faisait, il continua à sucer doucement, pour bien tout extraire. Devait-il avaler ?

    Chandara lui tira doucement sur la nuque pour lui faire lever la tête, et l’approcha de la sienne en ouvrant ses lèvres. Il lui recracha le sperme dans la bouche, pendant un langoureux baiser.

     

    Ce fut ensuite au tour de Lamaï, qui, s’arrachant à la bouche de l’esclave, lui donna sa queue à sucer et ses couilles à lécher, ce qu’il fit pendant quelques minutes, mais sans aller jusqu’au bout, la giclette étant réservée au soumis, bien entendu.

     

    Puis, décontenancé, quand même, d’avoir sucé deux quiquettes dans la soirée, il compris qu’il était temps de se retirer. Se relevant, il dit au-revoir à tout le monde et, raccompagné par Chandara, reprit son chariot, mis la petite enveloppe dans la poche, et repris l’ascenseur pour le parking.

    Il venait de vivre sa première expérience homosexuelle et, ma foi, ce n’était pas pire qu’autre chose se dit-il. D’ailleurs, il était si excité que, profitant que la voiture était garée dans un endroit sombre, il se branla avant de démarrer.

     

    Il n’osait pas penser à ce qui se passerait ensuite dans le bel appartement, entre les invités, les deux servantes complaisantes et le soumis dans sa couche abondamment souillée.

    En rentrant garer la camionnette, il se dit combien était tendres, douces, accueillantes, les amours entre filles, entre filles dont il faisait partie lui aussi.


     20 – Fessées et jeux sales

     

    Valéry avait, quand même, été perturbé par cet épisode. Et sa mauvaise humeur rejaillit sur Félicia, qui était rentrée, vers les quatre ou cinq heures du matin, de sa soirée avec Fatia. Comme il avait doublé sa journée aux Goûts Doux, il n’aborda la question que le soir, en lui racontant, un peu penaud, son aventure.

     

    Félicia n’avait pas pour caractère de prendre les choses au tragique, elle rit plutôt de la chose et lui dit que c’était une expérience comme une autre, qu’il en avait fait de toutes aussi originales depuis son embauche, et que sucer un sucre d’orge n’était pas une catastrophe – elle le faisait bien, elle ! Valéry lui répondit que rien ne se serait passé ainsi si elle n’était pas allée à sa soirée « Reines de Saba », le ton monta un peu, et ce fut leur première brouille d’amoureux.

    Excellente preuve, d’ailleurs, qu’ils étaient passés de l’histoire de cul à l’amitié amoureuse, puis à l’amour, ce qui aurait du les réjouir… Mais ils se firent la tête quelques jours, quand même.

     

    La vie continuait aux Goûts Doux. Valérie n’avait rien dit de sa livraison aux sœurs Watt, qui ne l’avaient pas questionné : elles lui faisaient confiance, et toute la clientèle en était satisfaite. D’ailleurs, elles savaient tout ce qui se passait sans être obligées de questionner…

    Le travail continuait, laboratoire, magasin, salon de thé, les petites bûchettes se cumulaient sur les tableaux dans le couloir, et rendez-vous fut pris pour une nouvelle orgie du couvent des goudous.

     

    Tout le monde se retrouva dans le couloir du sous-sol, mit voiles et tongs, et rentra en prenant blouse, tablier et torchon pour former la ronde au centre de la pièce. Comme d’habitude, Mère Mariette dit :

    - « Mes filles, nous allons commencer la bacchanale du couvent des goudous. Que chacune aide l’autre à mettre sa tenue de pénitence. »

    Et Mère Sylviane fit le répons :

    - « Faisons la ronde et mettons-nous les mains aux fesses. »

    On fit la ronde en se tâtant mutuellement les miches, et Mariette demanda :

    - « Voulez-vous toutes que nous partagions nos corps et que nous nous soumettions chacune à nos plaisirs, jusque dans les châtiments ? »

    - « Oui ma Mère ! »

    - « Les goudous, l’orgie commence »

     

    On partagea le gigot à l’ail et, pour la première fois depuis son aventure avec les Thaïlandaises, Valérie se sentit apaisé par la répétition des mots, des gestes, et par l’ambiance du début de séance, qui le coupait du monde extérieur, le faisait régresser dans un doux cocon de féminité et de passivité.

     

    Mère Mariette annonça la première ardoise :

    - « Félicia, c’est à toi d’être punie la première ce soir, vient nous demander pardon à genoux, esclave. »

    Félicia baisa les pieds, les genoux, les tabliers, les mains des mères, et demanda pardon avec son joli sourire et son accent chantant, accentuant un peu son parler ethnique. Le tout faillit, d’ailleurs, faire fondre le cœur de Valérie.

     

    - « Valérie, voici quelques temps que tu es parmi nous maintenant, tu as déjà été punie, il est temps d’apprendre à ton tour à punir. C’est toi qui fessera Félicia ce soir, pour soixante coups de martinet, bien sentis sur son cul, attachée au pilori ; Anne t’assistera. »

     

    Valérie rougit ; confusion ? surprise ? honte ? Joie ? Il ne savait plus. D’une part, devenir la bourrelle de Félicia, la faire souffrir, lui brisait le cœur, d’autre part, le petit contentieux qu’ils avaient eu, qui n’était pas entièrement purgé malgré une réconciliation sur l’oreiller, faisait qu’un petit démon lui soufflait à l’oreille de bien faire son devoir de fesseuse.

     

    Anne et Helga relevèrent Félicia, toujours agenouillée, et la conduisirent entre les montants de bois, la firent s’agenouiller, passèrent son cou et ses mains dans le carcan, puis retroussèrent sa blouse. Anne prit un tabouret pour s’asseoir devant Félicia, son visage tout prêt du sien pendant que Helga faisait choisir à Valérie, parmi les martinets pendus au mur, celui qu’il aurait le mieux en main, et lui passa la dragonne au poignet.

    - « Fais attention, Valérie, lui souffla-t-elle, une peau noire ne rosit pas et ne rougit pas sous les coups, aussi il faut faire attention à ne pas frapper trop fort. Je resterai à côté de toi pour guider ta puissance, ne t’inquiète pas. »

     

    Valérie fut content de cette proposition. Certes, il bandait fort à l’idée de donner une correction amoureuse à Félicia, mais il ne voulait pas l’abîmer, et c’était contraire aux principes des goudous : de la douleur, certes, mais pour le plaisir, pas de marques durables, pas de traumatismes, juste ce qu’il fallait pour humilier, exciter les sens et faire couler quelques bonnes larmes au pouvoir dé-stressant.

     

    Toutes les filles se mirent en rond autour de la victime et de sa bourrelle. Valérie retroussa sa manche, leva le bras et frappa. Le bruit le surpris, ainsi que l’effet sur la croupe de Félicia, qui s’avança sous le coup, puis repris sa place. Anne compta « Un » et regarda Valérie. Helga lui chuchota à l’oreille que ça allait comme force. Il leva le bras à nouveau et, tranquillement, abattit le martinet sur les fesses noires qui commencèrent se tortiller pour la danse adorable du cul chauffé par les coups.

     

    Anna comptait toujours, à la dizaine Valérie fit une courte pause, puis reprit la fessée, plus assuré, frappant plus fort. Félicia était maintenant endurcie, mais commençait à gémir et à râler. Puis elle cria pitié, demanda pardon, promis, d’une voix de petite fille, qu’elle ne le ferait plus, pendant que Valérie continuait à frapper méthodiquement, faisant peser le coup une fois sur une fesse, une fois sur l’autre, régulièrement, mais de plus en plus fort. Il arriva comme ça à la quarantaine de coups.

     

    Anna avait toujours le visage près de celui de Félicia, peau blanche contre peau noire, souffle contre souffle, comme si elle voulait lécher sur les joues les larmes qui allaient commencer à perler. A un moment, elle jeta un regard à Valérie et à Helga. Si Valérie n’y fit pas attention, Helga l’interpréta tout de suite. Elle toucha Valérie à l’épaule :

    - « Plus doucement, Valérie, tu t’es laissé un peu emporter par le jeu, ne frappe pas plus fort. »

     

    Valérie se rendit compte que, en effet, il ne se maîtrisait plus, que le plaisir qu’il prenait à frapper était devenu presque animal, et avait échappé à son contrôle. Il retint son bras, et les coups suivants furent, non pas appliqués mollement, mais bien retenus. Ils entretenaient la chaleur et la douleur des fesses de l’esclave, mais sans pour autant augmenter ses souffrances. Il arriva ainsi jusqu’à l’avant dernier coup.

    - « Le dernier, bien fort, lui souffla Helga. »

    Il obéit et claqua vigoureusement le dernier coup de martinet, qui fit se cabrer Félicia.

     

    Pendant que Helga la détachait, Anna fut la première à l’embrasser sur la bouche, suivie par les autres filles. Mariette s’approcha de Valérie :

    - « C’est bien, pour une première fois, tu as bien fessé, je vois que tu as suivi les indications de Helga, c’est bien, tu feras une bonne bourrelle, aussi bien qu’une bonne punie. »

     

    Valérie reposa le martinet et alla, à son tour, embrasser Félicia. Elle avait les yeux humides, elle lui tendit cependant sa bouche dans un grand sourire. Leur querelle d’amoureux était définitivement terminée, et le fait d’avoir donné la fessée avait, semble-t-il, redonné à Valérie le sentiment de virilité qu’il avait écorné avec les Thaïlandaises.

     

     

    - « Rose, dit Mère Mariette, tu as toi aussi une ardoise à effacer. Viens t’humilier devant nous. »

    Et Rose de venir s’aplatir aux pieds des mères, de lécher leurs orteils en ôtant les tongs avec ses dents, et de confesser ses erreurs de fabrication et de service, puisqu’elle était polyvalente.

     

    - « Puisque tu as commis autant de fautes au laboratoire qu’au magasin, continua Mère Sylviane, tu seras punie par une double fessée manuelle sur les genoux de Julie et de Josiane, pendant que Claudine les assistera. »

     

    Les deux bourrelles désignées, Julie et Josiane, prirent chacune une chaise et s’assirent face à face. Retroussant leurs blouses, Julie mit une de ses cuisses entre celles de Josiane, puis elles rabattirent leurs tabliers sur leurs genoux ainsi rapprochés. Claudine fit approcher Rose et la coucha sur les genoux des deux fesseuses, retroussant sa blouse et écartant ses cuisses de manière à offrir à la vue sa touffe brune et abondante. Puis elle passa de l’autre côté, s’assit par terre, mit les bras de Rose sur ses épaules, pour rapprocher son visage du sien et ainsi surveiller les effets de la punition.

    De sa main gauche, Julie saisit la taille de Rose par dessus sa blouse, pendant que, de sa main gauche également, Josiane saisissait une cuisse, non sans avoir, au passage, caressé la motte et tiraillé les poils pubiens. Puis, avec une régularité de métronome, elles abattirent alternativement leurs mains droites sur les fesses de Rose, Julie préférant la fesse droite et Josiane la gauche, c’est à dire, pour chacune, la fesse la plus éloignée, afin d’avoir plus d’aisance dans le mouvement de battoir.

     

    La fessée manuelle ne se comptait pas en coups, mais en durée, et celle-ci dura un bon quart d’heure, avec des changements de fréquence et de force, bien sûr, et des réajustement de position, notamment pour le maintien de la cuisse : il fallait, de temps en temps, changer pour immobiliser celle qui s’agitait le plus. Le cul de Rose rosissait délicieusement, pendant que Claudine guettait, avec avidité, les signes de douleur sur son visage et, d’un regard, renseignait les deux fesseuses sur l’état de la punie. En effet, on ne pouvait se fier à ses gémissements et à ses cris : dès le premier coup, elle râlait, hurlait, sanglotait si fort, s’humiliant, se rabaissait, s’insultait dans des termes si crus qu’on pouvait penser que c’était plus pour exciter les fesseuses et les spectatrices que pour tenter d’atténuer la force ou la longueur de la punition.

     

    Au bout d’un quart d’heure, le cul bien rouge, la fessée fut finie, Rose relevé et embrassée par ses bourrelles et par toutes les goudous.

     

    Les punitions finies, l’habitude était de passer au repas et de toutes se serrer autour de la grande table. Mais les mères en avaient décidé autrement : il restait ce soir abondance de produits qui ne seraient pas vendus ensuite, et il convenait donc de les utiliser. Les mères firent distribuer à chacune, hormis les deux punies et elles-mêmes, une bouchée surprise comme celles qui avaient été utilisées, déjà, avec les sujets dorés et argentés.

    - « Que chacune mange sa bouchée et me dise si elle est salée ou sucrée, dit Mère Mariette. »

     

    Pour éviter toute tricherie, chacune dut venir embrasser, après avoir mangé sa bouchée, une des mères, qui reconnurent, sur les lèvres, le goût sucré ou salé, au besoin en explorant, de leur langue, la bouche de la goudou. Il y avait quatre bouchées salées, qui étaient celles de Julie, d’Anna, de Georgina et de Carine. Elle durent enlever leurs tabliers et leurs blouses, ne gardant que leurs coiffes sur la tête et leurs torchons à la main.

    On étala au sol plusieurs nappes de toile cirée et, après s’être déchaussées, les quatre goudous dénudées y prirent place, agenouillées, et durent se bander les yeux avec leurs torchons.

     

    Sur la table du repas, sur des dessertes, était rangés tous les plats préparés, toutes les pâtisseries aussi, invendus, parfaitement comestibles ce jour, mais qui ne pourraient être vendus par la suite. Les goudous, sur les instructions de Mère Mariette, prirent, dans leurs mains nues, pour les mettre sur des plateaux, qui de la brandade de morue, qui des pâtes en sauce, de la moussaka, du céleri rémoulade, des éclairs au café, des babas, des fromages blancs à la crème, des fromages bien coulants et bien puants, enfin tout ce qui avait été descendu du magasin.

     

    Chacune ayant son plateau se rangea autour des quatre filles agenouillées, à quelques mètres, puis sur l’ordre de Mère Sylviane, lança ce qu’elle avait dans la main sur sa victime préférée. Toutes les parties du corps pouvaient servir de cible : il n’y avait rien de dur, que du mou, du gluant, du coulant, du collant, et l’on pouvait donc viser, sans risque de blesser quiconque, le visage ou les seins. La première salve partit, et si une cible était ratée, comme elles étaient groupées, c’est celle de derrière qui prenait le projectile comestible.

     

    Les quatre entartées, mitraillées par la douzaine d’entarteuses, se virent donc le visage et le haut du torse couverts de nourriture, salée ou sucrée, collante et dégoulinante. Leurs coiffes étaient un peu tachées, les torchons qui leur bandaient les yeux aussi, et certaines avaient les narines bouchées et devaient souffler abondamment par le nez pour retrouver leur respiration. Cela avait pour effet, sur une, de faire des petites bulles qui firent rire toutes les goudous.

     

    Comme, après la première salve, les victimes eurent le réflexe de se protéger le visage des mains, Mère Mariette dut intervenir :

    - « Les entartées, mains dans le dos. Les lanceuses, préparez-vous, bandez les bras, tirez ! »

    La deuxième volée d’envoi de pâtés, de carottes rapées, de hachis, de chantilly, de mille-feuilles, se concentra sur les nichons et les ventres. Un mille-feuille particulièrement solide s’était même coincé entre les nichons de Carine.

     

    Et le jeu continua. Avant chaque lancer, Mère Mariette faisait changer de position les entartées, à quatre pattes, ou mains sur la tête, et même sur le dos, cuisses écartées. Elles gardaient les yeux bandés, aucune ne savait où se trouvait les trois autres et dans quelles position, mais elles avaient le réflexe de se tenir le plus possible serrées les unes contre les autres pour se protéger des lancers de bouffe. Les lanceuses pariaient entre elles à qui viserait le mieux, insultaient les victimes en les traitant de cochonnes, et riaient de si bon cœur que quelques vessies laissèrent échapper un filet de pipi sur leurs cuisses.

     

    Il y avait tant de surplus qu’il fallut une quinzaine de lancers pour épuiser les munitions comestibles et, à la fin, les quatre victimes étaient couvertes des pieds à la tête de résidus collants, la plus grande partie, quand même, des projectiles ayant dégouliné de leurs corps vers la toile cirée, qui était recouverte de la purée constituée par tout ce qui avait été lancé, puis écrasé ou piétiné par les déplacements imposés par Mère Mariette.

     

    - « Halte aux tirs, commanda cette dernière ! Les entartées, enlevez vos bandeaux. »

    Chacune défit le torchon qui lui bandait les yeux, et elles éclatèrent de rire en voyant chacune ses trois co-victimes, du même rire que celui qui avait fait tressaillir les lanceuses.

    - « Et maintenant, dit Mère Sylviane, les victimes comme les bourelles, tout le monde les mains dans le dos. Mangez tout ce qu’il y a sur la chair fraîche de nos goudous sales et sur la nappe.

     

    Donnant l’exemple, elle se coucha à plat ventre, mains dans le dos, et commença à manger sur Julie. Les autres firent de même, se vautrant autour de la nappe, s’avançant dessus, protégées par leurs tabliers, pour venir manger le mélange salé, sucré, gluant, qu’elles avaient lancé. Les entartées faisaient de même, se mangeant les unes sur les autres, et s’ingéniant à bien mélanger tout ce qui était tomber, à se vautrer dedans elles aussi pour que les bouches viennent prendre sur leurs corps plutôt que sur la nappe.

     

    Valérie fit de même, il avait l’impression d’être un animal, un goret venant téter aux multiples mamelles d’une truie, ou un cochon fouillant de son groin la pâtée donnée dans une auge de chair. Le goût de la pâtée était certes bizarre, mélange de tout, salé ou sucré, chair ou légume, miettes, hachis ou crème, mais il savait que tous les produits étaient de qualités et cuisinés selon les règles de l’art.

     

    Le repas, ou plutôt le nourrissage, dura un bon moment, sans que personne ne triche, n’essaie d’utiliser ses mains pour éviter de ramper ou pour porter la nourriture à la bouche. Les mères le firent arrêter avant que tout soit mangé, il y en avait bien trop, d’ailleurs, et des bols de vin rosé, délicieusement frais, passèrent alors de bouche en bouche. Puis chacune s’essuya le visage et ce qu’elle pouvait avec des torchons, pour retrouver une tenue à peu près normale.

     

    Mère Sylviane et Mère Mariette apparièrent ensuite les couples pour la suite. Elle les fit commencer par un gougnottage, qui permit de nettoyer les derniers restes entre les cuisses, dans les raies culières et dans les replis intimes des lèvres, voire même dans les poils mouillés de celles qui n’étaient pas épilées. Puis chaque couple de gouines du prendre dans un assortiment varié de charcuterie, une paire constituée d’un saucisson de taille ordinaire ou d’une Morteau, pour la première, et d’une saucisse sèche plus fine, pour la seconde. Les Mères attribuèrent à chacune la grosse et la petite, avec pour règle que la grosse était pour le con, la petite, qu’on avait le droit de beurrer préalablement, pour le cul, et que chaque goudou devait donc enconner ou enculer l’autre avec la charcutaille.

     

    Bien évidemment, Valérie hérita de l’enculade avec une saucisse sèche, que Georgina, sa partenaire du soir, beurra soigneusement, ainsi que son trou du cul, avant de lui enfiler. La sensation, un peu douloureuse au départ, lui fut, assez curieusement, agréable par la suite, et, pendant qu’il agitait la Morteau dans la con de Georgina, celle-ci remuait doucement la petite saucisse dans son rectum, le faisant bander de belle façon. Cette nouvelle atteinte à sa virilité, après celle des Thaïlandaises, lui ouvrit de nouveaux horizons, mais sans lui donner trop envie de les explorer régulièrement.

    Au signal de Mère Sylviane, chacun sortit la saucisse de sa partenaire, et la suça, Valérie heureuse de goûter la mouille, Georgina pas dégoûtée du tout par le goût du caca de Valérie.

     

    Puis les mêmes couples se fessèrent réciproquement, avec amour, à l’exception, comme d’habitude, des deux ardoises effacées, Félicia et Rose, qui eurent la corvée de ranger les toiles cirées et de commencer le nettoyage.

     

     

    - « Goudous mes sœurs, fesseuses et fessées, cochonnes ou nourrisseuses, nous avons assez de plaisir pour aujourd’hui, dit Mère Mariette. »

    La ronde fessière se fit et se défit, et Valérie s’arrangea pour être à côté de Félicia. Sentir sa fesse à elle sous sa main à lui, et réciproquement, lui fut un doux plaisir. Puis on partagea la tête d’ail, les gousses circulèrent et il eut le même plaisir à l’échanger avec les pulpeuses lèvres noires.

    - « Mes goudous, nous avons partagé l’ail comme nous avons partagé tout le reste. L’orgie est finie, bonne nuit mes chéries, dit Mère Sylviane. »

     

    On se déshabilla, tout le monde se doucha sur place, tant les corps avaient été salis par l’entartage et le nourrissage.

     

    Valéry rentra avec Félicia :

    - « Tu ne m’en veux pas, Félicia ? »

    - « Je t’aime, gros nigaud. »

    - « Plus que les autres gouines ? »

    - « Elles c’est le plaisir et l’amitié, toi c’est le plaisir et autre chose. »

    - « Même si j’ai sucé des quiquettes et si je me suis fait enculer ? »

    - « Grosse bête, c’est du plaisir, c’est tout… »

     

    Mariette et Sylviane Watt les virent partir main dans la main et se sourirent. Elles avaient l’impression, en plus d’avoir fait un bon recrutement tant professionnel que sexuel, d’avoir réussi à rendre des gens heureux. Et, comme elles avaient le cœur aussi tendre que le bas-ventre chaud, elles étaient contentes.

     


     

     

     

    21 - Epilogue

     

    Il serait fastidieux, amie lectrice, ami lecteur, de continuer à raconter tant les orgies régulièrement organisées par le couvent des goudous que les différentes expériences que Valérie put faire au salon de thé, dans ses livraisons ou dans ses prestations de traiteur. La variété de la clientèle des Goûts Doux, très « Bourgeois-Bohème » et donc aussi imaginative que financièrement à l’aise, donnait lieu à bien des pratiques originales. Toutes celles auxquelles l’enseigne et son personnel se prêtaient étaient strictement légales : jamais les sœurs Watt n’auraient prêté leur concours à autre chose que des jeux entre adultes responsables et librement consentants. Mais, ces conditions essentielles remplies, elles étaient nombreuses, et il faudrait des milliers de pages pour tout raconter, ainsi que le talent de Donation de Sade ou de Pierre Louÿs, et je n’ai ni le temps, ni le talent pour cela.

     

    Valéry fit donc bien choses curieuses, avec toutes sortes de gens de toutes sortes de genres et de sexes, féminin pour l’essentiel. S’il goûta, comme avec les Thaïlandaises, à des jeux de travestis, cela ne fut que par accident : il aimait trop les seins et les odeurs des femmes pour renoncer à leurs délices.

     

    Je profite de l’épilogue, qui laisse à l’auteur plus de liberté que le corps du récit, en ce sens qu’il est, presque, une postface, pour lancer un appel à mes lectrices et à mes lecteurs. Si, je ne sais par quel mystère, vous avez eu connaissance d’un épisode de cette histoire, en orgie ou ailleurs, que j’ai oublié, ou que je n’ai pas eu le temps d’écrire, n’hésitez pas. Prenez votre meilleure plume, suçotez en le bout pour chercher l’inspiration, écrivez un chapitre et envoyez le moi par courriel. Rien ne s’oppose à la parution, un jour ou l’autre, de « Les Goûts Doux, ce qu’on n’avait jamais osé dire »…

     

    Mais je reviens, chères lectrices, chers lecteurs, à mon devoir de romancier, ou plutôt de fabuliste, qui est de conclure par un épilogue moralisateur.

     

     

    Valéry continua à habiter avec Félicia, plus en couple qu’en colocataire, même si, en pratique, ils formaient avec Fatia un ménage à trois, cette dernière, qui faisait l’amour régulièrement avec Félicia, ne dédaignant pas, au besoin, de se frotter à Valéry. Ou, plutôt, à Valérie, car il mettait souvent, dans l’appartement, blouses et tabliers de femme comme au travail, ce qui permettait des jeux délicieux dans une ambiance plus intime que le couvent des Goûts Doux.

     

    On vit ainsi Valéry être le jouet sexuel de deux gouines en chaleur, être leur petite bonniche en tablier, on le vit aussi en satrape colonial servi par deux négresses en tablier, enfin, ils firent à trois plein de choses, jouant également sur la durée des séances, forcément limitée, au sous-sol des Goûts Doux, par la nécessité de rentrer dormir à la maison pour travailler le lendemain. Il y eut donc, par exemple, du bondage de longue durée, des jeux de régression et autres choses sortant du cadre alimentaire, ou plutôt en étant, comment dire, des « produits dérivés ». Et rien ne vint, dans ces jeux, contrarier l’amour grandissant de Félicia et Valéry.

     

    Mais l’amour, quand il dure, débouche souvent sur un vrai projet de couple, et il était difficile, pour une demi-lesbienne comme Félicia, d’avoir un enfant avec un quasi-travesti comme Valérie, devant une quasi-exclusive lesbienne comme Fatia. Il fallait donc choisir.

     

    Et, sur le plan professionnel, Valéry, qui au bout de quelques années maîtrisait absolument tous les aspects de son métier, et Félicia qui, en plus de ses compétences de vendeuse, avait appris la gestion, la comptabilité et le management, avaient une furieuse envie de monter leur propre affaire. Les sœurs Watt, issues d’une famille d’entrepreneurs, comprenaient cette envie, n’y virent aucun inconvénient, étant même prêtes à financer, en y prenant des parts, une société dans laquelle Félicia et Valéry seraient majoritaires, n’ayant pas de compte à leur rendre, sinon la participation aux bénéfices. L’idée, pour les sœurs Watt, d’exporter « Les Goûts Doux » hors du Marais, hors de Paris, hors de France, même, les séduisait.

     

    Elles franchisèrent donc le concept dans deux ou trois villes de province, mais ce n’était pas ce qui attirait Félicia et Valéry. Félicia, fille d’Afrique, voulait de la chaleur et du soleil, et ce n’était pas pour déplaire à Valéry, enfant des corons du Nord.

     

    L’Afrique n’étant pas facile pour les couples mixtes, l’Asie trop profonde et mystérieuse à leurs yeux, l’Amérique du Nord exclue pour sa vision particulière des choses du sexe, l’Australie vraiment trop lointaine, ils choisirent l’Amérique latine.

    Ils fixèrent leur désir sur le Costa Rica, un des rares pays de cette zone qui n’était pas gangrené par la misère, la dictature ou les deux. On y parle l’espagnol, et bien sûr l’anglais pour les touristes ; Valéry maîtrisait ces deux langues, et Félicia, douée pour les langues dans tous les sens du terme, les apprit volontiers de la bouche de son amant, dans le cadre d’un système pédagogique classique, appuyé par des récompenses cunilinguales et des punitions fessières.

     

    Ils allèrent donc au Costa Rica pour étudier le marché, le trouvèrent porteur , et y firent affaire professionnellement pour le local et le matériel, travaillant pendant ce temps comme employés pour se familiariser avec la culture du pays. Ils y firent affaire aussi pour concevoir un bébé, revinrent en France pour l’accouchement, et repartirent aussitôt. Le magasin et le labo étaient aménagés, il suffit de tout vérifier et de faire quelques mises au point techniques pour ouvrir boutique.

     

    Puis ils embauchèrent du personnel, pour la fabrication et la vente, personnel féminin exclusivement, dans la grande sororité des lesbianas (en espagnol dans le texte), sororité qui est universelle. Elles n’étaient que six, ce qui suffisait pour commencer. Une tante de Valérie, rouquine bien charpentée et bosseuse, ayant largement l’âge d’être sa mère, les rejoint après quelques temps, sans être pour autant ni lesbienne ni boulangère, juste pour changer de vie. Mais il n’était pas question de créer à nouveau une communauté sexuelle comme à Paris : l’alchimie subtile créée par les sœurs Watt n’était pas transposable.

    Le lesbianisme était donc pratiqué en dehors du contexte professionnel, ne servant qu’à attirer, au magasin, un clientèle plus choisie. Valéry y était le seul homme, donc, ayant abandonné ses vêtements de Valérie, il dirigeait le laboratoire et Félicia le magasin. A la maison, la tante de Valéry s’occupait du bébé pendant que les parents travaillaient, et les affaires, comme le bébé, puis le second bébé, prospérèrent.

     

    Et, certains soirs, seuls dans le laboratoire, leurs enfants aux soins de la nounou de confiance, Valérie remettait blouse et tablier de femme pour refaire, pendant quelques heures, avec Félicia toujours aussi délurée, les jeux qu’ils avaient partagés à Paris. Elles se fessaient, se salissaient, faisaient les cochonnes, puis nettoyaient tout, portant de vieilles blouses et des tabliers sales, avant de se doucher et de rentrer à la maison comme s’ils venaient du spectacle ou du restaurant.

     

     

    Si vous allez à San José, capitale du Costa Rica, cherchez une boulangerie pâtisserie française de qualité, il n’y en a pas beaucoup.

     

    Et, si vous trouvez que la noire patronne est très, très jolie, si vous voyez le patron, blond et charmant, passer la tête depuis le laboratoire pour saluer la clientèle, si une Flamande rousse passe de temps en temps pour donner un coup de main au magasin, si vous trouvez que le personnel féminin est, non seulement équivoque, mais encore ravissant…. Allez voir si certains soirs il ne se passe pas quelque chose dans le laboratoire, des jeux de torchons et tabliers, de saucisses et de gâteaux, de bouche et d’entrecuisses, des gémissements et des claques, dans la moiteur tropicale si propice aux plaisirs d’amour.

     

     

    Fin


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