• Le fil blouse de ma vie, épisode 1

    Le fil blouse de ma vie (mars 2020 – mai 2022), un récit qui m'a été envoyé par "I", vous n'en saurez pas plus que son initiale. Avec un grand merci à elle.


     

     Le fil blouse de ma vie 1 - Présentation

     

    Il y a maintenant plusieurs dizaines d’années que je note sur des carnets par bribes mes souvenirs de toutes sortes, après avoir tenu assidûment un journal durant le collège et le lycée. Ces souvenirs je les ai sortis de leur boîte. En relisant mon journal commencé très jeune et les carnets qui ont suivi, j’ai remarqué que des thèmes étaient récurrents: ma jeunesse, l’école, ma famille, mon mari, mes enfants, le travail, les voyages… et quelques autres transversaux.  

    Je retranscris et compile sur mon PC mes souvenirs, d’abord pour moi, puis aussi pour mon mari très amateur d’histoires, de récits de vies, de voyages... et ne sait-on jamais, ils peuvent intéresser d’autres personnes comme c’est le cas pour mes road-books et informations voyages partagés sur les sites dédiés.

    Aujourd’hui, merci les confinements, je m’attaque à une autre tranche des souvenirs de ma vie que j’appelle LE FIL BLOUSE DE MA VIE: histoire réelle à partir de ma mémoire, mon journal d’ado, mes carnets souvenirs et albums photos.

    Ce sont des souvenirs: avec les oublis et les raccourcis, les atténuations et les exagérations aussi sans doute, les transformations à la marge, et les répétitions malgré les relectures. Donc, tout ce qui fait des souvenirs au plus proche de la vérité, éloignés un peu ou beaucoup des réalités actuelles, et qui permettent de vivre. A noter, je sollicite parfois l’aide de mon mari et sa mémoire d’éléphant pour la partie de notre vie ensemble.

    Un élément parmi d’autres ressort souvent de toutes mes notes, il pourra éventuellement intéresser quelques personnes: les blouses qui ont jalonnées ma vie.

    Des années soixante jusqu’aux années actuelles, dans mon existence il y a eu et il y a toujours les blouses. Dans notre société où l’hypocrisie des mœurs est toujours aussi triomphante, voici des souvenirs, les miens, d’une vie qui paraîtra en décalage pour nombre de personnes. Pour m’aider dans cette écriture qui n’est pas l’exercice le plus facile, je me suis partiellement appuyée sur des expériences très similaires glanées sur les forums dédiés du net en restant au plus près de mon vécu personnel et de mes souvenirs.

     

    Je suis fille unique d’une famille modeste, née au milieu des années soixante dans l’Ouest de la France. Maintenant, j'ai cinquante-huit ans. J'habitais à l'époque, dans une ville d'environ 60.000 habitants où j'allais à l'école.

    Mes parents, ma mère surtout devrais-je dire, attachés à l'époque, aux valeurs traditionnelles m'ont naturellement mis dans une école, puis un collège et un lycée privés et non mixtes. J’y ai donc porté une blouse pendant toute ma scolarité puisqu'elle était obligatoire et qu'en plus ils le souhaitaient.

    Pendant toutes mes années à l'école primaire je portais des blouses de nylon comme presque tout le monde, pour ma part souvent boutonnées sur le côté ou dans le dos, que ma mère dans un rituel immuable m’achetait pour chaque rentrée dans un magasin ou au marché. A notre retour des vacances passées dans un camping sur la côte et à quelques jours de la rentrée, j’accompagnais ma mère pour l’achat des deux nouvelles blouses que je devais porter toute l’année scolaire.

    En primaire, je me souviens qu’elles étaient de couleur bleu ciel, rouge, écossaise, verte aussi et une noire que j’aimais bien avec un col rigide en plastique et fermée dos. Les souvenirs que je garde de mes blouses d’école pour cette période sont bons, car ma mère qui était coquette me choisissait de belles blouses aux coupes seyantes.

    Il m'arrivait bien sûr de les salir, surtout à la cantine ou en jouant. Mais, il y avait de la discipline, aussi c'était assez rare qu'elles soient tachées, d'autant plus que les porte-plumes avaient disparu (on utilisait des stylos à encre avec cartouches), quelques traces de craie parfois, si nous allions au tableau et mettions ensuite nos mains dans nos poches. Je n’ai jamais fait d’accrocs, ni de déchirures, j’étais une petite fille sage. Il fallait préserver la blouse neuve achetée à la rentrée, aussi le soir à la maison ainsi que les jours de vacances, je la changeais pour une autre plus usée, car dès la maternelle (je ne me souviens plus avant) je la portais à l'école et à la maison.

    J’étais comme les autres filles qui portaient naturellement toutes des blouses à cette époque. Habillée avec ma blouse dès la maison, ma mère m’accompagnait à l’école.

    Le soir une tante passait me récupérer à l’école. Je me souviens d’elle qui était secrétaire et habitait près de mon école primaire. En arrivant dans son appartement, elle enfilait aussitôt une blouse de nylon marine ou bleue ciel pour ne pas se salir. Pour protéger sa blouse elle portait souvent un tablier par-dessus attaché à sa taille. Je suis allée chez elle après l’école jusqu’en cinquième, puis mes parents venaient en fin de journée me chercher pour rentrer à la maison. Après m’avoir donné mon goûter et fait sa vaisselle de la veille, elle ôtait son tablier mouillé, mais gardait sa blouse et me faisait faire mes leçons. Souvent nous allions faire des achats après l’école avant d’aller chez elle.  

    En primaire, être avec ma blouse et la garder était naturel pour moi. Ensuite, quand j’étais collégienne, elle m'obligeait à garder ma blouse d’école chez elle comme le voulaient mes parents, mais aussi à l’extérieur quand elle devait sortir et elle m’emmenait toujours avec elle. Je me rappelle en cinquième qu’un jour au début du printemps, alors que je venais d’arriver du collège, j'ai été contrarié car nous allions faire les courses et ma blouse ressortait sous mon blouson plus court que mon manteau d’hiver. J’avais l’impression que les gens regardaient la bande de nylon rose de ma blouse qui dépassait et j’étais gênée, mais je ressentais des sentiments contradictoires entre la honte si je rencontrais quelqu’un de ma classe et le plaisir bizarre d’être obligée de sortir avec ma blouse !

     

    « I… »

    ( à suivre…) 

     
    « Wanda NylonVichy japonais »

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  • Commentaires

    1
    totoche_bernard
    Lundi 13 Juin 2022 à 16:55

    Très bien, continuez-nous vos souvenirs scolaires et de la maison. C'est super et me rappelle ma propre enfance.



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