• Un texte de mon ami Peter Pan, que je remercie encore.


    Pension Tapefort - Le thé de 17 heures... épisode 6

      

    - «Allons! Calmez vous, ma bonne Louise!» tempéra Gladys.
    - «Votre fille vit dans son époque, madame Louise! Et ni vous, ni moi y pouvons quelque chose!!», soupira Patricia.
    - «Malgré tout, votre mère a raison, Nathalie», corrigea Gladys. «Jamais ma Patricia ne m'aurait fait un coup pareil, malgré son caractère parfois... frondeur! Ni son frère, d'ailleurs! Hum?»
    - «C'est vrai, Maman! J'aurais jamais osé! Tu penses bien!!» s'empressa de confirmer Robin, sur les genoux de sa mère.
    - «Pour une fois, j'uis bien d'accord avec toi, Robin.»
    - «Ah, tu vois, petite insolente! Madame Gladys est entièrement d'accord avec moi!! Merci Gladys!!»
    - «Pourtant, nous sommes à 100 % pour le bien-être des femmes.»
    - «Déjà en école primaire, elle répondait sans honte à toutes ces institutrices, pourtant "de la vieille école" si je puis dire.»
    - «Avec elles, on pouvait jamais bavarder en classe entre copines.»
    - èPour les religieuses, c'est l'obéissance, avant tout le reste. Et tu en a reçu du martinet avec elles, à toujours leur répondre!»
    - «Vous êtes une... une insoumise, Nathalie! Une irréductible!!»
    - «Et plus d'une fois, Gladys, j'ai été convoquée à l'école et j'ai dû présenter de plates excuses dans le bureau de la directrice, et vous imaginez, la honte que j'ai du subir. Et de retour, à la maison, je la fessais au martinet devant son frère!! Mais rien n'y faisait!! Une tête de mule! Pour ça, au moins, Peter est plus raisonnable!! Elle me reproche l'absence de son père!!»
    - «Merci Mamaaaaan!» lui répondis-je, fièrement.
    - «Voyez, Louise, ma Patricia était scolarisée dans un collège chez les Sœurs, à Adville, au pensionnat Sainte-Marie. Là-bas, c'était blazer et jupe plissée écossaise! Et pendant six ans, A présent, elle a changé. Voyez le résultat.»

    Du coup, cette joute verbale féminine laissa nos fesses en pause comme la pâte d'un gâteau au réfrigérateur. Et Robin et moi restions discrets. C'était toujours ça de gagné.
    - «Vous deviez être terrrriblement élégante, Patricia?»
    - «Vous me flattez beaucoup, madame Louise.»
    - «Je suis sincère. Vous faisiez très "english teacher" dans cet uniforme, j'imagine.
    - «En effet, on me l'a souvent fait remarquer depuis.»
    - «Je peux vous le réajuster? Si vous le souhaitez évidemment.»
    - «Ma foi! Si ça ne vous dérange pas. C'est d'accord.»
    - «Passez dès que vous avez un moment de libre, Patricia.»

    Nathalie, ma frangine, s'impatientait sur les genoux de Maman.
    - «Mamaaaan, j'fatigue. S'te plaiiiit! J'ai la tête qui tooourne!»
    - «Et tu oses m'interrompre quant je parle? En plus? Assez!!!»
    - «Maman, j'peux t'aider si tu veux. Tu vas morfler, vipère de frangine!! J'pourrais lui tenir les jambes, si tu veux, Maman? Tu fatigueras moins! Je suis toujours un gentil garçon avec sa Maman!!!»
    - «Non, Maman!! Aaaaieee! Pas ce cafteur de frangin!! Aaaaaie!!»
    - «Tu préfères peut-être les genoux de madame Gladys? Hum?»
    - «Sale fayot!! Toujours dans les jupes de Maman! Me vengerai»!

    Fulminante de colère, Maman prépara ma chère sœur pour une superbe déculottée sur sa grosse lune.
    - «Ça suffit ces caprices, Nat'! Et pour commencer... on enlève... ça!» gronda Maman, en tirant le string rouge par l'élastique qui se rompit et, dans un geste de dégoût, elle le jeta au sol! «C'est de la lingerie digne d'une... d'une catin!»
    - «T'avais pas le droit, Maman!! C'est à moiii!!»
    - «Pour moi, c'est une insulte aux femmes! Arrête ton cinéma ou c'est madame Gladys qui te punit à ma place!! Tu m'entends?»
    - «Et croyez-moi, Nathalie! Je suis re-dou-table à ce jeu!!»
    - «Tu l'auras voulu, ma chérie! C'est pour ton bien!!»

    Dix fois... vingt fois... trente fois, la main sèche de Maman lui martela les fesses.
    - «J'vais-t'apprendre moi-à-t'promener-cul-nu-sous-ta-jupe-dans-la-rue!! Je vais t'apprendre à désobéir à ta pauvre mère!!! Mais ça te plait peut-être la fessée, petite vicieuse? Il y a des filles de ton âge qui l'apprécient!!»

    Les Tapefort observaient la scène avec attention. Robin nous regardait, très impressionné et Patricia écoutait au casque de la musique jazzy. Madame Gladys, pourtant fervente adepte du martinet et de la bonne vieille fessée des familles, temporisa de son mieux la colère de Maman, qui en avait presque le souffle coupé!! Ma sœur Nathalie ne pouvait plus articuler un mot tant la douleur était intense.
    - «Bien fait pour elle! Bien fait! Biiien faaaait! Grande vipère de frangine! Ta grosse lune, elle est gonflée comme la montgolfière de Philéas Fogg! Chacun son tour, ma vieille! Ha ha ha ha!!!»
    - «Tu as de la chance que je ne t'ai pas fessée avec le martinet à grosses lanières de madame Gladys!! Petite coureuse!!!»
    - «Votre mère n'a pas tort, Nathalie! Oser se promener presque sans culotte par les temps qui courent... Quelle idée!!»
    - «Allons, madame Louise! Modérez-vous! Vous êtes en nage!»
    - «Ma fille est une p'tite écervelée, Gladys! Quelle gamine!»
    - «J'ai le droit de... de rien faire avec tes idées de... de vieille!!»
    - «Depuis le temps que tu me mets les nerfs à vif, tu ne l'auras pas volé cette tannée, petite Philistine!! Jézabelle!!»
    - «Ma pauvre Louise, vous êtes trop sanguine!! J'ignorais votre tempérament excessif!! Par les dieux!! Quel emportement!!  Même Peter, malgré ses tours pendables, est un angelot à côté!! Et pourtant, il en reçoit aussi, le chenapan!! Mazette!!»
    - «Ah, ça c'est vrai, Maman!! Tu fesses dur!! Et longtemps!!»
    - «C'est pour ton bien, mon p'tit poussin!! Tu le sais bien!»
    - «Comme dimanche dernier pour le thé avec tes copines du cercle du patronage de Synthol. Quels dragons en jupon!!»
    - «Une superbe déculottée, tu as reçu, pour la nappe tâchée!»
    - «C'était pas juste, Maman! J'avais trébuché sur le tapis et...»
    - «Et renversé le lait tiède sur le bas de la robe plissée rose à poix blancs de Madame Organdi, l'ancienne patronne du "Tartan d'antan",et elle m'a fusillé du regard!!! Mazette!!»
    - «Elle est méchante comme une teigne! Avec sa tronche de musaraigne!! Elle est moche!! Bien fait pour elle!!
    - «Tu avais osé tenir tête à Moiselle P...»

    Maman sursauta au moment où la grande horloge franc comtoise sonnait les 19 heures trente.
    - «Déjà? Comme le temps passe. Bon, je... nous allons vous laisser, Gladys. C'est bientôt l'heure du souper.»

    Gladys se leva et regarda Patricia et Robin, en souriant.
    - «Voyons, Louise, vous êtes nos invités.»

     

    A suivre…


    8 commentaires