• Le ridicule

    "Le ridicule", un récit de mon ami Molenbeek, que je remercie encore une fois.


     
    LE RIDICULE
    Saynète à la manière de Platon.

    SOCRATE
    Eh bien, Marie Souillon … C’est encore ton fantasme qui te tracasse ?


    MARIE SOUILLON
    Encore et toujours ; c’est bien pourquoi je reviens te voir, Socrate.


    SOCRATE
    Ne préfères-tu pas en parler aux prêtresses de Dionysos ?


    MARIE SOUILLON
    La dernière fois que je suis allé les voir, elles m’ont fait boire du vin de Chypre, noir et épais. Elles m’ont gavé de ces lourdes charcuteries d’Illyrie pour me faire beaucoup péter et bien se moquer de moi …


    SOCRATE
    Elles t’ont branlé ?


    MARIE SOUILLON
    Quatre fois. Entre deux branlettes elles me barbouillaient de la tête aux pieds de boustifaille : pâtés ; sauces ; purées ; ragoûts ; fromages ; crèmes ; sabayons … Tout y passait ! !


    SOCRATE
    C’est en effet leur spécialité. Elles appellent cela « Toiletter le merdeux ».


    MARIE SOUILLON
    Quand je fus copieusement enduit de nourriture dégoulinante, de face comme de dos, elle m’ont alors enculé.


    SOCRATE
    Au manche à balai, n’est-ce pas ?


    MARIE SOUILLON
    Exactement. Chacune son tour. Et comme elles étaient huit …


    SOCRATE
    Tu devais avoir terriblement envie de chier ?


    MARIE SOUILLON
    Je m’en tordais les boyaux. Seulement je me retenais, car s’il y avait eu de la merde sur le manche, elles m’avaient menacé de me le faire sucer.


    SOCRATE
    Quand as-tu eu le droit de te soulager ?


    MARIE SOUILLON
    Elles m’ont infligé la purge hydraulique et m’ont obligé à effectuer l’ignominieuse et bruyante vidange devant elles.


    SOCRATE
    Alors je ne vois pas de quoi tu te plains ?  Ces salopes t’ont bien fait jouir, non ?


    MARIE SOUILLON
    Je ne le nie pas. Mais c’est leur rôle. Elles servent le culte de Dionysos, dieu de l’ivresse, des voluptés charnelles et des débauches. Ce qu’elles m’ont fait subir, elles le font à tous ceux qui leur rendent visite. Et après la séance  –  faite dans les règles de l’art, je dois le reconnaître  –  l’homme doit ouvrir généreusement sa bourse pour sa « contribution à l’entretien du temple ». Ce n’est pas du tout ce que je désires dans la vie, tu le sais bien, Socrate.


    SOCRATE
    Tu voudrais une femme fidèle … Une femme qui t’aime, qui soit heureuse de vivre à tes côtés … Et qui soit suffisamment intelligente et ouverte d’esprit pour comprendre tes fantasmes érotiques ?


    MARIE SOUILLON
    Est-ce trop demander aux dieux, Socrate ?


    SOCRATE
    Oui et non.


    MARIE SOUILLON
    Je te reconnais bien là … Toi au moins, tu ne te mouilles pas ! !


    SOCRATE
    Mon « Oui » d’aujourd’hui peut se transformer en « Non » demain.


    MARIE SOUILLON
    N’enseignes-tu pas que seul compte l’instant présent ?


    SOCRATE
    Oui et non.


    MARIE SOUILLON
    Si je n’avais pas autant d’admiration pour toi, Socrate, je te botterai le cul avec un de ces plaisirs … ! ! !.


    SOCRATE
    Fais le donc. Parce que ton admiration est ridicule.


    MARIE SOUILLON
    Ridicule ! !


    SOCRATE
    Parfaitement ridicule.

     

    MARIE SOUILLON
    C’est très précisément pour te parler du RIDICULE que je viens te voir.

     

    SOCRATE
    Je le sais. Alors que ton principal problème n’est pas du tout d’être ridicule, mais de t’affoler À L’IDÉE QUE TU RISQUERAIS DE PARAÎTRE RIDICULE aux yeux des autres.    

     

    MARIE SOUILLON
    À juste titre ! ! Si je trouve mon fantasme, mon fétichisme, ridicule, c'est parce que c'est un fantasme de soumis, et de soumis humilié et ridiculisé. Voilà pourquoi, si je l'expose à quelqu'un qui n'est pas assez ouvert, il va trouver ça ridicule...

     

    SOCRATE
    Pour des personnes de notre génération, je ne peux que te donner raison.

     

    MARIE SOUILLON
    Si j'étais dominateur, par exemple, je pourrais facilement dire à une femme que j'ai envie de la soumettre.

     

    SOCRATE
    Au temps, déjà assez éloigné, de notre jeunesse, certainement. Les femmes que nous épousions alors ressemblaient à leurs mères, lesquelles ressemblaient à leurs mères à elles, etc…. Le modèle patriarcal n’était pas contesté. En fait il n’était même pas contestable. Le père était chef de famille. L’homme détenait l’autorité absolue. Sa femme devait le vénérer, le servir et lui obéir. Telle était la loi partout. Chez les pharaons d’Égypte ; chez les Assyriens ; les Babyloniens ; les Perses ; les Mèdes … On tenait cette loi pour tellement immuable qu’on la qualifiait de loi divine. Le Cronos des commencements a créé la femme pour qu’elle soit la servante de l’homme. Personne n’imaginait que les mentalités pourraient changer un jour.

     

    MARIE SOUILLON
    Si j'étais soumis, fétichiste du cuir et des chaînes, je pourrais, encore assez facilement, demander à ma partenaire de mettre des bottes de cuir, de m'enchaîner et de me fouetter. Elle pourrait trouver ça bizarre, mais ça rentrerait dans son "mode de pensée".

     

    SOCRATE
    Là, permets-moi de te dire que tu es en plein fantasme, mon cher Marie Souillon. N’importe quelle brave et honnête ménagère d’Athènes, de Corinthe ou de Millet te rirait au nez. Elle te traiterait de tous les noms d’oiseaux et te chasserait de chez elle à coups de balai. Il ne te resterait qu’à t’enfuir la queue entre les pattes, soumis et ridiculisé une fois de plus !

     

    MARIE SOUILLON
    Tu m’enlèves, hélas, mes dernières illusions …

     

    SOCRATE
    C’est pour cela que tu viens me voir, non ? Cesse de rêver, Marie Souillon. Si tu étais l’un de ces fétichistes du cuir, des chaînes et des fouets, tu irais trouver la belle Titéya de Samothrace qui dispense ses bons offices à la villa « Les Orties Rouges », derrière la statue de la Cybèle Phrygienne à qui l’on offre en sacrifice une truie à cause de sa fertilité. Titéya compte parmi ses clients le sénateur Apollodore de Carystos, le président des magistrats Stésimbrote de Thasos, le célèbre dramaturge Denys Démophile, dit « Denys le Périégète »… Tu ne deviendrais qu’un nom de plus sur son carnet d’adresses, déjà bien rempli.

     

    MARIE SOUILLON
    J’ai peur que tu aies raison.

     

    SOCRATE
    Tu sais très bien que j’ai raison.

     

    MARIE SOUILLON
    Une différence subsiste cependant. Comme tu viens de le dire, ce fétichisme du cuir, des chaînes est relativement courant. On peut en parler en public. Cela se pratique couramment dans les orgies. Tout Athènes sait que le dramaturge mondain Denys le Périégète adore marcher à quatre pattes tout nu, un collier clouté rivé à son cou, tenu en laisse par une dompteuse chaussée de hautes bottes à éperons. Cela lui confère même une certaine auréole décadente auprès des sophistes. Tandis que moi avec mes vulgaires tabliers de cuisine …

     

    SOCRATE
    Pourquoi t’infériorises-tu de la sorte ?

     

    MARIE SOUILLON
    Ce n’est pas moi qui m’infériorise, Socrate, c’est la société. Vouloir qu'une femme porte des tabliers de cuisine, et lui demander de me faire porter, à moi, les mêmes, ça prête à rire... Ou ça rebute... Et il faut une femme compréhensive, et de la patience, pour qu'elle comprenne de quoi il s'agit. Et, même, la situation dans laquelle je me mets avec elle, pour peu qu'elle idéalise un peu le mâle, et bien l'idéal va se briser, et la relation se rompre ...

     

    SOCRATE
    Dans notre jeunesse, ce que tu dis était exact. En effet, la quasi-totalité des femmes de cette époque idéalisait le mâle « fort », l’homme « dominateur » … Oui, cet idéal SE SERAIT brisé ; et la relation AURAIT VRAISEMBLABLEMENT ÉTÉ rompue.

     

    MARIE SOUILLON
    Penses-tu que les mentalités aient à ce point changé depuis ?

     

    SOCRATE
    Quand le riche négociant Sophillos de Phlionte a marié le dernier de ses fils, Eurytus, tu étais invité à la noce comme moi.

     

    MARIE SOUILLON
    Oui. Quelle cuite tu as pris ce jour-là ! !

     

    SOCRATE
    Au mariage, notre gros Sophillos plastronnait, jouait au nabab, encensait ses jolies belles filles, faisait apporter par cinquante esclaves les mets le plus fins présentés sur des plateaux de vermeil … cent quinze amphores cachetées renfermaient les meilleurs vins de Sicile, de Ligurie et de Carthage … Ça c’était pour la galerie. Lorsque, quelques semaines plus tard, nous nous revîmes en privé, son langage ne fut plus du tout le même.

     

    MARIE SOUILLON
    Que t’a-t-il dit, Socrate ?

     

    SOCRATE
    Il était effondré. Ses trois belles filles, Phœbé, Mnémosyne et Coronis, « ne sont pas des femmes », voilà ses propres termes. Elles n’aiment rien de ce qui est traditionnellement féminin. Elles ne savent ni cuisiner, ni coudre, ni filer, et n’ont aucune envie d’apprendre. Quand elle s’assoient, elles croisent les jambes comme les hommes. Coronis a dit à son beau-père qu’elle regrettait de n’avoir pas vécu pendant la guerre de Troie, parce qu’elle serait partie se battre dans les rangs de l’armée grecque. Mnémosyne clame à qui veut l’entendre que son mari est nul au lit, qu’il est éjaculateur précoce en plus d’être ivrogne et paresseux. Quant à cette grande perche de Phœbé, je te donne en mille le rêve que la belle enfant caresse … ??

     

    MARIE SOUILLON
    Dis, Socrate.

     

    SOCRATE
    Elle voudrait rassembler une centaine de filles déterminées, affréter un navire et aller fonder une colonie saphique dans l’Hellespont.

     

    MARIE SOUILLON
    Une colonie dont elle serait la reine.

     

    SOCRATE
    Ses esclaves murmurent qu’elle a le fouet facile.

     

    MARIE SOUILLON
    Il est vrai que les jeunes filles d’aujourd’hui ne ressemblent plus à leurs mères. Je parlais l’autre jour avec le général spartiate Aémilianus. Il m’a dit avoir combattu, au pays des Parthes, des guerrières redoutables qu’on appelle les Amazones. Plusieurs fois elles ont fait reculer ses troupes tellement leurs assauts sont impétueux. Elles n’ont peur de rien, leur agressivité fait penser à des fauves se ruant sur leur proie.

     

    SOCRATE
    C’est tout à fait exact. Ce que ton valeureux général a omis de te dire, c’est que, s’inspirant de cet exemple, il a déposé une requête devant le sénat pour créer un corps de voltigeuses féminines dans l’armée spartiate.

     

    MARIE SOUILLON
    Et le groupe des « Filles de Minerve » … C’est aussi un signe des temps ! !

     

    SOCRATE
    Parlons-en de celles-là … Elles voulaient faire sauter le phare d’Alexandrie, parce que ce monument célèbre entre tous représentait, à leurs yeux, un symbole phallique insupportable. Quand la bande a finalement été arrêtée, on a découvert des plans pour détruire le colosse de Rhodes, la statue géante de Poséidon à Syracuse, les obélisques de Louxor et d’Héliopolis … Tout ce qui glorifie la puissance mâle qu’elles exècrent et veulent abattre.

     

    MARIE SOUILLON
    Nos jeunes filles n’en sont pas encore là.

     

    SOCRATE
    Pas encore. Mais elles les admirent. Ces féministes de choc sont leurs modèles. Les jeunes femmes modernes refusent le schéma paternaliste traditionnel.

     

    MARIE SOUILLON
    C’est vrai. Mon neveu Atys s’est marié à la dernière troisième lune, dans la 2ème décade de Boédromion. C’est pareil dans son foyer. Il fait la cuisine, le ménage, la lessive … Sa femme a ouvert un comptoir de commerce où elle emploie dix sept manutentionnaires, commis, comptables. Il paraît que ses affaires marchent fort. Même les marchands phéniciens la redoutent tellement elle est roublarde.

     

    SOCRATE
    Ton neveu Atys … ?

     

    MARIE SOUILLON
    Oui, le fils de ma sœur Hermiona.

     

    SOCRATE
    Tu me dis qu’il fait la cuisine, le ménage …

     

    MARIE SOUILLON
    C’est exact.

     

    SOCRATE

    Pour exécuter ces tâches domestiques, porte-t-il des tabliers ?

     

    MARIE SOUILLON
    Naturellement.

     

    SOCRATE
    Quelle est la réaction de son entourage ?

     

    MARIE SOUILLON
    La génération des parents grogne un peu. Mais placés devant le fait accompli, ils ont fini par ne plus faire de remarques. De toute façon ils n’auraient pas gagné. Pour avoir la paix, ils gardent leurs réflexions pour eux.

     

    SOCRATE
    Et les jeunes … Frères, sœurs, cousins, amis … Comment réagissent-ils ?

     

    MARIE SOUILLON
    Très bien. Pour eux c’est normal. Plusieurs garçons s’intéressent aux recettes de cuisine, ils s’amusent à copier les grands chefs. La meilleur copain d’Atys taille et coud ses tabliers lui-même, d’après des patrons trouvés dans le grenier de sa grand-mère.

     

    SOCRATE
    Dans les bazars, les boutiques, les échoppes … Foires, halles, marchés … As-tu remarqué que beaucoup d’hommes portent aujourd’hui des tabliers de couleurs vives, à rayures, à carreaux, à poches, à bretelles … C’était totalement impensable il y a seulement 40 ans. Ils auraient été la risée de toute la ville. On les aurait montrés du doigt, conspués, sans doute chassés de la cité en tant que pervers fauteurs de scandale. Rien de tel maintenant. Un homme pourrait porter un tablier de femme à volants que personne n’y ferait attention.

     

    MARIE SOUILLON
    Cela aussi, je l’ai constaté.

     

    SOCRATE
    Là où tu AURAIS ÉTÉ effectivement ridicule dans les années de ta jeunesse, tu N’ES absolument plus ridicule aujourd’hui. Reprenant ta phrase de tout à l’heure, tu disais : « Si je trouve mon fantasme, mon fétichisme, ridicule, c'est parce que c'est un fantasme de soumis, et de soumis humilié et ridiculisé. Voilà pourquoi, si je l'expose à quelqu'un qui n'est pas assez ouvert, il va trouver ça ridicule. » Lorsque tu dis cela, tu es resté fixé au modèle qui était socialement acceptable quand tu avais vingt ans. Ce qui était vrai au temps où le roi Ménélas régnait en despote sur l’Attique ne l’est plus à l’époque des cités libres, de la révolution sexuelle, des femmes émancipées …

     

    MARIE SOUILLON
    Tu as raison, Socrate.

     

    SOCRATE
    Si cette tendance se poursuit  –  et tout semble montrer qu’elle va se poursuivre  –  nous allons assister à une véritable inversion des valeurs. L’homme en tablier faisant le ménage, mijotant des petits plats et langeant les bébés sera la norme. C’est le Rambo aux épaules de catcheur, à la bite en béton armé, grand fesseur de greluches devant l’Éternel, qui sera un personnage anachronique, caricatural, dont tout le monde se moquera. Dans le monde de demain, LE MÂLE DOMINATEUR SERA RIDICULE.

     

    MARIE SOUILLON
    OUF ! ! … Tu me mets du baume au cœur.

     

    SOCRATE
    Pourquoi ?

     

    MARIE SOUILLON
    Parce que tu m’ouvres les yeux. Parce que je vais enfin pouvoir respirer. Porter les tabliers que j’ai envie de porter sans me sentir ridicule. Et sans que les autres me trouvent ridicule.

     

    SOCRATE
    La prochaine fois que nous nous reverrons, tu me tomberas dessus à bras raccourcis et tu me foutras une trempe.

     

    MARIE SOUILLON
    Tu « galèjes », comme disent nos amis de Massalia, notre colonie récemment fondée sur la côte Égéenne de l’Anatolie.

     

    SOCRATE
    Je ne galèjes pas du tout. Je suis au contraire très sérieux.

     

    MARIE SOUILLON
    J’ai du mal à suivre ton raisonnement.

     

    SOCRATE
    J’ai lu les récits que tu écris.

     

    MARIE SOUILLON
    Tu m’as dit les avoir aimés.

     

    SOCRATE
    Je le maintiens. Oui, tes récits m’ont plu. Il y a beaucoup d’atmosphère … Les scènes sont très vivantes … Les personnages crédibles et attachants … Ce n’est pas de la FORME que je veux te parler ; mais du FOND.

     

    MARIE SOUILLON
    Je t’écoute, Socrate.

     

    SOCRATE
    Prenons tes Goûts Doux … Un excellent texte … Les aventures de ton Valéry-Valéri(e) m’ont bien fait rire … Tout en m’apportant par moments quelques belles érections …
    Je t’en cite quelques passages :
    CHAPITRE 2 - « Il ne tient qu’à vous qu’on ne le voie pas, et, si une jeune fille le voit, vous lui expliquerez votre examen. Je crois même que ça lui plaira bien. Si un homme le voyait, ce serait pareil, mais je ne crois pas, à ce stade de l’examen, que vous fréquentiez des messieurs, et d’ailleurs vous m’avez dit que ce n’est pas le cas. »
    - « Mais c’est ridicule… »
    - « Allons, l’hygiène n’est jamais ridicule. »
    _____________________________
    CHAPITRE 5 - Il se mit en T-shirt sans gêne aucune, leva son pantalon sans plus de gène, et prit la nouvelle blouse blanche. Elle était brodée « Valérie – Les Goûts Doux ». Sylviane Watt vit son trouble et en sourit. Là encore, on ne savait pas si le sourire était plein de malice, ou simplement de sympathie.
    - « Mais… commença-t-il, et puis il s’arrêta net, ne sachant plus quoi dire. »
    - « Oui, j’ai remarqué aussi, dit Sylviane Watt. Quand j’ai donné les mesures pour les retouches à la couturière, et que je lui aie dit de broder le prénom, j’ai oublié de préciser pour le « Y ». Et, comme il n’y a jamais eu que des femmes ici, elle a mis le prénom féminin. Ca vous gène ? »
    Il eut la très nette impression qu’il fallait qu’il dise que ça ne le gênait pas, mais il n’y arriva pas.
    ___________________________
    CHAPITRE 8 - Il ne savait pas quoi penser, sauf que toutes ces femmes en blouse et tablier l’excitaient, que l’expérience de la livraison avec été quelque peu humiliante, mais délicieuse :
    - « Prenez-moi avec vous, Mesdemoiselles, s’il vous plait, c’est tellement bien de faire partie d’un groupe où on est accepté comme ici. »
    ______________________________
    CHAPITRE 9 - On le détacha, pendant qu’il fermait les yeux, et il sentit qu’on le faisait avancer, à travers ses larmes, la blouse toujours retroussée ses fesses nues. On le coucha sur un des lits de fer, sur le matelas recouvert d’une alèse de caoutchouc. Il sentit, sur ses fesses brûlantes, un linge mouillé dont la fraîcheur fut presque une nouvelle torture, puis une jouissance, quand le torchon mouillé fut renouvelé, remplacé par un autre, moins frais mais tout aussi calmant.
    Des mains légères l’enduirent d’huile d’olive pour assouplir et hydrater sa peau mais, si délicates étaient-elles, elles lui firent mal et seul un autre torchon frais le calma encore un peu.
    Puis on le releva, le cul toujours nu, et tout le monde vint l’embrasser sur la bouche, en lui disant qu’elle avait été très bien, qu’elle les avait bien fait amuser, qu’elle avait un joli cul bien rouge maintenant, qu’elles passaient toutes souvent par cette punition et qu’elles n’en étaient pas mortes, et toutes sortes de choses comme ça qui lui donnaient vraiment l’impression, cette fois, d’appartenir à la communauté.
    Puis Félicia vint redescendre les pans de sa blouse, la lui reboutonna, le faisant frémir au contact du tissu rêche sur son cul meurtri. Elle lui mit dans la bouche un de ses jolis doigts noirs, trempé de sa mouille, lui disant :
    - « Tu as vu l’effet que tu m’as fait… Merci de m’avoir fait jouir rien que du plaisir de te voir humiliée et punie. »
    Et Valérie fut heureuse non seulement d’avoir donné ce plaisir trouble aux filles, mais aussi de l’avoir ressenti lui-même, ce plaisir qui vient un peu de la souffrance et beaucoup de la honte, ce plaisir que, lui sembla-t-il, il avait toujours aimé.

    MARIE SOUILLON
    C’est vrai, j’ai pris un réel plaisir à rédiger ce texte.

     

    SOCRATE
    Tous ceux qui étudient les œuvres littéraires tombent d’accord pour dire que les personnages d’une nouvelle, d’un roman, d’une pièce de théâtre sont autant de facettes de l’auteur, lequel projette dans son texte des morceaux de lui-même. Es-tu d’accord ?

     

    MARIE SOUILLON
    Entièrement d’accord. Tout personnage de fiction est d’abord un reflet de soi ; pour pouvoir créer un sujet, il faut le sentir en soi-même. Protagoras a fort bien démontré ces processus de projection-identification dans son Logos sur la Vérité (Kattabàllontes).

     

    SOCRATE
    L’apprenti Valéry est par conséquent un morceau de toi.

     

    MARIE SOUILLON
    Incontestablement.

     

    SOCRATE
    Valéry jouit lorsque son entourage féminin le transforme en Valérie … Le met en blouse rose brodée à son nom féminisé … Le fesse, l’humilie, le ridiculise.

     

    MARIE SOUILLON
    Oui.

     

    SOCRATE
    J’en déduis logiquement que ces situations te font jouir toi aussi.

     

    MARIE SOUILLON
    C’est évident. Simplement je ne peux dire ça qu’aux rares amis capables de comprendre mes pulsions de soumission, sans qu’on me prenne pour un débile et qu’on se moque de moi.

     

    SOCRATE
    Si cette inversion de tendance que nous évoquions tout à l’heure  –  femmes dominatrices, hommes soumis  –  devenait la norme sociale universellement admise … Je suis désolé de te dire que tu serais alors foutu, mon pauvre Marie Souillon.

     

    MARIE SOUILLON
    Foutu ? ?

     

    SOCRATE
    Complètement.

     

    MARIE SOUILLON
    Que veux-tu dire par là ?

     

    SOCRATE
    C’est pourtant simple. Dans un monde régi par des femmes dominatrices, tes goûts érotiques sont devenus une  norme banale. Ils ne sont plus ni humiliants ni ridicules. Or c’est en passant par ces deux éléments, fondamentaux pour toi, que tu as accès à la jouissance.

     

    MARIE SOUILLON
    Merde …

     

    SOCRATE
    Plus d’humiliation : plus d’érection … Plus de ridicule : quéquette en berne.

     

    MARIE SOUILLON
    Cette fois tu vas te le faire botter pour de bon, ton cul ! ! !

     

    SOCRATE
    Par-dessus le pantalon ou déculotté ?

     
         



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